mardi 23 avril 2013

Liquidons l'héritage de Mai 68 !

Crédits Photo : Thomas Samson - AFP pour Le Figaro

Bonjour à tous !

Ils étaient encore plusieurs dizaines de milliers dans les rues à manifester contre le "mariage pour tous", Dimanche dernier. Pas si mal pour un événement organisé seulement à Paris et au dernier moment. Pas si mal, surtout, quand on sait qu'au même moment était organisée la manifestation des pro-"mariage pour tous" qui n'a réuni que 15.000 personnes (selon les organisateurs). Tout est dit dans cette comparaison. Finalement, le peuple, plus que les politiques ou les médias, a fini par trancher : cette loi, il n'en veut pas. Ces chiffres montrent que cette loi n'est réclamée que par une petite majorité pour exiger des privilèges qui n'entrent ni dans le cadre républicain (l'intérêt général prime sur l'intérêt individuel), ni dans le cadre constitutionnel (les individus sont égaux entre eux, pas les couples ou les groupes).
Il ne s'agit pas de tirer à boulets rouges sur les homosexuels pour autant. Après tout, rappelons que cette orientation sexuelle était honteusement considérée comme une maladie il n'y a encore pas si longtemps que cela (l'OMS l'a déclassifiée en 1990). On peut regretter, par contre, qu'ils se fassent copieusement manipuler par des personnes à la morale très lâche comme Pierre Bergé, l'inter-LGBT ou encore nos très engagées stars du Show-Biz (j'assume mon ironie). Finalement, cet épisode n'est que l'ultime avatar de la déflagration de la société qui a commencé en Mai 68 et qui a consacré l'individualisme libertaire et donc fragile : influençable dans sa façon de consommer, influençable dans sa façon de travailler et donc influençable dans sa façon d'être gouverné. Le meilleur moyen pour faire avaler la pilule a été de consacrer l'hédonisme consumériste, la société du tout, tout de suite, maintenant. C'en était définitivement fini des dernières résurgences de la solidarité mécanique telle que l'avait expliquée Emile Durkheim. Chacun se retrouvait limité à son propre univers, livré à soi-même, risquant à tout moment l'anomie (la perte de repères) menant le plus souvent au suicide. Un fléau prégnant dans nos sociétés industrialisées, et très bien analysé par le sociologue français dès 1897. 
Les défenseurs du "mariage pour tous" se rendent bien compte que quelque chose cloche, ils ne se doutaient pas qu'ils allaient rencontrer une telle résistance et, surtout, que le gouvernement serait aussi peu légitime pour mener cette prétendue réforme de progrès. Il faut dire qu'entre l'affaire Cahuzac et le bourbier économique, le PS ne sait plus trop comment s'y prendre. Et François Hollande, élu par dépit et en rejet de Sarkozy, devient le président le plus détesté de l'histoire de la Ve République !
Un mot sur le progrès : il faut bien comprendre que cette notion est aujourd'hui totalement dévoyée. Elle a commencé à être employée par la société civile qui voulait marquer là sa temporalité, en opposition avec la sécularité, l'intemporalité, le temps long de l'Eglise. Un premier pas vers la déchristianisation du monde....et vers sa monétisation, car tout a un prix aujourd'hui, malheureusement. On aurait pu penser que la course au progrès s'arrêterait avec la Guerre de 14-18, qui montra au Monde à quel point celui-ci pouvait s'avérer meurtrier. Finalement, après une autre guerre mondiale et la Guerre Froide, il a changé de visage pour prendre une apparence sociale, sociétale. 
Tout cela, les "antis" l'ont bien compris. Ils s'organisent et mènent la résistance. Et comme souvent, dans ce genre de rassemblement populaire, il y a quelques abrutis et quelques casseurs pour se croire tout permis, agresser et blesser autrui. Ce qui a poussé l'expérimenté et réfléchi avocat Philippe Bilger, pourtant adversaire de longue date du projet de loi Taubira, à demander que la vague reflue et qu'on respecte la décision parlementaire. Cela peut s'entendre. Mais lorsque l'on voit l'acharnement que mettent les détracteurs à pourrir le mouvement des "antis", cela ne donne pas envie de lâcher l'affaire, allant même jusqu'à dire qu'on se retrouve dans un climat des années 30. Sauf qu'il n'y a pas eu 15 morts et plus de 1500 blessés depuis le début des manifestations. Qu'il n'y a pas de ligue d'extrême-droite pour défiler dans les rues. Et qu'il n'y a pas eu d'affaire Stavisky. 
Par contre, on voit l'immense majorité des manifestants défiler dans la bonne humeur, en couple, dans l'ordre et la discipline, et que l'on voit même émerger une toute nouvelle vague de protestation, celle des Veilleurs, qui s'asseyent dans des lieux déterminés au dernier moment pour n'y faire rien d'autre que déclamer des textes de grands auteurs, de Péguy à Apollinaire. Je serais curieux de voir comment les "pros" vont réussir à les discréditer, tiens ! 
Ne nous y trompons pas : nous n'assisterons sans doute pas à un Mai 68 à l'envers. D'abord parce que la conjoncture est trop morose pour ça et qu'historiquement, comme cela a été défini par Tocqueville, les révolutions se déclenchent quand tout va bien. Et puis, ces jeunes gens qui défilent n'ont pas la culture du combat, de l'opposition franche et déterminée, ils sont trop bien élevés pour ça. Mais ils sont les prémices d'un mouvement plus fort qui viendra sans doute plus tard : un mouvement qui sera porté par tous les enfants du divorce de masse, qui a ruiné des familles et traumatisé des milliers d'enfants. Un mouvement qui clamera haut et fort que 45 ans, presque jour pour jour, après Mai 68, son héritage est un échec : la Gauche libérale européenne et mondialisée a tué la Gauche populaire et ouvrière longtemps incarnée par Georges Marchais. A tel point que c'est un ancien socialiste qui l'incarne aujourd'hui. Toute l'ironie de l'Histoire. Une mondialisation, donc, qui a déclenché une crise que l'on traîne depuis les années 70, avec près de 3,5 millions de chômeurs, un endettement qui frôle les 100% du PIB, une croissance nulle et, pire que tout, aucune vision pour l'avenir, occupés que nous sommes à jouer au caniche bien sage devant Merkel et Bruxelles. 
Attention, la vraie France qui souffre, celle qui habite dans le milieu péri-urbain, dans des départements bien plus pauvres que la Seine-Saint-Denis (la Lozère, la Corrèze, etc), et qui ne reçoit pas les milliards du Gouvernement, celle qui subit le repli des services publics, les retards de la SNCF et qui est plus durement imposée que les autres est en train de se réveiller. Parce que quand c'est trop, c'est trop ! Alors, qu'est-ce qu'on fait ? On s'assied et on regarde faire ? L'addition risque d'être salée !