lundi 17 mars 2014

Quand les "démocrates" auto-proclamés dressent des listes et nous rappellent les "heures les plus sombres de notre Histoire"

Bonjour à tous !

Il règne une drôle d'atmosphère ces dernières semaines dans le microcosme médiatique. Il est vrai que des tensions existaient déjà depuis plusieurs mois, mais l'actualité politique a accru ces divergences. Dans une corporation revendiquant à plus de 80% voter à gauche, voir apparaître, çà et là, des figures discordantes avec la Règle tacite détonne. 

Tout le monde dans le même panier

Ce sont des personnalités diverses qui sont dans la ligne de mire de la presse de Gauche. On leur consacre des éditos, voire des reportages entiers. Le supplément du Monde du week-end dernier s'en faisait encore des gorges chaudes. L'ennui, c'est que les événements des derniers mois (mariage dit pour tous, théorie du genre, PMA, GPA et désormais le débat sur l'Europe et la mondialisation) accroissent les rivalités. A ce titre, le duo Caron/Polony en est l'éclatant symbole. En effet, que ce soit en recevant Nicolas Dupont-Aignan, Alain Finkielkraut ou Frigide Barjot, entre autres, les différences resurgissent et les deux journalistes en viennent à s'empoigner, de manière ironique pour Natacha Polony et de manière agressive, voire hargneuse, pour Aymeric Caron. 
Après l'engueulade (il n'y a pas d'autre mot) du 8 Mars dernier avec Frigide Barjot assise dans le fauteuil, on a aussitôt assisté à une défense du malheureux Caron par ses confrères, critiquant la vindicte, le sectarisme et le penchant réactionnaire de Polony. A ce titre, le post de Bruno Roger-Petit sur Le Plus du Nouvel Obs est édifiant. La journaliste y est dépeinte comme une mégère nationaliste, anti-républicaine parce que favorable à un retour des frontières, du Franc et plutôt opposée à la Loi Taubira. Les journalistes font bloc, comme une phalange grecque aux plus belles heures des Guerres Médiques. Et expulsent manu-militari de leur caste ceux qui n'y adhèrent pas, de près comme de loin. C'est ainsi que toute une frange politico-médiatique est régulièrement mise sur le banc des accusés. On y retrouve pêle-mêle, et avec plus ou moins de constance, Eric Zemmour, Elisabeth Lévy, Alain Finkielkraut, Natacha Polony, donc, mais aussi Nicolas Dupont-Aignan, Ivan Rioufol, Emmanuel Todd, Jacques Sapir, Eric Naulleau,... sans oublier ceux qui sont censés tirer les ficelles en coulisses, le trio infernal Soral, Le Pen, Dieudonné. Et là, à la lecture de ces noms, on constate qu'il y a deux problèmes : le premier, c'est que beaucoup de femmes et de Juifs sont pointés du doigt (Elisabeth Lévy s'était déjà interrogée à haute voix sur le sujet) et le second c'est qu'on mélange clairement les torchons et les serviettes.

Appliquer les bonnes vieilles recettes du stalinisme

Evidemment, nous ne sommes pas dans l'Union Soviétique des années 40 et 50, mais il est tout de même troublant de constater que ceux qui pointent du doigt appliquent à la lettre l'une des antiennes favorites du dictateur russe : "En cas de désaccord, accuse toujours ton détracteur d'être d'extrême-droite ; pendant qu'il est occupé à se justifier, il n'est pas en mesure d'argumenter." On ne saurait être plus clair. Et c'est exactement ce qui se passe quand les Fouquier-Tinville revendiqués passent leur temps à taper sur leurs opposants idéologiques. Doit-on leur rappeler que celui-ci a également fini sur l'échafaud pour excès de zèle ? 
Reprenons calmement la liste ensemble : tout d'abord les journalistes Zemmour, Rioufol, Lévy et Polony, qui sont le plus souvent dans l'oeil du cyclone, sont des souverainistes qui s'assument et qui sont des nostalgiques de la France des Trente Glorieuses, au temps où la France avait des frontières, une monnaie et une économie qui fonctionnait très bien, grâce au colbertisme gaullo-pompidolien à qui l'on doit la modernisation de nos chemins de fer, les centrales nucléaires, une armée de premier plan, un secteur automobile porteur et un maillage industriel optimisé. Mais ils ne sont pas d'accord sur tout. Ainsi Zemmour a souvent une démarche marxiste en prenant la défense des ouvriers et des classes populaires méprisés par les gouvernements successifs. Un point de vue globalement partagé par sa consoeur de Causeur, tandis que Polony est surtout inquiète de la tournure que prend l'éducation de nos enfants (elle est agrégée et ancienne enseignante) et Rioufol serait plutôt un Républicain, selon l'appellation américaine du terme, c'est-à-dire un libéral-conservateur un peu bigot. Ce qui est d'ailleurs, à mon sens, la faille de son raisonnement et ce sur quoi on devrait l'attaquer, mais personne ne le fait : c'est plus facile d'en faire un nazillon. Alain Finkielkraut, quant à lui, est un philosophe, ancien enseignant à Polytechnique et candidat au siège de Félicien Marceau à l'Académie Française. Il est inclassable mais essentiel car on sent à travers ses interventions à quel point son histoire personnelle de fils d'immigrés juifs polonais joue dans sa réflexion personnelle sur ce qui devrait être l'axe premier en matière d'immigration : l'assimilation. A ce titre, son dernier ouvrage, L'identité malheureuse, fut un beau succès de librairie. Nicolas Dupont-Aignan, leader de Debout la République ! est un gaulliste social, le dernier de son espèce. L'héritier légitime du Général parce que le seul à avoir compris, sans le trahir, son message : des frontières, l'application de la realpolitik, la souveraineté monétaire tout en échangeant d'égal à égal avec ses partenaires, mais dénué de démagogie. Le contraire de sa dangereuse concurrente, Marine Le Pen qui, elle, prône le retour de la retraite à 55 ans tout comme la mise en place d'un référendum sur la peine de mort. Trop occupée à se dédiaboliser, elle en a oublié la cohérence de son programme. Emmanuel Todd et Jacques Sapir, eux, sont deux économistes de gauche, mais celle version Michéa-Guilluy, la vraie, l'ouvriériste-colbertiste. Eux prônent essentiellement l'abandon de l'Euro et la dénonciation de Schengen. De là à en faire de dangereux extrémistes.... Enfin, il y a Dieudonné et Soral. Ceux-là, ils ne méritent pas que je gâche mon temps à en parler, je vous renvoie à mon article sur le pseudo-humoriste pour connaître mon avis sur la question. 

