samedi 12 décembre 2015

Pourquoi il ne faut pas voter FN

Bonjour à tous !

La France s'apprête à vivre un drôle de tournant : en effet, Dimanche, elle élira de nouveaux conseillers régionaux pour de nouvelles régions. En plein mois de Décembre, à 12 jours de Noël et quelques semaines après les impôts locaux et le drame du 13 Novembre. Difficile de faire plus mauvais timing mais, comme toujours, Matignon et l'Elysée ont brillé par leur non-pertinence et le désir, peut-être, de vivre au moins une année, 2016 en l'occurrence, vierge de toute raclée électorale. On les comprend. Même si, évidemment, cette faute de programmation dans le calendrier électoral porte une responsabilité non négligeable dans ce qui s'est passé Dimanche dernier.

Au fond du trou : on creuse encore ou on pose la pelle ?

Dimanche dernier justement, revenons-y : environ 28% pour le FN, premier parti de France - si l'on excepte l'abstention -, et premier parti de Droite, surtout. Il n'y avait qu'à voir la mine déconfite de Sarkozy pour comprendre l'ampleur de la catastrophe. Car avec un bloc à 4 partis (LR, Modem, UDI, Radicaux de Droite), ne faire que 27% est lamentable. En face, finalement, le PS s'en tire mieux en faisant 23% pratiquement à lui seul. Quant à l'extrême gauche, à moins de 10% en score cumulé, elle a sans doute signé son arrêt de mort électoral. 
Il est donc temps de se poser, réellement, les bonnes questions : comment peut-on espérer en effet contrer le FN en allant systématiquement dans son sens ? L'UMPS fustigée par le parti lepéniste, c'est fait : il n'y a plus de listes PS en PACA ou dans le Nord et Solférino a détruit médiatiquement le malheureux Masseret, troisième dans le Grand Est. Allez convaincre les gens après qu'il n'y a pas de connivence entre les deux grands partis historiques. Comment convaincre également que voter à Gauche est porteur d'espoir quand Emmanuel Macron détricote consciencieusement les acquis sociaux, en libéralisant l'économie tant et plus si bien qu'on se dirige vers une génération d'entrepreneurs, certes, mais d'entrepreneurs précaires, isolés, individuels, à la merci de la société qui les emploie et les manipule ? Et enfin, comment rassurer sur sa capacité à rassembler un pays fragile en faisant voter la si controversée Loi Taubira sur le mariage dit pour tous ? Mais il sera toujours temps de faire le bilan des erreurs de chacun, y compris à Droite où l'incapacité à présenter un parti rassemblé derrière un programme original, iconoclaste et rassembleur est chronique. Fillon, Sarkozy et Juppé ont tous été désavoués par le corps électoral, qu'ils s'en aillent et laissent la place à d'autres !

Le vote FN, un miroir aux alouettes

Cependant, il est un parti qui, tels les vautours, se nourrit de l'atmosphère putride d'un pays chancelant. Car oui, le FN prospère au point de devancer tous les partis historiques, soit en valeur relative (aujourd'hui 30% des voix, demain combien ?), soit en valeur absolue comme aux Départementales, soit les deux. Fort heureusement, notre Constitution, n'en déplaise à certains, étant bien faite, l'isolement de ce parti ne lui permet pas, sauf exceptions, de passer le cap du 2e tour en vainqueur. C'est, semble-t-il, le schéma vers lequel on se dirige Dimanche, Mmes Le Pen et M Philippot étant donnés perdants, MM Bay et Aliot étant en position d'outsiders quant à eux. 
Mais il ne s'agira pas pour autant de se réjouir de ces victoires à la Pyrrhus. Car le FN connaît une progression constante, menaçante, seulement ternie par la déroute électorale de 2007 qui faillit lui coûter sa survie. Il faudra faire une révolution culturelle et intellectuelle dans les partis historiques, telle que l'avait théorisé en son temps l'intellectuel marxiste Antonio Gramsci.
En attendant qu'un tel miracle puisse se produire, il faut lutter contre le FN, non pas avec des hashtags, des manifestations aussi vides de sens que sans lendemain, ou des exhortations pathétiques de stars parties chercher la bonne fortune à l'étranger, n'ayant aucune conscience des difficultés vécues par le peuple.
Alors pourquoi je n'irai pas voter FN et pourquoi je déconseille de le faire ? D'abord parce que si parti arrivait au pouvoir, dans le pire des cas, au niveau national, il ne faudrait pas longtemps pour voir fleurir des groupuscules qui se croiraient autorisés à parcourir les rues pour bastonner des étrangers, des immigrés ou des Français d'origine étrangère. Et après quoi ? Les clochards, les handicapés... Un scénario à la Orange Mécanique que vous jugez irréaliste ? Peut-être. Mais on ne peut nier que ça n'arrivera pas car ces gens-là se sentiront investis d'une impunité nouvelle. Oh, bien sûr, l'appareil du FN dénoncera ces attaques mais ne luttera pas réellement contre.
Ensuite, il faut aussi souligner qu'en Europe, chaque fois qu'un parti d'extrême-droite a participé au pouvoir, ou a dirigé carrément un gouvernement, il a sciemment mis en place une politique ultra-libérale, aux antipodes de ce que promet le duo Le Pen-Philppot. D'ailleurs, il suffit de lire le programme économique du parti pour comprendre que, hormis la sortie bienvenue de l'Euro, il ne tient pas la route : qui peut croire que la retraite à 60 ans ou l'augmentation des bas salaires de 200 euros ait une réelle base tangible, une quelconque validité à l'épreuve des faits sur le temps long ?
Qui plus est, on peut se rendre compte que ce parti, comme d'autres, n'a pas le sens des réalités : supprimer les aides au Planning familial, est-ce vraiment pertinent ? Il suffit de s'intéresser au budget de l'association pour comprendre que l'avortement est une entrée minoritaire et que l'essentiel de son action est concentrée sur l'information et la contraception. Il n'y a pas à dire, Marion Maréchal-Le Pen manque clairement de jugeote.
Par ailleurs, je voudrais souligner qu'un parti qui se dit anti-système mais qui profite justement du système pour s'en nourrir ne peut avoir aucune crédibilité. Cracher sur la main qui nous nourrit ne peut que révéler la face cachée d'un parti qui tente tant bien que mal de cacher son jeu. Enfin, rappelons que c'est aussi un parti qui héberge encore en son sein des Vichystes ou des nostalgiques de Pétain, des adversaires viscéraux du Général De Gaulle, des affidés du GUD ou autres groupuscules identitaires violents ou encore des anciens de l'OAS qui n'ont jamais cessé de pleurer sur l'Algérie française.

Alors j'en conjure mes concitoyens : oui, l'offre politique est insuffisante, médiocre même. Mais ne votez pas pour autant pour le FN. Votez blanc s'il le faut, ou nul, mais allez voter, et laissez de côté ce parti plus dangereux qu'il n'y paraît...

samedi 21 novembre 2015

Et maintenant on fait quoi ?

Bonjour à tous !

J'ai longtemps, très longtemps même, hésité avant d'écrire cette chronique. Mais je maintiens que le débat a toute sa place dans une démocratie, aujourd'hui plus qu'hier. Et puis chaque citoyen peut, et doit, dans la mesure de ses capacités, apporter son écot à la discussion. Beaucoup de choses ont été dites depuis une semaine. On fait le tri ?

Les professionnels en première ligne

La première chose, frappante, c'est de constater à quel point la parole des professionnels de la lutte contre le terrorisme a été entendue, soulignée et mise en avant. Devant un discours politique qui tourne en boucle quand il n'est pas discrédité, la parole de François Molins, Marc Trévidic ou celle d'Alain Bauer apparurent comme des ballons d'oxygène salutaires. Alors évidemment, ce qu'ils disent n'est pas très réjouissant sur l'état de la lutte anti-terroriste en France mais au moins, cela permet de poser les bases d'une vraie méthode de travail à partir de laquelle les politiques doivent travailler. Les citoyens ne comprendraient plus, après le carnage de Vendredi dernier, que l'on ne confie pas à ces personnes les clés du camion. Toutes nos tentatives pour contrer des attaques terroristes sur notre sol ont échoué avec deux attaques particulièrement marquantes, l'une dans sa symbolique (Charlie et l'Hyper Cacher), l'autre dans son ampleur (Stade de France, Bataclan, quartier République) et son nombre de victimes. Les politiques, qui ont scandaleusement coupé dans les dépenses de sécurité intérieure et extérieure depuis 2007 au moins, doivent avoir l'humilité de se mettre en retrait et de laisser la place aux vrais spécialistes;
En outre, je pense que les citoyens de ce pays ont pu, une fois de plus, admirer - et le mot n'est pas trop fort - le sang-froid et le courage des policiers, militaires, forces spéciales, pompiers et autres médecins dans leur comportement face à cette crise inédite : l'intervention au Bataclan fut aussi rapide que décisive, les services d'urgence des hôpitaux de Paris ont fait des merveilles avec peu de moyens (1) et la traque des terroristes est menée avec célérité. Il est temps d'envisager l'emploi et la formation de nombre de ses professionnels de haut vol et de ne plus tant rogner sur leurs salaires. Il faudra repenser alors la question budgétaire.

