mardi 30 décembre 2014

Bilan de l'année 2014 (2) : le retour du génie français

Bonjour à tous !

Deuxième et dernier volet de notre bilan consacré à l'année 2014. Aujourd'hui, il ne s'agit plus simplement de s'intéresser aux personnalités qui ont fait l'année mais à ce qui a marqué la société dans un ensemble plus global. Voici pourquoi je considère que le retour du génie français est l'événement de 2014.

Sport : le beau soleil bleu-blanc-rouge

Le sport français a brillé de mille feux cette année. Cela a commencé fort dès le mois de Janvier avec nos handballeurs qui ont récupéré le titre de champion d'Europe sur les terres de leur nouveau Nemesis, le Danemark. 60 minutes et une raclée plus tard, ceux que l'on présentait comme moribonds ont fait taire les plus sceptiques. Et puis que dire du record du monde du saut à la perche battu par Renaud Lavillenie, sous les yeux du Tsar en personne ? Grandiose. On saluera aussi la razzia de médailles de Florent Manaudou en natation, le retour d'une équipe de France de foot solide et sérieuse à défaut d'être à nouveau géniale, et puis le beau parcours de l'équipe de France de tennis en Coupe Davis, échouant en finale face à une équipe de Suisse simplement mieux armée.

Sciences : et Philae entra dans l'Histoire

On a beau dire, on a beau faire, l'Europe ne fonctionne que quand elle snobe Bruxelles et qu'elle unit ses forces intellectuelles autour de grands projets pilotés par la France. Avant Philae, Ariane et Airbus avaient été le parfait exemple de cette réussite scientifique où l'Europe des Nations, celle qui fait que chacun met à la disposition du collectif des ressources à hauteur de ses moyens avec un succès qui bénéficie à tous. Philae n'échappe pas à la règle, damant le pion à une NASA aujourd'hui moribonde. Sans compter le projet de développer le nouveau lanceur Ariane. De beaux projets et de belles perspectives d'avenir sur lesquels les technocrates de Bruxelles n'ont aucune prise tant cette manifestation d'intelligence pure leur inflige une claque monumentale et une magnifique leçon d'humilité.

Société : le réveil des consciences citoyennes et l'affirmation de nouveaux intellectuels

Les manifestations furent très nombreuses, pour des raisons très variées en cette année 2014. Une curiosité sous un gouvernement de Gauche qui démontra, à tout le moins, la grande fébrilité d'une classe politique et d'un exécutif qui ne savent plus trop où ils habitent. Cela a révélé de nouvelles fractures politiques qui semblent révéler les véritables affrontements idéologiques en France : à gauche, les "Frondeurs" coupent l'herbe sous le pied de leur propre gouvernement emmenant dans leur sillage un Mélenchon qu'on n'avait plus vu à pareille fête depuis 2012 et un parti écolo qui sait mieux que personne profiter des institutions de la Ve République pour parasiter son monde (rappel : ils bénéficient d'un groupe parlementaire en ayant à peine atteint les 3% aux dernières Législatives quand le FN avait flirté avec les 20% pour ne récupérer que 3 sièges de députés dans son escarcelle). 
Revenons sur ces manifestations : la Manif pour Tous fut celle qui mobilisa le plus de monde et qui jeta au visage de la France des Villes mondialisées et libérales sur tous les plans (économique et sociétal) la réalité de la "France profonde", appelée périphérique par Guilluy. Une France catholique qui ne va plus forcément à l'Eglise mais qui, néanmoins, n'en a oublié ni les valeurs ni l'héritage. Une France de la classe moyenne chassée des villes qui ne veulent plus d'elles, massacrée par les nouveaux impôts, dont on critique sans cesse la ringardise, les familles nombreuses et la culture trop franco-française, préférant sans doute Mais qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? à La Vie d'Adèle. Une France qui regroupe, toujours selon Christophe Guilluy, 60% de la population et que, d'habitude, on n'entend jamais tant elle sait faire preuve, au contraire des communautés à la capacité de mobilisation et de lobbying inversement proportionnelle au nombre de leurs affiliés, de vergogne, de retenue et de pudeur.
Mais il faut une classe intellectuelle pour donner la parole à ces oubliés du système et de la globalisation soi-disant heureuse. Trois se sont particulièrement distingués cette année, dans des domaines et des champs de réflexion très distincts cependant. Thomas Piketty fit comme les Anglais à la bataille de Fontenoy en tirant le premier. Son ouvrage, Le Capital au XXIe siècle, tente un grand coup de pied dans la fourmilière des spéculateurs et des nouveaux riches qui amassent des richesses au détriment d'une part malheureusement toujours plus grande de déshérités et de laissés pour compte. Son ouvrage a connu un succès d'envergure à travers le Monde, y compris aux USA. Cependant, précisons que l'ouvrage en question revêt un fort caractère utopiste et un peu trop empirique pour bénéficier du qualificatif d'incontestable. Mais il a au moins eu le mérite de poser le débat, en espérant qu'il fera date durablement. Autre intellectuel de gauche à avoir fait parler de lui, Christophe Guilluy dont je parlais justement. Auteur du très remarqué La France périphérique, il approfondit sa thèse développée 4 ans plus tôt dans Fractures françaises. Il y explique comment la France "des petits blancs", des "Français de souche" vit de plus en plus à l'écart des villes-mondes, qui concentrent l'essentiel des richesses et qui ne bénéficient qu'aux bobos, aux classes dirigeantes et aux classes immigrées. Concernant ces dernières, il explique que, bien que vivant dans des banlieues, elles ont bien plus de chance de bénéficier de la mondialisation car elles récupèrent, d'une part, la manne colossale des "plans-banlieue", au nombre d'au moins un par mandature gouvernementale et, d'autre part, de la proximité géographique de centres économiques stratégiques qui n'hésitent pas à recourir aux banlieusards pour des métiers à faible qualification (ménages, sécurité). De la sorte, les "Français de souche" se retrouvent chassés de toute une série d'emplois et les salaires subissent une pression à la baisse, les immigrés acceptant souvent de faire n'importe quel travail pour un salaire défiant toute concurrence. Ou comment ce soi-disant magnifique geste d'humanité appelé immigration vire en fait au néo-colonialisme et au cycle perdant-perdant.
Enfin, le dernier intellectuel à avoir fait entendre sa voix fut Eric Zemmour, véritable porte-parole métapolitique d'une frange considérable d'oubliés du système. Dans son ouvrage, il propose une synthèse d'événements qui, ces 40 dernières années, ont amené la France dans le marasme dans lequel elle se trouve plongée aujourd'hui. D'une critique au vitriol de Louis Schweitzer à un éloge appuyé de Georges Marchais, en passant par la madeleine de Proust de l'auteur (un chapitre consacré aux Rolling Stones) et le drame feutré qui se joua en coulisses du débat Séguin-Mitterrand en 92 quant au traité de Maastricht, l'auteur donne tout ce qu'il a pour pousser les Français à une prise de conscience. Bien sûr, l'ouvrage n'est pas parfait, loin de là, mérite des critiques aussi, mais certainement pas les torrents de boue qu'il reçut de la part de gens à l'esprit formaté qui démontrèrent, à la façon dont ils firent le procès de Zemmour, qu'ils n'avaient pas lu le livre. Ou pas complètement. Ce qui prouve la malhonnêteté intellectuelle chronique de la part d'une vaste part de la classe médiacratique. Mais ceci est un autre débat.

Politique : le retour triomphant des idées au détriment des communicants et des technos ?

On l'a évoqué précédemment, intellectuels de Gauche et de Droite ont fait feu de tout bois cette année pour proposer une réelle alternative à des dirigeants politiques usés, fatigués à force de courber le dos face à l'intransigeance de Bruxelles, de Berlin et des lobbys associatifs. Alors que le PS est depuis longtemps noyauté par des associations type SOS Racisme, le CRAN etc, l'UMP s'est vu lui aussi infiltré par Sens Commun, le courant politique issu de la Manif pour Tous. La forte médiatisation de Henri Guaino, à droite, notamment lors de l'affaire du Mariage pour Tous, a démontré qu'il restait encore en France des politiques qui voulaient se battre pour que notre pays retrouve sa souveraineté, seule condition afin qu'il puisse à nouveau exprimer toutes ses capacités, tout son génie. A Gauche, Arnaud Montebourg mit en avant un certain panache, notamment lors de son discours de départ de Bercy. Dans un cas comme dans l'autre, on est encore loin des grandes heures de Séguin et Chevènement, mais on a envie de croire au retour de politiques qui souhaitent faire de la politique autrement, en prenant le temps de la réflexion plutôt que d'être dans la sur-réaction et l'émotion permanente de gens qui manipulent les faits pour masquer leurs propres échecs, notamment Cambadélis, Le Foll ou Le Roux récemment. 
L'occasion est belle car le PS a clairement démontré son allégeance au libéralisme sans aucune modération avec Valls à Matignon et Macron à Bercy. Et le fait de voir Apparu, Juppé et quelques autres lorgner avec appétit et envie sur la Loi Macron ne fait que mettre en lumière l'UMPS dénoncée et moquée par nombre de citoyens. Si l'on ne veut pas voir le FN à 40% en 2017, il convient que d'autres personnes aux responsabilités prennent conscience de cette réalité pour mieux la dénoncer et proposer une véritable alternative programmatique.
La France a certainement connu un bouleversement en 2014, comme s'il s'agissait d'un ultime soubresaut d'un pays pluri-séculaire qui refusait de mourir. Il appartient à chaque Français de démontrer qu'il est un citoyen de ce pays en prenant les bonnes décisions, à la fois aux urnes, aux tribunes et dans la vie quotidienne.

Et aussi... les quelques ratés de l'année

Même s'il faut se réjouir du fort sursaut souverainiste français aux dernières Européennes, voir le FN en recueillir tous les lauriers est très inquiétant ; la loi Taubira sur le mariage pour tous, adoptée sans consultation référendaire et au mépris du bon sens et des conséquences inéluctables qui s'annoncent ; la manifestation "Jour de colère" et les manifestations antisémites de l'Eté, qui démontrent qu'une partie de la population n'hésite jamais à venir importer un conflit étranger sur notre territoire pour mieux mettre à l'index une partie de la population pourtant durement éprouvée par l'Histoire et parfaitement intégrée en France depuis le Grand Sanhédrin de 1807 ; les hausses d'impôts sans relance de l'Etat, qui paralysent la croissance ; la mainmise toujours trop pesante de la finance spéculative sur l'économie du pays.


Pour aller plus loin :

-GUILLUY Christophe, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, 2014
-PIKETTY Thomas, Le Capital au XXIe siècle, Paris, Le Seuil, 2013
-ZEMMOUR Eric, Le Suicide français. Les 40 années qui ont défait la France, Paris, Albin Michel, 2014

vendredi 19 décembre 2014

Nouvelle affaire Zemmour ; une polémique en bois

Bonjour à tous !

