samedi 26 juillet 2014

Réforme territoriale : dessinez, c'est perdu !

Bonjour à tous !

Après deux ans d'atermoiements, on sait enfin pourquoi François Hollande a été élu : pour faire du découpage-collage. Mais comme ça, comme pour le reste, la réussite n'est hélas pas au rendez-vous.

Au petit bonheur la chance

Jaloux maladif de ce qui se passe en Allemagne, croyant de la manière la plus orthodoxe possible que la success story d'outre-Rhin doit être soigneusement retranscrite en France, notre bon président a sorti un nouvel atout de sa manche : redécouper les régions à la façon des Lânder. Et ça ne peut pas marcher... D'abord parce que l'Allemagne, dont la superficie est moindre que celle de notre territoire, compte 16 Lânder ; nous, nous devrions nous contenter de 13 régions... Qui plus est, les fusions ne répondent à aucune logique ou presque. Si l'Ile-de-France et la Corse conservent leur indépendance, l'Alsace va se voir affublée de la Lorraine et de la Champagne-Ardennes... Pas de quoi se réjouir, tant l'histoire et l'économie de ces différents territoires sont dissemblables.
D'autre part, le fédéralisme allemand est un héritage direct de son histoire complexe, celle du Saint-Empire romain germanique, qui était un agrégat de principautés autonomes et dont l'Empereur se contentait de gérer les affaires courantes. En France, notre pays est un état central depuis l'Empire de Charlemagne, au moins ! Agglomérant avec soin l'héritage gallo-romain, les influences grecques en Méditerranée, les invasions germaines et normandes, notre pays a vite compris que seul un pouvoir central fort rayonnant sur l'ensemble du territoire pouvait faire marcher tout le monde dans le même sens. Si notre pays fut de nouveau réduit à la portion congrue lorsque Hugues Capet reprit le trône en 987, il avait déjà repris toute sa vigueur lors de la Grande Ordonnance de Saint-Louis en 1254, établissant une première organisation de l'administration du royaume sur différents échelons afin de concerner l'ensemble du territoire.
Plus tard, lorsque l'Empire de Napoléon fut au maximum de sa puissance et de son étendue, l'Empereur avait divisé notre pays en 130 départements, de la Wallonie à la Corse du Nord au Sud, et de la Bretagne à la Rhénanie-Palatinat, de l'Ouest à l'Est (on notera au passage une curieuse similitude géographique avec la France carolingienne, ce contour du territoire étant sans nul doute la France historique telle qu'elle devrait encore exister aujourd'hui, mais c'est un autre débat). Le principe du département tel qu'il avait été voulu était que le chef-lieu se trouvât à une journée de cheval maximum de l'administré : la volonté était donc forte de rapprocher l'Etat des habitants. Les régions, telles qu'elles ont été développées en 1982 après la première loi de décentralisation (Lois Deferre) n'avaient aucune justification historique, à quelques exceptions près, qui concernaient essentiellement les extrémités du territoire (Alsace, Bretagne notamment). A plus forte raison, quelle identité aura un territoire créé artificiellement sur un coin de table si, dans une proportion plus petite, il n'avait déjà pas d'identité propre ?

