Billet de 20FF (Claude Debussy)
Bonjour à tous !
Alors que la Crise bat son plein, on ne sait plus trop à quel saint se vouer pour en sortir. La France a officiellement (et tristement !) atteint son record de 1997 en terme de chômage. Si François Hollande affirme qu'il pourra inverser la tendance de l'emploi au tournant de 2014, on a du mal à le croire. La colère monte partout en Europe, et ce ne sont pas les résultats des dernières élections générales en Italie qui pourront nous démentir. En effet, le "Non" à l'Europe et à Merkel fut cinglant de la part de Transalpins lassés par les politiques d'austérité successives imposées par Mario Monti. Un président du Conseil qui avait d'ailleurs été placé là par les marchés, et en aucun cas par le peuple. Une leçon à retenir pour l'avenir, car l'Européen en a assez que certains technocrates payés grassement et non-élus prennent des décisions iniques à leur place. On leur doit, entre autres inepties, la PAC (qui favorise les gros exploitants au détriment des petits agriculteurs qui croulent sous les dettes), le démantèlement des services publics français (vous savez maintenant pourquoi il n'y a plus de Bureau de Poste dans les villages) ou encore l'arrêt Bosman, qui a complètement dérégulé les salaires des footballeurs et pillé les meilleurs joueurs des championnats les plus faibles pour la grande joie de l'Italie, de l'Espagne et de l'Angleterre.
Alors, on s'interroge et on cherche des solutions. L'une revient en boucle et est évoquée de plus en plus par des intellectuels de tous bords. Je parle bien sûr du retour au Franc et de la sortie de l'Euro. Emmanuel Todd, Joseph Stiglitz (Prix Nobel) et Paul Krugman (autre Prix Nobel) plaident notamment pour la fin de la Monnaie Unique. Le problème, pour les détracteurs de cette théorie, c'est la dette. Dette qui pèse aujourd'hui environ 1900 Mds €, soit 90% du PIB français. Une dette cumulée à la fois par la Gauche et la Droite depuis, surtout, 1981. A noter qu'au contraire de pays comme le Japon, 2/3 de la dette est détenue par des étrangers. Autrement dit, on peut légitimement penser que les dirigeants du pays ont endetté celui-ci bien au-delà de la capacité d'épargne des Français. Un crime pour les générations futures. Alors on pousse des cris d'orfraie en expliquant que les Français devront payer plus d'impôts. Soit. Sauf que depuis 30 ans, la dette est remboursée...par de l'endettement supplémentaire, pas par des impôts. De plus, pourquoi penser que ce serait aux plus modestes de payer l'impôt pour rembourser la dette ? A moins d'accepter l'idée, qui serait inéluctable, que les plus fortunés s'exilent fiscalement. Sans volonté politique aucune de les en empêcher.
Un autre point à expliciter, c'est la crainte de l'inflation en cas de retour au Franc. Or, pour qu'il y ait inflation, il faut qu'il y ait une surchauffe de l'économie. Improbable en cas de substantielle hausse de la fiscalité. Quant aux taux d'intérêts élevés, qui se manifestent pour atténuer le coût de l'argent en cas d'inflation, ils sont bridés car incompatibles avec une politique de dévaluation compétitive. Politique qui est visée par les souverainistes militant pour un retour au Franc. Et puis, l'inflation est surtout le fait de l'Euro. Prenons un exemple parlant : la baguette de pain. Elle coûtait 1.25FF en 1981. 0.90€ aujourd'hui (soit environ 6FF). En se basant sur les statistiques de l'INSEE, et en cumulant l'inflation de 1982, 1983,..., 2010, la baguette devrait coûter...3.18FF !! Autrement dit, moitié moins que ce qu'elle coûte aujourd'hui.
Soyons clairs, la volonté de revenir au Franc n'est pas, dans un premier temps, motivée par une volonté de baisser les prix. Mais de relancer la compétitivité externe. Et recommencer à vendre aux Allemands, par exemple. Ainsi, de 1980 à 2007, l'emploi industriel a chuté de 36% en France, soit 1.9M d'emplois perdus, ou encore 70.000 personnes supplémentaires au chômage par an. Un grand merci aux dirigeants français qui ont généreusement encouragé le CNPF puis le MEDEF à délocaliser tant et plus depuis 1984.
En résumé, si l'on sortait de l'Euro pour revenir au Franc, la dette augmenterait. Ce qui est vrai. Mais avant d'en arriver là, nos dirigeants qui auraient pris cette courageuse décision se lanceraient d'abord dans une discussion multilatérale avec ses partenaires pour un retrait concerté de l'Euro. Suffisant pour que la Monnaie Unique perde de sa valeur et soit copieusement dévaluée par les marchés qui auraient alors perdu confiance en elle. Le passage de l'Euro au Franc serait ainsi moins violent, et l'augmentation de la dette serait contenue. Quitter un Euro très bas par rapport au Dollar permettrait ensuite une hausse du nouveau Mark, une aubaine pour le commerce extérieur français, qui fut, jusqu'à l'Euro, la première force de l'économie de notre pays.
Alors brisons les tabous et prenons des décisions courageuses. Autant éviter le sort de l'Irlande qui a retrouvé la croissance aujourd'hui au prix de coupes réglées dans le salaire et donc dans le pouvoir d'achat des Irlandais. Que la France retrouve sa souveraineté, et cela commence par battre sa propre monnaie !