Il semble qu'en cette trêve des confiseurs, celle-ci ne s'applique pas à tout le monde. Aussi sûrement que la sardine est à l'huile, la polémique colle aux basques d'Eric Zemmour, seul contre tous pour des propos fantômes exprimés en italien par un trostkiste qui ne parle pas un mot d'italien. Incroyable mais vrai.

Le fond de l'affaire

Fin Octobre, Zemmour donne une interview au correspondant parisien du Corriere della Serra, grand journal italien. Celle-ci passe inaperçue en France. Fin de semaine dernière, RTL, débat Zemmour-Mélenchon. Evidemment, ça se crispe, ça se tend, et visiblement le socialiste-communiste-troskiste (tout dépend du sens du vent, comme toujours chez les opportunistes et les mégalos) n'a pas apprécié qu'on ne le laisse pas parler, contrairement à ce qui s'était passé chez Ruquier où il avait presque été reçu en majesté quelques jours auparavant. Alors il farfouille et trouve cette interview, publiée en italien, dont il propose une traduction qui ne peut être qu'approximative car... Mélenchon confesse d'emblée qu'il ne parle pas italien. Et extrapole en expliquant tranquillement que Zemmour demande que l'on déporte les musulmans de France. Rien que ça. Plus c'est gros, plus ça passe remarquez. Ces gens-là ne cherchent jamais à s'embarrasser de vérité et sont les premiers, comme Aymeric Caron, à réclamer des sources, des sources, des sources, en oubliant qu'ils sont tout à fait capables, comme l'atteste cette histoire de fou, de les manipuler à leur avantage.
Plus grave encore, le lendemain, toute la presse - ou presque - s'empare de l'affaire pour tomber sur Zemmour à bras raccourcis. Le Ministre de l'Intérieur, pourtant supposé garantir l'ordre, demande que l'on manifeste par solidarité avec les musulmans et que l'on interdise l'infâme d'antenne. Après la sortie de son livre, Cambadélis dénonçait déjà une "zemmourisation" de la société tandis que Valls décrétait que son livre ne méritait pas d'être lu, alors que Le Point révélait que les deux hommes sont amis dans la vie. Avec des amis comme ça, plus besoin d'ennemis ! Aujourd'hui, des journalistes et des personnalités de la société civile (cela va du "citoyen engagé" - sic - à l'artiste en mal d'attention médiatique) demandent à ce que Zemmour soit interdit d'antenne. Comme si le priver de son travail, de ses revenus, allait le faire disparaître du paysage, ses idées avec. Evidemment, le CRAN et SOS Racisme sont derrière tout ça, plaintes au tribunal à l'appui : l'argent n'a pas d'odeur parait-il, alors elles prendront bien celui de Zemmour quand il sera condamné à verser des dommages et intérêts (nos impôts ne gavent sans doute pas encore suffisamment ces oies grasses d'association). Quant aux personnes qui ont lu son livre, dont votre serviteur, je suppose qu'elles n'ont plus qu'à se rendre au commissariat pour délit d'opinion. Même si, dans ce livre justement, on n'est pas d'accord avec tout ce qui y est écrit...

Zemmour, dépassé par les événements

A entendre ces gens aujourd'hui, il se figure que le polémiste serait responsable de la faim dans le monde, de l'Ebola, de la dictature en Corée du Nord et j'en passe. Et la moindre étincelle suffit à lui tomber dessus. Tous contre lui, il finira bien par craquer, et tant pis si on emploie pour ça des mensonges énormes. Tant pis pour sa famille, ses amis (même s'il ne doit plus en avoir beaucoup). Peu importe, "pas de liberté pour les ennemis de la liberté" disait Saint-Just.Sauf que lui à l'époque avait le mérite de tenter de sauver la Révolution. Le journaliste italien, qui ne partage pas les opinions du polémiste, a beau dire et répéter que jamais le mot "déportation" ne fut employé au cours de l'entretien et que, s'il l'a écrit dans la retranscription, c'était pour proposer une synthèse de ce qu'il avait compris des propos de l'interviewé, expliquant en plus qu'en italien deportare peut aussi se comprendre par une personne décidant volontairement de rentrer chez elle, au sens de rapatriement, ses adversaires ne veulent pas lâcher le morceau.
La France va mal, c'est la faute à Zemmour. Pour le reste, circulez, y a rien à voir. Il est forcément bien plus démoniaque que les politiques qui sont au pouvoir et qui renient leurs promesses les unes après les autres. Ce qui les embête, au fond, c'est que le journaliste refuse de s'inscrire dans un quelconque parti politique, au contraire d'un Robert Ménard. Ils ont à faire là à un véritable électron libre, un ennemi non institutionnel. Ils ne peuvent donc le combattre sur le plan politique stricto sensu.Alors ils le discréditent par d'autres moyens, pas forcément plus légaux (atteinte à la liberté d'expression) ni forcément plus moraux (vu ce qu'il pense des femmes, on aimerait pas être à la place de la sienne, ou encore : lui, le Juif, comment peut-il dire ça de Pétain). Psychologie de bazar pour esprits faibles. Quand Alessandra Sublet demande hier, 17 Décembre, qui a lu le livre de Zemmour parmi ses invités, déjà en train de lui tailler un costard, seul Naulleau lève le doigt : tout est dit.

Quel est donc ce pays ?

Quel est donc ce pays qui détourne des propos pour décrédibiliser un adversaire idéologique ? Quel est donc ce pays où des médias utilisent des procédés dignes de Staline (sur la forme) ou Trotski (chantre de la Terreur sous la Révolution russe) pour tirer à boulets rouges sur un confrère ? Quel est donc ce pays où des "people" se permettent d'avoir un avis sur un livre et son auteur sans même avoir lu la première page dudit ouvrage ? Quel est donc ce pays qui crée des "-phobies" pour encadrer la pensée de ses citoyens ? Quel est donc ce pays qui laisse des associations partisanes et communautaires prêcher la bonne parole, se gaver de l'argent public et jeter l'anathème sur qui sort du rang ? Quel est donc ce pays qui crie au scandale sur la couleur des jouets en fonction du sexe de l'enfant sans avoir la décence de se souvenir qu'une trop grande majorité d'enfants dans le monde n'aura pas de jouet sous le sapin ? Quel est donc ce pays où l'on préfère tourner le dos à un ami de plusieurs siècles (la Russie) pour se jeter dans les bras d'un pays que l'on passe son temps, par ailleurs, à critiquer de manière très hypocrite (les USA) ? Quel est donc ce pays qui laisse le chef d'Etat d'un autre pays décider à sa place de sa politique économique, laissant sciemment dans la plus scandaleuse précarité des millions de Français ? Quel est donc ce pays où l'on a de plus en plus l'impression de vivre avec toujours plus de frayeur dans le 1984 d'Orwell ? Quel est donc ce pays, enfin, qui tourne le dos à son Histoire, à ses pères fondateurs, pour privilégier la jouissance personnelle et l'argent facile au détriment de l'Etat, de la collectivité et de l'humilité face à la foi ?
Autant de questions qu'il convient de se poser en urgence. Ils auront peut-être la peau de Zemmour. Mais ils ne doivent pas avoir la peau de la France...

Pour aller plus loin :

*http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/12/18/mon-interview-n-est-pas-un-coup-monte_1166716
*http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2014/12/16/31003-20141216ARTFIG00425-stefan-montefiori-eric-zemmour-n-a-pas-employe-le-mot-deportation.php
*http://www.huffingtonpost.fr/dominique-sopo/polemique-eric-zemmour_b_6346320.html

samedi 13 décembre 2014

Bilan de l'année 2014 (1) Personnalité de l'année : Barack Obama

Bonjour à tous !

L'année se termine, c'est l'heure des bilans. Aujourd'hui retour sur celui que je considère comme la personnalité de l'année. Même si cette distinction n'a ici rien de bien positif.

Un costume trop grand pour lui

En Novembre 2008, la planète n'avait qu'un nom à la bouche : celui de Barack Hussein Obama, 44e Président des Etats-Unis. C'était le messie que le monde attendait après 8 années de "busherie" (vous me pardonnerez le jeu de mots...) Alors que 2007 avait vu la communauté internationale, comme le dit l'expression consacrée, basculer dans la crise des subprimes, Obama devait moraliser une finance devenue folle et rétablir un peu d'égalité et de justice dans un pays ou l'écart entre riches et pauvres est sans doute le plus prononcé parmi les pays les plus développés. Une grande part des personnalités américaines les plus en vue soutinrent celui avait une grande qualité pour tous les progressistes à travers le monde : il était noir. Oh, certes, il n'avait pas connu les quartiers défavorisés, avait pu faire de solides études de Droit sans trop de souci, mais peu importait : parce qu'il était noir et démocrate, c'était le Président qu'il fallait aux Américains et donc, par extension, au reste du Monde.

Une dette devenue trop oppressante 

Le problème de Barack Obama réside sans doute en un seul mot : la dette. Dépassant les 100% du PIB dans un pays qui a l'habitude de soutenir sa croissance interne par l'endettement de ses citoyens, le plafond de la dette a dû être relevé plusieurs fois en catastrophe, en même temps que la Fed, la Banque Centrale américaine, faisait tourner la planche à billets. Cela enchérit de facto, dans un premier temps, un euro déjà trop fort, et qui étrangla donc encore un peu plus une Union Européenne déjà au bord de l'asphyxie. Bien sûr, l'euro a fini par baisser quelque peu, mais pour des pays comme la Grèce, Chypre, l'Italie, le Portugal ou l'Espagne, il est sans doute déjà trop tard. 
Cette dette a donc obligé le Président américain a faire des choix, notamment en limitant ses engagements militaires, ce qui a contraint ses alliés de l'OTAN à faire le ménage à sa place en Libye, au Mali, en Centrafrique, sans compter ses réticences en Syrie et son retrait des négociations israélo-palestiniennes. Obama n'a plus qu'un seul objectif en tête : tenir la bride aux Chinois, qui font montre d'un impérialisme d'autant plus fort en Extrême-Orient que leur croissance folle ralentit (à 7% par an tout de même) et qu'elle passe donc dans une autre phase de l'affirmation de son pouvoir face à son peuple : rétablir sa puissance à l'internationale. 

