samedi 16 août 2014

Libéralisme ou Etatisme, l'heure du choix !

Bonjour à tous !

L'idée de cette chronique m'est venue en lisant un éditorial de Gaspard Koenig sur le site du Point ( http://www.lepoint.fr/invites-du-point/gaspard-koenig/ ). Pour ceux qui ne connaîtraient pas ce Monsieur, il s'agit d'un essayiste français d'obédience ultra-libérale de 32 ans. Il a écrit les discours de Christine Lagarde lorsqu'elle fut ministre de l'économie et des finances et collabore dans de nombreux périodiques, de Gauche comme de Droite (de Libé à Atlantico), ce qui prouve au moins une chose, c'est qu'il n'a pas peur de manger à tous les râteliers.

Libéralisme et libertarisme : 2 faces d'une même pièce

L'idée de cet article est ici d'établir deux vérités : primo, c'est que le libéralisme est le responsable de la crise majeure qui s'est déclenchée en 2007-08, et plus encore, de la Crise telle qu'on la connaît depuis 1973 et le premier choc pétrolier ; secundo, c'est que le libertarisme demandé, exigé même par la Gauche moderne (depuis qu'elle a laissé tomber le marxisme il y a de cela au moins 20 ans), est le corollaire direct du libéralisme, qu'elle ne se gêne pourtant pas pour critiquer tant et plus. Il s'agit donc de rétablir une cohérence.
En 1974, en France, Valéry Giscard d'Estaing, 48 ans, accède à la Présidence de la République. S'inscrivant en rupture de l'époque gaullo-pompidolienne, il décide de s'orienter résolument dans une posture pro-européenne. Que ce soit un hasard ou non, c'est aussi à ce moment-là que la France va commencer à présenter des budgets en déficit. Depuis lors, la dette de la France n'a cessé de croître, plus aucun budget n'a été présenté à l'équilibre. Nos présidents successifs ont continué dans cette voie, l'aggravant même avec l'Acte Unique (1986), Maastricht (1993), Nice ou encore Lisbonne dernièrement, sous Sarkozy, qui a taillé des croupières à un référendum, donc à une expression directe du peuple, qui avait pourtant clairement exprimé son refus de poursuivre plus avant l'intégration européenne. Devenue cheval fou incontrôlable, elle était alors génératrice de dérives, de réglementations iniques, d'usines à gaz (la PAC). Cherry on the cake, l'Euro, monnaie clairement surévaluée pour notre économie basée sur l'industrie moyenne et innovatrice dans des secteurs de niche (fibre optique, aérospatiale, luxe, artisanat ancestral...) a rempli les caisses du rival allemand (on ne peut considérer ce pays comme un partenaire économique compte tenu de son arrogance et de notre histoire commune). Elle a, dans le même temps, appauvri notre pays en déclenchant un processus, jusque là inédit dans nos vertes contrées, de déficit commercial : le début d'une croissance molle qui, avec les frontières ouvertes depuis l'entrée en vigueur de Schengen, nous a exposés au premier plan de la crise de 2007-08.
Cet effondrement économique a cristallisé l'échec d'un système, le libéralisme anglo-saxon : celui-ci s'est cru tout-puissant après l'effondrement du Mur de Berlin. Il a alors vu tous les nouveaux pays nés de l'explosion du Bloc de l'Est comme de potentiels nouveaux marchés sans prendre en compte les aspirations spécifiques de ces derniers. Les USA ont clairement sous-estimé également la fierté russe : humiliée par Eltsine, cette outre à vodka ivre du matin au soir avait en effet, pendant 8 ans et 2 mandats successifs, soldé son pays aux Américains. Rabaissés et revanchards, les Russes ont alors appelé un homme à poigne au Kremlin, Vladimir Poutine. Celui-ci, avec tous les défauts qu'il possède et qu'on ne niera pas ici, a alors posé sa patte ferme sur l'Ours, redressant spectaculairement l'économie du pays et en revenant à toute vapeur sur le concert diplomatique international. Avec l'émergence brutale de la Chine et de l'Inde et l'éveil de l'Amérique du Sud, les USA se sont retrouvés, si l'on osait un grossier parallèle, comme TF1 après le lancement de la TNT : inadaptés, patauds, et surtout, surtout, trop sûrs de leur force. Trop fiers pour se ré-adapter, ils ont alors laissé s'enflammer un système dont la bulle inflationniste était déjà au bord de l'explosion, à savoir le système immobilier et son pendant, le système bancaire.
Dans un monde ouvert comme le nôtre, cela n'a pas tardé à faire tâche d'huile, tous les pays étant touchés les uns après les autres et on est arrivé au bout du compte à la finalité cynique de ce drame : les états ont été sommés de renflouer des banques privées qui, par la suite, n'ont pas remboursé un centime et dont les dirigeants demandent aujourd'hui que les chefs de ces mêmes états fassent des efforts drastiques de gestion budgétaire. Un comble !
Alors, pour faire passer la pilule, on s'est tourné vers les idiots utiles : ceux que j'appelle d'une manière volontairement méprisante les Gauchistes. Ils n'ont plus du tout les valeurs de Gauche, ancrées autour de la solidarité, de l'Etat protecteur et de la défense de l'authentique prolo ouvrier d'usine. Aujourd'hui, ils sont individualistes (ils demandent constamment le respect de la liberté individuelle) et, avec les fermetures d'usines, de mines et la mort programmée de l'agriculture paysanne, ils se trouvent de nouveaux damnés à défendre : les homosexuels, les immigrés, l'islam, Gaza, demandent la libéralisation du cannabis, des villes vertes (eh oui, ils ne comprennent pas vraiment le principe d'une ville), n'hésitant pas à bétonner à tout-va (autre paradoxe que l'on doit à Mme Duflot notamment) pour loger leurs malheureux, comprenez leurs électeurs. On notera que parmi ces clients (on se croirait revenu à l'époque de la République romaine corrompue), les Musulmans sont régulièrement soutenus par le NPA ou les Ecolos, ce qui ne manque pas de sel : ces derniers auraient-ils oublié que Marx voyait en la religion l'opium du peuple ? 
Ces gens qui donnent des leçons à longueur de journée (voir la dernière polémique en date autour de Marcel Gauchet) défendent ici clairement un communautarisme échevelé : les immigrés (qui font pression à la baisse sur les salaires pour le plus grand bonheur du patronat), les femmes (qui doivent travailler, ça fait de la main d'oeuvre supplémentaire à exploiter, toujours pour le plus grand bonheur du patronat), les homos (les wedding-planners, agences d'adoption, cliniques privées se remplissent les poches), les fumeurs de joint (le cannabis ne rapportera bientôt plus assez, donc on demandera la légalisation de la cocaïne, en attendant celle des armes à feu) sont autant de nouveaux marchés à conquérir pour les libéraux. Le pire, c'est qu'ils vont y arriver. Pourquoi ? Parce que critiquer ces nouvelles mesures, ces nouvelles "évolutions de la société" c'est être réactionnaire, conservateur, sentir le souffre et rappeler les heures sombres de notre Histoire. Couplet bien rôdé qui disqualifie automatiquement l'interlocuteur. Circulez, y a rien à voir et vive le Progrès. Le piège s'est refermé.