Un foutoir mémorable en préparation pour des économies inexistantes

Si, au moins, François Hollande avait le courage d'aller au bout de sa logique et de supprimer les départements, pour faire des économies sur un échelon administratif : mais non, il ne le fera pas. En réalité, il ne fait que créer de puissantes baronnies qui vont affaiblir le pouvoir central au profit de l'Union Européenne qui rêve de pouvoir s'adresser directement à des régions voulant sauter le centralisme d'Etat, comme c'est le cas pour la Catalogne, la Flandre, ou l'Ecosse. On va se retrouver avec un pays dans la même configuration que pendant la Guerre de Cent Ans où un Roi diminué était moins puissant que certains de ses vassaux, quand ces derniers n'étaient pas carrément à la solde des Anglais (comme ce fut le cas des Bourguignons). En plus, c'est la porte grande ouverte pour un triomphe du FN aux prochaines élections territoriales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où on ne voit pas bien qui pourrait empêcher Marine Le Pen de l'emporter. Une nouvelle occasion pour la Gauche au pouvoir de dénoncer la libération de la parole, la présence prégnante dans les médias d'intellectuels réactionnaires et tutti quanti... Tout plutôt que de parler du fond, et une stratégie électoraliste de bas étage supplémentaire pour s'assurer de la présence de Marine Le Pen au deuxième tour en 2017 afin de s'assurer d'une victoire à la Pyrrhus...
Pendant que François Hollande et le PS se débattent pour nous pondre cette énième mauvaise idée, c'est le citoyen qui, une fois de plus, sera le grand perdant de l'Histoire : avec cette réforme, on pourra en effet justifier la fermeture supplémentaire de casernes militaires, d'hôpitaux, de lycées, de bureaux de poste, de tribunaux ou de gares SNCF... Bref, une nouvelle désagrégation du service public qui bénéficiera encore davantage aux grandes métropoles, éternelles gagnantes d'une mondialisation qui n'a pas fini de paupériser chaque jour davantage la France péri-urbaine chère à Christophe Guilly, Eric Zemmour et à votre humble serviteur. 
Il faudrait plutôt s'inspirer de la réflexion de Nicolas Dupont-Aignan, qui prône une suppression pure et simple des régions et la création de 70 départements d'1 million d'habitants environ, afin de pouvoir proposer au même nombre de personnes le même service public de qualité en matière d'énergie, de sécurité, de Justice, d'éducation, de santé et de transports. Et cela permettrait alors au peuple des campagnes de se sentir un peu moins abandonné à son sort. 
Mais bon, quand il s'agit de se mobiliser sur les territoires perdus de la République et des vrais laissés-pour-compte, on n'entend pas Benjamin Biolay composer une chanson, et on ne voit pas Les Inrocks faire un reportage sur la question : c'est bien connu, le prolo ça pue, c'est raciste et ça n'aime pas la bobo-culture parisiano-parisienne. Sauf que le prolo, il est comme tout le monde : il a son bulletin de vote, et lui il se rend fidèlement et scrupuleusement à l'isoloir. Et tant pis si ça gâche le brunch des hipsters de la Butte Montmartre...

lundi 21 juillet 2014

Gaza : la France donneuse de leçons prise dans ses contradictions

F. Hollande et L. Fabius en pleine discussion à l'Elysée
Crédits Photo : Abaca/Orban Thierry/ABACA/Le Figaro

Bonjour à tous !

"L'été sera chaud" disait la chanson. On en a la démonstration en France avec un moment de tension hallucinant, comme seul notre pays peut nous en offrir : alors qu'Israël a décidé d'intervenir militairement dans la bande de Gaza, le conflit "israélo-palestinien" est une nouvelle fois importé sous nos latitudes, provoquant des scènes d'une rare violence, comme en fut victime la ville de Sarcelles hier, et plus particulièrement sa communauté juive, l'une des plus importantes de France.

Dire tout et n'importe quoi sur ce conflit par "humanisme", "fraternité" et "solidarité"

A force d'employer des grands mots à tout-va sans même plus se soucier de leur sens, on en arrive à justifier tout et n'importe quoi. Trois jeunes Israéliens sont enlevés, torturés et abattus sommairement, Netanyahou décide d'une riposte qu'il a cherché à rendre la plus proportionnée possible (et provoquer l'ire de son aile droite), et pourtant on est reparti dans le sempiternel discours de "Israël assassin", "Génocide palestinien", j'en passe et des pires. Or, il est difficile de parler d'assassinat quand un état souverain agressé riposte : en bon droit, cela s'appelle de la légitime défense. Qu'il y ait plus de victimes côté gazaoui depuis le début du conflit n'est pas un argument valable pour dénoncer la politique d'Israël, au contraire. Ce n'est pas la faute de l'Etat hébreu si le Hamas, organisation unanimement reconnue comme terroriste par l'ensemble de la communauté internationale, utilise les civils comme boucliers humains. Et puis, un état n'a pas à s'excuser d'être technologiquement en avance sur un autre. Quand César a conquis la Gaule, il ne s'est pas excusé par la suite de nous amener les routes, les aqueducs, la langue latine,... 

