samedi 27 septembre 2014

Etat Islamique : l'Orient compliqué avec des idées simples ?

Bonjour à tous !

Difficile de faire l'impasse sur la mort d'Hervé Gourdel, cette semaine. Son exécution soulève évidemment pléthore de questions qu'il convient d'aborder parce que la démocratie, c'est d'abord le questionnement permanent.

Une guerre pour quoi faire ?

L'assassinat d'Hervé Gourdel en Algérie a achevé de convaincre Hollande le va-t-en-guerre de joindre ses forces militaires à celles, entre autres, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. On notera au passage avec une certaine délectation que le Nobel de la Paix Obama a le treillis qui le démange depuis quelques années, notamment depuis le début de la Guerre civile en Syrie.
Le problème, malheureusement, est au moins double : d'abord, la France n'a plus tellement les moyens humains, financiers et techniques pour mener un conflit. L'appauvrissement de notre armée est à l'oeuvre depuis 1995 et la volonté de Jacques Chirac d'en finir avec la conscription, avant de voir ses successeurs fermer des casernes et baisser sans cesse les crédits alloués à celle qui fut longtemps considérée comme la meilleure armée européenne. L'autre problème, c'est que depuis la guerre de vengeance déclenchée par les Américains suite aux attentats du WTC en Afghanistan et en Irak, on a, systématiquement, l'arrivée d'un pouvoir pire encore que le précédent. L'Afghanistan et l'Irak sont ainsi en proie à des conflits internes incessants, notamment entre Chiites et Sunnites. Le Printemps arabe a donné les résultats que l'on sait avec l'émergence d'islamistes en Tunisie et le retour aux affaires de l'armée en Egypte. Le parti d'Erdogan en Turquie a montré son vrai visage et la Syrie bascule dans l'horreur depuis que l'Occident a décrété qu'il voulait la tête de Bachar. Et, par volonté de ne pas tirer sur une ambulance, je passe sous silence les conséquences catastrophiques de la chute de Kadhafi en Libye. Alors la question, posée d'ailleurs par Dominique de Villepin ou Eric Zemmour, s'ouvre à nos yeux, s'impose avec force : si d'aventure nous entrons en guère avec l'Etat Islamique, que se passera-t-il ? Aurons-nous droit au même bourbier qu'en Afghanistan, où nos soldats tombent régulièrement sous les ogives des talibans encore en vie et en fuite ? Si d'aventure nous l'emportons, aurons-nous droit à une nouvelle résurgence, encore plus violente, de la guerre entre Chiites et Sunnites ? Ou bien cela sera-t-il le chaos absolu ? Bref, il paraît bien aventureux d'aller jouer au petit soldat sans avoir un minimum de certitude sur les conséquences.

La diplomatie française, reine de l'hypocrisie

Le plus délirant finalement, c'est que dans tout ce chambardement, le Quai d'Orsay trouve respectables Qataris et Saoudiens qui appliquent chez eux la Charia, décapitant sans coup férir toute personne contrevenant à leur propre sens des valeurs. Et je ne vois pas au nom de quoi décapiter Hervé Gourdel est plus grave que de décapiter des gens qui ne respectent pas un code juridique que nous autres Occidentaux, considérerions comme strict, étouffant et dépassé s'il était appliqué sous nos latitudes. Nous avons même cherché à attirer l'Iran dans notre giron, pays voué aux gémonies il y a encore peu de temps parce qu'il était déterminé à se doter de l'arme atomique. Aux dernières nouvelles, il cherche toujours à l'avoir...
En vérité, il aurait été plus sage de renoncer à mener une offensive militaire et se contenter d'envoyer des soldats chargés de protéger les minorités yazzidies, kurdes et chrétiennes sur place ainsi qu'à veiller à un acheminement humanitaire pour les nécessités d'usage (nourriture, eau, médicaments). Et en parallèle, ne pas avoir peur de négocier directement avec les représentants de l'EI de manière à ce qu'ils s'engagent à ne plus s'en prendre à ces populations fragiles en échange d'une politique de non-agression. Cela aurait épargné des vies, des frais, cela aurait également permis d'éviter, peut-être, l'épée de Damoclès au-dessus de nos têtes de voir un attentat perpétré sur notre sol ou bien de voir un de nos ressortissants décapité en direct sur Internet...

L'Islam doit faire son auto-critique

Enfin il est plus que temps d'appeler les Musulmans de France à mener une introspection sur eux-mêmes. Pour qui a lu le Coran (et a, accessoirement, été en cours d'Histoire en classe de 5e), on sait qu'il y a deux périodes dans la vie de Mahomet, reconnu comme seul rapporteur du texte sacré : la période de La Mecque, où l'on trouve les plus belles sourates, la paix, la tolérance, etc. Et après l'Hégire (622), où il est contraint de fuir vers Médine, des textes appelant à la guerre, à l'intolérance et à la haine des infidèles (Juifs et Chrétiens). Ces deux périodes cohabitent dans le Coran qui est la seule et même loi pour l'Islam et donc les Musulmans. Il n'y a donc pas plusieurs Islams, mais un Islam. Seules les interprétations diffèrent, l'EI se bornant à son application littérale. Contrairement à la Torah chez les Juifs, ou à l'Ancien Testament chez les Chrétiens, qui connurent de nombreuses exégèses via des commentaires à foison, le Coran n'a jamais été commenté, discuté, interprété, ou contredit car le Coran est considéré par les Musulmans comme entièrement immanent, c'est-à-dire comme venant de Dieu (Allah) et qu'il ne peut donc être sujet à caution.
Or, ce que l'on est en droit d'attendre de la communauté musulmane française, c'est de se constituer en Islam de France où elle rejette en bloc toute cette partie haineuse du Coran pour n'en garder que les extraits universels appelant à la fraternité entre les hommes. 
On a bien vu, et on les remercie pour cela d'ailleurs, que quelques centaines de nos compatriotes musulmans condamnaient fermement le meurtre d'Hervé Gourdel. Mais quelques centaines ne font pas une majorité, loin s'en faut. Et puis, cela a fait long feu car on a très vite eu droit, de nouveau, à la tirade anti-raciste sur les amalgames à éviter, l'islamophobie rampante, la libération de la parole, etc. Ne faisons pas d'amalgame entre les musulmans et les terroristes, mais ne nous gênons pas pour faire des amalgames entre les Français et les gros beaufs racistes évidemment ! La cerise sur le gâteau venant de M. Plenel qui dans son livre Pour les musulmans se prend pour Zola qui avait écrit en son temps Pour les Juifs afin de s'élever contre l'antisémitisme ordinaire de l'époque. Sauf que je n'ai jamais vu de Juifs décapiter des gens en direct sur Internet ou s'envoyer en l'air dans des buildings.... Et que, contrairement aux musulmans, les Juifs avaient déjà accepté, eux, le compromis d'un judaïsme de France suite au Grand Sanhédrin de 1807 convoqué par Napoléon Ier. "Not in my name", disent-ils ? Chiche !