jeudi 31 octobre 2013

L'éveil de la France des oubliés

Bonjour à tous !

C'est avec un air un peu hébété que la France a redécouvert la Bretagne. La crise sans précédent que traverse l'agro-alimentaire local a jeté les gens dans un profond désarroi. Le psychodrame de l'écotaxe n'a fait qu'empirer la situation. Cette région un peu particulière, traditionnellement opposée à Paris depuis le Génocide chouan post-révolutionnaire, avait décidé de se tourner vers l'Europe pour se gaver de subventions. En échange, les agriculteurs locaux devaient clairement empoisonner leurs sols et leurs eaux, accepter que des travailleurs venus d'Europe de l'Est (cf la tristement célèbre Directive Bolkenstein) labourent leurs champs pour 3 francs 6 sous et obéir sans coup férir aux quotas imposés par Bruxelles. Et puis la machine de la mondialisation s'est emballée, les entreprises locales vivant de l'agriculture ont vu leurs commandes plonger ou bien ont délocalisé. Les usines ferment, les gens se retrouvent dans la rue à manifester contre le gouvernement, non sans une certaine hypocrisie. Car les Bretons savent bien qu'ils ont une lourde responsabilité dans ce qui leur arrive. Mais leur colère a le mérite de pointer du doigt le fait que l'Elysée et Matignon sont les esclaves des Institutions Européennes, devenues ultra-libérales au détriment du modèle rhénan de solidarité voulu par le Général de Gaulle. 
Et ce n'est pas le seul exemple où les oubliés de la République se font entendre. Dans un article publié il y a quelques mois, le mensuel Causeur évoquait la France péri-urbaine, totalement méprisée par les politiques. Celle qui doit se lever tous les jours à 5h pour aller travailler loin de son domicile, tout en déposant ses enfants dans l'école de la commune voisine, celle de la leur ayant fermé il y a des années. La France péri-urbaine, c'est aussi celle qui voit disparaître les services publics, les petits commerces, les artisans qui n'ont personne pour leur succéder, celle qui voit ses gares SNCF disparaître au nom de la rentabilité exigée par les actionnaires privés de cette entreprise publique. Et puis c'est aussi la France de l'insécurité. Car les gens qui ont déserté les banlieues mal famées, où les communautarismes sont prégnants et où se faire traiter de "sale blanc" ou de "gaulois" est devenu monnaie courante voyaient dans les campagnes une certaine tranquillité, l'assurance de pouvoir dormir en oubliant de fermer sa porte à clé de temps à autre. Peine perdue. Du coup la colère gronde. Le géographe Christophe Guilluy et la démographe Michèle Tribalat alertent sur ce point depuis de nombreuses années : quand seront-ils entendus ? Quand entendra-t-on la France profonde, celle qui n'a aucune visibilité médiatique, celle qui est parfois raillée, moquée, mais qui travaille dur, qui est laborieuse ? 
Le jour approche où ces mal-aimés, qui n'ont pas de syndicat ou de lobby pour les défendre, décidera de renverser la table. Car les deux exemples parlants que je viens de donner ne sont pas des cas isolés. A force de favoriser les pratiques communautaires, de s'émouvoir pour des gens qui habitent loin des latitudes françaises plutôt que pour ceux qui vivent dans nos frontières, le Gouvernement met en danger le Pacte Républicain. Le réveil pourrait être douloureux. Car comme on dit toujours, "méfions-nous de l'eau qui dort."