jeudi 3 juillet 2014

Une Histoire de la Coupe du Monde (6) Les années 90

Bonjour à tous !

Avant-dernière étape de notre petit voyage dans le temps. La Coupe du Monde marque aujourd'hui un arrêt dans les années 90, qui vont bien mal commencer avant de finir, pour nous Français, en apothéose.

1990 : une coupe du Monde à oublier

Des stades mal adaptés, des tribunes souvent vides, peu de buts... La coupe du Monde 1990 fait étape pour la 2e fois, après 1934, en Italie. Et le moins que l'on puisse dire c'est que la fête ne fut pas au rendez-vous. La France est absente de ce rendez-vous qui donne l'occasion à l'Argentine de Maradona de doubler la mise. Fort heureusement, une magnifique surprise va égayer ce Mundiale sans âme : le Cameroun de Roger Milla. Celui-ci va ouvrir les hostilités dès le match d'ouverture en cueillant les Argentins sur le score de 1-0 (et une magnifique boulette de Nery Pumpido, le portier albiceleste au passage). C'est aussi la révélation d'un joueur, un "tube" de l'été : Salvatore "Toto" Schillaci, qui marquera 6 buts (sur les 7 de sa carrière internationale qui s'arrêtera dès 1991). Au premier tour, dans le groupe A, l'Italie se qualifie facilement et le monde découvre la future pépite du ballon rond, Roberto Baggio. La Tchécoslovaquie la suit de près. Dans le groupe B, l'Argentine ne se qualifie qu'en tant que meilleure 3e, derrière le Cameroun et la Roumanie. Dans le groupe C, le Brésil se qualifie devant le courageux Costa Rica, dont c'est la 1e apparition en Coupe du Monde. Dans le groupe D, la RFA (dont c'est la dernière apparition en compétition officielle sous cette dénomination) domine la Yougoslavie et la Colombie. Dans le groupe E, Espagne, Belgique et Uruguay s'imposent tandis, enfin, que le groupe F voit l'Angleterre et l'Eire devancer les Pays-Bas, champions d'Europe en titre, à la surprise générale. Les 1/8e offrent quelques affiches, dont un alléchant Brésil-Argentine qui tourne à la farce à cause de l'empoisonnement des boissons brésiliennes par les Argentins. Branco, le latéral gauche, se plaindra tout le match de ne pas se sentir bien après s'être abreuvé d'une boisson prise au hasard sur le banc de touche et disposée par un soigneur argentin. Les Auriverde finiront même le match à 10 dans une parodie de football. Les Pays-Bas sont éliminés par les Allemands et l'Espagne l'est par la Yougoslavie de Dragan Stojokovic, Robert Prosinecki et Dejan Savicevic. En quart de finale, cette magnifique équipe, composée de joueurs qui feront rêver l'Europe jusqu'à la Coupe du Monde 98 pour certains, est éliminée aux tirs au but par l'Argentine, qui a changé de gardien entre-temps. Quant au Cameroun, son parcours s'arrête à ce stade, après une élimination par l'Angleterre aux prolongations. Les demi-finales se terminent toutes deux de la même façon : 1-1 après prolongations et séance de tirs au but. Et à ce petit jeu-là, les Argentins sont plus forts que les Italiens, tandis que les Allemands le sont tout autant face aux Anglais. Pour l'anecdote, le match Italie-Argentine a lieu à Naples où joue Maradona. Celui-ci sera célébré tandis que la Squadra sera huée toute la partie. Ambiance... On retrouvera ce même genre d'atmosphère à Rome, pour la finale, lorsque l'hymne argentin sera sifflé et que Maradona sera hué chaque fois qu'il apparaîtra sur l'écran géant du stade. Finalement les Allemands s'imposent 1-0 sur un pénalty discutable et dans un fouillis indescriptible, l'arbitre expulsant deux Argentins. Un triste visage du football...