Faire le buzz tout en tapant sur la main qui vous nourrit

On le voit, quand on prend le temps et la peine d'analyser les personnes mises en cause on s'aperçoit qu'il y a une grande confusion idéologique chez leurs procureurs. Que montre-t-elle ? D'abord, un manque de culture et de profondeur intellectuelle manifestes, puisque ces critiques assènent des sentences en se croyant lyriques alors qu'ils ne sont qu'emphatiques, pour reprendre la formule récemment employée par Eric Zemmour. Ils mélangent le gaullisme et le patriotisme avec le nationalisme et le fascisme, voire le nazisme. Ils confondent allègrement le souverainisme avec le repli sur soi, oubliant sciemment que c'est justement un excès d'ouverture, de libéralisme, qui nous a fait plonger dans le marasme économique que nous traversons aujourd'hui. Un comble : les criminels se font les gardiens de la morale. Notons que cela va avec l'air du temps. On constate ensuite que les accusés sont régulièrement cités, voire judiciarisés, pour éviter de débattre avec eux et mieux rester dans l'entre-soi. La démocratie, c'est bien, mais c'est encore mieux avec des gens qui pensent la même chose, voyons ! Enfin, et c'est sans doute là que repose le cynique de l'affaire : on n'hésite pas à faire appel à eux sur les différents plateaux de télé où on les sait écoutés par les téléspectateurs (regardez les enquêtes d'opinion pour voir à quel point les Français sont devenus "réactionnaires") afin de créer le buzz et faire de l'audience...pour mieux leur taper dessus ensuite, sur la même chaîne, mais avec des présentateurs ou des invités différents. Comme ça on fait un double buzz et on s'exempte de tout reproche au cas où quelque bobo viendrait nous reprocher une éventuelle connivence avec l'ennemie. Mais il ne faut pas être bien futé pour constater que Canal + est le champion en la matière : Le Grand Journal, La Nouvelle Edition, Salut les Terriens,... sont autant d'émissions gardiennes du Dogme qui dénoncent régulièrement la République mise en danger avec des Torquemada tels Bruno Roger-Petit, Yann Barthès (jamais mis au ban pour sa quenelle soit dit en passant) ou Nicolas Domenach...et pendant ce temps-là on continue de compter sur Eric Zemmour sur iTélé, la chaîne info du groupe, pour faire le buzz. Consternant... D'autant qu'on sent un vif sentiment de revanche envers ceux qui, pour certains, se sont toujours revendiqués de Gauche mais qui, bien souvent, en sont revenus : Finkielkraut et Naulleau restent ainsi en travers de la gorge de ceux qui aujourd'hui les honnissent parce qu'ils ont trahi.

Dresser des listes ne changera rien

Alors voilà ce à quoi nous en sommes réduits : constater un cynisme permanent tout en regardant une profession dépérir parce qu'incapable de se remettre en question. Les journalistes ne sont pas là pour donner des leçons ni faire des rappels à l'Histoire (une fois pour toutes, nous ne sommes pas dans une redite des années 30), surtout quand on ne la maîtrise pas : critiquer l'intervention des Catholiques dans un pays ontologiquement et culturellement marqué par l'héritage judéo-chrétien relève au mieux de l'ignorance, au pire du crétinisme. Les journalistes sont là pour exposer des faits de la manière la plus objective possible à des lecteurs et téléspectateurs qui jugeront en leur âme et conscience sans qu'on ait besoin de les prendre par la main. Déplorer une éventuelle dérive populiste de l'électorat est vain : rappelons que dans une Démocratie, le Peuple est souverain et que nul ne peut se prétendre au-dessus de lui pour critiquer son choix. La caste politico-médiatique ferait mieux de faire son introspection, cela l'aiderait à trouver les raisins de la colère. Quant au fait de dresser des listes, notamment dans la presse écrite, rappelons que Vichy s'en était fait une spécialité. Et que Vichy était essentiellement le fait de collabos de Gauche à l'instar de Laval. A tous ceux qui veulent nous rappeler les heures les plus sombres de notre Histoire, je leur conseille vivement de bien relire leurs cours de Terminale sur la Seconde Guerre Mondiale. Il faut toujours se méfier de celui ou de ceux qui crient plus fort que les autres. Il n'y a pas de mystère si les ventes de la presse écrite se portent mal dans notre pays. Mais il est préférable de détourner la tête. Dans les médias comme ailleurs, se mettre la tête dans le sable semble être devenu le meilleur moyen d'assurer sa survie. Mais pour combien de temps ?