vendredi 22 juin 2012

Le Centre est mort, vive le Centre !

Bonjour à tous !

Cela ne vous aura pas échappé, François Bayrou, et le MoDem, parti qu'il dirige, ont encaissé une sévère défaite aux Présidentielles ainsi qu'aux Législatives. Bayrou, l'homme qui se rêvait à l'Elysée, a failli. Il a perdu son siège de député dans son fief du Béarn. Aujourd'hui il n'est plus rien, et on peut considérer, sans trop s'avancer, que sa carrière politique est derrière lui.
La question est de savoir comment un homme qui a fait plus de 18% au premier tour de la Présidentielle en 2007, ouvertement dragué par la candidate socialiste qualifiée pour le second tour, Ségolène Royal, a pu tomber si bas.
Examinons les faits. D'abord, Bayrou est un homme qui agit seul. Il n'aime pas déléguer et s'est toujours rêvé un destin de sauveur de la patrie, à la façon d'un Général de Gaulle qu'il admire tant (il cite souvent le Conseil National de la Résistance de 1943 comme fondement de son idéologie). L'homme est agréable, intelligent, cultivé, sans doute le plus lettré de sa génération. Il est la personnalité politique des Français. Mais les Français ne sont pas dupes : ils ont cerné l'arrogance du personnage, qui s'estime trop bon pour se plonger dans la nasse de la vulgate politique. Résultat, en 2007, quand Royal fait le pied de grue devant chez lui pour lui proposer Matignon en cas de victoire, il lui oppose une porte close. Quelle ne fut pas son erreur ! Non seulement son parti s'est vu isolé plus que jamais après la victoire de Sarkozy (ses anciens amis du Nouveau Centre et du Parti Radical n'ont pas cessé de le rappeler à l'ordre), mais en plus les Législatives qui suivirent furent, déjà à l'époque, une catastrophe. Il aurait pu alors, il aurait dû, même, accepter la main tendue de Royal et faire exploser le PS : les socio-démocrates et les réalistes tels Valls auraient suivi le mouvement tandis que les plus radicaux, (Aubry ou Hamon), se seraient retrouvé isolés dans une Gauche plus proche du Parti Communiste et incapable de gouverner puisque celui-ci ne fait plus recette. 
Lorsqu'il prit le contrôle de feu l'UDF, Bayrou était alors à la tête d'un parti qui comptait quelques cent députés : aujourd'hui il n'en reste plus que deux. Et il ne fait pas parti du lot. Son entêtement à vouloir se croire plus malin que tout le monde et sa croyance en un monde politique au-delà des clivages ont eu raison de sa détermination. Car la politique, quoi qu'on en dise aujourd'hui, c'est d'abord une opposition intellectuelle et méthodologique. Le monde politique, la démocratie, vivent de l'opposition, de l'affrontement. C'est d'ailleurs pour cela que l'électorat centriste n'existe plus en France. Les citoyens de ce pays ont compris qu'il fallait faire un choix : et ce choix, ils l'ont fait sans lui. Cette année, le FN a récolté 17% aux Présidentielles, 13.5 aux Législatives. Et pourquoi ? Parce que c'est le seul parti, n'en déplaise à certains, qui parle de souveraineté nationale, de sortie de l'Euro et de valeurs, notamment en matière de criminalité. Tout le contraire du MoDem, parti ouvertement pro-européen, militant d'ailleurs pour un fédéralisme accru avec des transferts de souveraineté encore plus massifs vers Bruxelles (comprendre Berlin). Et cela, les Français n'en veulent pas, n'en veulent plus. Ils tiennent à leur pays.  Et ils ont compris que cette Union Européenne toujours plus libérale faisait le jeu des multinationales qui délocalisent leurs emplois à l'envi. Le jour où Bayrou, et les autres tenants d'une Union Européenne qu'il faut maintenir à tout crin en dépit du bon sens (cf l'exemple grec), auront compris cela, alors peut-être que nous pourrons envisager une sortie de crise durable avec une politique à long terme cohérente.
Le plus cruel dans ce châtiment électoral infligé à François Bayrou, c'est qu'en deux jours et quelques coups de téléphone, Jean-Louis Borloo a réussi l'exploit de constituer un groupe parlementaire au sein de l'Assemblée Nationale avec les différentes factions centristes. Sans doute le coup fatal pour François Bayrou. Le Centre s'invente une deuxième vie artificielle, son plus fervent animateur ne peut que rester à quai, et regarder le train partir, sans lui.