Des scandales à répétition dans un pays ingouvernable

L'autre problème d'Obama c'est que son élection a déclenché, parallèlement, une vague de haine sans précédent chez les Républicains, à l'exception de quelques modérés dont son estimé adversaire malheureux en 2008, John McCain. La naissance du Tea Party, cette frange radicale ultra-libérale et ultra-conservatrice (la contradiction fondamentale de la droite américaine...) a causé de nombreux remous au Congrès. Chaque fois que ce fut possible, les Républicains bloquèrent les quelques réformes voulues par Obama, dont celle de la santé, sa plus emblématique. Leur nouvelle majorité au Congrès va leur donner encore plus de latitude. Le Chicagoan resta, hélas, concentré sur ce seul projet de loi et laissa toutes les autres réformes nécessaires de côté : l'éducation, la justice, les emprunts étudiants dont on dit qu'ils sont la nouvelle épée de Damoclès au-dessus de la tête des Américains... Les inégalités ne sont nullement réduites, les grands groupes continuent de faire de l'optimisation fiscale sur le dos du trésor US (Google, Apple, et j'en passe), l'argent ne rentre pas dans les caisses et fatalement, les pauvres s'appauvrissent tandis que les riches s'enrichissent. Comme le disait Warren Buffett : "La guerre des classes est terminée et nous l'avons gagné."
Cherry on the cake, des scandales divers sont venus se greffer au débit d'un double mandat globalement décevant : les lanceurs d'alerte Snowden et Assange dénoncèrent les abus de la CIA et de la NSA en matière de mise sur écoute, Guantanamo est toujours ouvert, la CIA vient de rendre public un rapport qui révèle le non-sens de la torture et enfin, bien sûr, les meurtres successifs de différents hommes par des policiers, les premiers étant noirs, les seconds, blancs. Bien entendu, chaque affaire est différente l'une de l'autre : à Cleveland, les médecins légistes ont démontré que les témoignages étaient faux et que Mike Brown ne s'était pas fait tirer dans le dos comme on l'avait annoncé dans un premier temps. Quant à l'affaire de New York, la vidéo est éloquente et ne laisse que peu de doute sur l'énorme faute professionnelle commise par la police. Evidemment, la presse française a tout mélangé, faisant un amalgame grossier entre toutes les affaires pour dénoncer les vilains policiers blancs américains, profondément racistes, appuyée en cela par les tweets déplacés de Christiane Taubira.
Néanmoins, force est de constater que les tensions économiques dans un pays qui ne s'est toujours pas relevé de la crise des subprimes ont remis au grand jour des tensions évidentes sur un territoire qui n'est qu'un gloubi-boulga informe de différentes communautés n'ayant pas grand chose à voir les unes avec les autres. Aucune n'étant légitime dans une contrée qui est née par le biais d'un génocide amérindien que tout le monde s'efforce de garder sous silence, la violence ne peut qu'être exacerbée. Le stress amène le stress, la colère engendre la colère et une fois que les chevaux se sont emballés, il est bien difficile de les calmer.

Une comparaison Obama-Hollande troublante sur certains points

Comme en France, donc, les Américains réussissent à chaque fois à élire un président pire que le précédent, et le mouvement s'est accéléré dans les années 2000. La seule différence entre les deux chefs de l'Etat, c'est que l'on attendait rien de Hollande, et beaucoup trop d'Obama. Qui plus est, les tensions entre communautés sont fortes au sein des deux pays, même si la France a évidemment une histoire et une communauté nationale autrement plus ancrée que les Etats-Unis. 
Cependant, un autre important point commun est à souligner entre les deux hommes : la déchéance économique symbolique du pays dont ils sont en charge. La France a ainsi perdu sa note AAA sans, heureusement, que cela n'ait pour l'instant de conséquence sur sa dette, tandis que depuis quelques jours, la Chine a ravi la première place en tant que puissance économique mondiale. Du jamais vu depuis la Seconde Guerre Mondiale. Même l'URSS dans les années 60-70, ou le Japon des années 80-90 n'avaient réussi pareil exploit. La fin d'un monde ? Peut-être. Une opportunité pour redistribuer les cartes ? Assurément. Alors que les médiacrates de notre pays ainsi que notre gouvernement nous poussent vers une américanisation toujours plus prononcée (mise en avant des communautés, recul de la laïcité mariage pour tous, démantèlement de l'armée au profit de l'OTAN,...), il faut regarder les choses en face : le modèle américain a vécu. C'est un signal lancé à la France : cessons de vouloir faire comme tel ou tel autre pays, re-créons un modèle à nous, dans lequel notre patrie puisse s'épanouir à son aise et à son rythme. Le retour à une westphalisation du monde n'est peut-être plus si loin.

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Ils ont aussi marqué l'actu en 2014 :
Eric Zemmour, qui a connu un triomphe dans les librairies pour son dernier essai, Le Suicide français, s'est chargé de mettre le doigt là où ça fait mal sur les errements de notre pays depuis 40 ans. Valérie Trierweiler est également incontournable, en ce que son livre a abaissé encore un peu plus la fonction présidentielle. Les deux Prix Nobel français méritent une mention spéciale : Patrick Modiano et Jean Tirole, en littérature et en économie. Beyoncé a crevé l'écran dans le domaine musical et enfin, de façon plus légère, saluons l'exploit incroyable de Renaud Lavillenie, nouveau recordman du monde en salle de saut à la perche, sous les applaudissements de Sergei Bubka lui-même.

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> Les traités de Westphalie conclurent la Guerre de Trente Ans en 1648 et furent signés à Münster. Ils concernaient les Provinces-Unies, la France, le St Empire et l'Espagne. Certains pays acquirent leur indépendance, contribuant à un rééquilibrage des forces en puissance en Europe
> http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20141125.OBS6024/michael-brown-taubira-critique-le-verdict-en-citant-bob-marley.html (sur l'affaire Brown)
> http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/etats-unis-crise-evitee-sur-le-plafond-de-la-dette-jusqu-a-2015_1355826.html (sur la dette américaine)

dimanche 30 novembre 2014

UMP : l'histoire se répète

Nicolas Sarkozy au moment de son élection à la tête de l'UMP ce Samedi 29/11/14
Crédits Photo : lefigaro.fr/Gonzalo Fuentes/Reuters

Bonjour à tous !
Voilà, c'était annoncé et attendu, Nicolas Sarkozy emporte la présidence de l'UMP avec 64% des voix, devant Bruno Le Maire avec 29% et Hervé Mariton à 6%. Il ne s'agira pas ici de décrypter le programme et les propositions de chacun des trois hommes, mais plutôt d'analyser ce que ce scrutin peut provoquer au sein de la Droite française.

Comprendre la Droite française : la thèse de René Rémond

René Rémond fut un historien et politologue français, décédé en 2007, spécialiste de la Droite française. L'ancien académicien avait décelé en son temps un découpage possible de la Droite en 3 catégories : la Droite légitimiste, contre-révolutionnaire ; la Droite bonapartiste, césarienne qui a le culte du chef ; la Droite orléaniste, libérale et cautionnant la Révolution. Ce découpage est un héritage de la Révolution française.
Aujourd'hui, il pourrait paraître assez aisé de penser spontanément que l'UDI est la Droite orléaniste, l'UMP étant bonapartiste et le FN, légitimiste. Mais ce serait aller un peu vite en besogne. Si l'UDI est l'héritière de l'UDF centriste, libérale et pro-européenne, les lignes ont quelque peu bougé à l'UMP et au FN. Chez le parti de la Le Pen Company, la fille a laissé de côté les punchlines de son père et son idéologie reaganienne, mêlant libéralisme échevelé et conservatisme social. Elle a plutôt insisté pour rendre son officine médiatiquement présentable en promouvant la souveraineté nationale, le rejet de la technocratie et la défense des plus fragiles. 
Enfin l'UMP s'est considérablement compliquée la tâche en fusionnant le RPR avec l'UDF. Tout ça pour pas grand chose au final si l'on constate l'émergence de nombreux partis centristes : le MoDem, l'UDI, sans compter les radicaux. L'UMP est devenue cette auberge espagnole où, selon la formule de Charles Pasqua, "Le RPR amène les électeurs, l'UDF amène les élus." Comprendre : au RPR, gaulliste, bonapartiste, la base militante, à l'UDF l'assemblée de notables,  qui se font élire en promettant monts et merveilles à des électeurs toujours plus désenchantés.

Le mensonge de Sarkozy

En 2007, Sarkozy se fait élire sur un message important : il veut limiter l'immigration, mettre en avant la valeur travail, réconcilier les Français avec leur identité, ce qu'ils sont et ce qu'ils doivent transmettre. Alors, c'est vrai, dans les discours, il y a eu les coups d'épaule, les paroles dures et directes. Mais dans les faits, l'immigration n'a pas chuté, le chômage a continué de croître, et la sujétion à l'Europe s'est fait toujours plus forte. La Droite historique qu'il entendait incarner a laissé lâchement la place à la Droite moderniste dans les résultats. Et ça, les Français ne l'ont pas oublié en 2012. Quand Sarkozy change son fusil d'épaule et oublie sa ligne libérale-centriste entre les 2 tours, pour revenir sur un vrai discours de Droite, il limite la casse face à Hollande mais il était trop tard, le retard était trop important, la fracture, consommée. 
Aujourd'hui il revient, mais son message n'est pas clair. Il ménage la chèvre et le chou. Certes, son charisme et son talent politique lui ont ouvert le succès pour devenir président de l'UMP. Mais désormais, il doit affronter deux candidats déclarés à la primaire de 2016 : François Fillon, qui part de loin, admettons-le, et Alain Juppé, le chouchou des médias et de la Gauche. Où l'on assiste alors à un curieux coup de malice de l'Histoire.

1995 à l'envers

Petit retour en arrière, 1995 : à cette époque, la Gauche sait qu'elle ne gagnera pas les Présidentielles, la fin de l'ère Mitterrand s'achevant dans un chaos indescriptible (la maladie du Président, la cohabitation avec Balladur, le suicide de Bérégovoy, les révélations sur Mazarine Pingeot, etc). La Droite a un leader historique depuis 1974 qui est Jacques Chirac et qui attend ce moment depuis sa cinglante défaite en 1988. Mais voilà, il est "trop à droite", tout le monde a encore en mémoire la signature du congrès du RPR en 1990 avec Juppé, Sarkozy, Séguin, Pasqua et donc Chirac parmi les signataires. Dans ce congrès, on disait que l'islam n'était pas compatible avec la République, et qu'il fallait stopper l'immigration. Chirac en était encore "aux bruits et aux odeurs". Il est vrai qu'on pouvait commencer à douter de la persistance de ses idées quand il avait fini par voter "oui" du bout des doigts  au Traité de Maastricht portant un coup à la tradition de la Droite souverainiste. Enfin toujours est-il que peu l'appréciaient et le soutenaient parmi les médias. Balladur décida de se présenter, estimant entre autres que Chirac ne pouvait l'emporter et qu'il fallait tout faire pour que la Droite fût au second tour. Sarkozy soutint alors le Premier Ministre sortant, et Juppé son rival. Pour le résultat que l'on sait. Balladur ne passa pas le premier tour, les couches populaires soutenant plutôt Chirac, son discours sur la fracture sociale et son côté proche des gens, en rupture avec le côté plus aristo de l'ancien hôte de Matignon.
Alors que 2017 se profile déjà, il est amusant de constater que les rôles sont inversés : Sarkozy est honni par les médias et par la Gauche, au contraire de Juppé qui fait même le beau dans les Inrocks, excusez du peu. Sarkozy vient de démontrer qu'il était soutenu par la base militante, y compris à Bordeaux. On a bien sûr critiqué cette attitude et vilipendé l'ancien Président. Mais les militants sont la force vive d'un parti, ils ont légitimité à critiquer, plus ou moins fortement, des leaders qu'ils estiment décevants. Et tant pis pour les oreilles chastes. Qui plus est, Alain Juppé part avec le handicap d'être le favori jusque dans les sondages : il est plus que fréquent que le favori des sondages ne l'emporte pas (Barre en 88, Balladur en 95, Jospin en 2002, sans compter le crash de Strauss-Kahn avant les Présidentielles de 2011). 

