mardi 3 juin 2014

Haïssons l'Europe pour mieux l'aimer !

La façade occidentale de Notre-Dame de Paris
Crédits Photo : Wikipedia

Bonjour à tous !

Alors que les élites médiatico-politiques sont encore sonnées des résultats de Dimanche dernier, il est temps de faire le bilan de près de 60 ans de construction européenne et d'en tirer les conclusions qui s'imposent.

Le peuple "réel" n'est pas le Peuple fantasmé

Il en avait des trémolos dans la voix et la larme à l'oeil, Mélenchon, lorsqu'il a commenté les résultats des Européennes. Il pensait pourtant faire un meilleur score, lui qui a habilement fait campagne en se centrant sur la critique du Traité Transatlantique. Si l'on ne peut que saluer son engagement contre ce texte inique qui lâchera totalement la bride au libéralisme le plus échevelé, on ne peut que constater les résultats : le Front de Gauche fait 6.5%. Le FN critique l'immigration : il fait 25%. Le fait est qu'il y a aujourd'hui un véritable mépris de classe de la part d'une petite partie de la population qui, parce qu'elle a les bons réseaux, qu'elle habite dans les grandes métropoles mondialisées et/ou parce qu'elle bénéficie de revenus pécuniaires conséquents, n'est pas victime de la mondialisation et de ses effets pervers : acculturation, délocalisation, désindustrialisation. Ce sont des personnes qui trouveront toujours un poste appréciable en cas de coup dur. Prenons l'exemple des membres des cabinets ministériels qui sont vite recasés, une fois leur mission achevée, dans la haute fonction publique ou au sein des entreprises privées. La France "d'en bas", elle, se retrouve sans filet : une usine qui ferme, et ce sont plusieurs centaines de salariés, leurs familles y compris, qui se retrouvent sur le carreau. Un tribunal, une caserne militaire lâchée par l'Etat, et on se retrouve avec un village ou une petite ville bons pour sombrer dans les affres de l'oubli. Mais comme c'est moins glamour que Paris, Strasbourg, Lille ou Bordeaux, tout le monde s'en contrefiche. On envoie Montebourg faire ce qu'il peut, sincèrement engagé dans son combat sur la démondialisation, avant de s'apercevoir qu'en dépit de ses imprécations, une fois de plus, il a été la marionnette de Valls et de Hollandes. Comment, dès lors, espérer que le Peuple, celui que l'on fantasme, celui qui a soif de démocratie et de pouvoir d'achat, puisse "bien" voter ? Surtout quand on lui impose de cohabiter avec des immigrés qui n'ont absolument pas la même culture qu'eux et qui, en prime, pour faire le même travail qu'eux, sont payés bien moins cher. Quand ils ne sont pas carrément payés au black sous la menace de confiscation de leur passeport. Alain Finkielkraut déclarait à ce sujet dans la dernière diffusion de Zemmour & Naulleau, sur Paris Première, que l'ultra-libéralisme d'aujourd'hui vantait, entre autres choses, les vertus de l'immigration pour remplacer une population européenne vieillissante et que cela permettrait tout à la fois de combler des emplois laissés à l'abandon et de payer nos retraites. Le nouvel Immortel fustigeait cette posture, expliquant de manière assez logique qu'on ne peut attendre d'un Marocain qu'il se comporte comme un parfait Ibère lorsqu'il arrive en territoire espagnol. Un homme n'oublie pas sur commande sa nature, sa culture, son héritage, pour adopter un nouveau mode de vie comme l'on enfile un nouveau vêtement. Et l'on pourrait rajouter qu'on se demande comment il pourrait payer la retraite de l'Espagnol qu'il est supposé remplacer numériquement sur le marché du travail si il est payé moins cher que ce qu'il ne devrait, et alors même que le taux de chômage du royaume hidalgo dépasse allègrement les 20%.

Oui, une autre Europe est possible

De nombreux textes témoignent de l'aversion profonde du Général de Gaulle envers Jean Monnet, architecte de l'Europe du traité de Rome en 1957. On comprend en substance que Monnet veut passer outre le peuple, qu'il méprise, et qu'il juge responsable des deux précédentes guerres mondiales. Ce qui est une grave erreur : la Première Guerre Mondiale est due à la crainte anglaise de voir revivre une puissance continentale, en l'occurrence l'Allemagne, après l'Empire napoléonien. Quant à la Seconde Guerre Mondiale, elle est tout autant le fruit de l'esprit de revanche des Allemands et de l'impérialisme mortifère des Nazis qui s'est imposé au détriment des nations européennes, avec les conséquences que l'on sait : Shoah, extermination des handicapés, des homosexuels, des communistes, racialisation de la société, etc.
Sitôt le Général parti, Jean Monnet et ses sbires ont donc réussi à imposer petit à petit une Europe bureaucratique, oligarchique qui pouvait se passer du peuple. Michel Onfray, dans la même émission citée plus haut, disait, en invoquant Hegel, que la civilisation européenne approchait de son terme, et que c'était donc une grave erreur que de vouloir construire à ce moment précis une Union Européenne déshumanisée et désincarnée. Si l'on peut discuter son opinion sur la fin de la civilisation européenne, on ne peut que s'accorder sur le désenchantement permanent qu'est cette Europe des 28. 
L'Europe existe dans l'esprit des Européens, mais c'est bien autre chose que ce monstre froid : c'est une culture judéo-chrétienne, un héritage gréco-romain et c'est, quoi qu'on en pense, le christianisme. Le christianisme apportait l'unité et l'espoir au peuple européen, ce qui a notamment permis des miracles comme la victoire face aux Ottomans lors de la bataille navale de Lépante en 1471. L'Europe a toujours su se souder autour de la Papauté et de la figure du Christ. Avec la laïcisation progressive du Continent, c'est son âme que l'Europe a perdue.
La IXe symphonie de Beethoven paraît loin aujourd'hui pour ceux qui se sentent européens, parfois même avant de se sentir français. Cela tombe bien, à titre personnel, j'ai toujours préféré la Ve. Plaisanterie mise à part, il faut aujourd'hui considérer l'Europe sous un angle bien différent : celui d'une coopération possible, sur de grands projets ponctuels, entre Etats-Nations souverains, dans une Europe à la civilisation préservée qui sait tout à la fois s'ouvrir au monde extérieur quand il le faut, et défendre ses intérêts quand cela est nécessaire. Je ne reviendrai pas ici sur les bienfaits d'un protectionnisme ciblé, à la carte, que j'ai déjà moultes fois expliqué sur ce blog. 
Mais il convient de garder ceci à l'esprit : une Europe politique, fédérale, n'est et ne sera jamais possible car il n'y a pas de nation européenne à proprement parler. En revanche il y a une spiritualité, une âme, un génie européen qu'il convient de mettre en avant pour permettre au Vieux Continent de faire briller son étoile encore longtemps.