Crédits photo : Christophe PETIT TESSON/MaxPPP


lundi 18 juin 2012

Luka Magnotta, triste produit de notre société

Bonjour à tous,

C'est aujourd'hui que le tueur présumé de l'étudiant Lin Jun quitte l'Allemagne pour être extradé vers son pays natal, le Canada.
Rappelons brièvement les faits : dans la nuit du 24 au 25 Mai dernier, à Montréal, Luka Magnotta aurait poignardé la victime susmentionnée dans le coeur à l'aide d'un pic à glace. Puis il l'aurait démembrée et envoyé à différents partis politiques canadiens certains des membres qu'il est accusé d'avoir découpé.
Par ailleurs, Magnotta est tristement connu pour avoir posté de nombreuses vidéos violentes sur la toile, notamment des vidéos mettant en scène de la cruauté envers les animaux.
S'auto-proclamant également star du X (l'ensemble de la "profession" conteste ce point), on en vient à se demander ce qui motivait réellement ce jeune homme de 29 ans.
Pourquoi a-t-il agi de la sorte ? Que recherchait-il ? 
Sa soif de popularité sur la Toile, par les pires moyens possibles, met en lumière une personne fragile, certainement, qui voyait par le biais de la reconnaissance immédiate la possibilité de devenir quelqu'un de reconnu. D'ailleurs, il n'a pas pris toutes les précautions possibles, loin s'en faut, pour échapper à la police lors de sa fuite en Europe. En outre, il ne s'est pas exposé à son extradition. Il y a fort à parier qu'il attende dorénavant son procès comme une tribune où il pourra se mettre en scène.
Si l'on prend un peu de recul, on constate qu'il est en fait la résultante de notre société actuelle, où l'image est mise en avant. C'est la reconnaissance immédiate, la gloriole plus que la gloire, l'argent facile, le "buzz" qui était le Graal de Magnotta. Mais il n'y a pas besoin d'aller jusqu'au Canada pour trouver de tels avatars : en France, les candidats aux différentes émissions de télé-réalité, triste héritage laissé par la société Endemol, se bousculent au portillon. Là aussi, on ne cherche qu'à se faire voir, à montrer ses seins pour ces demoiselles, ou ses biceps pour ces messieurs. Ce qu'on a dans la tête ou dans le coeur est relégué aux oubliettes.
Personnellement, j'ai toujours été étonné, dans un premier temps, que ces émissions soient autorisées par le CSA, d'habitude si propice à sortir la boîte à mauvais points. Et dans un second temps, j'étais abasourdi que ce qui se passe dans ces émissions soit diffusé à des heures de grande écoute.
Oui, mais voilà, les publicités sont très friandes des encarts disponibles pendant ces créneaux, et les audiences de ces programmes sont relativement élevées. Comme le disait Le Lay, ancien président de TF1, "on vend de l'espace de cerveau disponible". Quelle tristesse de constater qu'à côté de cela, des émissions de débats politiques, de reportages ou culturelles soient reléguées le plus souvent en 2e voire en 3e partie de soirée.
La télé-réalité synthétise au fond à elle seule ce qu'est la France aujourd'hui : un pays où l'effort, le travail, le mérite sont relégués au rang de valeurs rétrogrades et réactionnaires.
Si notre société ne reprend pas rapidement ses esprits, nul doute que Magnotta fera des émules...