Une dérive sécuritaire liberticide de mauvais aloi

Ca y est, ils sont de retour : François Hollande dans le costume du Général Patton et Manuel Valls dans celui de Clémenceau. Ca gesticule dans tous les sens pour brasser du vent, comme trop souvent depuis maintenant 3 ans. Au-delà de la dignité irréprochable avec laquelle le Président a rendu hommages aux victimes et aux secouristes, il me paraît vain et illusoire de prolonger l'état d'urgence et de continuer de maintenir une surveillance serrée des communications. De toute façon, les informations ne manquent pas, c'est la façon dont on les traite qui fait défaut. Donc espérer récolter encore plus d'informations en espionnant les citoyens de ce pays ne servira à rien. Surtout si on continue à considérer le contrôle aux frontières comme une chimère réactionnaire. Entendons-nous bien : il ne s'agit pas de fermer les frontières, nous ne sommes pas en Corée du Nord, mais au moins de les contrôler en donnant aux douaniers des moyens de filtrer davantage les passages entrants et sortants de notre pays. Ce qui ferait après moins de travail pour nos services de renseignements. De toute façon, on panique, mais il est rare que ce type d'attentat se répète dans un laps de temps très rapproché, les terroristes, privilégiant l'effet de surprise, attendent en effet généralement que la tension soit retombée pour que le choc d'un nouvel attentat soit plus violent encore. Alors finissons-en avec les discours martiaux et passons aux actes : déchéance de nationalité automatique pour les doubles-nationaux coupables d'actes de terrorisme, renforcement de la prévention et de l'information auprès des mineurs sur les dangers de la propagande sur Internet, contrôle aux frontières et rationalisation des fiches S : en faire peut-être moins mais être plus efficace dans la surveillance de ceux qui sont fichés de la sorte.

Un nouvel espoir ?

Enfin le vrai sourire est là. C'est timide, mais enfin ils prennent plus de place dans les médias. Eux, ce sont les intellectuels laïcs musulmans, qui en plus se revendiquent comme tels. Ils sont trois à avoir parlé d'or ces derniers jours : Boualem Sansal, grand prix du roman de l'Académie Française, Abdennour Bidar, agrégé de philosophie et normalien, et Malek Chebel, anthropologue des religions formé à l'IEP de Paris. Eux prônent une vraie réforme de l'Islam et appellent à une vraie prise de conscience des musulmans de France qu'il est temps de faire un Islam de France comme les Juifs ont, en 1807, construit un judaïsme de France. Et ils se montrent infiniment plus fins et subtils que les moutons qui continuent de bêler "pas d'amalgame". Comme s'il y avait des gens assez idiots pour penser que l'ensemble des musulmans de ce pays portait la responsabilité de ce qui s'est passé la semaine dernière ! Le débat n'est pas là. Pour en revenir à ces intellectuels vraiment intéressants et pertinents, il serait long et fastidieux de reprendre et décrire leurs points de vue mais leurs interventions sont facilement accessibles sur la Toile. En plus du CFCM qui a appelé à consacrer la Grande Prière du Vendredi 20 aux victimes des attentats, c'est tout un large pan de la communauté musulmane qui s'exprime clairement, fièrement contre l'Etat Islamique et ses affidés. Il est temps que la République leur donne la parole, les écoute et ouvre la voie d'un débat public avec eux. Bien sûr, ce ne sera pas simple, chacun devant faire un pas vers l'autre, mais nous vivons une époque compliquée alors autant en prendre son parti. Et tant pis pour les sceptiques. Après tout, j'avais déjà parlé brièvement ici du génie français : c'est le moment ou jamais pour le sortir de sa boîte !

Conclusion 

Je rappellerai simplement ceci : "Dieu est une hypothèse, sauf pour Zidane". Voilà qui devrait clore le débat auprès des décérébrés qui préfèrent se faire sauter plutôt que de manger une 4 fromages en buvant une bière devant un match de foot. Pour une fois qu'on battait l'Allemagne en plus...

(1) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/11/15/01016-20151115ARTFIG00162-attentats-de-paris-les-chirurgiens-preoccupes-par-le-manque-de-materiel.php

samedi 12 septembre 2015

Réfugiés : la raison par devers l'émotion

Bonjour à tous !

Point de solennité ni de larme à l'oeil facile dans ce billet pour traiter de la crise des réfugiés. C'est un problème grave, mais sa gravité nécessite justement tout le sang-froid pour le traiter le plus objectivement et le plus complètement possible. Je précise ici que je ne mettrai aucune photo susceptible de susciter un quelconque sentiment reptilien. Seuls comptent les faits. Commençons par le commencement.

Les causes d'une vague de migrants sans précédent depuis la Seconde Guerre Mondiale

Les chiffres donnent le tournis. On parle de plusieurs dizaines de milliers de personnes chassées de chez elles par la force des circonstances, jetées sur la route sans espoir. Il y a plusieurs raisons à cela. La désintégration de l'Irak suite à l'intervention américaine ayant chassé Saddam Hussein du pouvoir à partir de 2003, les printemps arabes ayant conduit à une instabilité politique dans de nombreux pays (Egypte et Tunisie notamment) sans compter la tentative de renversement de Bachar Al-Assad en Syrie et le putsch mené contre le colonel Kadhafi avec l'appui marqué de la France ; autant de raisons qui ont conduit le Moyen-Orient, déjà fort instable, vers l'implosion. Toutes ces violences ont évidemment effrayé les civils qui ont craint pour leur vie, et celle de leur proche. En parallèle, l'Etat Islamique a émergé du plus profond de l'ancienne Perse pour s'étendre à grande vitesse sur des territoires laissés à l'abandon par des Occidentaux qui n'en avaient que faire une fois leur petite vengeance accomplie. Cet état d'un nouveau genre - qui ne bénéficie d'aucune reconnaissance internationale pour le moment rappelons-le - a instauré la Charia sous sa forme la plus dure, terrifiant Chrétiens, Juifs et autres minorités religieuses de la région, dont les Yézidis. Ce furent d'ailleurs les premiers à fuir - et à demander asile à l'Europe, qui ne s'est alors pas particulièrement démenée pour les accueillir. Mais aujourd'hui, c'est toute une région du globe qui se vide de sa population, horrifiée par la barbarie d'un groupe de fous de Dieu dont on ne sait ni quand ni comment les arrêter.

Accueillir les réfugiés : un devoir moral, mais seulement moral

Le problème c'est que l'Europe fait face, depuis l'instauration des accords de Schengen autorisant la libre circulation des biens, des capitaux et des hommes en 1986, à de régulières et fréquentes vagues migratoires, originaires de pays qui ne sont pas en guerre, et qui ne sont pas accueillies comme elles le devraient. Pourquoi ? Parce que c'était essentiellement une immigration de travail sans que l'on se soit préoccupé auparavant de savoir si l'on avait besoin de cette main d'oeuvre, et que rien n'avait été fait non plus pour les assimiler, comme ce fut le cas des précédentes vagues de migration économique à partir du XIXe siècle (Belges, Portugais, Polonais, et Italiens, je ne mentionne pas ici les Espagnols, réfugiés politiques à l'arrivée de Franco). Les pouvoirs publics ont démissionné, ne se souciant pas de la façon dont ces gens pourraient se sentir les bienvenus puisque personne ne leur expliquait comment fonctionne leur pays d'accueil. Cette immigration a simplement servi à contenter les économistes qui passent leur temps à pleurnicher sur l'appauvrissement démographique de notre vieille Europe et les chefs d'entreprise, ravis d'avoir une main d'oeuvre corvéable à merci et payable au salaire minimum - quand il existait, ce qui n'est pas le cas de tous les pays d'Europe.
Ceci étant dit, on comprend mieux pourquoi les partis nationalistes et souverainistes progressent toujours davantage, de la Finlande à l'Italie, en passant par la Grande-Bretagne, la Hongrie ou la France. Evidemment, dans ces conditions, convaincre les gens qu'il serait souhaitable d'accueillir des gens qui veulent juste ne plus prendre d'obus sur le coin du museau est relativement plus compliqué.
Rendons dpnc hommage aux personnes qui, bon an mal an, accueillent quelques-uns de ces naufragés du Destin, mais sans porter rancune à ceux qui le refusent. Imposer des quotas est sans aucun doute peine perdue, les réfugiés seraient alors accueillis à contre-coeur et seraient constamment victimes d'ostracisme. Mieux vaut les encourager à aller vers les pays d'Europe les plus accueillants, à commencer par l'Allemagne.

Le double-jeu de Mme Merkel

L'Allemagne, justement, parlons-en. 800.000 personnes, c'est le chiffre annoncé par la chancellerie berlinoise quant au nombre de réfugiés que la fédération allemande compte accueillir. Rappelons que nos voisins d'outre-Rhin ont une démographie totalement déprimée, puisque tout est fait pour décourager la natalité et la maternité. Pas de crèches, pas d'allocations familiales, un certain dédain pour les femmes qui tombent enceinte au cours de leur carrière professionnelle... L'Allemagne connaît le destin démographique du Japon. Et plutôt que d'encourager les Allemands à faire des petits, on préfère accueillir en masse des immigrés, migrants économiques ou réfugiés de guerre. C'est un choix, et nul n'est en droit de le contester, l'Allemagne étant souveraine sur son sol. Mais elle doit aussi respecter la souveraineté de chacun de ses partenaires de l'UE, qui ont une démographie plus dynamique et une économie moins florissante, et qui ne peuvent donc pas se permettre d'accueillir autant de réfugiés, quand bien même cela est ramené en proportion de leur population. 
Il s'agit en réalité tout autant d'une vengeance contre des Allemands qui ont toujours été belliqueux envers l'Europe centrale et orientale que d'un souvenir encore vivace de l'éveil brutal des nationalismes en Europe au début du XXe siècle, et qui prit ses racines précisément dans cette région. Ces nationalismes ont conduit à l'éclatement de l'Empire austro-hongrois, à l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand (déclencheur de la Première Guerre Mondiale), à la fin du Saint-Empire et à des pogroms contre les Juifs ashkénazes d'Europe de l'Est. L'Allemagne et les nationalismes revendicatifs de minorités allogènes comme autant de plaies toujours béantes dans les souvenirs de ces jeunes pays indépendants que sont la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie. Le bras de fer existe et il serait dans l'intérêt de tous que Mme Merkel ne forçât personne à céder une fois de plus à sa volonté.