1994 : une fête réussie

Pour la première fois, le monde du ballon rond fait étape chez l'Oncle Sam. En dépit des grandes distances entre certains stades (des sites se trouvent aussi bien en Californie que dans le Massachussetts) et de températures parfois élevées, résultant notamment de choix d'horaires discutables pour faciliter la retransmission télévisée en Europe, le spectacle fut grandiose...sans la France. Pour les fans de foot qui me lisent, je ne préciserai pas le pourquoi du comment de cette nouvelle absence. On sait ce qu'il adviendra par la suite. C'est la dernière coupe du Monde à 24 équipes, la dernière aussi pour Maradona qui, à 34 ans, entend encore démontrer qu'il en a sous la semelle. La Colombie, que beaucoup annoncent comme favorite avec des joueurs du calibre de Faustino Asprilla ou Carlos Valderrama, est éliminée au premier tour. Ce drame sportif précédera un drame humain puisque l'un des malheureux joueurs, auteur malheureux d'un but contre son camp, sera abattu par balles à son retour au pays. Les Cafeteros sont tristement éliminés par la Roumanie, la Suisse et la belle surprise américaine de Tony Meola, Coby Jones et Alexi Lalas. Dans le groupe B, le Brésil montre les dents même si la Suède de Brolin et consorts montre les dents. A noter dans ce groupe que Milla devient le buteur le plus âgé de la coupe du Monde à 42 ans, même si cela intervient lors d'une défaite amère 6-1 contre la nouvelle Russie (et un quintuplé, autre record, de l'inconnu Salenko). Dans le groupe C, l'Allemagne réunifiée et l'Espagne se font des politesses et se qualifient sans problème. Dans le groupe D, le Nigéria, la Bulgarie et l'Argentine se qualifient devant une faible Grèce. Le Nigéria nous montre sa génération dorée (Amokachi, Yekini...) qui sera sacrée championne olympique à Atlanta deux ans plus tard. L'Argentine finit 3e après que Maradona sera attrapé le nez dans le flacon d'éphédrine. Une nouvelle qui va durablement affecter son équipe, qui ne s'en remettra jamais vraiment. Le groupe E offrira une curiosité : c'est la seule fois dans l'histoire de la Coupe du Monde que les 4 équipes terminent à égalité de points. C'est donc le goal average qui départage tout ce petit monde, une situation qui profite, comme souvent, aux Italiens, qui emmènent les Irlandais et les Mexicains dans leurs bagages. Les Norvégiens se retrouvent les dindons de la farce, eux qui avaient éliminé les Anglais en phase éliminatoire. Enfin le groupe F voit les cousins Néerlandais et Belges passer, ainsi que la belle surprise saoudienne. En 1/8e, l'Allemagne passe à l'arraché face à une Belgique accrocheuse, la Roumanie de Hagi sort l'Argentine et l'Italie manque de se faire éliminer par le Nigéria. Le plus beau match intervient en quart, où les Pays-Bas remontent deux buts de retard face au Brésil avant de se faire crucifier par un maître coup franc de Branco en fin de match. La Suède élimine la Roumanie aux tirs au but, la Bulgarie élimine sèchement l'Allemagne et l'Italie domine l'Espagne en toute fin de match grâce à Roberto Baggio. Celui-ci récidive en 1/2 en marquant deux fois contre une Bulgarie trop limitée, tandis que le Brésil s'impose sur une tête stratosphérique du minuscule Romario. Enfin, en finale, et au bout de l'ennui sous la chaleur accablante de Los Angeles, Italiens et Brésiliens doivent se départager aux tirs au but. Une première dans l'histoire de la Coupe du Monde. Baresi et Baggio manquent leur essai, Dunga marque et c'est le Brésil qui l'emporte. Une 4e étoile pour le pays de Pelé. 

1998 : enfin !