Quelle conclusion ?

Au vu du contexte actuel, il est peu probable que le PS se qualifie pour le second tour de la Présidentielle de 2017. De plus, il y aura une bataille féroce pour l'organisation des primaires de 2016 : Juppé voudra une primaire ouverte en dehors du parti pour que le Centre et la Gauche viennent à son secours tandis que Sarkozy voudra évidemment une désignation par les militants. 
Il y aura forcément un déçu, les deux candidats se présenteront donc en 2017. Et l'on risque donc de voir Juppé disparaître au premier tour en compagnie du candidat PS, au profit de Marine Le Pen. L'affrontement entre Le Pen et Sarkozy au second tour est alors une éventualité à envisager sérieusement. Où l'on verra que Sarkozy l'emportera car il est difficile de voir la candidate du FN triompher, son parti étant trop petit et trop mal institutionnalisé pour gagner une telle élection. Et évidemment, il y a de grandes chances pour que le quinquennat numéro 2 de l'ancien maire de Neuilly soit aussi décevant que le quinquennat numéro 1. 
Bien sûr il s'agit là de politique fiction, mais il est bon d'avoir en main toutes les clés pour juger que décidément, l'Histoire a tendance à se répéter et qu'une fois encore, il y a peu de chances pour que la France en sorte vainqueur.

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NB : j'ai été vivement critiqué, notamment parce que mes articles manquaient de source. Je rappellerai ici le principe du billet d'humeur : il est une forme particulière d'éditorial qui a pour but d'apporter un regard critique sur un sujet d'actualité où la forme, la qualité de rédaction et une certaine mauvaise foi prévalent, dans la grande tradition pamphlétaire française (j'invite les sceptiques à consulter la page Wikipédia du billet d'humeur - oui, il y en a une). Il s'agit là d'un héritage des Lumières. Lire un éditorial d'un grand journal permettra de se rendre compte qu'il ne comporte rarement, voire jamais, de sources. Même si la presse de gauche, qui se rêve en Hommes du Président façon Pakula, ne jure plus que par les sources (cf Aymeric Caron), il n'empêche pas moins que la presse d'opinion, mêlant histoire et plaisir de la plume, est tout à fait valable, voire davantage encore car il s'agit là d'une tradition historique. Et tant pis si ce n'est pas moderne... Néanmoins, je proposerai désormais, en fin d'article, des pistes de réflexion pour que chacun puisse se faire sa propre réflexion sur le sujet proposé. 
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Pour aller plus loin :

*Rémond, René, Les Droites en France, Aubier, Paris, 1992
*http://tempsreel.nouvelobs.com/election-presidentielle-2012/20120426.OBS7172/le-retour-des-trois-droites.html

vendredi 21 novembre 2014

Ecole : stop au massacre !

Crédits : Ouest France/Google Pictures

Bonjour à tous !

C'est vrai, la caricature date un peu, mais elle est toujours, malheureusement d'actualité, et n'est que l'un des trop nombreux symptômes d'une école en crise qui, désormais, sombre en plus dans le ridicule. Explications.

Profs non-payés, postes non-pourvus

En 2012, "Moi, Président", encore en campagne, avait promis 60 000 postes d'enseignants en plus. Il est vrai que les promesses n'engagent que ceux qui les écoutent, comme le veut le vieil adage politique, mais là, on est quand même en droit de crier au foutage de gueule. Les différentes enquêtes menées, y compris par des médias "De Gôche", montrent bien qu'on est loin du compte. Il est vrai que la France compte un net surplus de fonctionnaires, mais ce n'est pas tant dans la fonction publique d'Etat (polices, pompiers, hôpitaux, éducation, justice, armée) qu'il faudrait retrancher mais plutôt la grassouillette fonction publique territoriale. Or, depuis les premières lois de décentralisation de 1982, les "couches du mille-feuilles" s'additionnent, se superposent, s'ajoutent : communautés de communes, départements, régions et j'en passe, avec multiplication de postes doublons et construction de somptueux bâtiments pour loger tout ce beau petit monde. Georges Frèche en fut l'exemple le plus caricatural. Et pourtant, il suffisait de s'en tenir aux préfectures et aux départements pour que le découpage territorial de la France conservât sa justesse et une égalité de traitement de chaque citoyen devant l'Etat. Le seul souci, c'est que l'Etat en question s'en lave les mains façon Pilate (Ponce, hein, pas le cours de sport) et se défausse toujours un peu plus de ses responsabilités, préférant déléguer ses pouvoirs à des notables locaux qui font circuler les valises de billets et le clientélisme plein pot. Huchon et Guérini illustrent parfaitement ce phénomène, même s'ils ne sont pas les seuls. Nous voici revenus au temps des seigneurs du Moyen-Âge où Hugues Capet, élu Roi de France en 987, se retrouva fort dépourvu devant des roitelets bien plus puissants que lui et aux terres bien plus vastes que les siennes. Il fallut attendre, au moins, Louis XIV, pour que la France prenne enfin la forme d'un pays cohérent, puissant et uni. 
Pour en revenir à nos moutons, c'est donc l'accroissement exponentiel de la fonction publique territoriale qui sert de paravent à l'Etat pour faire des économies dans la fonction publique nationale, la seule vraiment utile, voire indispensable. Les hôpitaux fonctionnent en flux tendu, les casernes militaires ferment les unes après les autres, de même que les tribunaux, les flics roulent avec un parc de véhicules datant de la présidence de Chirac et nos chères têtes blondes se retrouvent de plus en plus souvent devant une estrade vide dans leur salle de classe. L'ignoble est atteint lorsque l'on apprend, horrifié, que les dernières recrues en Seine-Saint-Denis révèlent devoir quémander des bons alimentaires car elles n'ont pas encore été payées depuis la rentrée scolaire. L'Etat est réputé être le plus mauvais payeur qui soit, tout entrepreneur vous le dira. Mais là, on frise la comparaison avec n'importe quelle république bananière d'Afrique ! Enseigner dans le "9-3" n'est déjà pas une sinécure, mais quand en plus on n'est pas payé pour accomplir ce sacerdoce, il y a de quoi avoir la moutarde et autres épices qui nous montent au nez ! 
Enfin, par magnanimité, je préfère taire un autre scandale dont on ne parle jamais, qui est celui de l'accompagnement des enfants handicapés ou en situation de grand échec scolaire. Ces enfants nécessitent le recours à un AVS (1), mais leur recrutement est erratique, digne d'un tirage à la tombola et leurs conditions de travail sont précaires car leur situation contractuelle relève de l'équilibrisme.

L'Ecole, cheval de Troie de toutes les idéologies les plus farfelues

Comme si ça ne suffisait pas, et alors qu'il est évident que le niveau des enfants baisse dramatiquement dans la maîtrise des fondamentaux, le ministère fait feu de tout bois pour se servir de nos chérubins comme rats de laboratoire pour toutes les idéologies les plus improbables qui soient. Vous avez aimé la théorie du genre et le scandale de la ligne Azur (désavouée depuis, fort heureusement, par le Conseil d'Etat, pour avoir notamment fait l'apologie de la consommation de stupéfiants) ? Vous allez adorer la suppression des notes. Avec, dans le rôle principal, Najat Vallaud-Belkacem, encore et toujours elle. Sous vos applaudissements ! Non contente d'avoir fait fonctionner à plein le népotisme en plaçant son cher et tendre dans les pattes présidentielles en tant que conseiller à l'Elysée, elle laisse largement entendre aujourd'hui que la suppression des notes "stigmatisantes" et "traumatisantes" serait une riche idée pour éviter que les gosses ne sortent traumatisés d'une mauvaise note. Ben voyons ! A part faire plaisir à Marcel Rufo et à la proportion toujours (tristement) croissante de parents qui délèguent complètement l'éducation de leur rejeton à l'instituteur (cf le dessin d'illustration en haut de page), il s'agit bien là d'une catastrophe en puissance. Il est évident que la notation est imparfaite, mais il s'agit d'humains notant d'autres humains, la seule différence étant que les premiers ont accompli quelques années d'études et réussi au moins un concours avant d'avoir ce statut lourd en responsabilités. La note a au moins le mérite de situer l'enfant dans son travail, de lui donner une mesure assez précise du chemin qu'il lui reste à parcourir pour atteindre l'excellence. Il est évident qu'une note donnée sèchement ne saurait être acceptable, tandis que l'accompagner de commentaires précis et circonstanciés lui donne immédiatement un caractère plus justifié.
Mais alors par quoi la remplacer ? Par des....pastilles de couleur ! J'imagine déjà un prof agrégé de maths s'amuser à mettre des gommettes sur des copies d'élèves de Terminale. Fantastique... Mais le nombre et la couleur desdites gommettes marqueront, elles aussi, le degré de réussite ou d'échec de l'élève. Simplement, l'échelle d'appréciation sera plus floue tandis que le barème sera incompréhensible à souhait, comme l'aiment les idiots qui pondent nos programmes et s'engraissent sur la Bête depuis des années à l'Hôtel de Rochechouart, dans le très cossu VIIe arrondissement. 
Franchement, il est temps d'en finir avec ces inepties et d'en revenir, comme je l'avais évoqué autrefois dans un post précédent, à une Instruction Publique sensée, réfléchie, avec des programmes simples et cohérents qui permettent à tous les élèves de démarrer sur un pied d'égalité dans la vie en maîtrisant tout à la fois l'écriture, la lecture et le calcul à la sortie de l'école primaire. Quant aux problèmes d'éducation, qu'on les renvoie à ceux dont c'est la tâche initiale, le devoir primordial : les parents. Dur dur, quand les deux travaillent en même temps et qu'ils font des enfants pour "faire bien" socialement parlant, comme c'est le cas de tous ceux qui capitulent devant leurs enfants-rois, mal élevés et gavés d'écrans jusqu'à plus soif... Enfin, c'est une autre discussion. Mais pour que le bon sens revienne,  il faudrait que notre ministre cesse de "chercher à faire parler d'elle" comme le notait si judicieusement Jean-Paul Brighelli (2) sur l'antenne de RTL il y a quelques jours de cela...


