Nicolas Sarkozy/Crédits Photo : Taamallah - Bestimage - LeFigaro.fr
Bonjour à tous !
Evidemment, l'événement politique du jour c'est le retour de Nicolas Sarkozy aux affaires politiques, à la suite d'un suspense tout sauf intenable.
Revenir après avoir juré de ne pas le faire : un bien mauvais départ
Il l'avait pourtant promis, juré, craché par terre : si il perdait les Présidentielles de 2012, il ne reviendrait plus en politique. Comme attendu, Sarkozy a perdu, après une campagne de deuxième tour en forme de baroud d'honneur. Alors il est parti. Avant de faire en sorte qu'on ne parle quasiment que de son retour. Mauvais perdant l'ancien Président ? Visiblement. Lorsqu'il déclare (sur son compte Facebook !) que son retour est motivé par les appels incessants de très nombreux Français qui souhaitent son retour, on sourit (jaune) en imaginant de quels compatriotes il s'agit. Ceux qui viennent le voir dans son QG haussmannien de Paris ? Ceux de la loge d'honneur du Parc des Princes (que je sache, la Prince, elle est pas encore français comme dirait l'ami Leonardo) ? Ou bien ceux qu'ils croisaient vraiment par accident lors de ses voyages à l'étranger où il donnait des conférences monnayées plusieurs dizaines de milliers d'euros ? Dans un cas comme dans l'autre, on peut sincèrement questionner les motivations de ces Français-là par rapport au tout-venant qui va mendier un échelonnement pour payer ses impôts auprès du Trésor Public. Et puis si c'est pour devoir supporter la même cacophonie des médiocres qu'entre 2007 et 2012, entre Nadine Morano et Luc Châtel, pour ne citer qu'eux, on peut sans problème se passer de votre retour, Monsieur le Membre du Conseil Constitutionnel. D'autant qu'un homme politique est jugé sur les promesses qu'il tient, et revenir quand on a promis de ne pas le faire, ça fait d'emblée tâche dans le tableau.
Revenir avec quel programme ?
Ne nous leurrons pas : quand Sarkozy a gagné en 2007, c'est parce qu'il avait fait une campagne inspirée par Patrick Buisson, qui avait largement trouvé écho auprès de la classe populaire. La preuve, c'est que le vote FN avait été totalement siphonné. En 2012, et après cinq années où Nicolas Sarkozy s'était beaucoup agité, avait beaucoup vociféré, l'ancien Président avait senti le vent du boulet siffler très près de ses oreilles. L'immigration était restée toujours aussi élevée, il avait choisi de ne pas tenir compte du "Non" au référendum de 2005 en utilisant une entourloupe politique, et il avait joué au bon petit soldat des Etats-Unis en s'engageant dans le conflit en Géorgie, en soutenant le Printemps arabe et mettant à bas le régime Kadhafi. Finalement, Sarkozy était devenu le parfait "neo-con" à l'anglo-saxonne : libéral sur le plan économique et entreprenant à l'excès en politique extérieure.
Aujourd'hui, Bruno Le Maire et Alain Juppé se sont officiellement déclarés candidats à la présidence de l'UMP. Deux centristes d'un point de vue idéologique, qui sont pour l'Europe, la réduction des déficits et un rapprochement avec le Centre, là où règne un véritable désert en terme de bulletins de vote. Deux idiots qui mourront donc avec leurs idées. Plus encore pour M. Juppé qui, après avoir été Premier Ministre 6 mois en 1995, avait réussi l'exploit de jeter une bonne partie de la France laborieuse dans la rue avant d'être l'initiateur de la vaste blague de la dissolution de 1997. Visiblement, et si l'on décrypte ses prises de parole depuis 2 ans, on se rend compte que Nicolas Sarkozy, qui a coupé les ponts avec Patrick Buisson, ne se positionnera plus sur une droite réelle, forte, patriotique. Mais il souhaite également se démarquer quelque peu de Juppé et de Le Maire. Bref, il va se retrouver coupé en deux et en voulant "rassembler", il sera donc incapable de choisir. Et à force de ne pas choisir, il se retrouvera le bec dans l'eau. Nicolas Sarkozy ne sera jamais Bonaparte, ni le Général de Gaulle. Quand Napoléon revient, il crée le Code Civil. Quand Charles de Gaulle revient, il offre la Constitution de la Ve République à son pays. Et surtout, ces deux hommes ne reviennent pas avec de nouvelles idées comme autant de coups marketing démagogiques. Ils restent fidèles à leurs principes et c'est tout à leur honneur. Dans ces conditions, le retour de Nicolas Sarkozy est donc inutile car il n'a rien à apporter à notre pays.
Un coup d'orgueil mal placé
Entre l'acharnement judiciaire dont je reconnais volontiers qu'il est victime et sa défaite de 2012 toujours pas digérée, on a là tout le nuancier de raisons véritables qui poussent l'ancien Président à vouloir revenir en politique. Il est vrai que cette opération est largement facilitée par le mandat catastrophique de son successeur, Président le plus impopulaire de la Ve République. Mais à l'instar des électeurs qui avaient voté pour Hollande par anti-sarkozysme en 2012, il en sera de même en 2017, si d'aventure l'UMP devait le désigner comme candidat du principal parti de Droite pour les Présidentielles à venir.
Toujours est-il que cette pathétique réaction d'orgueil plonge un peu plus la France dans le désarroi : notre pays ne mérite-t-il donc pas mieux ? Est-on condamné à passer d'un loser à l'autre, de Charybde en Scylla ? On ne peut que s'attrister d'un tel devenir politique. Et ceux qui, parmi les journalistes et les politiques mainstream, se lamentent d'une telle décision devraient d'abord, et en premier lieu, s'interroger sur leur responsabilité. On ne peut pleurer sur une telle médiocrité de la vie politique, surtout dans une situation économique et sociale aussi grave, tout en fustigeant le pouvoir et son exercice. En se prosternant devant l'Europe, mécaniquement, on diminue, on affaiblit, on ridiculise la fonction présidentielle qui perd de sa prestance. On a alors les Présidents, et les candidats à la Présidence, que l'on mérite. Comme le disait Bossuet "Dieu se rit des hommes qui pleurent sur les conséquences dont ils chérissent les causes."