Bonjour à tous !
Le post du jour aborde les différents angles à envisager si l'on passait, dans cinq ans, à un scrutin proportionnel pour les élections législatives.
Sans surprise, ce sont les partis minoritaires (FN, Verts, Front de Gauche) qui y sont le plus favorables.
Dans le système actuel, le scrutin est uninominal majoritaire à deux tours. Pour passer au second tour, il faut obtenir 12.5% des inscrits. Ce qui entraîne donc parfois des triangulaires ou, plus rarement, des quadrangulaires.
Dans le cas d'un scrutin proportionnel, on passerait alors nécessairement à un scrutin de listes (comme pour les Municipales et les Européennes), et chaque parti obtiendrait autant de places qu'autorisées par son nombre de voix.
Ci-dessus, j'ai affiché un diagramme montrant ce qui aurait pu résulter des dernières Législatives si ce scrutin s'était déroulé à la proportionnelle (source Le Figaro). Attention : il ne s'agit là que d'une projection hypothétique car alors, rien ne nous garantit que les électeurs auraient voté de la même façon, et que l'abstention aurait été moindre, ou supérieure.
Néanmoins, si l'on s'attache à l'interprétation brute du document, on constate que la proportionnelle aurait été fatale au PS, tandis que l'UMP n'aurait perdu que 5 sièges par rapport au type de scrutin actuel. On remarque aussi que le Front de Gauche aurait triplé son nombre de sièges, mais surtout que le FN aurait obtenu la bagatelle de 85 députés ! Il serait alors devenu la 3e force politique parlementaire, et il aurait été difficile de passer outre des tractations avec lui dans l'optique de constituer un gouvernement.
Rappelons également que le scrutin proportionnel avait été utilisé une seule fois : c'était en 1986. A cette époque, Mitterrand savait que les Législatives étaient perdues : il avait donc eu l'idée, afin de couper autant que possible l'herbe sous le pied du RPR, d'instaurer la proportionnelle. Résultat : 35 députés FN avaient été élus. Evidemment, Chirac, sitôt sa victoire assurée et son poste à Matignon obtenu, s'était empressé de revenir au système majoritaire. Il est savoureux de voir que les donneurs de leçon du PS, qui poussent de grands cris chaque fois que l'UMP prononce le mot "FN", sont ceux qui ont permis à ce parti d'obtenir sa plus grande visibilité politique, il y a de cela 26 ans. En politique plus qu'ailleurs, il est bon d'avoir la mémoire courte !
Que conclure ? Eh bien, la chose la plus importante à garder à l'esprit est que ce système proportionnel, à première vue plus vertueux parce que plus démocratique, serait aussi source d'une plus grande instabilité gouvernementale. Certes, le scrutin majoritaire renforce le bipartisme, mais il a le mérite d'assurer une stabilité politique et encourage alors les petits partis à passer des alliances avec les grands partis afin d'exister au Palais Bourbon. Si le Front de Gauche et le Front National veulent se faire entendre, ils seraient bien inspirés de faire comme les Verts du malin et retors Jean-Vincent Placé, qui ne s'est pas gêné pour conclure un accord particulièrement avantageux pour son parti avant même les Présidentielles. Résultat, ce parti qui n'a fait que 2% en Avril se retrouve aujourd'hui avec 17 députés et des présidences de commission.
Vouloir garder son indépendance d'esprit est noble mais, en l'occurrence, le manque de scrupules s'avère ici plus efficace !