lundi 24 mars 2014

Bilan du 1er tour des Municipales : la (dernière) chance de l'UMP ?

Crédits Photo : LeFigaro.fr

Bonjour à tous !

C'est avec une certaine gueule de bois que doivent se réveiller les dirigeants socialistes ce matin. Ils ont pourtant tout fait pour ne pas y croire, adoptant une stratégie de localisation de l'enjeu du scrutin municipal mais rien n'y a fait : la déroute annoncée a bien eu lieu.

La Gauche dans le déni

Alors que la Droite culmine à 46%, que la Gauche est aux environs de 37%, que le FN est à 6%, le quatrième parti de France, l'abstention, atteint 36% ! Du jamais vu. Alors la Gauche appelle au rassemblement, au Front Républicain pour faire barrage au FN (qui croit encore que cela peut marcher ?) et assure pouvoir sauver les apparences Dimanche prochain en expliquant que les ministres doivent faire oeuvre de davantage de pédagogie sur l'action du Gouvernement et que sur un malentendu, ça peut marcher. Mouais... Sauf qu'on voit mal comment les électeurs pourraient changer la donne d'ici le 30 Mars : l'écart est trop important et la Gauche ne pourra que sauver les apparences en préservant Paris, Lille et Lyon de la vague bleu-UMP. Il fallait entendre Najat Vallaud-Belkacem sur le plateau de France 2 hier soir rejeter encore une fois la montée du FN sur le dos de l'UMP. Mais face à un adversaire rôdé et intelligent comme Henri Guaino, cela ne prend pas. L'homme a ses défauts, mais pas celui de tomber dans des pièges aussi grossiers. Et de renvoyer avec intelligence, dos à dos, les discours lénifiants tenus depuis 40 ans par l'ensemble des responsables politiques. Il a parlé d'or en expliquant que le FN était un parti autorisé, que l'on ne pouvait pas dénier à des citoyens de voter pour lui et que le jeu de la démocratie donnait le droit à ses électeurs de voir ce parti exercer le pouvoir lorsque les urnes avaient parlé. La malheureuse porte-parole du Gouvernement en est restée coite... Ne sachant rien dire d'autre sinon que les mairies FN allaient obliger les enfants à manger du jambon. De quoi susciter une dénonciation devant la Cour Européenne des Droits de l'Homme, assurément !

L'UMP devrait avoir le triomphe plus modeste

On l'a dit, l'abstention fut élevée et risque de l'être tout autant au 2nd tour. Alors l'UMP jubile mais devrait le faire mezzo voce. Parce que sa victoire est surtout visible dans les grandes métropoles mondialisées, celles qui souffrent le moins de la mondialisation et du chômage, d'abord (Bordeaux, Marseille, Nice, voire Toulouse). Ensuite parce qu'il ne s'agit donc pas d'un blanc-seing : les Français attendent quelque chose de l'opposition, un quelque chose qui, sauf énorme surprise, ne peut pas être fourni par les ténors du parti, à savoir Copé, Fillon, Raffarin, voire Sarkozy. Mais plutôt par un duo Guaino-Dupont-Aignan si celui-ci acceptait de redonner un souffle véritablement gaulliste au parti de Droite. Ce quelque chose, c'est l'espoir d'une renaissance de la France qui ne s'apitoierait plus sur elle-même au point qu'elle doive nouer des alliances complexes et vaines pour se relever ; une France qui aurait suffisamment confiance en sa jeunesse pour la remettre au travail en s'appuyant sur un axe artisanal et professionnel d'une part et sur un autre axe où la recherche et le développement seraient en pointe d'autre part ; une France qui réaffirmerait sa force militaire historique pour ne plus avoir à quémander chez les Américains ; une France qui reprendrait sa place de leader stratégique en Europe pour assurer un point d'équilibre entre Anglais et Allemands d'un côté, Européens du Sud de l'autre ; une France qui pourrait s'enorgueillir de recouvrer son statut de non-aligné sur les positions américaines et qui ferait de la realpolitik son cheval de bataille diplomatique. Bref, une France qui, forte de son identité, de sa monnaie, de sa stratégie économique, de ses frontières et de toutes ses composantes pourrait enfin redonner du travail et de l'espoir à des millions de gens qui n'en ont plus. Il est très facile de perdre la confiance des gens, beaucoup plus difficile de la retrouver. L'UMP a déjà eu le pouvoir longuement par le passé et les électeurs ont été particulièrement déçus. Attention, un jour ou l'autre le ras-le-bol sera explicite et violent. Quant au PS, il paye la politique conjointe menée par Mitterrand et Delors, et poursuivie sans scrupules par Jospin, Hollande et Ayrault : l'Europe, la main sur le coeur, pour le plus grand bonheur des financiers, des entreprises du CAC 40 et pour placer ses copains dans les organisations transnationales non élues (Lamy à l'OMC, Strauss-Kahn au FMI par le passé, en attendant Moscovici pour peut-être remplacer Barroso à la tête du barnum bruxellois). La Gauche n'a ce qu'elle mérite. A elle de faire son autocritique. Et vite, car les Français ont perdu patience...