vendredi 14 décembre 2012

La malédiction de la Place Vendôme

Bonjour à tous !

Elles sont deux. Deux pasionarias de la politique-spectacle à démontrer, ou à avoir démontré, dans leurs dires et dans leurs actes, à quel point la Justice est mal en point dans notre pays.
Commençons les présentations : à ma droite, l'actuelle Maire du VIIe Arrondissement de Paris, députée européenne à ses heures perdues (c'est-à-dire pas très souvent), ancienne protégée de Nicolas Sarkozy : Rachida Dati, qui occupa le portefeuille ministériel de 2007 à 2009. Son principal fait d'armes politique : avoir réussi à se mettre à dos l'ensemble de la magistrature pour la réforme de la carte de la Justice. Le seul problème, c'est qu'elle n'était qu'un bouc-émissaire du duo Sarkozy-Guéant. Mais ça, les médias n'en ont eu cure. Elle a pris. Cher. Au point de sauter comme le fusible idéal qu'elle était à la première occasion et d'être remplacée par la plus expérimentée et plus consensuelle Michèle Alliot-Marie. A ma gauche maintenant, l'ancienne candidate à la Présidentielle du Parti Radical en 2002, Christiane Taubira, celle que l'on accusa à l'époque d'avoir fait perdre Jospin en créant une inutile dispersion des voix au 1er tour, revient en force de sa Guyane natale pour s'installer Place Vendôme après la victoire de François Hollande, pourtant ami de longue date de l'infortuné Rétais. A se demander ce qui a pu motiver un tel pardon. Son principal fait d'armes depuis son arrivée : pèle-mêle vider les prisons en mettant notamment fin aux peines-planchers (les familles des victimes apprécieront), s'occuper du fumeux mariage pour tous (en même temps, si le PS compte sur Mme Bertinotti pour mettre en place cette réforme, elle ne verra jamais le jour, tant elle brille par son incompétence) ou encore faire en sorte que Patrick Buisson, ancienne éminence grise de Sarkozy, soit trainé devant les tribunaux. Anticor, association créée en 2002 et visant à éradiquer la corruption, reproche en effet à celui-ci d'avoir commandité illégalement certains sondages, auprès du même institut qui plus est, et ce durant la durée de la mandature du Président UMP. Le seul petit problème, c'est que Mme Taubira fait partie du comité de parrainage d'Anticor, la rendant à la fois juge et partie dans cette affaire et niant sciemment le principe pourtant élémentaire de la séparation des pouvoirs chère à Montesquieu. Et qu'elle oublie aussi de jeter l'opprobre sur Mitterrand, pourtant spécialiste de ce genre d'exercice lorsqu'il effectua ses deux septennats rue du Faubourg Saint-Honoré. 
Alors voilà, elles ne laissent pas indifférentes, ces deux personnes. Elles brillent par leur incompétence, leur capacité à attirer le buzz médiatique sur elles. Même quand elles ne sont plus en poste : ainsi Mme Dati remue-t-elle ciel et terre pour subitement trouver un père à sa fille. Et s'offusque, après avoir cherché pathologiquement à se mettre en avant, que la presse se permette de juger son attitude. Le monde à l'envers. Si on veut se faire l'avocat du diable et chercher la raison profonde de leur nomination, elle se résume sans doute en un mot : diversité. Eh oui, au nom de la sacro-sainte diversité, dorénavant, lorsque l'on compose une équipe gouvernementale, on ne regarde plus les CV, les mérites, les hauts faits, non on regarde le sexe et la couleur de peau, l'origine. Pour s'assurer de ne vexer personne, de ne pas se faire sauter à la gorge par les trop nombreuses associations anti-racistes (grassement subventionnées par le contribuable qui plus est). Et après l'on s'étonne que dans un monde où l'éphémère triomphe, de l'obsolescence programmée des machines électroniques, aux couples que l'on dissout à la première occasion, entraînant les enfants dans le chaos du divorce, on s'étonne donc que ces personnes cherchent à se placer dans la lumière plutôt qu'à faire leur travail dans l'ombre de leur ministère. Pour le bien de l'Etat et de la République. A l'ère de Facebook, Twitter, des chaînes d'infos en continu, des smartphones, des tablettes... (n'en jetez plus, la couple est pleine !) ce phénomène devient de plus en plus persistant. Le tout-numérique n'a fait que mettre en lumière le caractère très éphémère du portefeuille ministériel, qui dure cinq ans dans le meilleur des cas. Alors pour faire parler de soi, exister après avoir été effacé des résultats d'une recherche Google, on tente de capter l'attention autant que possible pour laisser une trace dans la nébuleuse médiatico-numérique. 
Et pourtant, si il est bien un domaine dans laquelle la France, pays des Droits de l'Homme, se doit de progresser, c'est celui de la Justice : on a crié au scandale après l'affaire Raddad, On s'est époumoné de plus belle après le scandale d'Outreau. Et puis...rien ! Le Juge Burgot, symbole de ce naufrage judiciaire, a été à peine sanctionné et exerce aujourd'hui ses "compétences" au sein de la cellule anti-terroriste de Paris. Le néant de notre Justice se résume en cette seule phrase. Alors que le budget de ce poste de dépense ô combien régalien et symbolique est, dans notre pays, comparable à celui de la Slovénie (!!!) rien n'est fait pour y remédier. Et ce n'est pas la constance dans la nomination d'incompétents et de médiocres au sein du Ministère de tutelle que les choses s'arrangeront. Pendant ce temps-là, honte à nous, la Prison des Baumettes à Marseille a révélé ses horreurs, donnant corps et réalité à l'enfer du Midnight Express d'Alan Parker. Mais je suppose qu'on trouvera encore une bonne âme, dans l'équipe gouvernementale actuelle, pour retourner la situation et continuer de faire la leçon. Pour faire le buzz...

dimanche 9 décembre 2012

Décès de Niemeyer, Louvre-Lens : de la manipulation politique de la culture

Oskar Niemeyer / Crédits Photo : Sputnik 57-Causeur

Bonjour à tous !

