samedi 23 août 2014

Immigration : Renaud Camus, Edwy Plenel, ils ont tous tort !

Bonjour à tous !

Pratiquement pas une semaine ne se passe sans qu'une énième polémique ne vienne alimenter l'actualité concernant l'immigration. Entre les partisans d'une immigration de masse "humaniste" et ceux qui tremblent en craignant "le grand remplacement", il est peut-être bon de faire quelques mises au point.

Non, la France n'est pas un pays d'immigration

Certains vont tomber de leur chaise en lisant ça (je leur conseille une application de Voltarène, ça rendra le bleu moins douloureux), mais la France n'est pas un pays d'immigration, un pays généreusement ouvert ou je ne sais quelle autre bêtise.
La France est un pays divers dans sa composition intrinsèque, entre Français du Nord héritiers d'un droit germanique, et Français du Sud héritiers d'un droit romain. Ici, on se sert la main, ailleurs on signe un contrat écrit pour marquer un accord réciproque. Il y a des Corses, des Bretons, des Alsaciens, et bien d'autres fruits d'un agrandissement régulier du pays : nombre des "populations diverses" de la France n'y ont donc pas immigré, ils y ont été politiquement intégré. La différence est de taille.
Par ailleurs, si les Romains, les Celtes, les Grecs, les Germains, les Vikings et pour finir les Normands ont tour à tour choisi de venir s'installer dans nos vertes contrées, c'était par petites touches successives, pas plus de quelques milliers. Et la dernière immigration "massive", qui était d'ailleurs une implantation militaire, une prise de guerre, date de l'arrivée des Normands scellée par le Traité de Saint-Clair-sur-Epte, en 911. Il y a 11 siècles de cela...
Vous remarquerez que, volontairement, je ne mentionne pas l'arrivée de la diaspora juive, celle-ci ayant été plus ou moins bien acceptée selon les époques, quand elle n'a pas été carrément chassée du Royaume (St Louis) ou persécutée dans un but génocidaire (Régime de Vichy qui, je le rappelle en passant, ne représentait pas la France).
Les vagues d'immigration, toujours dans des proportions mesurées, ont repris au XIXe siècle avec l'avènement de la Révolution Industrielle (Polonais, Belges) et les persécutions liées tant au fascisme (Italiens) qu'au franquisme (Espagne). 9 siècles plus tard, c'est donc d'abord une immigration de travail, puis une immigration politique, qui a poussé nos voisins européens à venir chercher asile en France.

Une proximité culturelle aide à une meilleure assimilation

Depuis la Loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat en 1905, la France a enfin apaisé ses tensions internes dues à de nombreuses guerres de religion. On pense évidemment aux persécutions envers les Protestants, particulièrement au XVIe siècle, mais également à celles envers les Juifs, évoquées ci-dessus. Napoléon avait déjà pris les devant en 1807 en convoquant le Grand Sanhédrin, sorte d'assemblée oecuménique des Juifs de France, pour les inviter à pratiquer un judaïsme qui soit compatible avec les lois de notre pays. Notons au passage que la Loi de 1905 est finalement la longue conséquence d'un gallicanisme acté dès 1516 par le Concordat de Bologne, voulu et obtenu par François 1er auprès du Pape Léon X. La France gérait donc à sa manière la doctrine catholique jusqu'à la confiner strictement au privé et aux lieux de culte, but recherché de cette fameuse Loi appliquant la laïcité républicaine.
Ce petit rappel - fastidieux j'en conviens - est nécessaire pour comprendre la problématique de l'immigration en France. Les Belges, les Polonais, les Italiens ou les Espagnols étaient tous des immigrés européens d'obédience, sinon catholique, du moins chrétienne. Ils n'ont donc eu aucune difficulté à s'intégrer en France, cherchant avant tout un pays calme, qui pourrait leur fournir du travail et un asile. Evidemment, la donne a changé avec l'immigration africaine...