Une importation du conflit en France totalement inacceptable

En France, on assiste depuis une quinzaine de jours à une nouvelle importation du conflit sur notre territoire. Evidemment, ces manifestations sont l'occasion de montrer une nouvelle fois la crise identitaire de ce pays : l'écrasante majorité des manifestants sont des jeunes issus de l'immigration qui brandissent des drapeaux palestiniens, algériens, marocains,... Aucun oriflamme tricolore dans les cortèges. Quant aux couleurs israéliennes, elles ne sont brandies que pour être brûlées, au vu et au su de tous. A Sarcelles, ce sont des magasins tenus par des commerçants juifs qui ont été attaqués : épicerie casher, bureau de tabac et pharmacie notamment. Une mini nuit de cristal en 2014. Vraiment charmant au lendemain de la commémoration de la déportation du Vel' d'Hiv'. Quant à nos politiques, ils sont muets sur le sujet : François Hollande défend très mollement Israël en expliquant que le pays a le droit de se défendre contre les tirs de roquette, Valls et Cazeneuve expliquent qu'ils ne toléreront aucun débordement antisémite (trop tard)...pour mieux se faire déborder sur leur aile gauche par des députés socialistes qui disent ne pas comprendre l'attitude du Président. Encore une belle preuve d'autorité. Quant aux écolos, ils ont la palme avec les tweets d'un de leur membre les plus éminents qui justifiait, par une pirouette rhétorique, l'attaque de synagogues en plein Paris la semaine dernière. Et évidemment, les éternels losers de NPA soutiennent systématiquement toute initiative contre "l'impérialisme" israélien. Sans se douter que les impérialistes dans la région sont, depuis le VIIIe siècle, les Arabes qui mettent à leur botte les Coptes, Mésopotamiens, Juifs, Alaouites...et autres peuplades diverses qui bariolaient joyeusement la région du Golfe Persique. .