(1) AVS = Auxiliaire de Vie Scolaire. Adulte accompagnant spécifiquement un enfant en détresse scolaire ou handicapé dans ses tâches liées à l'école
(2) Jean-Paul Brighelli est un professeur agrégé de Lettres Modernes, chroniqueur pour Le Point et Causeur, qui héberge son blog Bonnet d'Âne. Il milite de longue date pour un retour aux fondamentaux au sein de l'école et pour des moyens d'envergure dans une institution aujourd'hui sinistrée

jeudi 13 novembre 2014

Alain Juppé, le pire d'entre tous ?

Crédits Photo : Régis Duvignau/Reuters/LeMonde.fr

Bonjour à tous !

Ah, il a la cote le Alain. Tout le monde l'aime, le reçoit, lui demande son avis de vieux sage, en grognard de la politique qu'il est tout en étant un élu local respecté, voire adulé.

Un élu local de haut vol ?

Maire de Bordeaux depuis des lustres, Juppé est loué pour sa politique où il a remis les transports en commun, l'écologie, l'humain au centre de la problématique girondine. Ca vous rappelle quelque chose ? Delanoë à Paris, Collomb à Lyon ? Bien vu, c'est exactement la même chose ! Et pourtant ce sont (ou furent) des maires socialistes ! Alors on va les voir pour leur demander leur avis sur un pays qui ne va pas aussi bien que leur ville-vitrine ouverte sur le monde et la mondialisation. Et tout le monde semble oublier sciemment qu'il y a une petite différence entre diriger une ville, a fortiori quand elle est située du bon côté de la mondialisation, et diriger un pays. Et pendant qu'on médiatise ses notables provinciaux, on en oublie tous les petits élus locaux qui se battent avec des moyens ridiculement faibles pour faire survivre leur commune rurale. Sauf que la "France périphérique", tout le monde s'en moque ! Ou plutôt, non : on fait semblant de s'y intéresser parce qu'on sent bien que Christophe Guilluy, le dépositaire de cette thèse, a vu juste. Alors on lui sert la soupe en public. Avant de jeter son livre aux orties sitôt les lumières des caméras éteintes. Il faut dire les choses telles qu'elles sont : aujourd'hui, on donne de l'importance à des édiles qui ne sortent plus de leur forteresse urbaine où tout brille et les médias se contrefichent des 61% de Français qui vivent en dehors des zones bénies de la mondialisation heureuse à la française. Vous connaissez beaucoup de sociologues, d'universitaires, d'historiens qui passent dans les médias de grande écoute parler de la ruralité française ? Guilluy n'a fait qu'un passage télé probant, sur Paris Première (chaîne payante), un Vendredi soir en 2e partie de soirée. Par contre, Eric Fassin, Pascal Blanchard, Jacques Attali ont table ouverte chez leurs amis de la presse écrite ou télévisée, Les Inrocks, Libé, France TV, iTélé et Canal + en tête. Bref, tout ce petit monde s'auto-entretient et garde ses oeillères soigneusement fixées.

Face à Juppé, un désert électoral

N'oublions pas une chose : en 1995, Juppé fut Premier Ministre. Avec ses réformes libérales catastrophiques, il mit à peine plus de 6 mois pour lancer les Français dans la rue pour un mouvement social qu'on n'avait plus vu depuis belle lurette. Cette catastrophe s'acheva par la dissolution de 1997 et la déroute électorale de l'union RPR-UDF face à la désormais célèbre "Gauche Plurielle" emmenée par Lionel Jospin.
Cette alliance RPR-UDF consacrée par la création de l'UMP quelques années plus tard est d'ailleurs bien là le talon d'Achille de la Droite aujourd'hui : déchirée entre une base gaulliste qui tente, vaille que vaille, de s'appuyer sur la Convention du RPR de 1990 stipulant explicitement qu'il faut freiner l'immigration et que l'Islam n'est pas compatible avec la République (signée à l'époque par Sarkozy et Juppé du reste), et un centre europhile à outrance, libéral et pro-business (comme dirait l'autre...), le néo-parti n'a jamais eu de base idéologique solide. Cela se retrouve d'ailleurs dans cette maxime désormais célèbre de Charles Pasqua selon laquelle "L'UDF amène les élus, et le RPR amène les électeurs." On se situe alors typiquement dans le cas de figure où les élites sont alors déconnectées de leur base militante. 
En se déclarant aujourd'hui, dans Les Inrocks, favorable à l'adoption par les couples homosexuels, en affirmant que s'il était élu en 2017 il ne reviendrait pas sur la Loi Taubira et en laissant entendre qu'Emmanuel Macron est sur la bonne voie économique puisqu'il applique les idées de la Droite libérale, Juppé scelle dans le marbre la pensée désormais justifiée que "Droite et Gauche sont les deux détaillants d'un même grossiste, l'Europe." (Philippe Séguin) Autrement dit, l'UMPS critiquée par Marine Le Pen est bel et bien là, à diriger le pays et en le mettant en coupe réglée pour faire plaisir à Berlin et Bruxelles sur un plan économique, et à Washington sur un plan diplomatique.
Le problème, c'est que plus le temps passe, plus le positionnement centriste d'Alain Juppé va l'amener vers une impasse électorale. Certes, cela va finir par forcer Bayrou, Lagarde, Morin, Valls et Cie à sortir du bois en assumant leur caractère résolument libéral pour créer un mouvement politique résolument centriste. Mais alors, pour le candidat qui émergera de ce mouvement, il faudra se rendre à l'évidence : il se prendra un mur électoral ! Plus personne ne vote pour le Centre, hormis l'exception de 2007 qui peut s'expliquer pour 2 raisons : Sarkozy, par son programme résolument bonapartiste, siphonnait les voix du FN qui était électoralement mort : il y avait donc plus de place pour un Centre libéré de l'envahissant UMP, qui s'était sincèrement positionnée à droite ; et puis c'était surtout la première élection débarrassée des mythes politiques. Pas de Jospin, Chirac, Delors, et autre Giscard. Que des primo-candidats pour les grands partis, qui favorisaient alors une recomposition des voix. Mais en 2012, la messe était dite : le Centre s'est vidé de ses électeurs, et cela s'est vu à la Présidentielle, aux Législatives, avant de se confirmer en 2014 aux Municipales et aux Européennes. Les Français, pour une majorité d'entre eux, demandent qu'on replace l'identité de notre pays au centre du débat. Qu'on ose critiquer l'Europe, la mondialisation, l'immigration de masse. Qu'on les laisse s'exprimer en faveur d'une famille traditionnelle qui a permis la survie de notre société depuis des siècles, quoi qu'on en dise ! Qu'on ne bride plus la liberté d'expression comme les singes savants essaient désespérément de le faire en invitant Eric Zemmour sur tous les plateaux pour lui déverser des tombereaux d'insultes, quand ce n'est pas pour le dépeindre en malade mental, carrément. Mazarine Pingeot et Bruno Roger-Petit savent de quoi je parle. La même Mazarine Pingeot qui ne vend pas un bouquin et qui a vécu aux frais de la République pendant des années, fruit des frasques de son Collabo de père... 
Bien entendu, je peux me tromper. Il peut ne pas y avoir d'alliance des libéraux, par fierté, souci du parti, ou d'autres obscures raisons. Auquel cas, cela ferait autant de candidats au Centre. Sauf que pas grand chose divisé par X candidats, ça ne fait vraiment plus beaucoup de voix lors du décompte final. 
Mais est-ce là vraiment ce que cherchent ces profiteurs du système ? Ou bien ne sont-ils pas plutôt en quête d'un brevet de respectabilité de la part de l'apparatchik de la presse bobo, qui occupe l'immense majorité du temps d'antenne et des kiosques ? Là est la question. Et ce sont les électeurs qui, au final, donneront la réponse.

mercredi 22 octobre 2014

Quand les élites détournent la langue française à leur profit


Julien Aubert, député UMP "fautif" selon Mme Mazetier
Crédits Photo : Martin Bureau/AFP/LeFigaro.fr



Bonjour à tous !

Qu'il est loin le temps des discours enflammés ponctués de références, savantes et savoureuses à la fois, prononcés par de grands hommes d'Etat qui avaient pour seul souci le bien-être du pays et de la nation. Aujourd'hui les élites détournent le français à leur guise, conscients de détenir là une arme puissante d'endoctrinement.

Sandrine Mazetier, symbole d'un féminisme totalitaire et hors-sujet

Mme Mazetier est un député socialiste qui fut président de séance de circonstance à l'Assemblée Nationale durant les débats sur la transition énergétique. Oui, vous avez bien lu "un député" et "président". M. Aubert, député UMP, qui avait la parole, interpela Mme Mazetier sous la dénomination de "Mme Le Président". S'ensuivit un rappel à l'ordre informel, une prise de bec puis un rappel à l'ordre formel qui valut inscription au procès-verbal de la séance et amende à hauteur d'un quart de l'indemnité de l'élu. Outre le ridicule de la scène - les politiques ont sans doute plus urgent à faire que de disserter sur des querelles d'ego grammatical - Mme Mazetier a ainsi rappelé à tous son féminisme intégriste dénué de sens et de fondement. En effet, elle avait déjà proposé que les écoles maternelles s'appelassent dorénavant "petite école" ou "première école" (1). 
Toutefois, M. Aubert, qui disait s'appuyer sur le règlement de l'Académie française, s'est vu conforté dans son bon droit par celle-ci. On rappellera cependant qu'il existe un règlement propre à l'Assemblée Nationale qui dispose qu'il faut féminiser autant que possible les noms de fonction, et ce depuis le Gouvernement Jospin (1997-2002). Néanmoins, l'Académie française régit la langue française depuis 1635, l'Assemblée Nationale n'a donc, a priori, aucune légitimité pour se soustraire à ses recommandations.

Que dit l'Académie française à ce propos ?

