lundi 30 juillet 2012

JO : quand le mépris et l'oubli se parent d'habits de lumière

Crédits photo : AFP


Bonjour à tous !

On s'attendait à un grand spectacle de la part de Danny Boyle pour la cérémonie d'ouverture des JO. D'une certaine façon, nous ne fûmes pas déçus. Des VIP à foison, des références culturelles au patrimoine britannique en veux-tu en voilà, une bande originale séduisante... Le tout pour la "modique" somme de 27 millions £ (34 millions €). Non vraiment, à première vue, rien à redire.

Mais vous me connaissez, j'aime chercher la petite bête. Et là, ce ne fut pas simplement une petite bête mais quelques lièvres que j'ai dénichés ! Jugez plutôt : Danny Boyle a proposé une rétrospective sur l'Histoire de la Grande-Bretagne, notamment depuis la Révolution Industrielle où l'on fait l'éloge des ouvriers, l'hommage aux suffragettes, le baiser lesbien... Une ode aux valeurs de gauche (pour ne pas dire gauchisantes) mais rien, pas un mot pour le pauvre Winston Churchill ni sur Margaret Thatcher. Comme si l'Histoire de ce grand pays avait perdu une jambe dans l'affaire. Un député conservateur a même ironisé sur son compte Twitter, parlant d'un clip de campagne de 27M£ pour le parti travailliste gracieusement offert par Danny Boyle par le biais de l'argent du contribuable. On est toujours plus généreux avec l'argent des autres, n'est-ce pas ?

Toutefois, on connaît les aspirations sociales de Boyle, et le parti pris d'un réalisateur peut se respecter. Mais ce ne furent pas les seuls désagréments rencontrés au cours de cette soirée. On sourira bien volontiers quant à l'intruse dans la délégation indienne, sortie de nulle part et qui a ridiculisé la sécurité des Jeux à elle toute seule. Et puis arriva le défilé des délégations. Un pays peut participer aux JO à condition d'être officiellement reconnu par l'ONU depuis deux ans nous explique-t-on alors. Raison pour laquelle l'athlète du Sud-Soudan, seul représentant de son pays, n'a pu défiler sous la bannière de son pays. Et que le CIO, pour ces athlètes apatrides, a créé la délégation olympique, qui concourt sous la bannière aux cinq anneaux.  

Alors, avec l'explication que je viens de vous donner, vous comprendrez pourquoi les bras m'en sont tombés quand j'ai vu défiler...la délégation palestinienne ! Certes, ce n'est pas la première fois qu'elle concourt pour les Jeux, mais justement, c'est une répétition d'une grave erreur. Car, que l'on sache, la Palestine n'est pas un pays reconnu officiellement par l'ONU ! On fait participer les pays qui n'existent pas maintenant ? Dans quatre ans, je propose alors de faire concourir le Pays Imaginaire et la Terre du Milieu ! De là à dire que le CIO fait du prosélytisme politique il n'y a qu'un pas que je franchirai allègrement. La trêve olympique implique pourtant clairement que la politique et la religion doivent rester aux portes du stade. C'est, théoriquement, une condition non négociable. Sauf que, à l'instar de la FIFA qui autorise désormais les joueuses de foot à gambader sur le rectangle vert avec un voile islamique, nombreuses furent les athlètes à défiler avec ce voile pendant la cérémonie d'ouverture. Et elles sont toutes aussi nombreuses à concourir voilées.

Que dirait-on si les chrétiens affichaient une croix de manière ostentatoire ou que les athlètes masculins israéliens concouraient avec une kippa ? On crierait au scandale, et avec raison ! Mais non, dans le cas présent, on fait une exception. Et puis, que dire du scandale qui a marqué cette cérémonie d'ouverture, à savoir l'oubli total d'une commémoration, sous quelque forme que ce soit, des 40 ans du drame des JO de Munich qui vit 11 membres de la délégation olympique se faire abattre froidement par le réseau terroriste palestinien de Septembre noir ? Aucune minute de silence ne fut respectée, et pas un mot ne fut prononcé à ce sujet par Lord Sebastian Coe, président du Comité d'Organisation, ni par le Dr Jacques Rogge, président du CIO. Pourtant, en 1996, Juan Antonio Samaranch avait eu un mot pour les Bosniaques, victimes de la barbarie serbe. Et en 2002, Jacques Rogge (déjà lui !) avait fait de même pour les victimes du 11 Septembre. Ces événements ne s'étaient pas déroulés pendant une olympiade que l'on sache !

Alors pourquoi ? Oui pourquoi ces erreurs, ces bavures ? Crétinerie et mauvais esprit crasses ? Antisémitisme de bas étage ? Non, je ne le crois pas. Deux raisons me viennent plutôt à l'esprit. La première c'est que le CIO, comme la FIFA du reste, est une organisation sportive internationale au fonctionnement opaque. Il n'est pas rare de voir surgir dans la presse, de temps en temps, un scandale de corruption. Et ces organisations sont de véritables machines de guerre financière qui ne connaissent pas la crise. Elles ont toujours plus besoin d'argent frais, d'où qu'il vienne. Et force est de constater qu'avec la Chine, les seuls pays qui ont aujourd'hui des fonds pour ces usines à gaz, ce sont les contrées du Golfe Persique. Le pétrole et le gaz ont fait de ces monarchies où la Charia est le seul mot d'ordre valable des paradis financiers où le billet vert coule à flots dans un monde qui en manque aujourd'hui cruellement. Et comme tout fournisseur prêt à satisfaire un client, la FIFA ou, ici, le CIO est prêt à tout pour lui faire plaisir. Quitte à transgresser certaines règles. Ou à faire tomber définitivement dans l'oubli des innocents qui n'étaient pourtant venus que pour la joie de participer à une grande fête du sport. 

La seconde raison, moins cynique peut-être, est néanmoins certainement plus cruelle encore : notre monde est devenu le règne de l'inconséquence, des bons sentiments véhiculés par une mondialisation sauvage pour mieux couvrir les travers de son libéralisme sans pitié. Sous le prétexte de valeurs soi-disant universelles, que l'on est prié de partager sous peine de passer pour un intolérant, un raciste, voire un nazi (sic), on nous noie sous un déluge de jolies colombes, de personnes du même sexe qui s'aiment pour la vie et de tolérance dans toute sa splendeur puisque les femmes venant des pays du Golfe ont aujourd'hui le droit de concourir. La belle affaire ! Il est temps que cette inconséquence cesse, que l'on retrouve un peu de bon sens, de réflexion, et de devoir de mémoire. On ne peut décemment oublier les morts, surtout lorsqu'ils sont victimes d'une telle barbarie insensée ! Le rôle de l'Histoire, c'est de rappeler sans cesse les événements du passé, et notamment les erreurs, si terribles furent-elles, afin d'éviter de les reproduire. A l'heure où l'on parle de civisme, de citoyenneté, il est plus qu'urgent de commencer par cela, car c'est la base d'un monde réellement respectueux ! Alors, après Danny Boyle, le déluge ?