Les erreurs de Plenel et Camus

Présentons rapidement ces messieurs : Edwy Plenel est un ancien rédacteur en chef du Monde, notoirement impliqué dans un scandale dans les années 90 lorsqu'il avait avancé, à tort et sans preuves, que le PS avait été en partie financé par le Général Noriega, alors dictateur attitré du Panama et dont les fonds provenaient notamment du trafic de drogue. Ce Monsieur se présente aujourd'hui bien propre sur lui comme justicier non masqué avide de scoops judiciaires pour nourrir sa nouvelle feuille de chou, Mediapart, dont la quasi-totalité des articles est payant (c'est un journal exclusivement en ligne) : ballot quand on se pose en défenseur des "petites gens". Ils ne peuvent même pas lire les articles où on ne dit que du bien qu'eux... Evidemment M. Plenel se présente en grand humaniste (comprendre : ces adversaires ne le sont pas, ce sont des ogres bouilleurs d'enfants) et, comme pour le reste, fait la morale en expliquant à qui veut bien l'entendre qu'il faut accueillir tous ces pauvres gens, nouveaux damnés de la Terre : Maghrébins, Syriens, Erythréens, Bengalis et j'en passe. Comme on peut s'y attendre, M. Plenel bafouille quand il s'agit de lui demander comment notre pays peut accueillir tous ces gens qui n'ont pas besoin de passer de Charybde en Scylla, d'une misère à une autre, dans un pays économiquement exsangue, et qui accueille 200.000 immigrés légaux par an (soit 1 million sur 5 ans, sans compter les illégaux. Ces immigrés, qui plus est, n'ont aucune proximité linguistique avec notre pays et sont en tout point culturellement éloignés de nous. Et puis, reconnaissons-le honnêtement, ces nouveaux arrivants ont tôt fait de se réfugier dans des ghettos communautaires sitôt leur arrivée sur notre sol acquise. Enfin, on n'a pas entendu du tout M. Plenel prendre la parole quand il s'est agi, pour le coup, de soutenir l'accueil provisoire des Chrétiens persécutés au Levant.
Renaud Camus, quant à lui, est un essayiste d'extrême-droite qui est, il faut bien le reconnaître, passablement perturbé, se signalant par une paranoïa notoire. Il a théorisé le "grand remplacement" c'est-à-dire qu'à terme la population française sera intégralement remplacée par une population hétéroclite issue de l'immigration de masse et qui, évidemment, chamboulera complètement notre pays. Un peu comme les Hispaniques sont en train de le faire aux USA. Sauf que notre pays n'est pas un pays artificiel bâti sur un génocide comme le sont les USA. Notre pays a une histoire et des valeurs profondément ancrées qui l'empêcheront de connaître cette bascule. Ses deux penseurs de notre temps ont donc tort, l'un comme l'autre, et empêchent de mener une réflexion pertinente sur le sujet de l'immigration.

En finir avec la culpabilité de la colonisation

La vérité, c'est qu'en France nos belles âmes qui défendent l'immigration sous toutes ses formes continuent de penser que notre pays est responsable de ce qui lui arrive, du fait de l'épisode colonial. Or cet épisode est clos depuis 52 ans (signature des accords d'Evian en 1962). Cette culpabilité n'a plus lieu d'être, si tant est qu'elle n'ait jamais eu raison d'exister par ailleurs. Au moins, nous, on n'a pas éradiqué les autochtones chaque fois que nous débarquions dans un pays, et nous en partions en laissant des routes, des écoles, des hôpitaux... Tout ce qu'il faut pour qu'un jeune pays (l'Algérie, par exemple, n'existait pas à l'arrivée des Français en 1830) puisse se développer dans de bonnes conditions. Hélas, aujourd'hui il apparaît comme un devoir d'accueillir tous ces "pauvres gens" qui ne seraient pas là où ils en sont si nous n'avions pas commis l'impudence de les coloniser. Ben voyons !
Renversons le problème : l'Algérie passe son temps à élire Bouteflika en dépit du bon sens. La Tunisie a renversé Ben Ali qui était certes un dictateur, mais qui avait permis l'essor de son pays par le tourisme. Les pays d'Afrique Noire colonisés par la France se tapent dessus entre ethnies plutôt que de chercher à construire de vrais états capables d'exploiter leurs extraordinaires ressources en sous-sol. Quand ils ne se font pas la guerre, ils mettent à leur tête des dirigeants tellement corrompus qu'ils font passer Berlusconi pour un enfant de choeur. Dans la vie, on a que ce que l'on mérite. Les Africains comme les autres. Pourquoi eux échapperaient-ils au fait de prendre leurs responsabilités ? N'est-ce pas les infantiliser, voire faire preuve de néo-colonialisme, quand on pleure sur leurs misères ? Si on veut montrer qu'on respecte ces personnes, il faut les considérer en tant qu'adultes responsables. Comme les autres.
Enfin, je conclurai en disant que le plus gros problème pour l'immigration ne se situe pas dans les pays d'arrivée des migrants mais dans leurs pays de départ : en effet, ce sont autant d'esprits contestataires, d'ouvriers qualifiés aux mains en or, et de cerveaux en ébullition qui quittent leurs contrées qu'ils jugent inhospitalières estimant avoir de meilleures ressources sous nos latitudes. Comment les pays d'émigration, que l'on présente toujours comme les perdants du capitalisme, les pays du "quart-Monde", "en Développement", peuvent-ils espérer se développer si leurs meilleurs citoyens sont des candidats permanents à l'exil ? Là encore, ce brain drain malsain est un énième tour de passe-passe des élites mondialisées : non seulement elles exploitent la main d'oeuvre des pays industrialisés mais en plus elles font venir, sous des prétextes fallacieux dignes de mauvais romans à l'eau de rose, des petites mains en provenance de pays "émergents", pillant ainsi sans vergogne des ressources pourtant vitales. En plus, ils peuvent exercer un odieux chantage sur les dirigeants des pays dits "du Nord" sur les salaires et les conditions de travail.
Il est donc plus que temps de mettre un terme définitif à cette politique migratoire absurde et dangereuse pour tout le monde. Quoi qu'on en dise. Il en va de l'équilibre de la planète. Et de chacun des pays qui sont partie prenante de ce circuit perdant-perdant.