Dans un avis publié a posteriori des événements, la vénérable institution rappelle qu'en terme de féminisation du vocabulaire professionnel, cela s'applique exclusivement aux métiers, non aux fonctions. En effet, une fonction a vocation à s'inscrire dans la durée, le long terme, tandis qu'un métier est exercé le temps que la personne est en capacité de le faire. Ainsi le Ministère de la Santé existait avant le mandat de Mme Touraine et existera après, et sera peut-être alors pourvu par un homme. Auquel cas, le principe de neutralité prévaut. La langue française n'ayant pas de neutralité pronominale dans sa grammaire, c'est le masculin qui remplit, par défaut, ce rôle. Il s'agit ici d'une règle héritée du bas-latin, avant que notre pays ne connaisse une importante influence linguistique avec les multiples et successives invasions barbares (Francs et Normands notamment). Autrement dit, il ne s'agit pas ici d'une nouveauté. D'ailleurs l'inverse existe aussi sans que les hommes ne s'en plaignent : on parlera toujours d'une sage-femme (certes il s'agit d'un métier, mais sa masculinisation est esthétiquement impossible) et d'une sentinelle. Il ne s'agit pas de dénigrer la personne en charge, simplement certaines règles sont immuables, ce qui a au moins le mérite de rappeler l'être humain à un peu plus d'humilité.

"Franglish", "globish" et autres éléments de langage dévastateurs

S'il est bien une horreur qui martyrise notre langue aujourd'hui, c'est cette espèce de "globish" immonde, notamment dans les métiers "2.0" et les métiers de la finance, ces derniers demandant une relation permanente avec Londres et Wall Street, et se retrouvant donc sous influence directe d'un anglais à la fois appauvri et très technique puisque centré sur un domaine particulier, ici la finance.
Pour en revenir aux métiers "2.0", je fais ici mention de la publicité, des jeux vidéo, de la presse sur internet, etc. On se retrouve ainsi avec cinquante mots de vocabulaire qui tournent en rond et qui ne veulent plus dire grand chose à force d'être répété ad nauseam. Vous avez le choix entre "buzz", "hashtag", "design", "e-marketing", "tweet", follower" et j'en passe, le tout bien évidemment prononcé avec un accent français du plus bel effet....ou pas ! La Loi Toubon, établie il y a environ 20 ans, fut pourtant claire sur ce sujet, le but étant surtout de s'assurer qu'un contractant ou qu'un consommateur soit assuré de comprendre ce qu'il signait ou achetait. Las, les nouvelles technologies importées tout droit de la Silicon Valley ont tout ravagé, piétinant les plates-bandes du français, et donnant également une vision biaisée car trop partielle de la langue anglaise, bien plus riche que ce que l'on croit. Fait amusant, l'influence japonaise fut très présente sur le marché occidental des nouvelles technologies dans les années 80 et 90 : curieusement, personne n'a essayé d'importer des mots japonais dans la langue française. Et c'est bien dommage, cela aurait témoigné d'une ouverture d'esprit bien plus grande que ce suivisme ridicule dont nous faisons preuve.

L'instrumentalisation de la langue à des fins politico-médiatiques

Tout ceci ne serait finalement pas bien grave si il n'y avait pas derrière une tentative de récupérer la langue à son profit. Petit à petit, passé simple, passé antérieur, imparfait du subjonctif (quand ce n'est pas le subjonctif dans son entier) disparaissent de la langue, on crée toujours plus de mots "valises" en recourant de plus en plus souvent à la novlangue. Le but avoué ? Faire croire qu'on cherche ainsi à s'adresser au plus grand nombre en employant un verbe simple, accessible à tous. Sauf qu'en agissant de la sorte, on prend en réalité les citoyens pour des abrutis, d'une part, et on leur remplit le crâne avec des inepties vides de sens, d'autre part. Il suffit de lire une note de Terra Nova, think-tank attitré du PS, ou bien des campagnes promotionnelles de collectivités territoriales pour se rendre compte, en bas de la page...que l'on n'a pas compris grand chose même si, sur le moment, cela paraissait formidable. 
Il est temps de recentrer la langue française au coeur de notre démocratie : une langue simple, sans faux-semblants, sans anglicismes malheureux, sans fautes de frappe qui font saigner des yeux et autres horreurs qui torturent notre si belle langue. Car la démocratie passe aussi par la parole et la plume !

(1)http://www.liberation.fr/societe/2013/02/01/la-deputee-sandrine-mazetier-ne-veut-plus-parler-d-ecole-maternelle_878591

dimanche 12 octobre 2014

Eric Zemmour, une passion française

Crédits Photo : Capture d'image France Télévisions/LeFigaro.fr

Bonjour à tous !

Que n'a-t-on entendu cette semaine à propos d'Eric Zemmour ? Adulé ou exécré, l'homme ne laisse nullement indifférent. Il semble cristalliser à lui seul tous les antagonismes de notre pays, entre réactionnaires et progressistes, conservateurs et modernistes.

Un homme passionné par le débat

Talent le plus remarquable chez lui, sa passion pour le débat, la contradiction, la joute verbale. Là où les invités des plateaux télé déversent, dans 90% des cas, des platitudes d'un ennui profond, lui titille, asticote, délivre ses vérités sans prendre de gants, parce que ça le démange, ça le brûle, et qu'il ne peut pas garder ça pour lui. Et tant pis pour les réactions souvent outragées (et souvent surjouées d'ailleurs) de ses interlocuteurs. Quand on invite Eric Zemmour, on sait à quoi s'attendre, on connaît au moins une partie de ses idées : alors jouer la vierge effarouchée quand il exprime l'une ou l'autre de ses idées se révèle immédiatement comme un puissant révélateur de toute l'hypocrisie qui régit le paysage audiovisuel français. Eric Zemmour est arrivé à la télévision un peu par hasard, et la télévision a dû accepter l'intellectuel tel qu'en lui-même, car il n'est certainement pas homme à s'arrondir pour faire plaisir au plus grand nombre. Ce n'est pas un personnage de consensus, c'est vrai. Mais il a le mérite d'être fidèle à ses idées.

La France zemourienne ?

Les chiffres parlent d'eux-mêmes : tous les médias ayant invité l'essayiste sur leurs plateaux ont vu leurs score d'audience bondir. De France 2 avec On n'est pas couché à RTL où il fut l'un des protagonistes d'un débat brillant avec Alain Duhamel (le même cacochyme que Franz-Olivier Giesbert, mais tout en retenue et en intelligence), l'audimat a suivi. Est-ce à dire que ses idées font l'unanimité ? Certes non. Mais les Français reconnaissent en lui un homme qui ouvre de nouvelles perspectives de réflexion, qui ne se laisse enfermer dans aucun paradigme, aucune logique politique traditionnelle et qui sait merveilleusement dénoncer les faussaires sous leurs airs bonhommes de bons petits saints, ses victimes préférées étant Cohn-Bendit, Attali, Minc ou Plenel. Il a pour lui la rhétorique, l'humour et même un certain sens de l'auto-dérision qui lui donnent un avantage certain face à ses opposants intellectuels, tout en sérieux, en gravité et imbus de leur petite personne. La différence - énorme - qui existe aussi et surtout entre eux et lui, c'est qu'il n'a jamais fricoté avec le pouvoir, de quelque bord qu'il fût, quand bien même il possède des amitiés solides avec certaines personnalités politiques : feu Philippe Séguin, Manuel Valls ou d'autres encore. Zemmour est un journaliste politique passionné par la France tout en s'efforçant de rester dans une analyse froide et raisonnée : un sacré grand écart.

Haro médiatique sur Zemmour

Alors voilà, forcément, quand on ne rentre pas dans le rang, on dérange, et Zemmour dérange beaucoup : il refuse de rentrer dans une case et refuse aussi de se plier au diktat de la bien-pensance selon laquelle l'immigration est une chance pour la France, les homosexuels ont droit à la même reconnaissance que les hétérosexuels et la féminisation de la société est une bonne chose. Moi-même j'ai certains désaccords - mineurs - avec lui mais il reste d'une grande lucidité sur l'état de notre pays. Si il voit l'immigration d'Afrique du Nord comme un cheval de Troie pour le grand remplacement, j'y vois d'abord et avant tout une forme de néo-colonialisme où l'on pille les ressources humaines vives de pays qui en ont cruellement besoin pour se développer afin que le libéralisme se serve de ces malheureux pour pratiquer un dumping social inadmissible en France. Toutefois, nous nous rejoignons sur les dangers de l'islam radical qui demeure, malgré tout, l'islam tout autant que l'islam modéré. De plus, il n'y a qu'une seule famille qui vaille, et qui existait même avant les états, c'est la famille hétérosexuelle, berceau de la différence, socle solide sur lequel on peut créer et transmettre un patrimoine, une histoire et des valeurs et où les anciens peuvent encadrer la fougue des plus jeunes. Quant à la féminisation de la société, c'est un phénomène courant depuis des années. Ici, il ne s'agit pas de critiquer les femmes mais la féminisation, ce qui est différent. Car comme le dit Eric Zemmour : "Il y a des femmes qui déplorent cette féminisation tout autant qu'il y a des hommes qui s'en réjouissent." En un mot, la société française est devenue plus passionnelle, émotive, vivant dans l'immédiateté au détriment de la raison, de la réflexion, de la vision à long terme et même de la violence ponctuelle qui avait le mérite d'exister comme exutoire nécessaire. 
Enfin, il s'agit de revenir sur la polémique centrale soulevée par son dernier ouvrage Le Suicide français. Il dénonce notamment l'emprise de l'analyse de Robert Paxton sur la réflexion de la France, où il a placé Vichy au pinacle de l'horreur, en faisant l'oméga absolu de la Seconde Guerre Mondiale. Hors, Zemmour a simplement tenté de raisonner ce point de vue : non, Vichy n'était pas le pire entre 1939 et 1945, le nazisme était le pire ! Et il n'y aurait jamais eu Vichy sans le nazisme. Ensuite, en France, il y a eu 200 000 Juifs qui ont échappé à la déportation, 25% de Juifs de France déportés pour seulement 3500 Justes environ. Aux Pays-Bas, qui comptait numérairement plus de Justes qu'en France, 75% de la population juive locale a été déportée, quand ce fut le cas pour 50% des Juifs belges. Toute personne sensée peut donc s'interroger sur cette curieuse réalité. Ce qui ne remet pas en cause la xénophobie et l'antisémitisme manifestes de Vichy, ni ne réhabilite en aucune façon Pétain. Simplement, il faut se souvenir que pour une question de souveraineté nationale, Vichy a fait en sorte de préserver aussi longtemps que possible les Juifs français, en sacrifiant les Juifs étrangers. C'est une pratique terrible, c'est vrai. Mais qui dit que le massacre n'aurait pas été bien plus grand sans cela ? Et il y a quelques historiens qui vont dans ce sens : Alain Michel, Raul Hilberg, Léon Poliakov. Et même Serge Berstein l'a reconnu à demi-mots dans une interview accordée aux Inrockuptibles cette semaine. L'Histoire est en vérité une discipline sinueuse et piégeuse où la nuance est bien souvent de mise, même sur des vérités que l'on aimerait voir établies dans le marbre.

