mardi 28 août 2012

Quand la Grèce s'empêtre dans les feuilles de vigne

Au premier plan, Antonis Samaras, Premier Ministre grec
Crédits photo : Tobias Schwarz, Reuters

Bonjour à tous !

Comme souvent ces derniers temps, l'actualité internationale est dominée par la situation en Grèce. Rappelons-la en quelques mots : faisant face à une soudaine crise de confiance des marchés, particulièrement suspicieux sur les économies trop belles pour être vraies depuis la Crise, le pays de Socrate se retrouve avec sa note dégradée. Et ce à un tel point que le pays ne peut, pour ainsi dire, plus emprunter tant la crise de confiance est grande. Pas d'emprunt = pas d'argent pour faire tourner le pays qui, comme la plupart des pays d'Europe, a la fâcheuse tendance de vivre à crédit.
Les Grecs ont donc demandé à leurs partenaires européens, pour l'essentiel, et au FMI, pour le reste, de bien vouloir leur prêter l'argent qu'ils ne pouvaient plus emprunter sur les marchés.
Le seul souci, c'est qu'on ne prête pas comme cela des milliards d'euros à un pays. Sans compter que la situation fait traînée de poudre : l'Irlande, le Portugal, l'Espagne, l'Italie notamment sont touchés.
Et en Europe, les seuls qui ont de l'argent, ce sont les Allemands. Qui ne veulent plus payer pour tout le monde, ce qui semble logique. D'un autre côté, même si Athènes est responsable de sa situation (économie hyper-dépendante du tourisme, et fraude fiscale établie en sport national), elle n'a pas envie de se voir imposer sa politique économique chez elle. Ce qui peut aussi se comprendre. Car les réformes demandées sont drastiques : privatisations en masse, baisse des salaires des fonctionnaires quand ils ne sont pas licenciés, protection sociale mise en coupe réglée, etc.
C'est la quadrature du cercle : chacune des parties prenantes a légitimité pour faire entendre sa voix. L'Allemagne ne veut pas payer sans avoir l'assurance de revoir son argent et la Grèce entend préserver sa souveraineté nationale. Et l'on s'aperçoit sur ce point précis que l'Europe est vouée à l'échec. Que le système va, et doit s'effondrer. Car la Grèce n'aurait jamais dû rentrer dans l'Union Européenne. Oui mais voilà, au nom de la sacro-sainte union des pays d'Europe voulue par Monnet, Delors ou VGE, on a fermé les yeux sur ses comptes, déjà peu reluisants lors de sa candidature, il y a une trentaine d'années. Mario Draghi fut l'un de ceux qui ne dit rien à l'époque. Aujourd'hui il est président de la Banque Centrale Européenne. Tout est dit.
Dois-je argumenter davantage ? Un sondage paru la semaine dernière montre qu'une petite majorité d'Allemands (environ 52%) ne veut plus de l'Euro. Quid de l'Union Européenne si les Allemands, qui en furent le moteur avec la France, se mettent à refuser dorénavant la construction européenne ? Quant à la Grèce, les organismes internationaux qui ne servent à rien mais qui coûtent cher comme Human Rights Watch dénoncent une montée sans précédent des agressions racistes en Grèce, passoire attitrée de l'Espace Schengen. Et de mettre en cause la non-réaction des pouvoirs publics grecs. Mais comme ils n'ont plus un sou devant eux, ils n'ont pas les moyens d'intervenir de manière institutionnelle et autoritaire ! La triste histoire du chat qui court après sa queue !
Quand Grobatchev, au début des années 80, décréta la peretroïka, il ne le fit pas par bonté d'âme mais par réalisme économique : l'empire soviétique coûtait trop cher à Moscou, qui ne pouvait plus maintenir sa poigne de fer en place. Alors le rideau de fer se fissura. Et ce alors que peu de temps auparavant, les apparatchiks de la nomenklatura demandaient toujours plus de communisme, toujours plus de propagande et d'orthodoxie dans l'application de la doctrine marxiste-léniniste.
Trente ans après, d'autres bureaucrates inconséquents demandent toujours plus d'Europe, toujours plus de fédéralisme. Il ne manque plus que le successeur de Gorbatchev. L'Histoire n'est qu'un éternel recommencement.