Oskar Niemeyer est mort cette semaine. Pour ceux qui ne le connaissaient pas, il s'agissait d'un architecte brésilien créateur ex nihilo de la capitale de son pays natal, Brasilia, mais aussi architecte du bâtiment de l'ONU, à New York, et du siège du Parti Communiste, Place du Colonel-Fabien, à Paris. Entre autres choses. Spontanément, on se dit que la foi en une utopie conserve. Au-delà du raisonnable. Niemeyer était un communiste convaincu. Et il est mort à 104 ans. Son oeuvre témoigne pourtant, et surtout, du grand écart de la gauche internationaliste et alter-mondialiste telle qu'on la croise trop souvent aujourd'hui : celle qui se dit écolo mais qui saccage des territoires naturels pour créer une ville en quelques mois afin d'asseoir un pouvoir politique ; celle qui critique la mainmise des USA dans la géopolitique internationale mais qui s'empresse de se porter volontaire pour créer le siège de l'ONU à New York ; celle, enfin, qui cautionne les crimes castristes pour mieux se mettre des oeillères sur ce qu'est devenue, au cours du XXe siècle, ce communisme chéri. Que dire également de la construction de Brasilia ? Syndicats interdits, gestion de la construction par une compagnie privée, révoltes réprimées dans le sang...pour que la dictature militaire s'impose finalement, 4 ans plus tard, et oblige Niemeyer à s'exiler durablement. On pourrait dire aujourd'hui, si on faisait preuve d'un tantinet de mauvais esprit, que sa fille spirituelle, celle qui incarne le mieux ces contradictions de la gauche bobo, c'est Cécile Duflot : elle veut sauver la nature et les petits oiseaux, mais en voulant, paradoxalement, construire encore plus d'immeubles dans les banlieues. Et puis surtout, l'oeuvre de Niemeyer, c'est laid : du béton, encore du béton, toujours plus de béton ! De quoi faire pâlir de jalousie Berlin-Est ou le Moscou des années Brejnev. Il nous a donc quittés et avec lui, espérons-le, le mauvais goût architectural !
Une autre atteinte dans la culture, qui nous concerne directement cette fois, a eu lieu cette semaine à Lens : l'inauguration de l'antenne locale du Louvre. Il faut d'abord dire que ce n'est pas ce qu'il y a de plus beau ni de plus fin : cette galerie tout en long éclairée de manière blafarde fait penser à une station de métro parisienne. Mais on peut concevoir que ça peut plaire à d'autres, moins puristes que moi qui n'imagine pas plus bel écrin pour de telles oeuvres que l'ancien palais royal. Passons. Le plus discutable, à mon sens, c'est l'idée saugrenue de construire un musée dans une région qui a d'abord besoin d'usines. Malraux l'avait prédit : quand le religieux aurait disparu, le culturel deviendrait la nouvelle forme de sacré. Les enfants et petits-enfants de mineurs et d'ouvriers vont donc se retrouver serveurs dans le café du musée, ou vendeurs à la boutique-souvenir. Et, horreur, de donner raison à la vision houellebecquienne de la France du futur : un gigantesque parc d'attractions pour touristes nouveaux riches venant des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) tandis que nous aurons complètement perdu notre tissu industriel, qui fait pourtant la vraie force économique d'un pays. Jadis, on apportait le religieux aux humbles qui travaillaient trop ; aujourd'hui on amène la culture aux humbles qui ne travaillent pas assez. Qu'aurait dit Zola de tout cela ? Se serait-il fait la réflexion que Daniel Percheron, président PS de la région Nord-Pas-de-Calais, a fait une erreur monumentale en voulant suivre la voie du Pays Basque espagnol ? Une région dont l'industrie est aujourd'hui ravagée et qui a construit le Musée Guggenheim à Bilbao. Une réussite touristique...dans un pays plongé dans une faillite économique sans précédent avec ses 25% de chômeurs, ses salaires en baisse et l'éclatement de sa bulle immobilière.
Une fois encore, la Gauche a couru le mauvais cheval. Une fois encore le pouvoir en place, de Hollande à Flilippetti, se réjouit de peu de chose. Et en semble heureux. C'est ça le plus grave ! Les ouvriers veulent du pain (des usines) ? Qu'on leur donne de la brioche (un musée) ! Assistera-t-on à la même mascarade en Lorraine après la fermeture définitive des hauts-fourneaux d'Arcelor-Mittal ? On a déjà un semblant de réponse car, comme un symbole, l'antenne de Beaubourg à Metz tombe en ruines, laissée totalement à l'abandon. Dans la terre d'élection de notre actuel Ministre de la Culture dont le seul fait de gloire ne sera bientôt plus qu'être le sosie officiel d'Amélie Mauresmo. Je doute que ça lui rapporte assez pour nourrir les dizaines d'ouvriers de sa région qui s'apprêtent à aller pointer à Pôle Emploi. Mais bon, si tout le monde est content...