Zemmour, victime d'un antisémitisme diffus et inconscient ?

Enfin on peut s'interroger sur cette nouvelle marotte des médias de pratiquer de la psychologie de comptoir face à ceux qui, comme Zemmour et Finkielkraut, s'interrogent sur le sens de la France, son devenir. Que ce soit pour l'auteur de L'Identité malheureuse ou celui du Suicide français, les journalistes n'ont eu de cesse de chercher à savoir à quel point leurs origines juives les conditionnaient. Tentative médiocre de diaboliser son interlocuteur sans avoir l'air d'y toucher. Celle qui fut prise le plus franchement la main dans le sac fut Léa Salamé la semaine dernière sur le plateau de Laurent Ruquier sur France 2. Zemmour la reprit sèchement de volée en lui disant "Je pourrais monter sur mes grands chevaux et vous dire que vous faites preuve d'antisémitisme". Honteuse, la jeune journaliste calma ses ardeurs. Mais le mal était fait. Tout comme on réclame d'avoir plus de femmes en politique et lorsque l'une d'elles est en passe d'imposer ses idées, on la brocarde et on l'insulte comme l'est régulièrement Marine Le Pen. Et je ne parle pas de Frigide Barjot, ancienne égérie de la Manif pour Tous que l'on a quasiment traitée de folle bonne à enfermer. Il faut donc bien comprendre ce que veulent les oligarques qui nous dirigent, politiquement et médiatiquement : on est pour les minorités et les femmes, pourvu qu'elles viennent défendre nos idées, sinon on les renverra à leur condition de minorités et de femmes. Mais on ne sera ni raciste, xénophobe ou misogyne bien entendu puisqu'on défend "nos idées" et "nos valeurs". Au royaume des faussaires, les hypocrites sont donc les rois ?

mardi 7 octobre 2014

Le chiffre du moment : 2000 milliards d'euros

Bonjour à tous !

C'est tombé cette semaine, comme une sentence : 2000 milliards d'euros, c'est le montant de la dette française. Environ 35 000 euros par Français. Des chiffres vertigineux, qui donnent le tournis, voire la nausée. Explications et décryptage.

L'origine de la dette

1973 : première crise pétrolière à cause de la Guerre du Kippour qui embrase le Moyen-Orient. La France, comme tant d'autres pays industrialisés, est très dépendante du pétrole de cette région et doit donc s'endetter pour permettre aux voitures, avions, camions... de rouler (ou de voler). Ce sera la dernière fois que le budget du pays sera à l'équilibre. Comme un symbole, Georges Pompidou meurt quelques mois plus tard, lui qui fut, avec le Général De Gaulle, le grand artisan de la reconstruction industrielle de la France d'Après-Guerre. Valéry Giscard d'Estaing, énarque, technocrate passionnément pro-européen, est élu en 1974 face à François Mitterrand. C'est le début de la lente, mais continuelle, pente qui amène notre pays à s'endetter. Ajoutons à cela un détail d'importance : début 1973, une loi est votée qui interdit désormais à la Banque Centrale française de refinancer gratuitement l'économie du pays. En limitant le recours à la planche à billets, on espère ainsi museler l'inflation, sauf qu'avec la fin des Trente Glorieuses, et la ruine économique et morale de Mai 68, c'est surtout le spectre de la déflation qui menace dans l'ombre.

L'Europe comme coefficient multiplicateur de la dette

En signant l'Acte Unique visant à instaurer une monnaie commune, le SME (Système Monétaire Européen), le Président Mitterrand limite encore un peu plus les marges de manoeuvre économique du pays. D'autant qu'après une timide politique de relance qui tombe à l'eau, la politique de rigueur instaurée par Pierre Mauroy, puis prolongée et renforcée par son successeur à Matignon, Laurent Fabius, achève de plomber le pouvoir d'achat des ménages. Sans consommation, plus, ou peu de croissance, et les déficits continuent de filer.
En 1993 avec l'entrée en vigueur de Maastricht, et à plus forte raison en 2002 avec la mise en circulation de l'Euro, la France perd toute souveraineté sur sa politique monétaire. Il devient impossible de se refinancer auprès de sa Banque Centrale, même en payant des intérêts. Dorénavant, il faut aller chercher des investisseurs, et donc des créanciers, directement sur les marchés financiers. L'Euro se présentant d'emblée comme une monnaie forte, sûre, stable, elle attire la confiance des traders qui encouragent leurs clients à acheter de la dette européenne, française y compris. Vous avez donc compris ici la perversion du système : sous couvert d'une monnaie forte qui est supposée protéger notre pays ainsi que ses petits camarades des injonctions des marchés qui spéculeraient à tort et à travers sur notre monnaie, nous nous retrouvons finalement avec des dettes colossales auprès de fonds de pension, riches rentiers, et autres obscurs rats du boursicotage à courte vue. L'Europe a donc achevé de creuser nos déficits.

Sarkozy et Hollande, nos fossoyeurs

Lorsqu'il est élu en 2007, Sarkozy s'empresse d'aller voir Angela Merkel en lui signifiant clairement qu'il n'avait aucune intention de mettre un terme au creusement des déficits. Il commet ici la même erreur que Jospin 10 ans plus tôt : l'ancien Premier Ministre socialiste a bénéficié, durant la quasi-totalité de son quinquennat, d'une croissance supérieure à 2%. Un eldorado inconcevable aujourd'hui. Et il n'en a pas profité pour réduire les déficits. En 2007, quelques mois avant le début de la crise des Subprimes, Sarkozy a encore une croissance supérieure à 1%. Il aurait dû, lui aussi, en profiter pour entamer des réductions de dépenses : fin de l'AME, suppression des régions au profit des départements, réduction des dotations aux associations-lobbys, baisse de la participation financière au G20, à l'UE et autres fumisteries supra-nationales, sans compter, quelques mois plus tard, le renflouement scandaleux des banques qui a achevé de grever les comptes publiques. Et la suppression "à l'aveugle" d'un fonctionnaire sur deux suite au départ de l'un d'entre eux finit de plomber le moral des Français : service public global de moindre qualité, fonctionnaires plus agressifs, hôpitaux et policiers débordés, tribunaux surchargés, prisons dans un état déplorable... Les économies, si faibles furent-elles, ont été réalisées exactement là où il ne fallait pas les faire. Et comme d'habitude, c'est la France silencieuse, rurale, peu peuplée, qui en a payé les pots cassés : déserts médicaux et juridiques, écoles qui ferment, absence de bureaux de poste... 

Que faire ?

Même si François Hollande continue de creuser les déficits en étant notamment toujours plus souple sur l'immigration et en continuant à sous-taxer les grandes entreprises qui versent des dizaines de milliards d'euros à leurs actionnaires chaque année, lui et son gouvernement ont au moins raison sur un point : ils ne doivent pas, sous aucun prétexte, céder à Bruxelles qui leur impose de réduire drastiquement les dépenses publiques. Et tant pis si les technocrates européens menacent de retoquer le budget 2015. Il suffit pour cela de se référer à John Maynard Keynes, le brillant économiste anglais du début du XXe siècle : il explique les profits d'une politique économique contra-cyclique. Autrement dit, il faut réduire la voilure en terme de dépenses quand la croissance est positive, en profitant d'un moral national, économique et politique, au beau fixe. Et, au contraire, quand la croissance plonge, voire devient négative, il ne faut surtout pas réduire les dépenses, mais les maintenir, les augmenter même. Un peu comme l'a fait, certes avec un succès relatif, Franklin D. Roosevelt avec sa politique du New Deal dans les années 30. C'est en effet à l'Etat, dans son rôle de paravent, de soutenir ou de recréer la croissance afin d'impulser un souffle nouveau. Car dans le cas contraire, comme je l'ai exposé plus haut, c'est la déflation qui guette. C'est vrai qu'au début, ça a du bon, les prix baissent. Mais très vite, évidemment, ce sont les salaires qui baissent. Et souvent plus vite que le coût de la vie, ce qui entraîne mécaniquement un endettement dangereux des ménages.
Manuel Valls a déclaré aujourd'hui à Londres : "my government is pro-business". Je l'encourage personnellement à être pro-croissance, et tant pis pour ce que cela coûte. Il faut faire ce qu'il faut pour que la croissance repasse dans le vert : la réduction des déficits interviendra plus tard.

samedi 27 septembre 2014

Etat Islamique : l'Orient compliqué avec des idées simples ?

Bonjour à tous !

Difficile de faire l'impasse sur la mort d'Hervé Gourdel, cette semaine. Son exécution soulève évidemment pléthore de questions qu'il convient d'aborder parce que la démocratie, c'est d'abord le questionnement permanent.

Une guerre pour quoi faire ?

L'assassinat d'Hervé Gourdel en Algérie a achevé de convaincre Hollande le va-t-en-guerre de joindre ses forces militaires à celles, entre autres, de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. On notera au passage avec une certaine délectation que le Nobel de la Paix Obama a le treillis qui le démange depuis quelques années, notamment depuis le début de la Guerre civile en Syrie.
Le problème, malheureusement, est au moins double : d'abord, la France n'a plus tellement les moyens humains, financiers et techniques pour mener un conflit. L'appauvrissement de notre armée est à l'oeuvre depuis 1995 et la volonté de Jacques Chirac d'en finir avec la conscription, avant de voir ses successeurs fermer des casernes et baisser sans cesse les crédits alloués à celle qui fut longtemps considérée comme la meilleure armée européenne. L'autre problème, c'est que depuis la guerre de vengeance déclenchée par les Américains suite aux attentats du WTC en Afghanistan et en Irak, on a, systématiquement, l'arrivée d'un pouvoir pire encore que le précédent. L'Afghanistan et l'Irak sont ainsi en proie à des conflits internes incessants, notamment entre Chiites et Sunnites. Le Printemps arabe a donné les résultats que l'on sait avec l'émergence d'islamistes en Tunisie et le retour aux affaires de l'armée en Egypte. Le parti d'Erdogan en Turquie a montré son vrai visage et la Syrie bascule dans l'horreur depuis que l'Occident a décrété qu'il voulait la tête de Bachar. Et, par volonté de ne pas tirer sur une ambulance, je passe sous silence les conséquences catastrophiques de la chute de Kadhafi en Libye. Alors la question, posée d'ailleurs par Dominique de Villepin ou Eric Zemmour, s'ouvre à nos yeux, s'impose avec force : si d'aventure nous entrons en guère avec l'Etat Islamique, que se passera-t-il ? Aurons-nous droit au même bourbier qu'en Afghanistan, où nos soldats tombent régulièrement sous les ogives des talibans encore en vie et en fuite ? Si d'aventure nous l'emportons, aurons-nous droit à une nouvelle résurgence, encore plus violente, de la guerre entre Chiites et Sunnites ? Ou bien cela sera-t-il le chaos absolu ? Bref, il paraît bien aventureux d'aller jouer au petit soldat sans avoir un minimum de certitude sur les conséquences.

