jeudi 4 avril 2013

Affaire Cahuzac : tant de tapage est-il nécessaire ?

Crédits Photo : Lionel Bonaventure/AFP

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, j'ai décidé de me faire l'avocat du Diable. Eh oui, je vais prendre la défense de l'ambulance médiatique qui ne cesse de se faire tirer dessus depuis environ 48 heures. Je veux bien entendu parler de Jérôme Cahuzac.
Rappel des faits : en fin d'année 2012, Mediapart, le site journalistique qui prône la démocratie mais qui n'est pas à la portée de toutes les bourses, et qui est dirigé par l'exemplaire Edwy Plenel (le même qui avait reconnu avoir participé à un scandale médiatique impliquant faussement le PS dans une affaire de financement occulte à la fin des années 80, et qui avait obligé son employeur d'alors, Le Monde, à s'excuser publiquement) révèle que notre sémillant Ministre du Budget, chirurgien de formation, détiendrait un compte en Suisse.
Comme par hasard, l'accusé plaide non-coupable et comme par hasard, il attaque son détracteur en Justice pour diffamation. L'affaire fait des hauts et des bas dans les journaux, selon l'humeur des éditorialistes.
Finalement, après un débat pas très clair autour d'un enregistrement téléphonique sur lequel on reconnaîtrait la voix dudit Cahuzac, celui-ci finit par démissionner pour "laver son honneur". Rapidement, il demande à être auditionné par le juge en charge de l'enquête et lui balance tout. Audiard en aurait fait une scène d'anthologie. Oui il aurait un compte en Suisse. Il a menti. La belle affaire !
Et alors me direz-vous ? Et alors je ne comprends pas un tel lynchage de la part de la classe politique, et de la sienne en particulier. Si il y a bien un monde où il vaut mieux ne pas trop compter sur ses amis, c'est celui-ci. A peine a-t-il avoué que le coupable se retrouve en place de Grève, avec décapitation de sa carte de membre du PS. Ce qui, vu l'ambiance sinistre qui règne autour du parti avec les prouesses de ses deux duettistes, n'est finalement pas une grande perte.
Bref, revenons à nos moutons. Enfin, à nos fromages suisses. Premièrement, Hollande, Ayrault et toute la clique des Pieds Nickelés jurent avoir cru leur "copain". Et le pire, c'est que moi je les crois. Ils sont tellement idiots, naïfs et bouffis d'orgueil que je veux bien leur accorder le bénéfice du doute sans problème. Hollande est assez niais pour avoir cru le grand argentier de son Gouvernement sans même avoir demandé aux RG de suivre le dossier. Chapeau l'artiste. Deuxièmement, l'argent et le pouvoir ont toujours fonctionné de concert. Surtout en France. C'est comme ça, c'est une réminiscence, sans doute, des privilèges que l'on achetait au Roi pendant la Monarchie. La France a toujours marché au piston, au pot de vin, à la cooptation et au népotisme. C'est moche mais c'est dans notre culture. Le Pen, Mélenchon, Duflot, Désir, Copé... Ils peuvent tous jouer les vierges effarouchées. N'empêche que Cahuzac n'est sûrement pas le dernier à tomber pour avoir été surpris le doigt dans le pot de confiture. Tous les partis ont des brebis galeuses. Tous ! Pourquoi ? Parce que nous sommes une démocratie représentative, et que nos élus représentent donc leurs électeurs. Et dans le peuple, il y a une majorité de gens bien et quelques crapules. Aucune raison que cela soit différent chez nos édiles. Tous pourris ? Non, seulement quelques-uns. Comme pour mieux nous rappeler à toujours plus d'humilité, nous, êtres humains qui aimons à nous penser meilleurs que les autres. Surtout à gauche.