La "solidarité musulmane" mise à mal

Il convient également de s'interroger sur le rôle trouble joué par les pays du Golfe Persique. Ce sont des pays extrêmement riches, très peu peuplés, et qui ont besoin en plus de main d'oeuvre étrangère pour rendre possible la réalisation de leurs délires architecturaux, à commencer par la construction des stades pour la Coupe du Monde 2022. De plus, on lit régulièrement, notamment quand on débat du sempiternel conflit israélo-palestinien, que les musulmans doivent se serrer les coudes, que c'est un devoir moral entre coreligionnaires. L'accueil des réfugiés de guerre était donc l'occasion rêvée de démontrer la grandeur d'âme de ces humanistes dont la foi transcende les frontières sauf que...sauf qu'il ne s'est rien passé. Un peu de secours humanitaire par-ci, une molle intervention diplomatique par là et puis rien, le néant. Pourtant, plutôt que les réfugiés risquent leur vie en s'embarquant sur un malheureux radeau de sauvetage sur la Méditerranée pour joindre les côtes européennes, ce serait beaucoup plus simple qu'ils aillent à pieds à quelques kilomètres de là dans les villes accueillantes de Dubaï, Doha ou Riyad. Seulement voilà...si ces réfugiés fuient l'Etat islamique, c'est sans doute parce qu'ils sont plus chiites que sunnites, ou en tout cas pas wahhabites comme le sont l'Arabie Saoudite ou le Qatar. Et c'est là que les masques tombent et que les dissensions se font jour. En plus, dans le même temps, il y a une rébellion chiite à mater au Yémen voisin : voilà qui intéresse beaucoup plus ceux que l'on n'hésite pourtant plus à considérer comme des partenaires économiques de grande valeur, n'est-ce pas Mme Hidalgo ?

En France, on oublie toute politique au profit de l'émotion

La photo du petit Aylan a circulé ad nauseam partout où il était possible de la diffuser. Cet enfant n'était pas déjà assez puni de perdre la vie si jeune, il fallait encore qu'il serve de caution morale à tous les médias et politiciens sans scrupules prêts à tout pour culpabiliser des chômeurs qui peinent à payer leur loyer qu'ils devraient avoir honte de n'avoir ne serait-ce qu'un doute quant au bien-fondé de l'accueil sans réserve des réfugiés. Oui, bien sûr que c'est un devoir moral de les héberger au moins le temps du conflit chez eux ; mais c'est aussi normal de ne pas en faire une priorité quand on doit se débrouiller pour nourrir les gosses. Les Français sont généreux par nature. Tous les ans, le Téléthon bat des records malgré la crise ; il y eut une mobilisation sans précédent pour aider les victimes du Tsunami qui ravagea l'Asie de l'Est en 2004 ; il y a aussi eu plus loin dans le temps le riz pour les Somaliens. Et puis les dons qui ne cessent d'affluer vers les ONG et les associations caritatives. Et je ne parle même pas des Restos du Coeur. Et tout ça, j'insiste, en période de crise économique. Alors exploiter un pauvre gosse mort à cause de la faute à pas de chance - et rien d'autre ! car personne ne l'a jeté hors du bateau - pour faire passer les Français pour de sales égoïstes sans coeur, désolé mais là je ne suis plus. Les donneurs de leçon devraient avoir honte. D'autant qu'ils ne sont pas à une contradiction près.
Comme je le rappelais plus haut, personne n'a bougé le petit doigt pour les Chrétiens d'Orient, en allant même jusqu'à railler des prêtres qui voulaient organiser un concert en leur faveur. En outre, tous ceux qui s'émeuvent devant le sort de ces réfugiés sont parfaitement silencieux quand il s'agit de se mobiliser pour sortir les SDF de la rue. Ou pour venir en aide aux Nord-Coréens et à tant d'autres miséreux de par le monde qui n'ont pas leur photo en Une. On choisit ses damnés comme on va faire ses courses au supermarché. On prend la cause la plus consensuelle, celle qui, de préférence, rabaissera la France au rang d'éternel coupable (ce que ces Torquemada insinuent à chaque fois que c'est possible depuis la Guerre d'Algérie). Tout cela relève d'une profonde mesquinerie. Ce n'est pas en parlant fort et en faisant appel aux sentiments primaires des citoyens de ce pays que l'on fait montre du plus de générosité, de don de soi, "d'humanisme" (quel mot aujourd'hui galvaudé !). La modestie, la vergogne, la pudeur et le simple fait d'agir sont les garants d'une vraie générosité désintéressée et efficace.

Et après l'accueil des réfugiés, que fait-on ?

Jean-Luc Mélenchon, étrangement silencieux sur la question depuis le début de la couverture médiatique de cette crise, a enfin pris la parole aujourd'hui. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a parlé d'or : il estime qu'accueillir ces pauvres gens est un cycle sans fin tant que l'on ne s'en prend pas aux racines du mal. Et qu'il faut discuter avec Bachar Al-Assad, n'en déplaise aux délicats. Que cela veut-il dire ? Concernant Al-Assad, la réponse est simple : tant que son pouvoir sur la Syrie était assuré, le pays était stable. Le président syrien provient d'une minorité alaouite qui verrouille le pays afin d'empêcher les débordements des fanatiques islamiques qui hantent son pays, et que l'on peut voir à l'oeuvre depuis le début de la rébellion. 
Quant aux racines du mal, il s'agit de procéder avec méthode et célérité en mettant chacun devant ses responsabilités : à l'Europe le soutien humanitaire sur place, avec des médecins, du matériel médical et des  vivres. Elle peut aussi accueillir et organiser un soutien logistique à une résistance clairement identifiable à l'Etat islamique, comme le firent les Anglais en leur temps avec De Gaulle. Cela permettrait d'éviter de s'engager militairement dans une zone qui a toujours été le cimetière des soldats occidentaux, depuis les Russes en Afghanistan jusqu'aux Américains en Irak. Et dans un second temps, l'ONU doit pousser les pays musulmans membres de l'Organisation à former une coalition pour anéantir l'Etat islamique. Ces pays ont les moyens économiques et militaires d'une telle campagne. Et cela permettrait d'éviter que les Occidentaux ne soient encore considérés comme les responsables du chaos. 
Cette crise humaine touche tout le monde, il faut donc un vrai travail d'équipe. A chacun de se retrousser les manches et d'assumer sa tâche. Sinon, il sera temps de tirer les conclusions diplomatiques et politiques qui s'imposent. Mais l'Europe ne peut pas être éternellement le sauveur et la source de toutes les critiques de la part des pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée...

dimanche 30 août 2015

Chine : krach ou pas krach ?

Salle de cotations à Huabei, province de Anhui, Chine.
Crédits photo : Xie Zenghyi/AP/SIPA/20minutes.fr

Bonjour à tous !

C'est le serpent de mer du moment. Les économistes tremblent, les patrons transpirent, les banques chancellent : le géant chinois connaît une très mauvaise passe boursière. Est-ce conjoncturel ou plus profond ? Doit-on avoir peur ? 

Les origines d'un mal profond

Depuis une vingtaine d'années, et l'éclatement d'une bulle économique au Japon qui continue encore de secouer le Pays du Soleil Levant aujourd'hui, la Chine a décidé d'assumer sans fard le leadership économique du plus vaste continent du globe. S'il ne s'agit pas d'énumérer par le menu les raisons de cet éveil, retenons simplement que les dirigeants chinois, Deng Xiaoping en tête, avaient, dès les années 80 et la fragilité avérée du géant soviétique, décidé d'évoluer vers un modèle de "capitalisme d'état" : on mettait en oeuvre les outils du développement économique mais on conservait la haute main sur le reste, à savoir un parti unique, l'interdiction de manifester ou de contester le pouvoir, un contrôle social strict etc.
Cet éveil chinois fut, à l'horizon de la crise mondiale de 2007-08, un réel motif d'espoir pour des Occidentaux encore secoués par l'arbre qu'ils venaient de prendre sur la tête. Alors que la croissance ne semblait plus être qu'un lointain souvenir, l'Empire du Milieu apparaissait comme le pays de cocagne rêvé. 
Toutefois, et c'est ainsi que fonctionne de plus en plus l'économie globalisée, la machine n'a pas tardé à s'emballer : des investissements massifs ont alors eu lieu, des délocalisations à foison dans le lointain Orient avec des symboles forts, comme l'usine Foxconn fabriquant à la chaîne le nouveau symbole absolu du capitalisme triomphant : l'iPhone.
Il est malheureux de constater, hélas, que les leçons ne sont jamais retenues d'une crise à l'autre : investir massivement sans garanties de production et donc de retours sur investissement ne peut donner lieu qu'à des bulles spéculatives qui finissent immanquablement par éclater. Prenons l'exemple de Google, valorisée à plus de 300 milliards US$, alors que c'est une entreprise qui ne produit rien. Elle n'a pas d'usine, pas de magasin, bref, elle ne conçoit aucun bien de consommation. Elle crée de l'immatériel, de l'intangible : un moteur de recherche performant (aux méthodes discutables du reste) et un système d'exploitation qui n'est pas disponible sous forme de logiciel disponible à la vente ; on ne peut l'obtenir qu'en achetant un appareil équipé avec Android. 
Mais revenons à nos moutons. La Chine, donc, fut l'objet d'investissements plantureux que le pays n'a pas pu digérer, la faute à un pays immense qui n'avait pas pris le temps de s'adapter à ce boom spectaculaire. Les investisseurs devaient donc faire face à de nombreux problèmes qui ont limité la portée de l'effet de mode chinois : infrastructures insuffisantes, personnels peu qualifiés, stocks difficiles à écouler sur place du fait d'un pouvoir d'achat insuffisant, sans compter l'obligation des joint-ventures : la Chine laisse l'entreprise X s'implanter à condition d'opérer un partage des technologies avec une entreprise du cru. De l'espionnage industriel forcé qui permet de voir débouler peu de temps après sur le marché des conceptions chinoises de qualité moindre.
Tous ces problèmes n'ont pas empêché le développement de l'économie du pays d'extrême-Orient, ce qui a permis à la monnaie locale, le Yuan, de s'apprécier sur le marché des changes. Une appréciation trop forte au vue de la réalité et des vicissitudes asiatiques.