Les vertus de l'Etatisme

Evidemment, les libéraux voient en l'Etat un ennemi à abattre. Surtout l'Etat français qu'ils estiment trop lourds, trop à cheval sur des principes périmés (dont le Code du Travail, mais oui !), trop interventionniste, bref... Tout aussi naturellement, lorsqu'un chantre du libéralisme-libertarien publie une chronique, aussitôt tout le monde lui baise les pieds sur Facebook ou Twitter "Bouh l'Etat, bouh le pays archaïque, inhumain que voilà, bouh laissez-nous vivre". Le lendemain, on se mobilise dans la presse pour Gaza : "Mais que fait la France, pourquoi la France n'intervient-elle pas, etc etc ?" L'Etat que l'on déteste un jour est aussitôt appelé à la rescousse le jour suivant.
Voilà où en est réduit aujourd'hui la vision de l'Etat qui a pourtant permis l'essor et la grandeur de notre pays. Je répète une énième fois ici que la France est un pays étatique, jacobin, au moins depuis la Grande Charte de St Louis en 1254, sinon depuis le baptême de Clovis à la Noël 499 (année soumise à débat). La France s'est construite dans l'unité grâce à l'omniprésence d'un Etat tout-puissant jusqu'à l'apogée du Premier Empire. Suivirent 150 ans d'incertitude, marquée par plusieurs Restaurations désastreuses, la Seconde Guerre Mondiale et le retour d'un Etatisme glorieux grâce au Général de Gaulle, en 1958. Cette période va lancer les Trente Glorieuses en France, une diplomatie originale et unique, qui n'est alignée ni sur les USA ni sur l'URSS, la sortie de l'OTAN, une industrialisation grandiose, l'indépendance énergétique du pays avec le nucléaire, etc. Voilà ce que l'Etatisme a fait à notre pays. Il lui a fait le plus grand bien et a toujours permis, surtout, de garder uni un pays en proie à des déchirements qui, potentiellement, ont pu menacer son existence. Un déchirement culturel, d'abord, entre un Nord d'inspiration germanique et un Sud d'inspiration romaine. Un déchirement territorial, ensuite, avec une très longue présence anglaise et de ses alliés sur nos terres : l'Aquitaine, le Maine, la Bourgogne notamment. Un déchirement religieux, enfin, avec des guerres de religion dévastatrices, notamment au XVIe siècle entre Catholiques et Protestants. 
Non, mesdames et messieurs les libéraux, la France n'a jamais eu de comportement dirigiste comme ce fut le cas à l'Est du Mur de Berlin. Oui, conserver des services publics de grande qualité est la gloire de notre pays car cela permet de protéger tous les citoyens, quelle que soit leur condition, leurs difficultés du moment, sans compter que cela permet de garder en vie des milliers de communes rurales qui mourraient sans cela. La France, son génie, ses paradoxes et ses difficultés ont toujours trouvé en l'Etat de quoi la conforter, la réconforter même. L'Hexagone n'a pas à prendre modèle sur la Suède (dont le taux de suicide est le plus élevé d'Europe), la Suisse (au coût de la vie bien plus élevé qu'en France et donc la protection sociale est absente) ou les USA (classés loin derrière nous à l'Indice de Développement Humain et qui doit sa réussite au Génocide de la population amérindienne - Génocide dont on ne parle curieusement jamais d'ailleurs...) Il n'y a pas de modèle parfait, il y a sa propre voie, à suivre ou à créer, mais pour cela il faut un Etat fort et bienveillant dirigé par une personne clairvoyante, avisée et qui ait une parfaite connaissance de notre pays et de son Histoire.
L'heure du choix entre libéralisme et étatisme a sonné, pour ma part c'est déjà fait. Amis lecteurs, à vous de choisir !