Troisièmement : est-ce si grave ? Franchement, non. Qu'on en fasse un tel fromage (le fil rouge du texte) me paraît démesuré. D'abord parce que, encore une fois, pendant qu'on se préoccupe de cette histoire de gros sous, on ne parle pas des vrais sujets. Une sale manie de ce gouvernement depuis le début de son mandat. Et ensuite parce que Cahuzac n'a quand même tué personne ! Et il semble en plus qu'il n'ait pas détourné d'argent public dans cette histoire. Les quelques 600.000 € dont il serait question sont les siens, qu'il aurait placés à gauche durant son activité de chirurgien. Pas de quoi s'alarmer. Je rappelle d'ailleurs à MM Copé et Borloo que Gaston Flosse, proche de Chirac et membre de l'UDI, se représente aujourd'hui à la Présidence de la Polynésie française sans être inquiété par la Justice alors qu'il s'est fait construire un palais présidentiel, qu'il s'est payé un bateau, une île et un jet, tout ça avec l'argent du contribuable. Et qu'il utilise cette même source illégale de revenus pour payer les pensions alimentaires de ses différentes ex-femmes. Lui, on le laisse tranquille par contre. Il est vrai que tout ce qui se passe en Outre-Mer indiffère la Métropole. Une vieille manie parisienne.
Quatrièmement, il est aujourd'hui d'usage d'embrasser les orteils de M Plenel. Je m'y refuse. D'abord pour la raison précédemment mentionnée. Ensuite parce que si il s'acharne sur Cahuzac, il laisse tranquille Marisol Touraine. Un comble quand on sait qu'en tant que Ministre de la Santé, elle doit superviser le scandale des pilules contraceptives, qui ont fait quelques morts ces derniers mois. Et, étrangement, entre un type qui cherche à mettre un peu de beurre dans ses épinards, et une incompétente en connivence avec les laboratoires pharmaceutiques pour permettre à ces derniers d'écouler leur poison sur le marché, je préfère condamner la seconde. Mais là, on n'entend pas Mediapart. C'est bien connu, l'argent en France, c'est sale. Tuer des gens, bah, c'est pas bien grave finalement. Laurent Fabius exerce même des responsabilités ministérielles alors qu'il a copieusement trempé dans l'affaire du sang contaminé. Par contre, à Cahuzac, on lui a bien signifié que ce n'était plus la peine de se repointer Rue de Solférino. Alors que cette triste histoire mise à part, il a été l'un des rares à faire le boulot au Gouvernement. Et que ses administrés de Villeneuve-sur-Lot lui sont tous reconnaissants de son travail effectué au sein de la ville. Si il finit comme Bérégovoy, les sinistres lâcheurs qui se prétendirent ses amis pourront toujours dire qu'ils sont "désolés qu'il en soit arrivé là." Le pire aura été commis. Mais leur carrière et leur honneur seront saufs. Un moindre mal pour ces égoïstes qui disent jouer collectif.
Cinquièmement, que va devoir faire François Hollande ? Moi je ne vois qu'une chose : il est plus bas dans les sondages qu'aucun président de la Ve au même stade du mandat. Le déficit est 0.3 point plus élevé que prévu. La dette continue d'augmenter. Comme le chômage. La grande réforme fiscale qu'on était en droit d'attendre de la part d'un homme dont c'est la spécialité, le coeur de métier, ne vient pas. Les entreprises continuent de délocaliser. On privilégie les prisonniers au détriment des victimes, le lobby gay au profit de la République, l'Europe au profit de la France. On divise et on se comporte en voyou, montrant par là aux naïfs et aux idiots que la Gauche ne vaut pas mieux que la Droite, loin de là. La seule solution, M. le Président, c'est la dissolution de l'Assemblée Nationale. Il faut convoquer les Français dans les isoloirs. En espérant pour tout le monde qu'ils aient encore envie de se déplacer. La vraie responsable, c'est la classe politique, et spécifiquement celle qui exerce le pouvoir. Le vin est tiré, il faut le boire. Alors, M. le Président, aurez-vous ce courage ? Les Français attendent. Mais la patience n'a jamais été leur fort...