samedi 6 septembre 2014

La France traînée dans la boue

Bonsoir à tous !

Je dois vous avouer que cette fois, c'est avec une certaine colère que je rédige ce billet. La France, notre pays, riche de 1500 ans d'Histoire, de grands Hommes, de campagnes militaires tantôt héroïques, tantôt désastreuses, phare du monde et de la civilisation occidentale des siècles durant, vient de se prendre une balle en pleine tête, tirée par...un livre !!!

Du revenge porn au revenge book

Ah, la grande gloire du Monde moderne : chacun est normal, chacun est l'égal de l'autre, strictement. C'est beau les grandes rondes égalitaires où l'on se tient par la main... Mais on perd de vue l'essentiel : le respect dû à celui qui le mérite. Quoi qu'on pense, François Hollande mérite ce respect par sa victoire dans les urnes, au suffrage universel direct, un soir de Mai 2012. Oh, c'est un bien piètre président, c'est un petit homme, cynique, faussement drôle, atrocement calculateur et qui ne cherche qu'à rassembler une courte majorité pour gouverner a minima, au sein du PS qu'il a dirigé pendant 11 ans (1997-2008), ou bien maintenant au Coeur de la République, depuis l'Elysée. Mais voilà, le président, si critiquable soit-il, mérite le respect dû à son rang, à sa fonction. Un "détail" qu'a sûrement omis Mme Trierweiler lorsqu'elle a décidé de rédiger son brûlot. 
Peu importe qu'elle ait souffert de sa rupture avec François Hollande, sa vie privée ne nous regarde en rien, la vie privée d'un Président ne concerne en rien les Français qui, eux, se sentent seulement concernés par l'économie, le social et la diplomatie, les trois fonctions régaliennes du Chef de l'Etat définies par la Constitution de 1958. 
En mettant en avant sa relation avec François Hollande, en outrepassant son rôle avec son tweet encourageant M. Falorni lors des Législatives de Juin 2012, en mettant sans cesse dans l'embarras les protocoles des pays où le couple sulfureux était invité car ils n'étaient pas mariés (elle n'avait donc aucun statut officiel et aucune raison de le suivre partout dans ses déplacements), Mme Trierweiler a confondu public et privé, remettant encore une fois sous les feux des projecteurs la désagréable habitude des journalistes de coucher avec des hommes politiques. Dernièrement, Marie Drucker avec François Baroin, Anne Sinclair avec DSK ou Béatrice Schönberg avec Jean-Louis Borloo. Cette confusion des genres relativement inédite dans les autres pays est malsaine et tend à provoquer une paranoïa à la fois malvenue et compréhensible chez le tout-venant qui a l'impression qu'il n'y a plus de séparation des pouvoirs, que la politique et le corps de métier qui est censée la critiquer, l'analyser, marchent main dans la main pour mieux l'enfumer.
Notre pays, qui subit de plein fouet depuis au moins François Mitterrand la "normalisation" de la vie politique, entre féminisation et dictature des communicants, sans compter la dangerosité et l'impact des réseaux sociaux, vivait depuis trop longtemps avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : le jour où le Président de la République serait ridiculisé est finalement arrivé, dans un vulgaire règlement de compte, dans une banale scène de ménage. Seul problème : le Président encaisse, la France se rabaisse.