La France organise une Coupe du Monde pour la première fois depuis 1938 dans un flou général sur son jeu. En effet, bien que l'équipe ait battu son record d'invincibilité, l'équipe de Jacquet peine à séduire sur le plan offensif. Il faut faire appel à deux jeunes prodiges de 20 ans en provenance de Monaco, Thierry Henry et David Trézéguet, pour donner des motifs d'espoir à une nation qui doute sérieusement, d'autant qu'elle sort d'une période de vache maigre (non-qualification pour l'Euro 88 et pour les Coupes du Monde 90 et 94, élimination au premier tour de l'Euro 92). Seule une belle place de demi-finaliste à l'Euro 96 a donné un peu de baume au coeur à un pays qui doute, L'Equipe en tête. Mais la France va offrir un joli récital lors de cette première Coupe du Monde à 32. Elle va remporter ses 3 matchs de poule très facilement. Un premier tour qui verra tous les favoris se qualifier à l'exception notable de l'Espagne, sortie comme une malpropre par le Nigéria (formidable victoire 3-2 des Super Eagles contre les Ibères) et le Paraguay de Chilavert. Paraguay que la France retrouve en 1/8e et qu'elle élimine fort difficilement, au but en or, sur une frappe de Laurent Blanc, défenseur courage et homme de mérite s'il en est. L'Argentine et l'Angleterre offriront la plus belle rencontre de ces 1/8e à St-Etienne, l'occasion pour les amateurs de foot de découvrir le prodigieux Michael Owen, 18 ans et auteur d'un but d'anthologie ce soir-là. Insuffisant toutefois puisque les Anglais sont sortis aux tirs au but. En quart de finale, c'est une sacrée surprise qui nous attend puisque la Croatie bat l'Allemagne, championne d'Europe en titre, 3-0. La France élimine l'Italie aux tirs au but après un match insipide et quelques frayeurs. Le Brésil bat difficilement une belle équipe danoise tandis que les Pays-Bas s'imposent 2-1 face à l'Argentine sur un autre but d'anthologie, signé Bergkamp celui-ci. Et dire que les Argentins ont trouvé le poteau plus tôt dans le match. Du reste, cette flamboyante équipe batave commence à trouver son public grâce à un jeu résolument offensif et spectaculaire et des joueurs qui brillent dans l'Europe entière, de Bergkamp à Overmars en passant par Kluivert et Davids. Malheureusement, l'os brésilien se présente sur la route orange. Après un nouveau beau match où Kluivert répondit à Ronaldo, les tirs au but sont défavorables aux Néerlandais. Dans l'autre rencontre, la Croatie est sortie par la France 2-1 après avoir pourtant ouvert le score. C'était sans compter sur le flamboyant Thuram, auteur d'un doublé inattendu. Enfin, en finale, et alors que les Croates terminent finalement 3e, c'est l'apothéose. Les matchs à élimination directe furent laborieux mais la fin est magnifique. 3-0, doublé de Zidane, but de Petit, sans Blanc suspendu et malgré l'expulsion de Desailly. Le jour de gloire du football français. Un souvenir impérissable.

dimanche 29 juin 2014

Une Histoire de la Coupe du Monde (5) Les années 80

Bonjour à tous !

A quelques encablures du terme de notre voyage dans le passé à la rencontre des stars du ballon rond, petite plongée dans les années 80, riches en émotions.

1982 : les Allemands, voleurs de poules

En faisant étape en Espagne, la Coupe du Monde retourne en Europe. 24 équipes, et 2 tours de qualification seront nécessaires pour accéder aux 1/2 finales. Le Brésil de Télé Santana est le grandissime favori avec Zico, Socrates ou Careca. L'Argentine, elle, se présente avec son nouveau prodige, Diego Maradona. La France de Platini a de solides arguments à faire valoir. La RFA opère dans l'ombre, comme à son habitude, tout comme l'Italie, qu'on n'imagine pas à pareille faire, prise en plein dans un scandale de matchs truqués incluant l'attaquant vedette de l'équipe Paolo Rossi. L'Afrique est notamment représentée par l'Algérie de Mustapha Dahleb et Rabah Madjer et par le Cameroun de Roger Milla. 17 stades sont retenus pour l'événement, ce qui a de quoi représenter une jolie facture pour une Coupe du Monde à 24 équipes. Dans le groupe 1, l'Italie se qualifie miraculeusement avec 2 buts marqués et 3 matchs nuls en 3 matchs derrière la grande Pologne de Boniek. Dans le groupe 2, la RFA, battue d'entrée par l'Algérie, a besoin d'une victoire contre l'Autriche (déjà qualifiée) lors du dernier match pour aller au 2e tour. Et l'impensable va se produire : les Allemands vont gagner 1-0 et les deux équipes vont s'arrêter de jouer, pour le plus grand drame de l'équipe du Maghreb. Dans le groupe 3, l'Argentine et la Belgique de Gerets et Ceulemans se qualifient. A noter le record de buts inscrits par une seule équipe battu par la Hongrie, qui pulvérise le Salvador 10-1. Dans le groupe 4, la France se qualifie de justesse devant la Tchécoslovaquie après une défaite initiale contre l'Angleterre. A noter que lors du match contre le Koweit, Giresse va marquer un but qui sera refusé...parce qu'un émir du petit état du Golfe descendra sur la pelouse faire pression sur l'arbitre. Sans conséquences puisque la France s'imposera finalement 4-1.Dans le groupe 5, l'Irlande du Nord termine à la première place après avoir battu les hôtes ibériques. La Yougoslavie est éliminée de manière surprenante. Enfin dans le groupe 6, le Brésil et l'URSS ne rencontrent aucune difficulté particulière. 
Lors du 2e tour, un groupe se distingue : celui composé de l'Argentine, du Brésil et de l'Italie. Seul le vainqueur ira en demi-finale. Et avec deux victoires en deux matchs, et un fabuleux triplé de Rossi contre le Brésil, l'Italie se qualifie. Dans le groupe 1, la Pologne se qualifie, de même que la RFA dans le groupe 2 et la France dans le groupe 4. Arrive alors la 1/2 finale de légende entre la France et la RFA et un drame : cet attentat de Schumacher, le gardien d'outre-Rhin, sur le malheureux Battiston qui sortira KO sur civière. L'agresseur ne prendra même pas un carton jaune. Révoltés, les Français poussent les Allemands en prolongations, où ils mènent rapidement 3-1. Et puis il y a la transversale d'Amoros. Et puis 3-2. Et 3-3. Et la terrible séance de pénaltys où notre gardien, Ettori, réussira le maigre exploit d'être le seul gardien au monde à avoir, à ce jour, stoppé un pénalty allemand lors d'une séance de tirs aux buts. Stielike manque, la France mène, encore. Mais Six rate à son tour. Puis Bossis. Et c'est la fin. Terrible. Reste une finale pour la 3e place jouée dans la confusion totale et perdue face à la Pologne et la victoire des Italiens de Zoff, 40 ans, en finale, 3-1. Et toujours ce diable de Rossi, sacré ballon d'Or cette année-là. Une belle coupe du Monde. Mais dans de sinistres conditions.

