samedi 13 décembre 2014

Bilan de l'année 2014 (1) Personnalité de l'année : Barack Obama

Bonjour à tous !

L'année se termine, c'est l'heure des bilans. Aujourd'hui retour sur celui que je considère comme la personnalité de l'année. Même si cette distinction n'a ici rien de bien positif.

Un costume trop grand pour lui

En Novembre 2008, la planète n'avait qu'un nom à la bouche : celui de Barack Hussein Obama, 44e Président des Etats-Unis. C'était le messie que le monde attendait après 8 années de "busherie" (vous me pardonnerez le jeu de mots...) Alors que 2007 avait vu la communauté internationale, comme le dit l'expression consacrée, basculer dans la crise des subprimes, Obama devait moraliser une finance devenue folle et rétablir un peu d'égalité et de justice dans un pays ou l'écart entre riches et pauvres est sans doute le plus prononcé parmi les pays les plus développés. Une grande part des personnalités américaines les plus en vue soutinrent celui avait une grande qualité pour tous les progressistes à travers le monde : il était noir. Oh, certes, il n'avait pas connu les quartiers défavorisés, avait pu faire de solides études de Droit sans trop de souci, mais peu importait : parce qu'il était noir et démocrate, c'était le Président qu'il fallait aux Américains et donc, par extension, au reste du Monde.

Une dette devenue trop oppressante 

Le problème de Barack Obama réside sans doute en un seul mot : la dette. Dépassant les 100% du PIB dans un pays qui a l'habitude de soutenir sa croissance interne par l'endettement de ses citoyens, le plafond de la dette a dû être relevé plusieurs fois en catastrophe, en même temps que la Fed, la Banque Centrale américaine, faisait tourner la planche à billets. Cela enchérit de facto, dans un premier temps, un euro déjà trop fort, et qui étrangla donc encore un peu plus une Union Européenne déjà au bord de l'asphyxie. Bien sûr, l'euro a fini par baisser quelque peu, mais pour des pays comme la Grèce, Chypre, l'Italie, le Portugal ou l'Espagne, il est sans doute déjà trop tard. 
Cette dette a donc obligé le Président américain a faire des choix, notamment en limitant ses engagements militaires, ce qui a contraint ses alliés de l'OTAN à faire le ménage à sa place en Libye, au Mali, en Centrafrique, sans compter ses réticences en Syrie et son retrait des négociations israélo-palestiniennes. Obama n'a plus qu'un seul objectif en tête : tenir la bride aux Chinois, qui font montre d'un impérialisme d'autant plus fort en Extrême-Orient que leur croissance folle ralentit (à 7% par an tout de même) et qu'elle passe donc dans une autre phase de l'affirmation de son pouvoir face à son peuple : rétablir sa puissance à l'internationale. 

Des scandales à répétition dans un pays ingouvernable

L'autre problème d'Obama c'est que son élection a déclenché, parallèlement, une vague de haine sans précédent chez les Républicains, à l'exception de quelques modérés dont son estimé adversaire malheureux en 2008, John McCain. La naissance du Tea Party, cette frange radicale ultra-libérale et ultra-conservatrice (la contradiction fondamentale de la droite américaine...) a causé de nombreux remous au Congrès. Chaque fois que ce fut possible, les Républicains bloquèrent les quelques réformes voulues par Obama, dont celle de la santé, sa plus emblématique. Leur nouvelle majorité au Congrès va leur donner encore plus de latitude. Le Chicagoan resta, hélas, concentré sur ce seul projet de loi et laissa toutes les autres réformes nécessaires de côté : l'éducation, la justice, les emprunts étudiants dont on dit qu'ils sont la nouvelle épée de Damoclès au-dessus de la tête des Américains... Les inégalités ne sont nullement réduites, les grands groupes continuent de faire de l'optimisation fiscale sur le dos du trésor US (Google, Apple, et j'en passe), l'argent ne rentre pas dans les caisses et fatalement, les pauvres s'appauvrissent tandis que les riches s'enrichissent. Comme le disait Warren Buffett : "La guerre des classes est terminée et nous l'avons gagné."
Cherry on the cake, des scandales divers sont venus se greffer au débit d'un double mandat globalement décevant : les lanceurs d'alerte Snowden et Assange dénoncèrent les abus de la CIA et de la NSA en matière de mise sur écoute, Guantanamo est toujours ouvert, la CIA vient de rendre public un rapport qui révèle le non-sens de la torture et enfin, bien sûr, les meurtres successifs de différents hommes par des policiers, les premiers étant noirs, les seconds, blancs. Bien entendu, chaque affaire est différente l'une de l'autre : à Cleveland, les médecins légistes ont démontré que les témoignages étaient faux et que Mike Brown ne s'était pas fait tirer dans le dos comme on l'avait annoncé dans un premier temps. Quant à l'affaire de New York, la vidéo est éloquente et ne laisse que peu de doute sur l'énorme faute professionnelle commise par la police. Evidemment, la presse française a tout mélangé, faisant un amalgame grossier entre toutes les affaires pour dénoncer les vilains policiers blancs américains, profondément racistes, appuyée en cela par les tweets déplacés de Christiane Taubira.
Néanmoins, force est de constater que les tensions économiques dans un pays qui ne s'est toujours pas relevé de la crise des subprimes ont remis au grand jour des tensions évidentes sur un territoire qui n'est qu'un gloubi-boulga informe de différentes communautés n'ayant pas grand chose à voir les unes avec les autres. Aucune n'étant légitime dans une contrée qui est née par le biais d'un génocide amérindien que tout le monde s'efforce de garder sous silence, la violence ne peut qu'être exacerbée. Le stress amène le stress, la colère engendre la colère et une fois que les chevaux se sont emballés, il est bien difficile de les calmer.