La diplomatie française, reine de l'hypocrisie

Le plus délirant finalement, c'est que dans tout ce chambardement, le Quai d'Orsay trouve respectables Qataris et Saoudiens qui appliquent chez eux la Charia, décapitant sans coup férir toute personne contrevenant à leur propre sens des valeurs. Et je ne vois pas au nom de quoi décapiter Hervé Gourdel est plus grave que de décapiter des gens qui ne respectent pas un code juridique que nous autres Occidentaux, considérerions comme strict, étouffant et dépassé s'il était appliqué sous nos latitudes. Nous avons même cherché à attirer l'Iran dans notre giron, pays voué aux gémonies il y a encore peu de temps parce qu'il était déterminé à se doter de l'arme atomique. Aux dernières nouvelles, il cherche toujours à l'avoir...
En vérité, il aurait été plus sage de renoncer à mener une offensive militaire et se contenter d'envoyer des soldats chargés de protéger les minorités yazzidies, kurdes et chrétiennes sur place ainsi qu'à veiller à un acheminement humanitaire pour les nécessités d'usage (nourriture, eau, médicaments). Et en parallèle, ne pas avoir peur de négocier directement avec les représentants de l'EI de manière à ce qu'ils s'engagent à ne plus s'en prendre à ces populations fragiles en échange d'une politique de non-agression. Cela aurait épargné des vies, des frais, cela aurait également permis d'éviter, peut-être, l'épée de Damoclès au-dessus de nos têtes de voir un attentat perpétré sur notre sol ou bien de voir un de nos ressortissants décapité en direct sur Internet...

L'Islam doit faire son auto-critique

Enfin il est plus que temps d'appeler les Musulmans de France à mener une introspection sur eux-mêmes. Pour qui a lu le Coran (et a, accessoirement, été en cours d'Histoire en classe de 5e), on sait qu'il y a deux périodes dans la vie de Mahomet, reconnu comme seul rapporteur du texte sacré : la période de La Mecque, où l'on trouve les plus belles sourates, la paix, la tolérance, etc. Et après l'Hégire (622), où il est contraint de fuir vers Médine, des textes appelant à la guerre, à l'intolérance et à la haine des infidèles (Juifs et Chrétiens). Ces deux périodes cohabitent dans le Coran qui est la seule et même loi pour l'Islam et donc les Musulmans. Il n'y a donc pas plusieurs Islams, mais un Islam. Seules les interprétations diffèrent, l'EI se bornant à son application littérale. Contrairement à la Torah chez les Juifs, ou à l'Ancien Testament chez les Chrétiens, qui connurent de nombreuses exégèses via des commentaires à foison, le Coran n'a jamais été commenté, discuté, interprété, ou contredit car le Coran est considéré par les Musulmans comme entièrement immanent, c'est-à-dire comme venant de Dieu (Allah) et qu'il ne peut donc être sujet à caution.
Or, ce que l'on est en droit d'attendre de la communauté musulmane française, c'est de se constituer en Islam de France où elle rejette en bloc toute cette partie haineuse du Coran pour n'en garder que les extraits universels appelant à la fraternité entre les hommes. 
On a bien vu, et on les remercie pour cela d'ailleurs, que quelques centaines de nos compatriotes musulmans condamnaient fermement le meurtre d'Hervé Gourdel. Mais quelques centaines ne font pas une majorité, loin s'en faut. Et puis, cela a fait long feu car on a très vite eu droit, de nouveau, à la tirade anti-raciste sur les amalgames à éviter, l'islamophobie rampante, la libération de la parole, etc. Ne faisons pas d'amalgame entre les musulmans et les terroristes, mais ne nous gênons pas pour faire des amalgames entre les Français et les gros beaufs racistes évidemment ! La cerise sur le gâteau venant de M. Plenel qui dans son livre Pour les musulmans se prend pour Zola qui avait écrit en son temps Pour les Juifs afin de s'élever contre l'antisémitisme ordinaire de l'époque. Sauf que je n'ai jamais vu de Juifs décapiter des gens en direct sur Internet ou s'envoyer en l'air dans des buildings.... Et que, contrairement aux musulmans, les Juifs avaient déjà accepté, eux, le compromis d'un judaïsme de France suite au Grand Sanhédrin de 1807 convoqué par Napoléon Ier. "Not in my name", disent-ils ? Chiche !

vendredi 19 septembre 2014

Non Monsieur Sarkozy, la France n'a pas besoin de vous !

Nicolas Sarkozy/Crédits Photo : Taamallah - Bestimage - LeFigaro.fr

Bonjour à tous !

Evidemment, l'événement politique du jour c'est le retour de Nicolas Sarkozy aux affaires politiques, à la suite d'un suspense tout sauf intenable. 

Revenir après avoir juré de ne pas le faire : un bien mauvais départ

Il l'avait pourtant promis, juré, craché par terre : si il perdait les Présidentielles de 2012, il ne reviendrait plus en politique. Comme attendu, Sarkozy a perdu, après une campagne de deuxième tour en forme de baroud d'honneur. Alors il est parti. Avant de faire en sorte qu'on ne parle quasiment que de son retour. Mauvais perdant l'ancien Président ? Visiblement. Lorsqu'il déclare (sur son compte Facebook !) que son retour est motivé par les appels incessants de très nombreux Français qui souhaitent son retour, on sourit (jaune) en imaginant de quels compatriotes il s'agit. Ceux qui viennent le voir dans son QG haussmannien de Paris ? Ceux de la loge d'honneur du Parc des Princes (que je sache, la Prince, elle est pas encore français comme dirait l'ami Leonardo) ? Ou bien ceux qu'ils croisaient vraiment par accident lors de ses voyages à l'étranger où il donnait des conférences monnayées plusieurs dizaines de milliers d'euros ? Dans un cas comme dans l'autre, on peut sincèrement questionner les motivations de ces Français-là par rapport au tout-venant qui va mendier un échelonnement pour payer ses impôts auprès du Trésor Public. Et puis si c'est pour devoir supporter la même cacophonie des médiocres qu'entre 2007 et 2012, entre Nadine Morano et Luc Châtel, pour ne citer qu'eux, on peut sans problème se passer de votre retour, Monsieur le Membre du Conseil Constitutionnel. D'autant qu'un homme politique est jugé sur les promesses qu'il tient, et revenir quand on a promis de ne pas le faire, ça fait d'emblée tâche dans le tableau.

Revenir avec quel programme ?

Ne nous leurrons pas : quand Sarkozy a gagné en 2007, c'est parce qu'il avait fait une campagne inspirée par Patrick Buisson, qui avait largement trouvé écho auprès de la classe populaire. La preuve, c'est que le vote FN avait été totalement siphonné. En 2012, et après cinq années où Nicolas Sarkozy s'était beaucoup agité, avait beaucoup vociféré, l'ancien Président avait senti le vent du boulet siffler très près de ses oreilles. L'immigration était restée toujours aussi élevée, il avait choisi de ne pas tenir compte du "Non" au référendum de 2005 en utilisant une entourloupe politique, et il avait joué au bon petit soldat des Etats-Unis en s'engageant dans le conflit en Géorgie, en soutenant le Printemps arabe et mettant à bas le régime Kadhafi. Finalement, Sarkozy était devenu le parfait "neo-con" à l'anglo-saxonne : libéral sur le plan économique et entreprenant à l'excès en politique extérieure. 
Aujourd'hui, Bruno Le Maire et Alain Juppé se sont officiellement déclarés candidats à la présidence de l'UMP. Deux centristes d'un point de vue idéologique, qui sont pour l'Europe, la réduction des déficits et un rapprochement avec le Centre, là où règne un véritable désert en terme de bulletins de vote. Deux idiots qui mourront donc avec leurs idées. Plus encore pour M. Juppé qui, après avoir été Premier Ministre 6 mois en 1995, avait réussi l'exploit de jeter une bonne partie de la France laborieuse dans la rue avant d'être l'initiateur de la vaste blague de la dissolution de 1997. Visiblement, et si l'on décrypte ses prises de parole depuis 2 ans, on se rend compte que Nicolas Sarkozy, qui a coupé les ponts avec Patrick Buisson, ne se positionnera plus sur une droite réelle, forte, patriotique. Mais il souhaite également se démarquer quelque peu de Juppé et de Le Maire. Bref, il va se retrouver coupé en deux et en voulant "rassembler", il sera donc incapable de choisir. Et à force de ne pas choisir, il se retrouvera le bec dans l'eau. Nicolas Sarkozy ne sera jamais Bonaparte, ni le Général de Gaulle. Quand Napoléon revient, il crée le Code Civil. Quand Charles de Gaulle revient, il offre la Constitution de la Ve République à son pays. Et surtout, ces deux hommes ne reviennent pas avec de nouvelles idées comme autant de coups marketing démagogiques. Ils restent fidèles à leurs principes et c'est tout à leur honneur. Dans ces conditions, le retour de Nicolas Sarkozy est donc inutile car il n'a rien à apporter à notre pays.

Un coup d'orgueil mal placé

Entre l'acharnement judiciaire dont je reconnais volontiers qu'il est victime et sa défaite de 2012 toujours pas digérée, on a là tout le nuancier de raisons véritables qui poussent l'ancien Président à vouloir revenir en politique. Il est vrai que cette opération est largement facilitée par le mandat catastrophique de son successeur, Président le plus impopulaire de la Ve République. Mais à l'instar des électeurs qui avaient voté pour Hollande par anti-sarkozysme en 2012, il en sera de même en 2017, si d'aventure l'UMP devait le désigner comme candidat du principal parti de Droite pour les Présidentielles à venir. 
Toujours est-il que cette pathétique réaction d'orgueil plonge un peu plus la France dans le désarroi : notre pays ne mérite-t-il donc pas mieux ? Est-on condamné à passer d'un loser à l'autre, de Charybde en Scylla ? On ne peut que s'attrister d'un tel devenir politique. Et ceux qui, parmi les journalistes et les politiques mainstream, se lamentent d'une telle décision devraient d'abord, et en premier lieu, s'interroger sur leur responsabilité. On ne peut pleurer sur une telle médiocrité de la vie politique, surtout dans une situation économique et sociale aussi grave, tout en fustigeant le pouvoir et son exercice. En se prosternant devant l'Europe, mécaniquement, on diminue, on affaiblit, on ridiculise la fonction présidentielle qui perd de sa prestance. On a alors les Présidents, et les candidats à la Présidence, que l'on mérite. Comme le disait Bossuet "Dieu se rit des hommes qui pleurent sur les conséquences dont ils chérissent les causes."