Une correction des changes nécessaire

Cela faisait pourtant plusieurs mois que les signaux d'alerte étaient au rouge : la Chine est toujours coupée en deux, entre un Est sur-développé et un Ouest sous-développé, qui envoie ses paysans sur les routes dans un exode rural à l'issue incertaine, les chiffres de la production ne sont pas bons, la consommation des ménages ne suit pas à cause d'un pouvoir d'achat que le gouvernement ne fait rien pour améliorer et, pour couronner le tout, la Chine commet ses propres délocalisations, trouvant des pays aux salaires encore moins élevés que les siens autour d'elle. Ou comment scier la branche sur laquelle on est assis !
Alors voilà, dans cette deuxième quinzaine d'Août, à la fin d'un été particulièrement moite et pénible pour les organismes, le marché boursier a dévissé. Violemment. Dans un premier temps, il convient de rester lucide : ce genre de correction arrive souvent à cette époque de l'année, les actionnaires profitant des derniers jours avant la rentrée pour tenter de remettre à plat les dérives d'un marché de plus en plus incontrôlable. Et ils ont fini, eux aussi, par regarder les chiffres en s'apercevant d'une chose simple : le Yuan était sur-évalué par rapport à la qualité de la production chinoise, et il n'y avait donc plus aucune raison de continuer à suivre, même de loin, un taux de change avec le Dollar imposé par les Américains. Le Yuan a alors baissé brutalement, entraînant évidemment une crise de confiance en l'économie chinoise et une vente massive d'actifs boursiers par les investisseurs du coin.

Un phénomène parti pour durer

Il serait peut-être enfin temps, mais cela demeure un voeu pieux, que le libéralisme arrête de s'emballer pour des chimères et tienne davantage compte des réalités : si une entreprise vaut X euros, il est inutile de la valoriser dix fois plus. D'une part, cela oblige l'entreprise en question à faire une chasse aux coûts et à la rentabilité qui l'empêche de se concentrer sur sa production, et d'autre part lorsque l'on finit par s'apercevoir qu'elle ne vaut pas autant, notamment en évaluant et en quantifiant son stock et sa production, sa valeur s'effondre, souvient bien plus bas encore que sa valeur réelle, entraînant licenciements, dépôts de bilan, fuite des investisseurs, etc. 
2007 aurait dû être l'ultime avertissement pour un capitalisme à bout de souffle qui ne sait plus quoi inventer pour nous vendre un modèle unique et formaté que beaucoup de citoyens à travers le monde, pour des raisons très diverses, ne veulent plus : pillages des ressources, dommages environnementaux, saccage de droits fondamentaux (travail des enfants, salaires minables, conditions de travail indécentes), autant d'actes inadmissibles allant à l'encontre de ce que les peuples sont en droit d'attendre de la vie et des personnes qui les emploient.
Le phénomène de ce mois d'Août, qui devrait rester circonscrit dans le temps et l'espace, risque donc de se répéter maintes et maintes fois. Aux citoyens d'être vigilants et aux dirigeants de prendre des mesures afin de redonner à l'économie réelle les pleins pouvoirs.

vendredi 10 juillet 2015

Grèce : que faire ?

Bonjour à tous !

Ravi de revenir parmi vous, le temps d'un post exceptionnel consacré à la Grèce. Cet article sera peut-être un peu plus long qu'à l'accoutumée, mais il importe de bien comprendre de quoi il retourne pour se faire une idée la plus précise possible.

I - La Grèce, un pays déchiré depuis 2 siècles

En vérité, quiconque se penche sur l'histoire de ce petit pays d'Europe méridionale s'aperçoit qu'il a connu une histoire mouvementée, trouble : de la présence ottomane à la dictature des colonels en passant par la Seconde Guerre Mondiale, le pays hellène a payé sa livre de chair et de sang. Des périodes sombres qui n'ont réveillé le sentiment national qu'à partir des années 1820, quand l'émancipation vis-à-vis de l'encombrant voisin turc devint un désir impérieux. Mais ce pays, si petit soit-il, n'a jamais développé de fibre étatique pour autant : le peuple grec est fier de son histoire, de l'héritage qu'il a laissé au monde durant l'Antiquité, mais chacun vit dans son coin, méfiant envers un pouvoir central dont on considérait qu'il aurait tôt fait de se coucher devant un envahisseur ou un dictateur. Résultat, il n'y a jamais eu d'organisation de recouvrement de l'impôt, jamais de mise en avant de l'Etat, de son rôle et surtout de ce qu'il pouvait apporter au citoyen. Avec le temps, la situation ne s'est pas arrangée et la Grèce était alors, au matin de son entrée dans l'Union Européenne, un pays où le clientélisme était roi, le paiement en liquide, une règle et le sens du devoir passait bien après. 
Toutefois, toutes ces scories, visibles dans les chiffres et bilans par n'importe quel titulaire d'un BTS en comptabilité est miraculeusement passé à la trappe lorsque l'on a souhaité un élargissement de ce qui s'appelait encore la CEE. Mario Draghi, qui travaillait alors pour Goldman Sachs (tiens donc) et chargé à l'époque de certifier les comptes du pays pour la préparation au SME (Système Monétaire Européen) n'a alors rien trouvé de mieux que de falsifier les résultats au nom, déjà, du dogme européen. L'Europe à tout prix vaut bien quelques sacrifices, et ce genre de personnage, fédéraliste et libéral jusqu'au bout des ongles, n'allait pas s'embarrasser avec sa conscience ou la morale. Et tant pis si, en réalité, la Grèce n'était clairement pas capable d'assurer une monnaie aussi forte que l'Euro. Après moi, le déluge. Et voilà le résultat.

II - La dette grecque, un puits sans fond

Evidemment, avec la catastrophe économique de 2008 et l'organisation des coûteux JO d'Athènes de 2004, il n'y avait plus d'arbre pour cacher la forêt : la Grèce, sans outil industriel d'envergure ni moyens de productions développés, ne pouvait tenir longtemps à ce rythme. Le pays devait en effet importer la quasi-totalité de ce qu'il consommait, incapable d'avoir développé une économie de subsistance : on importait alors de la nourriture, du matériel industriel, militaire, médical, bref tout ce dont a besoin une puissance occidentale pour conserver un certain standing et faire partie du cercle privilégié des pays où circule la Monnaie Unique. Mais n'ayant que quelques produits agricoles de niche à proposer à l'exportation et l'industrie touristique pour faire entrer les devises, le déficit ne pouvait que se creuser. Règle de base de l'économie : quand on dépense plus qu'on ne gagne, rien ne va plus. Sans compter un système fiscal bancal, pour les raisons expliquées plus haut, et des castes privilégiées dispensées de l'impôt (les puissants armateurs dont la famille Onassis et l'omnipotente Eglise orthodoxe sont dispensés de toute taxe), histoire de corser la difficulté.
Tout allait à peu près bien tant que l'économie mondiale continuait sa fuite en avant due aux bienfaits artificiels de la globalisation. Evidemment, quand les touristes ont commencé à moins venir après la crise et que les carnets de commande des armateurs, premiers à faire tourner la machine de la consommation du pays, se sont vidés, il n'y avait plus rien pour faire illusion.
Alors on a fait appel aux copains pour se sortir de la panade. Le problème, c'est que l'Euro restait une monnaie trop élevée pour les faibles exportations hellènes. Le pays était pris à la gorge. Surtout quand on a appris par la suite que ce sont les banques privées étrangères qui se sont d'abord gavées des prêts allemands, français ou finlandais tandis que le citoyen lambda ne voyait pas l'ombre d'un centime d'euro d'aide tomber dans sa poche.
Avec un chômage en hausse, des services publics qui se dégradent du fait des "réformes" libérales exigées par les créanciers, la dette ne pouvait que gonfler. On a administré au pays un remède pire que le mal. Une telle austérité ne pouvait pas lui permettre de redresser la barre, et donc de redevenir solvable auprès de ses prêteurs. Cependant il y a fort à parier que ces derniers ne souhaitaient pas voir la Grèce s'en sortir, mais plutôt faire banqueroute afin de se partager les restes pour quelques bouchées de pain, en bons vautours qu'ils sont. Ne nous y trompons pas : l'Union Européenne est d'abord la réunion de cupides technocrates, caricatures de ce qu'ils critiquent en public pour mieux les vénérer tout bas, les Américains. 

III - Une insolvabilité inéluctable :

On en vient donc à la "découverte" du jour faite par tous nos amis endimanchés de Bruxelles et Washington, M Juncker, Mmes Merkel et Lagarde en tête : on aurait prêté de l'argent à un pays qui n'est pas en mesure de rembourser ! Saperlotte ! Diantre ! Palsambleu ! L'effronté grec ne veut pas rembourser et que fait-il pour marquer son ras-le-bol face à des réformes pourtant vues comme des progrès inéluctables, chères à notre vieil ami, Jacques Attali ? Il vote à Gauche ! Impensable. Pas la Gauche-Droite centro-libérale pudiquement appelée "sociale démocrate", non, cette "vieille" Gauche qui a comme une odeur rance, attendez... mais oui, on dirait du...du populisme ??!!! (là il faut imaginer Janet Leigh en train de crier sous la douche dans Psychose pour bien réaliser l'ampleur du drame). Mais enfin, ils sont fous ces Grecs : alors qu'on avait fini par s'entendre avec des gouvernements de Gauche-et-de-Droite-qui-pensent-comme-nous, voilà qu'ils osent, les gougnafiers, mettre aux commandes un type qui dit qu'il va mettre un sérieux coup de frein à l'austérité économique et aux réformes, béni soit leur nom. Hors de question de se laisser faire, on allait réunioner et montrer à ces sales gosses ce qu'il en coûte de remettre en cause l'autorité toute-puissante des supra-nationaux non élus (ils n'ont pas besoin de l'être puisqu'ils ont raison, ils savent, ils sont le Bien). 
Hélas, ou plutôt Tsipras, Syriza ne s'en est pas laissé compter. Hors de question de bousculer le programme pour lequel il a été élu : considérant les demandes de la troïka comme exagérément élevées, il a donc demandé à son peuple de voter par référendum si ces mesures étaient acceptables ou non. Et les Grecs ont tranché, à 61%, en faveur de Tsipras et contre ces plans d'austérité iniques.