L'image de la France à jamais écornée

Qui pourrait croire un seul instant que Mmes De Gaulle, Pompidou, Giscard d'Estaing ou Mitterrand eussent l'envie un seul instant de dénoncer les errements de leurs époux respectifs ? Dans la France d'avant, passéiste, anti-moderne et anti-progressiste, celle que le Grand Journal de Canal + et ses vassaux aiment tant brocarder pour mieux la haïr, cela ne serait jamais arrivé. Pas parce qu'une femme devait se taire, mais parce que dans la France d'avant on connaissait encore la pudeur et la vergogne. On taisait les petites affaires délicates qui tenaient de la vie privée pour donner l'image de l'union, de la détermination et du sens du service de l'Etat. 
Aujourd'hui, Mme Trierweiler a commis un acte odieux d'atteinte à la République en s'en prenant, de cette façon aussi mesquine, à son symbole le plus fort, son chef de l'Etat. Mais le plus triste, c'est que ce torchon va être un succès de librairie, les gens étant visiblement devenus assez fourbes et rapaces pour se repaître de ce genre de racontars, dont la vérité ne pourra, de surcroît, jamais être avérée pour certains d'entre eux ! (L'exemple des sans-dents est ici parlant).
Le plus tragique, c'est que cela intervient dans une semaine où la France s'est couchée face à Obama et Cameron en refusant de conclure la vente du premier navire Mistral à la Russie (ce qui n'a pas empêché le même Cameron de vendre, lui, des armes à Poutine : no comment), où François Hollande, avec 13% d'opinions favorables, devient officiellement le Président le plus honni de l'Histoire de la Ve République et où le dénommé Thévenoud, obscur Secrétaire d'Etat, s'est fait virer au bout de neuf jours...pour avoir "oublié" de payer ses impôts, tout ça après avoir été l'un des principaux chasseurs de tête de Cahuzac. N'en jetez plus, la coupe est pleine.

Le cas Najat Vallaud-Belkacem, éclairant au possible sur la stratégie de com' de l'Elysée

Alors que la presse se fait la gorge chaude depuis environ 72h des tourments littéraires, si j'ose dire, de François Hollande, on remerciera tout de même le 20H de France 2 d'avoir minimisé sa couverture du sujet, tant le procédé de Mme Trierweiler respire la mesquinerie. Pendant ce temps-là, les duettistes Hollande-Valls, jamais à l'abri d'une entourloupe, ont remanié en quatrième vitesse le gouvernement après avoir mis à la porte le trio Montebourg-Hamon-Filippetti. Non qu'on les regrettera, surtout pour les deux derniers nommés qui furent en-dessous de tout, mais ils ont été remplacés par pire qu'eux. Si, c'est possible ! Et puisque le bouquin de Trierweiler occupe le devant de la scène médiatique, la voie est libre pour jouer encore aux apprentis-sorciers avec le Gouvernement. Le richissime banquier Macron est nommé à Bercy, où il s'occupera de continuer à veiller à ce que les investisseurs du CAC 40 perçoivent annuellement leurs 10% de bonus et à ce que les PDG puissent partir à la retraite les poches pleines grâce aux dons généreux de leurs salariés les plus pauvres qui auront été foutus à la porte lors d'un énième plan social. Quant à la cerise sur le gâteau, elle vient du Boulevard de Grenelle où l'omnipotente Najat Vallaud-Belkacem prend les rênes de l'Education Nationale. A-t-elle une compétence particulière pour gérer ce ministère ? Non. Comme Hamon. Pauvres gosses, condamnés à persévérer dans l'ignorance. A-t-elle un passé d'élue qui justifie une nomination aussi prestigieuse ? Non, elle n'a que 36 ans, mais il est vrai qu'il faut du sang neuf, car les vieux, c'est ringard. Est-elle appréciée de l'opinion publique ? Difficile à dire, une partie l'adule, l'autre l'exècre, un peu comme Taubira. Et c'est le danger avec les personnes qui ne laissent pas indifférentes, c'est qu'elles sont "clivantes", selon le nouveau mot à la mode. Alors quand une personnalité de droite est "clivante", on la voue aux gémonies (Zemmour par exemple), quand c'est une personnalité de gauche, on la hisse au pinacle. Aucune compétence, mais c'est une jeune femme d'origine marocaine : même si elle est archi-nulle (et elle sera au moins aussi nulle que ses prédécesseurs), on ne pourra pas la critiquer sous peine de tomber sous la double lame : racisme-sexisme. Un peu comme Taubira. 
Dans cette tempête infernale que traverse le staff de François Hollande, on en vient presque à regretter qu'il n'ait pas plus de femmes issues de l'immigration à mettre au gouvernement, ça permettrait à Libé, au Monde, aux Inrocks, à Télérama et à Canal + de rééduquer le peuple en le forçant à admirer ses ministres issues de la diversité et des minorités, symbole de progrès, d'épanouissement, d'ouverture... Tout un programme de félicité qui me met l'eau à la bouche, pas vous ?