1986 : pour toujours dans l'Histoire

"Quieremos frijoles, non quieremos la Copa". Nous voulons des haricots, pas de la Coupe. C'est en ces mots que le Mexique reçoit le gratin du football mondial en 1986, sur un air de défiance qui n'est pas sans rappeler celui de la population brésilienne aujourd'hui. Un important tremblement de terre avait en effet touché le pays l'année d'avant. Mais sans conséquences sur les stades. Et heureusement pour la FIFA, car elle avait déjà dû faire face au forfait colombien pour raisons économiques concernant l'organisation de cette édition. Cette fois-ci, on instaure un seul tour de poules et des 1/8e de finale. Comme il y a 4 ans, le Brésil et la France sont les grandissimes favoris. D'autant que la bande à Platini dispute sa dernière compétition internationale ensemble, 2 ans après avoir régné sur l'Europe et apporté son premier trophée à la France du football. 12 stades sont retenus dans des conditions particulières puisqu'on joue en altitude. C'est la seule coupe du monde sud-américaine où les Français ont brillé. En attendant peut-être celle de 2014. 
On qualifie donc pour les 1/8e, les deux premiers de chaque poule et les quatre meilleurs 3e. Aucune surprise au 1er tour. La France termine 2e et invaincue, rétrogradée simplement à la différence de buts par l'URSS. A noter cette fois l'élimination sans coup férir de l'Algérie, dernière de son groupe. Et ce en dépit de la présence en son sein d'un certain...Djamel Zidane. Lors des 1/8e, la France se défait sans coup férir de l'Italie 2-0, sa première victoire en Coupe du Monde sur la Squaddra. En 1/4, trois des quatre matchs se terminent aux tirs aux buts. Seule l'Argentine s'en sort grâce, ou plutôt à cause de la tricherie de Maradona. Il aura beau signer un but de génie par la suite, cet acte impardonnable restera pour toujours en travers de la gorge de la Perfide Albion. La Belgique élimine l'Espagne au bout du suspense, de même que la RFA face au Mexique. Et puis il y a ce match. LE match. Les deux plus belles équipes du monde face à face. Quasiment pas une sortie du ballon hors des limites, peu de fautes, un engagement technique et tactique de tous les instants et ce score de 1-1, Platini ayant répondu à Careca. Et cette séance de tirs aux buts où Platini et Socrates manquent. Mais Julio Cesar manquera aussi, pas Fernandez. Le "petit bonhomme" cher à Thierry Roland envoie la France au Paradis et le Brésil en enfer. Malheureusement, en 1/2, c'est encore la RFA qui se dresse sur la route de la France. Des buts de Brehme et Völler plient rapidement l'affaire face à une France fatiguée qui se contentera de la 3e place obtenue face à la Belgique. La finale est un festival de buts, les Allemands remontent de 2-0 à 2-2 avant que Burruchaga ne marque le but de la victoire en fin de match. Beckenbauer et ses joueurs attendront quatre années supplémentaires pour soulever la Coupe. Et Maradona, qui aura porté son équipe à bout de bras, peut soulever son trophée entaché à tout jamais du sceau de la honte...