IV - Sus à la démocratie

Evidemment, ce fut la douche froide pour les capitales européennes, qui avaient tellement perdu l'habitude de voir un peuple souverain s'exprimer sur une question le concernant directement : c'est donc ça la démocratie ? Eux qui croyaient que cela consistait à organiser des élections de temps en temps avec des gens pensant tous la même chose pour finalement faire l'opposé de ce pour quoi ils avaient été élus, forcément, le choc est rude. Et ce fut alors un brouhaha d'insultes, d'invectives, venant des politiques comme des médias pour dénoncer l'irresponsabilité grecque, la Maîtresse Domina du FMI expliquant même qu'il fallait désormais que les discussions se déroulassent "entre adultes" et que le petit Alexis et son ami turbulent, le dénommé Yanis Varoufakis, allassent jouer ailleurs. 
Je vais quitter deux minutes les habits du sarcasme pour redevenir extrêmement sérieux : il est criminel, impensable, honteux, qu'un continent comme le nôtre, berceau des humanités, de l'art, de la Renaissance et de la philosophie critiquent à ce point l'expression souveraine d'un peuple avec qui l'on joue en cherchant à en faire un exemple alors que son PIB ne représente que 2% du PIB de l'UE. Il n'y a pas de mots assez durs pour qualifier l'irresponsabilité, la malhonnêteté intellectuelle avec lesquelles ont opéré des figures aussi diverses qu'Angela Merkel, Pierre Moscovici, Jeroen Dijsselbloem, Jean-Claude Juncker, Jean Quatremer, Pierre-Antoine Delhommais ou Christophe Barbier. Ces gens n'ont eu d'autres arguments que ceux de la peur pour déstabiliser et fausser l'opinion des Français et des Européens sur la question. On a beau jeu de dénoncer le "populisme" de certains partis et de certaines figures européennes de la politique, mais quand on vend de la peur aux gens pour les empêcher de réfléchir sereinement et posément à un problème, ce n'est plus du populisme mais du fascisme. Et c'est bien pire !

V - Maintenant on fait quoi ?

Malheureusement, Tsipras n'ira pas au bout de sa logique : trop effrayé à l'idée de devoir plonger dans l'inconnu, il ne renoncera pas à l'Euro, sauf contraint et forcé. Il y a fort à parier que la logique des créanciers finissent par l'emporter après une longue guerre d'usure. On fera un peu de cosmétique pour maquiller la défaite de Syriza, en effaçant 25 à 50% de la dette par exemple, mais il y aura de nouveaux prêts, au moins de la part du FMI. Car il est impensable pour les technocrates que la Grèce sorte de l'Euro, ils ne veulent pas d'un effet domino qui entraînerait immanquablement d'autres pays avec lui : le Portugal, l'Espagne, l'Italie, la France ou l'Irlande. Alors on prêtera, le coeur lourd mais on prêtera et en contrepartie on mettra le pays en coupe réglée pour se payer sur la bête. 
Idéalement, il faudrait que le bon sens l'emporte. Les très nombreux économistes qui disent que l'Euro a vécu et que c'est une religion malsaine, un totem inique, doivent être entendus. La Grèce, a minima, doit sortir de l'Euro, et au mieux, il faut mettre un terme à l'UEM (Union Economique et Monétaire, nouveau nom du SME). Chaque pays d'Europe doit retrouver sa souveraineté monétaire et budgétaire, afin de construire, éventuellement - ce n'est pas une obligation - une Europe différente qui serait alors basée sur la mise en commun de ressources scientifiques en vue de grands projets, comme Ariane Espace, EADS, Philae, etc. 
Quant à la Grèce, en plus de lui laisser retrouver la Drachme, il faudrait effacer tout ou partie de sa dette, en grande partie illégitime comme expliqué ultérieurement. De toute façon, les marchés ont anticipé ce fameux "Grexit", il n'y a donc pas de soubresaut particulier à craindre. Et la dévaluation annoncée de la Drachme serait en réalité maîtrisée avec une annulation partielle de la dette et un retour de l'exportation et du tourisme, avantagés par une devise attractive. Pour peu que le pays fasse enfin sa révolution fiscale afin de faire payer tout le monde et qu'il exploite son extraordinaire potentiel maritime, alors ce pays pourrait devenir une bonne surprise dans la décennie à venir. Mais là je verse dans l'utopie...

A bientôt. Peut-être...

Pour aller plus loin:

- à propos du rôle trouble joué par M Draghi dans cette histoire :
http://www.lemonde.fr/crise-financiere/article/2011/10/31/la-grece-dossier-noir-de-l-ancien-vrp-du-hors-bilan-chez-goldman-sachs_1596412_1581613.html

- à propos de l'illégitimité de la dette grecque :
http://l-arene-nue.blogspot.fr/2015/06/dette-grecque-preparez-vos-oreilles-les.html

- à propos des économistes favorables à une sortie de l'Euro (attention, c'est un poil technique)
http://leseconoclastes.fr/2015/07/bfm-du-06-juillet-2015-oxi/

- enfin, à propos de l'idiotie congénitale régnant au sein de la presse française :
http://videos.lexpress.fr/actualite/politique/video-comment-sauver-l-europe-la-une-de-l-express-l-edito-de-christophe-barbier_1697170.html

mardi 5 mai 2015

Fermeture du blog et remerciements

Bonjour à tous !

C'est avec une certaine émotion que je rédige ce message. En effet, après mûre réflexion, j'ai décidé de clôturer mon blog, sans doute de manière définitive. Explications.

Genèse du projet, engagement citoyen et décision d'arrêt

J'ai toujours eu une passion pour la politique, au sens large du terme, c'est-à-dire la vie dans la cité. Par mon histoire personnelle, j'ai été imprégné de l'amour de la France, auquel j'ai tâché de mêler un désir de comprendre le monde actuel, économiquement morose et socialement inquiet. De là est venue l'idée du blog. Je n'ai jamais eu l'intention d'en faire un outil de propagande pour tel ou tel parti. Mes opinions sont ce qu'elles sont, et n'appartiennent qu'à moi. Et je ne veux pas faire de sectarisme au point de dire que tel mouvement politique a raison tandis que l'autre a tort. Le seul clivage qui prévale selon moi, c'est celui opposant les souverainistes aux libéraux, en schématisant.
L'idée de ce blog, pour revenir à mes moutons, était donc de réagir à l'actualité hebdomadaire. Hélas le projet était chronophage et demandait une rigueur de traitement de l'information que mes moyens limités et mes activités annexes n'ont pas pu, n'ont pas su résoudre. En conséquence, et afin de ne pas risquer de glisser vers la malhonnêteté intellectuelle, je préfère m'arrêter là. Peut-être reprendrai-je en 2017, mais rien n'est moins sûr. J'espère juste que la France gardera sa vigilance républicaine et citoyenne, celle qui lui confère le talent extraordinaire de l'amour du débat et de la contradiction.

Remerciements 

Bien sûr, je tiens à remercier tous ceux qui m'ont lu, même d'un oeil, ceux qui ont aimé ma prose laborieuse et plus encore ceux qui m'ont critiqué, même de manière virulente. La démocratie, l'échange et le respect ne peuvent naître que du débat d'idées, fut-il violent. 
Bonne route à tous, et encore merci. Et surtout gardez à l'esprit que la liberté d'expression est un bien très chèrement acquis.

Je dédie ce dernier post à la mémoire des victimes des attentats des 7,8 et 9 Janvier 2015.

mardi 7 avril 2015

Journal de Bord : Mars 2015

Bonjour à tous !

Retour aujourd'hui sur un mois de Mars qui fut malheureusement placé sous le signe du deuil. Une pensée, donc, pour les victimes de l'A320 de la GermanWings qui s'est écrasé près de Barcelonette, ainsi que pour nos trois jeunes champions partis trop tôt.

Le fait marquant : le PS enchaîne les raclées électorales

C'était écrit depuis si longtemps que c'en serait presque un non-événement. Le PS a une nouvelle fois pris le bouillon au cours d'élections départementales qui ont eu du mal à mobiliser un électeur sur deux. 

Le PS, futur perdant en 2017 du nouveau ménage à trois de la vie politique française ?

Le PS n'a su faire campagne qu'à un seul niveau : tirer à nouveau la sonnette d'alarme contre la montée du FN. Manuel Valls en est même devenu rouge, transpirant, avec la main qui tremble pour faire bonne mesure. Dire que beaucoup se réjouissent encore de la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012... Evidemment cela n'a pas suffi. Il faut dire que quand on laisse planer un gros doute sur la pérennité des départements suite à la réforme territoriale, et qu'en plus, semaine après semaine, on continue à décevoir ses électeurs ainsi que les vrais militants de Gauche, il ne faut pas s'étonner d'une telle avoinée.
Les candidats sur le terrain ont tenté de mobiliser les électeurs, de défendre leur bilan pour ceux qui se représentaient, de localiser le scrutin, rien n'y a fait. C'était inéluctable. Et alors que le PS baisse, le FN monte, inexorablement. Alors, oui, on dira qu'il a été battu par l'alliance UMP-UDI. C'est une façon de voir. Mais quand on prend les résultats en nombre de voix et par parti unique, le FN l'a encore emporté. C'est un fait. Avec plus de 5 millions d'électeurs. Il n'a pas su remporter de cantons, ce qui est normal compte tenu de nos institutions, par ailleurs si décriées. Elles sont peut-être insatisfaisantes pour MM Plenel, Placé et autres Mélenchon, mais en attendant, si le FN se voit la bride tenue, c'est grâce à la Constitution de 1958. 
Mais attention, parce qu'en 2017, la mobilisation des électeurs sera autrement plus forte. Et comme le premier tour sert souvent de défouloir, le PS devrait sérieusement se remobiliser, proposer à nouveau un vrai programme de Gauche, colbertiste, anti-libéral pour séduire des électeurs toujours plus désabusés. Ce ne sont pas la Loi Macron, la remise en question du Code du Travail et du CDI ainsi que le manque de soutien envers le parti Syriza en Grèce qui vont leur donner de bons points en ce sens.