Une comparaison Obama-Hollande troublante sur certains points

Comme en France, donc, les Américains réussissent à chaque fois à élire un président pire que le précédent, et le mouvement s'est accéléré dans les années 2000. La seule différence entre les deux chefs de l'Etat, c'est que l'on attendait rien de Hollande, et beaucoup trop d'Obama. Qui plus est, les tensions entre communautés sont fortes au sein des deux pays, même si la France a évidemment une histoire et une communauté nationale autrement plus ancrée que les Etats-Unis. 
Cependant, un autre important point commun est à souligner entre les deux hommes : la déchéance économique symbolique du pays dont ils sont en charge. La France a ainsi perdu sa note AAA sans, heureusement, que cela n'ait pour l'instant de conséquence sur sa dette, tandis que depuis quelques jours, la Chine a ravi la première place en tant que puissance économique mondiale. Du jamais vu depuis la Seconde Guerre Mondiale. Même l'URSS dans les années 60-70, ou le Japon des années 80-90 n'avaient réussi pareil exploit. La fin d'un monde ? Peut-être. Une opportunité pour redistribuer les cartes ? Assurément. Alors que les médiacrates de notre pays ainsi que notre gouvernement nous poussent vers une américanisation toujours plus prononcée (mise en avant des communautés, recul de la laïcité mariage pour tous, démantèlement de l'armée au profit de l'OTAN,...), il faut regarder les choses en face : le modèle américain a vécu. C'est un signal lancé à la France : cessons de vouloir faire comme tel ou tel autre pays, re-créons un modèle à nous, dans lequel notre patrie puisse s'épanouir à son aise et à son rythme. Le retour à une westphalisation du monde n'est peut-être plus si loin.

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Ils ont aussi marqué l'actu en 2014 :
Eric Zemmour, qui a connu un triomphe dans les librairies pour son dernier essai, Le Suicide français, s'est chargé de mettre le doigt là où ça fait mal sur les errements de notre pays depuis 40 ans. Valérie Trierweiler est également incontournable, en ce que son livre a abaissé encore un peu plus la fonction présidentielle. Les deux Prix Nobel français méritent une mention spéciale : Patrick Modiano et Jean Tirole, en littérature et en économie. Beyoncé a crevé l'écran dans le domaine musical et enfin, de façon plus légère, saluons l'exploit incroyable de Renaud Lavillenie, nouveau recordman du monde en salle de saut à la perche, sous les applaudissements de Sergei Bubka lui-même.

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> Les traités de Westphalie conclurent la Guerre de Trente Ans en 1648 et furent signés à Münster. Ils concernaient les Provinces-Unies, la France, le St Empire et l'Espagne. Certains pays acquirent leur indépendance, contribuant à un rééquilibrage des forces en puissance en Europe
> http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20141125.OBS6024/michael-brown-taubira-critique-le-verdict-en-citant-bob-marley.html (sur l'affaire Brown)
> http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/etats-unis-crise-evitee-sur-le-plafond-de-la-dette-jusqu-a-2015_1355826.html (sur la dette américaine)