L'hypocrisie des anti-racistes

"Halte aux amalgames", "Ne confondez pas la minorité islamiste avec la majorité qui vit l'Islam pacifiquement dans le respect de la République", "Ce ne sont pas leur faute, ils subissent encore aujourd'hui la discrimination de la France, puissance coloniale : il faut les aider"... Tous ces refrains, vous les connaissez mieux que moi, ils sont le fruit des sempiternels hérauts de l'antiracisme, depuis ses fondateurs Julien Dray et Harlem Désir, jusqu'à la "classe biberon" portée par Clémentine Autain, Rhokaya Diallo et compagnie sans oublier leur maître à penser, l'obscur Tariq Ramadan qui s'est quand même fait remettre à sa place...par le rappeur Booba. La preuve de sa soi-disant maîtrise intellectuelle. 
En France, depuis le début de l'ère Mitterrand, l'anti-racisme est un fond de commerce bien commode visant à transformer le prolo français en gros beauf raciste et réactionnaire dans le but double de gagner des voix chez les populations immigrées et de faire culpabiliser la Droite car, avec ce procédé, l'Extrême-Droite gagne mécaniquement des voix. La Droite "traditionnelle" est donc embourbée dans le piège socialiste, parti qui n'hésite jamais, lui, à faire des amalgames selon le vieux principe du "Faites ce que je dis, pas ce que je fais" et en respectant à la lettre la vieille antienne de Staline "Taxez vos adversaires de nazis : pendant qu'ils seront occupés à se justifier, ils ne pourront pas argumenter contre vous"
Si la sauce a plutôt bien fonctionné pendant 20 ans, et malgré l'échec retentissant de 2002 où le stratagème s'est brutalement retourné contre le PS, force est de constater que l'opinion a basculé depuis que de nouveaux intellectuels ont réussi à se faire entendre, tant par leur rhétorique exceptionnelle, que par leur culture et leur patience : Eric Zemmour, Alain Finkielkraut notamment, mais aussi Pascal Bruckner, Natacha Polony, Denis Tillinac, Elisabeth Lévy, Michel Maffesoli, Jean-Claude Michéa, Michèle Tribalat ou encore Christophe Guilluy. En réussissant à démasquer le loup "bobo" méprisant des classes populaires, ils ont écorné l'image pourtant si policée de l'anti-racisme. Cette même idéologie qui en a d'ailleurs pris un sacré coup lors d'un événement télé pourtant si anodin à la base, lorsque Aymeric Caron s'en est pris à Alexandre Arcady, tentant de justifier le meurtre horrible d'Ilan Halimi par Youssouf Fofana et sa bande de sauvages en y transposant la grille de lecture du conflit "israélo-palestinien". Cela provoqua un tel choc que Laurent Ruquier et Catherine Barma décidèrent de couper la séquence au montage. 
Ah, Aymeric Caron, sa chevelure flamboyante, sa barbe bien taillée, son look de gendre idéal, caricature de tout ce qui éveille aujourd'hui de l'antipathie envers la caste médiatique. Le même qui, dans son dernier ouvrage, s'en prend à Finkielkraut, non pas sur le terrain des idées, mais en moquant son physique, ses mimiques, sa posture comme les Nazis le faisaient dans les années 30 pour montrer à quel point un Juif, par ses prétendues caractéristiques physiques, devait être considéré comme un Untermensch, un "sous-homme". Il pourfend chaque semaine les idées réactionnaires de ces intellectuels qu'il honnit, commençant toutes ses interventions par son anaphore préférée :"Moi, j'ai les chiffres..." A-t-il, ce brave M. Caron, les chiffres concernant le nombre d'appels au meurtre de Juifs dans l'Hexagone rien que sur ces quinze derniers jours ? Nous donnera-t-il les chiffres également sur le nombre de boutiques tenues par des Juifs qui ont été vandalisées, les chiffres concernant le nombre de drapeaux israéliens brûlés, les chiffres nous indiquant combien de fois on a demandé aux Juifs de quitter la France ou le nombre de fois où on a comparé Israël aux Nazis, expliquant que Tsahal commettait un "génocide" à Gaza, prouvant par la même occasion l'ignorance que les gens ont de ce mot, de sa signification, de sa portée ?
La vérité, c'est que ce sont les associations anti-racistes dans leur ensemble qui sont en situation d'échec : elles qui vivent grassement de nos impôts, et sous l'oeil bienveillant de l'ensemble de la Gauche française, sont les premières à élever la voix pour défendre les pauvres petits malheureux musulmans chaque fois que les islamistes font tristement parler d'eux. En revanche, on n'entend personne dénoncer l'antisémitisme quand ces mêmes pauvres petits malheureux profèrent des injustes profondément racistes envers les Juifs, sans parler des actes de violence qui les accompagnent souvent. L'hypocrisie est démasquée. Ces associations devraient avoir le cran de reconnaître leur parti pris, et le pouvoir devrait prendre ses responsabilités en appelant à leur dissolution immédiate. Parce que la vérité est ainsi : la haine du Juif, malgré 25 siècles qui auraient dû nous servir de leçon, persiste dans notre société comme un peu partout dans le monde, chaque fois qu'on compare Netanyahou à Hitler. 
Aujourd'hui, j'ai mal à ma France. Ce n'est pas la première fois. Et je crains que ce ne soit pas la dernière. Mais aujourd'hui plus qu'un autre jour, je demande une prise de conscience collective pour dénoncer cette gigantesque hypocrisie. Et pendant qu'on pleure sur quelques centaines de Palestiniens tués par leur faute (il en sera ainsi tant qu'ils n'auront pas décidé de se débarrasser définitivement du Hamas), le conflit syrien a fait 160.000 morts. Chacun ses priorités, sans doute...