Le FN, bloqué par son plafond de verre

Dura Lex, Sed Lex. La Loi est dure, mais c'est la Loi. Incapable de mobiliser une majorité d'électeurs pour battre au second tour un opposant PS ou UMP, le FN ne remporte aucun département. Mais continue néanmoins à s'implanter localement. Une nouveauté pour un parti dont c'était le cadet de ses soucis du temps de Le Pen père. Quand on pense que Bruno Mégret, ancien paria du parti, avait milité en ce sens, il doit être bien amer aujourd'hui en constatant la réussite du duo Marine Le Pen - Florian Philippot. Le chevènementiste désabusé a beau ne pas être apprécié par les militants du parti, il n'en demeure pas moins un tacticien hors pair à qui le FN doit beaucoup dans sa progression dans les urnes. Dommage que d'autres, comme Marion Maréchal-Le Pen et Le Pen père ne le comprennent pas. C'est d'ailleurs la vraie limite de ce parti. Plus qu'un quota d'électeurs prétendument déjà atteint et qui ne saurait être dépassé, c'est surtout la présence gênante et honteuse du patriarche qui empêchera le FN d'accéder un jour aux responsabilités. Sa sortie chez Bourdin allait dans ce sens. Il ne veut pas voir son parti prendre le pouvoir, sans doute pour deux raisons : la première, c'est qu'il a la trouille d'assumer les responsabilités du pouvoir, et la seconde c'est qu'il continue à vouloir se positionner en parti anti-système et donc, par définition, à part de l'Elysée, Matignon ou d'une majorité à l'Assemblée. Il est dommage que les analystes médiatiques n'aient pas creusé davantage lorsque Jean-Marie Le Pen a de nouveau commis son horreur, plutôt que de pousser des cris d'orfraie avec le vulgus : cela aurait été autrement plus constructif que d'enfoncer des portes ouvertes...

Le fait international : les USA instaurent la monarchie à mots couverts

On avait eu George Bush, père et fils. On a eu Bill Clinton puis sa femme, Hillary, comme Secrétaire d'Etat, candidate déclarée à l'investiture démocrate pour 2016. Voilà que Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride, respectivement fils et frère cadet des deux autres, entend se lancer dans l'investiture républicaine pour la course au 1600 Pensylvannia Avenue, Washington DC. Ah, les USA et leurs paradoxes. On instaure une démocratie, mais on peut être élu Président en ayant moins de voix que son adversaire. On défend le libre-échange à tout crin mais on pose de forte barrières économiques de protectionnisme. Et on proclame fièrement la République dès l'indépendance pour finalement instaurer des dynasties politiques. Le pire, c'est qu'Hillary Clinton est donnée largement favorite pour 2016, dans tous les cas de figure. Les Etats-Unis doivent-ils s'attendre à voir Chelsea, la fille unique du couple Clinton, pas connue pour être la jeune personne la plus brillante de sa génération, se présenter dans dix ou vingt ans également ? Les Bush présenteront-ils à leur tour une troisième génération côté républicain ? Doit-on s'attendre à voir un hypothétique Kennedy ou un improbable rejeton Nixon dans les prochaines années ? Voilà un détail qui a plus d'importance qu'il n'y paraît car il souligne finalement à quel point les élites sont verrouillées désormais dans un pays qui s'est toujours présenté comme étant celui qui donnait la chance à chacun d'y arriver, quel que fût son parcours. On peut même dresser un parallèle avec Hollywood, qui n'est pas tant hors de propos, où l'on voit de plus en plus de "fils/filles de" faire tranquillement leur trou sur les plateaux de tournage, le plus naturellement du monde. Où est l'égalité des chances dans tout cela ? Qu'en est-il de l'ascenseur social ? 
Ou bien faut-il voir, pour en revenir à la politique, une telle dévaluation de la fonction présidentielle, qu'aujourd'hui, la course pour la Maison Blanche n'est plus qu'un passage obligé quelconque pour être invité chez Oprah Winfrey et Ellen DeGeneres. La "plus vieille démocratie du monde", comme elle se plaît à le rappeler, est bel et bien malade. House Of Cards est finalement la fiction qui risque d'être le plus en phase avec son époque.

Le fait économique : la Grèce à la croisée des chemins

J'avais évoqué, il y a deux mois de cela, mon espoir en la victoire de Syriza, aux Législatives grecques. Aujourd'hui, le jeune parti de ce petit pays de l'UE est en difficulté : l'augmentation du SMIC n'a pas eu lieu, le port du Pirée sera finalement démantelé pour se voir en partie confié à des capitaux chinois et le FMI ainsi que Bruxelles et Berlin ne lâchent pas la bride. Tsipras joue la montre mais il sent malgré tout le noeud coulant se resserrer. Il lui reste une carte à jouer : convaincre la Russie de sortir la Grèce de ce bourbier en rachetant sa dette ou en prenant le pays sous sa protection. Ce serait assez malin compte tenu de la crainte qu'inspire toujours l'Ours de l'Oural aux Occidentaux. On pourrait aussi imaginer que, de guerre lasse, les Européens laissent filer la Grèce hors de la Zone Euro. Mais pourraient-ils alors empêcher la fuite programmée des autres pays en difficulté en dehors de cette zone ? Rien n'est moins sûr. Il est juste triste de constater que la France, l'Italie, l'Espagne et tous les autres pays en difficulté économique ne soutiennent pas davantage le courage des Grecs. Au contraire, la presse française, L'Opinion notamment, tire à boulets rouges sur Athènes. Et dire qu'on voulait bâtir une Europe solidaire. Or, c'est bien connu, pour avoir des partenaires solidaires, il faut être dans le camp des vainqueurs.

jeudi 5 mars 2015

Journal de bord : Février 2015

Bonjour à tous

C'est avec un certain plaisir que je vous retrouve afin de partager, avec vous, mon point de vue quant à l'actualité de ce mois de Février 2015.

Le fait marquant : l'Europe redécouvre l'antisémitisme

On avait pensé que les images des camps libérés presque par hasard par l'armée rouge avaient suffi. On avait pensé que le fait de rendre aux survivants juifs la terre d'Israël près de 2.000 ans après les en avoir chassés avait suffi. On avait pensé que la production artistique, pléthorique, sur le sujet de la Deuxième Guerre Mondiale (mon pragmatisme m'empêche de la qualifier de "Seconde") avait suffi. Et puis on a finalement oublié. Il y a eu Carpentras, en 1990. Et puis plus récemment la machine s'est emballée : Ilan Halimi et le gang des barbares en 2004, Merah qui massacre en scooter dans un remake morbide de Easy Rider en 2007, Nemmouche à Bruxelles, Charlie Hebdo avant l'Hyper Cacher et pour finir Copenhague. Pour renforcer le malaise, il y a eu évidemment les manifestations pro-Gaza ou plutôt anti-israéliennes et antisémites de l'Eté dernier où on pouvait lire "Juifs de France rentrez chez vous", "Netanyahou = Hitler" (sic), ou encore "Mort aux Juifs". 

Antisémitisme et islamophobie, même combat ?

Soyons clairs d'emblée, la réponse à cette question est : non ! Pareille manifestation à l'encontre des Musulmans n'a, heureusement, jamais eu lieu en France. Et certainement pas avec de telles pancartes. En France, enfin, aucun Juif ne s'est baladé dans des lieux de rassemblement de la communauté musulmane pour y semer la mort. C'est un fait et Roger Cukierman a eu raison de l'affirmer, moins de se dédire : les actes antisémites sont aujourd'hui le fruit d'une frange dure de l'islam, trop mollement condamnée par les autorités représentatives de l'islam en France, et minorées par les dirigeants de notre pays. Il ne s'agit pas de pointer du doigt l'ensemble des Musulmans de France, c'est entendu ; mais il est plus que temps que cette dernière fasse le ménage chez elle sous peine de tensions irrémédiables au sein de la République. Et puis la scène hallucinante du soutien au terroriste musulman ayant commis l'attentat contre des Juifs à Copenhague doit interpeller. Comment 500 personnes peuvent-elles ainsi venir à son enterrement saluer son action de mort ?
Quant à l'islamophobie, qui est un terme qui ne veut rien dire ou qui, du moins, est employé à mauvais escient, elle ne peut se comparer à l'antisémitisme. Littéralement, cela veut dire "avoir peur de l'islam". Si par "peur", on qualifie le fait de s'interroger sur cette religion, alors nous avons un grave problème. Camus disait : "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde." Personne ne s'est gêné pour critiquer et questionner la religion catholique, qui est pourtant la religion historique et culturelle de la France. Encore aujourd'hui, on n'hésite pas à la pointer du doigt sur des questions qui, le plus souvent d'ailleurs, relèvent davantage de l'anecdote que de la vraie problématique. Pourquoi ne peut-on agir de même avec l'islam ? Y a-t-il un tabou ? Doit-on éternellement se voir reprocher la colonisation, qui est du reste le fait de la Gauche de la IIIe République (Ferry, Jaurès) ? Une colonisation qui n'a d'ailleurs jamais concerné le Danemark. Il s'était contenté du Groenland et on peut affirmer sans crainte que le terroriste de Copenhague n'était pas inuit. Allons, soyons sérieux ! La France est un pays qui se passionne et qui vit du débat : s'interdire un débat sur un sujet aussi sérieux relève de la fraude intellectuelle.

Que faire ?

Il s'agit d'abord d'ouvrir le débat, vraiment, sans rien s'interdire. Ensuite il faut obliger l'islam à se comporter en islam DE France et non plus comme un islam EN France. Enfin, mettons un terme à cette ineptie humaine, sociale et économique qu'est le regroupement familial qui permet de faire venir en France des familles déracinées, perdues, sans repères. N'importe qui dans cette situation se tournerait vers sa culture d'origine, ce qui est normal, humain. Mais quand on atteint de pareils chiffres, il convient de mettre un terme à ce qui devient un danger larvé pour la communauté nationale où tout le monde sera perdant. Enfin, souvenons-nous des leçons de l'affaire Dreyfus, et de la Deuxième Guerre Mondiale dans son ensemble, sans pour autant non plus verser dans le pathos. L'Holocauste est un fait historique majeur, certes, mais il reste néanmoins un fait historique. Au sens positif du terme, si l'on en suit l'enseignement de l'éminent Auguste Comte, l'Histoire est une science et tous les faits qui la constituent sont donc autant de faits scientifiques. Dès lors, il convient de les traiter avec honnêteté, objectivité, mais aussi distance et sang-froid. Les sentiments n'ont jamais fait une politique. Par contre ils peuvent abattre un pays, l'exemple du coup de sang de Napoléon III contre les Prussiens en est un parfait et pathétique exemple.

Le fait éco : rumeurs partout, croissance nulle part

En regardant les boys de BFM TV ou la bande de Happy Few du journal L'Opinion emmenée par le si peu charismatique Nicolas Beytout, on se dit que l'économie se porte bien, qu'avec les réformes, la croissance est là, sous nos pieds, avec les emplois et les réductions de déficits qui vont avec. C'est tellement simple qu'on se demande comment et pourquoi on n'y a pas pensé avant. Ah, les libéraux et leurs idées simples, remplies de chiffres et de formules mathématiques. Avec un petit hic cependant, tout petit : le paramètre humain. Chicanerie que cela me direz-vous et pourtant. L'Homme est ainsi fait qu'il aime à s'emballer, s'émoustiller pour un rien. Prenons par exemple le gaz de schiste aux USA. Ca y était, l'Oncle Sam avait pleinement assuré son indépendance énergétique et pouvait enfin faire la nique à l'embarrassant fournisseur historique saoudien, pressé qu'il était de faire des mamours avec l'Iran chiite. Manque de bol, la bulle est déjà en train d'éclater : la grogne monte chez les petits propriétaires excédés d'être spoliés de leurs terres pour y installer des puits de forage, les ressources - si coûteuses à exploiter - s'épuisent à une vitesse folle provoquant la fermeture des commerces et services champignons qui suivent le gaz de schiste à la trace comme le chat suivant la lumière du laser. Alors, en attendant, le chômage baisse et la croissance est bonne outre Atlantique. C'est vrai, mais ça ne durera pas. D'abord parce que le Dollar se renchérit face à l'Euro, ce qui va freiner les exportations. Ensuite parce que les Saoudiens, pas idiots pour deux sous, maintiennent un cours du baril excessivement bas, obligeant les Américains, qui n'ont pas les mêmes frais, à s'aligner sur les prix du Golfe si ils veulent écouler leur marchandise, ce qu'ils font à perte donc. Et puis enfin parce que les emplois créés sont précaires, payés une misère. Point de postes d'ingénieurs, d'architectes, ou autres CSP + à forts salaires, susceptibles de doper la consommation et de fournir des rentrées fiscales. La méfiance est donc de mise, d'autant que si la croissance américaine ralentit de nouveau, l'Union Européenne, qui cherche désespérément à se faire trousser par son volage amant américain, risque fort de plonger dans une vraie récession type années 30. Et cette fois, la Russie, à qui l'on tourne honteusement le dos parce qu'on la juge sans la connaître, ne pourra pas nous sauver la peau comme elle l'a fait à partir de 1941 en résistant héroïquement à l'armée du Reich. Pas plus que la Chine, dont la croissance réelle, établie en tenant compte de la faible demande intérieure et des très fortes disparités de ressources entre les différentes classes sociales du pays, ne vaut en réalité pas plus de 2%. Pour un pays de cette taille, de cette importance, et qui détient dans ses coffres pour plusieurs centaines de milliards de dollars de dettes des autres pays du Monde, il convient de se méfier grandement car 2% de croissance réelle, ce n'est pas assez.

Le fait en plus : Ribéry et Noah, ces sportifs qui se donnent l'importance qu'ils n'ont pas

Ribéry fut le premier à dégainer, affirmant qu'il voulait devenir allemand, ne plus vouloir revenir en France et même soutenir l'hypothétique candidature de sa progéniture au maillot de la Mannschaft si jamais l'occasion se présentait un jour. On se demande qui conseille ce garçon, si souvent taclé et mis à l'index pour son manque d'investissement au sein de l'équipe de France, son amour du maillot flageolant et son comportement de racaille. Au lieu de faire bonne figure, de battre sa coulpe, et émettre simplement des regrets sur un gros malentendu concernant sa carrière en équipe de France, il a préféré en rajouter une couche. L'orgueil n'a jamais grandi les hommes...
Quant à Joakim Noah, le problème est encore plus simple. Le jeune homme, brillant pivot de la non moins brillante équipe des Chicago Bulls a assuré, plein d'aplomb, que sa carrière importait plus que l'équipe de France et qu'en conséquence, il doutait de répondre favorablement à une sélection pour l'Euro 2015. Rappelons que la compétition se déroulera essentiellement dans l'Hexagone, que les Bleus ont un titre à défendre et que l'Euro est qualificatif pour les Olympiades de Rio de l'an prochain. L'occasion aurait été si belle pour "Jooks" de revenir avec le maillot bleu 4 ans après son excellente prestation à l'Euro lituanien. Las, son contrat avec les Bulls doit être renégocié cet Eté. De gros billets verts en perspective. C'est tellement plus intéressant que d'aller jouer avec les copains (Parker, Batum, Gobert) qui, eux aussi, ont un rôle important dans leurs franchises NBA respectives et qui, pourtant, seront là à n'en pas douter cet Eté, sauf blessure ou gros coup de pompe. Vincent Collet, le coach français a été clair : sauf raison valable, tout refus de venir cet Eté équivaudra à un forfait d'office pour les JO 2016. Espérons que tout le monde saura s'en souvenir. Quant à Joakim Noah, je ne saurais que trop lui conseiller de demander de l'aide à son père, devenu très bon en tant que gestionnaire de fortune, surtout quand il s'agit de planquer l'argent hors des yeux du Fisc français...

dimanche 1 février 2015

Journal de bord, Janvier 2015

Bonjour à tous !

Nouvelle année, nouvelles résolutions, cela vaut pour moi aussi. J'ai décidé de me faire plus rare sur ce blog, car mon agenda exige autre chose de moi désormais. Néanmoins, ces nouveaux rendez-vous, mensuels, seront aussi plus denses. Et je ne m'interdis pas de faire un post supplémentaire lorsque j'estimerai que l'actualité l'exigera. Ceci étant dit, passons maintenant au vif de notre sujet.

Le fait marquant : la série d'attentats de la première quinzaine de Janvier

Tout s'est déroulé en quelques jours. Une litanie de drames, ponctués par des meurtres et des coups de feu. Des journalistes, des caricaturistes, un économiste, une policière et des Juifs. Tous sacrifiés sur l'autel d'une idéologie obscurantiste venue du tréfonds du Golfe Persique. Tués pour la nécessité d'une vengeance aveugle. Exécutés pour une fatwa, dans le cas des malheureux de Charlie Hebdo, pour protéger une fuite dans le cas de la jeune policière ou simplement parce qu'ils étaient juifs concernant les morts de l'Hyper Cacher. Cela devait finir par arriver. Notre pays était presque devenu trop calme, comme endormi dans une sorte de léthargie, pensant que les attentats de 1995 étaient les derniers d'une longue série qui touchait à sa fin. Pourtant nous n'avons jamais été à l'abri. Mohamed Merah fut un premier sérieux avertissement. Tous les Français qui partent comme des moudjahidines en Syrie sont autant de membres constitutifs d'une cinquième colonne qui n'interpelle pas les pouvoirs publics. Bien sûr, on est encore plus surpris et meurtri parce que ce sont des journalistes qui sont morts, dans le but bien précis de venger un Prophète soi-disant offensé, mais le résultat est là : la menace terroriste est bien présente sur notre territoire.

Quelles leçons tirer de ces atrocités ?

Il y aura, peut-être, un avant et un après. Seul le temps long permettra de le dire. Dans une société qui privilégie l'immédiateté à la réflexion, à la dialectique et aux problématiques multiples, il convient de garder la tête froide. Cependant, si il devait y avoir de profondes conséquences après cette série d'attentats, il faudrait alors garder à l'esprit que notre pays, décidément bien différent des autres, connaît régulièrement de profondes modifications après un bain de sang : la Guerre de Cent Ans déboucha sur la Renaissance, la Révolution Française fit chuter la monarchie et les deux guerres mondiales aboutirent à la chute de l'Empire colonial ainsi qu'à la Ve République. 
Cette atteinte profonde à notre liberté d'expression a eu une première saine réaction, celle du 11 Janvier. Il y a eu des couacs, je ne reviendrai pas dessus, car il convient d'en garder l'image résolument positive qu'elle souhaitait véhiculer. Et puis il y a eu toutes les discussions d'après. La police qui perd un peu la tête avec toutes ces procédures ouvertes pour "apologie du terrorisme", une école qu'on remet à nouveau au centre de toutes les interrogations et un islam qui pose toujours question. 

Pour un Islam de France

En 1807, Napoléon convoqua le Grand Sanhédrin, sorte d'assemblée oeucuménique des religieux juifs, leur intimant l'ordre de prendre les mesures nécessaires afin que le judaïsme soit solvable dans la Nation française. L'Empereur obtint gain de cause et aujourd'hui la pratique de la religion juive ne pose guère de problèmes. Alors que la religion musulmane est numériquement bien plus importante en France que la religion juive (deuxième religion de France aujourd'hui), on se demande pourquoi il n'y a pas de mesures concrètes pour la création d'un Islam de France. Cela montrerait la bonne volonté des musulmans de France à s'assimiler dans la République et permettrait d'identifier plus clairement nos adversaires, qui sont les fondamentalistes de cette religion. Sans compter que former des imams qui respectent la République n'aurait que des avantages.
Au lieu de cela, on préfère entraîner la confusion : "pas d'amalgames" a-t-on aussitôt crié après les attentats. "Les premières victimes sont les musulmans" a-t-on répété à l'envi (1). Autant de slogans qui sèment le trouble, les premières victimes de ces horreurs étant bien évidemment ces pauvres gens victimes des attentats. Quant au "pasdamalgamisme", il donne la nausée à force d'être répété en boucle. Lorsque l'on crie "Allahu Akabar" et "On a vengé le prophète", on agit en tant que musulman, qu'on le veuille ou non. Nul n'est accrédité pour dispenser des brevets de bonne ou de mauvaise pratique de l'Islam. A contrario, un musulman qui boit de l'alcool ou mange du porc parce qu'il en a fait le choix est-il un mauvais musulman ? Non. Quand la guerre civile en Irlande du Nord a éclaté, a-t-on demandé à ne pas faire d'amalgames entre les catholiques et les protestants d'un côté, et les soldats anglais protestants et les terroristes de l'IRA, catholiques, de l'autre ? Non. S'est-on demandé si on commettait des amalgames l'an passé avec la Manif pour Tous en traitant d'extrémistes ceux qui, parmi les manifestants, se réclamaient du catholicisme ? Pas davantage. Il est grand temps d'appeler un chat, un chat. Ces terroristes sont musulmans, point. Une fois qu'on aura compris ça, on aura fait un grand pas dans le combat contre la récidive de ce genre de drame.

Des enfants déboussolés

L'autre question soulevée est celle de la réaction des élèves dans les établissements scolaires. Fort heureusement, l'écrasante majorité d'entre eux s'est associée au deuil national. Mais pas tous. Entre ceux qui croyaient à la théorie du complot et ceux qui disaient que c'était mérité, eu égard à ce qu'ils estimaient avoir été des offenses répétées envers le Prophète, certains enseignants ont eu de mauvaises surprises. Ne minimisons ni n'aggravons pas ces incidents. Ils restent des cas isolés et les élèves restent des mineurs, des enfants. Il est connu, inévitable même, qu'un enfant va avoir tendance à répéter comme un réflexe ce qu'il entend autour de lui, notamment dans sa famille, à la télévision ou sur Internet.
Et c'est là qu'il faut réellement intervenir. D'abord, il faut que les parents prennent conscience de ce qu'ils inculquent à leurs enfants. Ensuite, il faut redonner à nos bambins l'innocence qui sied si bien à leur jeune âge. Il n'est pas sain de laisser un enfant constamment derrière un écran, de même qu'il paraît problématique de le laisser s'aventurer sur tel ou tel réseau social face auquel il ne peut être armé pour s'en protéger. Les cas répétés de suicide d'adolescent suite à un harcèlement sur ces fameux sites sont là pour en attester. Un enfant doit être sensibilisé au sport, à l'art, à la vie sociale réelle, tangible, physique, au respect de l'autorité, à la valeur de la transmission... Autant de choses qui lui permettront de s'ouvrir au monde avec du recul, de la mesure, et un vrai bagage intellectuel. Dans cette optique, faire de l'enseignement numérique la panacée de l'enseignement de demain ne me paraît pas une bonne idée. Les écrans ne se substitueront jamais aux livres et à l'enseignant. Il ne me paraît pas pertinent de permettre aux élèves de passer encore plus de temps devant des écrans qui vont leur abîmer les yeux. Et je ne parle même pas du coût prohibitif de l'opération qui se fera au détriment du recrutement d'un personnel qualifié, dévoué, et décemment rémunéré.(2)

Le point éco : Draghi hors-jeu

Il s'est passé d'autres choses ce mois-ci qui méritent d'être évoquées. Mario Draghi, le directeur général de la Banque Centrale Européenne, a décidé de racheter de la dette des états membres. Pour cela, il fait donc tourner la planche à billets, faisant baisser la valeur de l'Euro. Jusque là, du tout bon : les dettes nationales sont garanties par la BCE et la baisse de l'euro doit permettre aux entreprises européennes, françaises notamment, d'exporter davantage. Sauf que... L'Euro est déjà en chute libre face à un Dollar qui reprend du poil de la bête. C'est quelque chose que l'on apprend dans ses premiers cours d'économie : on ne fait JAMAIS tourner la planche à billets quand le cours de la monnaie est déjà en baisse, sinon on risque un effet d'entraînement qui débouche sur une inflation non contrôlée. C'est quand le cours de la monnaie s'apprécie qu'il faut au contraire multiplier les billets comme les petits pains, afin de laisser l'économie respirer. Décidément, Draghi a tout faux. Rappelons qu'il avait participé au trucage des comptes de la Grèce ayant permis à cette dernière d'entrer dans l'Europe.

Le point international : bravo Syriza

Alexis Tsipras a réussi son pari : passer en quelques années du statut de trouble-fête à celui de premier parti de Grèce. En s'alliant avec les Grecs indépendants, il montre que l'important pour ce parti de la Gauche radicale n'est pas de prendre des mesures sociétales mais bien d'assurer l'indépendance souveraine de son pays. Alors que l'Allemagne continue de faire pression pour être remboursée des différentes dettes qu'elle finance, oubliant l'argent qu'elle doit aux victimes des deux guerres mondiales dont elle porte la responsabilité (3), ce retournement politique peut permettre de poser enfin le débat du devenir de l'Europe. Veut-on une Europe uniquement financière qui ne s'intéresse qu'au bonheur du marché au détriment des Nations, de leurs aspirations ? Ou bien veut-on une Europe de coopérations, dans le domaine de la science, de la R & D, tout en laissant libres les pays de décider de leur destin économique et politique ? Voilà le débat, et gageons que Syriza n'est que la première étape de la reconquête de l'Europe par ses peuples. Podemos est également en situation de créer un séisme en Espagne. Si certains se demandent pourquoi l'extrême-gauche progresse à ce point en Europe du Sud, rappelons que ce sont des pays qui, il y a encore 30-40 ans, étaient sous le joug de dictatures fascistes et que, contrairement à la France, la Gauche radicale n'y a encore jamais gouverné. Chez nous en revanche, les Communistes ont participé à de très nombreux gouvernements, les Verts également. Et le chevènementisme prononcé de Marine Le Pen lui permet de ratisser toujours plus d'électeurs. Il n'est donc pas étonnant de la voir dorénavant projetée à 30% dans les sondages...

(1) Lire à ce sujet la tribune de Michel Onfray sur le site du Point
(2) Lire à ce sujet le dernier post de Loys Bonod sur son blog
(3) Les réparations auxquelles l'Allemagne fut condamnée après le traité de Versailles ne sont toujours pas payées. L'Allemagne a, par ailleurs, vu sa dette effacée 4 fois au XXe siècle, la dernière fois en 1953 de la main même des Américains. Les Allemands ont la mémoire courte...


mercredi 7 janvier 2015

Nous nous relèverons !



Ils s'appelaient Charb, Cabu, Tignous, Volinski... Ils étaient journalistes, dessinateurs, humoristes... Charmants parfois, mal élevés de temps en temps, parfois lourds, parfois subtils... Mais tellement drôles ! Avec eux, sont morts des gens moins connus mais aussi des policiers qui devaient les surveiller. Car oui, en 2015, s'exprimer librement en France exige une protection policière. Parfois ce n'est pas assez. Espérons que cela suffira pour Michel Houellebecq, au sujet duquel la presse nous informait dans le courant de la journée qu'il serait dorénavant, à son tour, placé sous protection policière.
1789-2015. 226 ans pour rien. Parce qu'en France, dans notre pays, certaines personnes refusent d'intégrer notre droit à rire, discuter, argumenter, se chamailler, s'engueuler. Cela ne se finit pas forcément par un banquet de sangliers sous les étoiles (65 millions de convives, trop de vaisselle après), mais on finit toujours par retomber sur nos pieds. Pourquoi ? Parce que nous sommes Français. Cela fait des décennies entières, au moins depuis la Révolution au fond, que les pays étrangers nous regardent avec cet air mi-amusé mi-craintif. Ils nous voient comme des râleurs impénitents, bons vivants, patauds, fainéants... Bref l'image d'Epinal rabelaisienne qui, comme toutes les rumeurs, repose sur un fond de vérité, convenons-en. Mais ils admirent aussi notre Histoire, notre patrimoine, notre culture, nos héros et, quelque part, notre capacité à faire fi de tous les dangers pour tenter notre chance, vaille que vaille : impossible n'est pas français.
Le génie français, le french flair, cette capacité à renverser la table, c'était aussi Charlie Hebdo qui, à sa façon bien particulière, a toujours su dire merde aux autres, et aux cons surtout.
Oh, bien sûr, politiquement, votre serviteur ne partageait pas toujours les mêmes idées qu'eux. Mais comme le dit si bien et avec tant de passion Elisabeth Lévy, cela nous donne justement le droit à la dispute civilisée.
Debout, les deux pieds dans la merde, le coq gaulois n'a pas fini de chanter messieurs les terroristes de tout poil. Allahu Akbar avez-vous osé crier ? Certes, Dieu - s'il existe - est grand ; mais vous, vous êtes petits, tout petits, minables, insignifiants.
Nous vous écraserons. Pas forcément par les armes. Mais par notre indifférence, notre verbe, notre élégance et notre génie. 
Le Président a parlé d'unité nationale : c'est une locution qui doit être suivie d'effets. Remercions messieurs Chalgoumi et Boubakeur d'avoir pris la parole en ce sens. Veillons, ensemble, à la sécurité de nos concitoyens. Et demandons à nos pouvoirs publics de réhausser les budgets de défense et de sécurité. Pas pour faire la guerre, encore une fois. Mais pour notre sécurité, droit élémentaire dans une démocratie comme la nôtre.
Ils veulent nous diviser : restons unis. Ils veulent nous mettre à genoux : restons debout. Ils pensent avoir tué Charlie Hebdo : ils l'ont rendu immortel.
Nous sommes la France, nous sommes les Français, et ensemble, nous nous relèverons !

Requescant In Pace...