samedi 8 mars 2014

Le protectionnisme, c'est l'avenir !

Crédits photo : laboiteverte.fr/Google pictures

Bonjour à tous !

Les élections (municipales et européennes) approchent à grands pas et les thèmes de campagne commencent à fleurir, si tant est qu'on soit assez malin pour ne pas se laisser distraire par des "affaires" qui n'ont rien de surprenant pour qui suit la vie politique.
Parmi ces thèmes, existe le passionnant débat entre "sans-frontiérisme" (pardonnez ce barbarisme) et protectionnisme. Un débat qui concerne, je vous l'accorde, davantage les élections européennes. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale, il est communément admis que ce sont les nationalismes, les souverainismes exacerbés et donc, a fortiori, les frontières qui sont à l'origine des guerres depuis des siècles.(1) On a dit "plus jamais ça" et on a donc pris des mesures pour que cela ne se reproduise pas. C'est sur cette idée simple, et avec la nécessité de faciliter les échanges d'énergie, primordiale pour des économies en reconstruction, qu'est née la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l'Acier) en 1957, à Rome. 57 ans plus tard, on est passé de 6 à 27 membres et cela s'appelle désormais l'Union Européenne. Entre-temps sont intervenus les Accords de Schengen et l'Acte Unique, le premier faisant valser les frontières, le second faisant valser les monnaies pour n'en conserver qu'une...et dans cette monnaie les lier : l'Euro.

L'Euro, alpha et oméga de nos problèmes

Las, à l'instar de l'Anneau Unique, la croyance de nos gouvernants en une sorte de magie autour de cette monnaie devenue idéalisée, voir déifiée pour certains, nous coûte cher depuis le début de la crise en 2008. Car l'ouverture au monde, la mondialisation, est devenue une aubaine pour les financiers et spéculateurs de tout poil : fermetures d'usines dans les pays riches, mise en concurrence des salariés, des politiques fiscales et des législations du travail avec un credo : qui peut le moins remporte la mise. Moins il y a de lois, moins vos salariés sont payés et protégés et plus vous avez de chance de voir des investisseurs s'installer chez vous à coup de délocalisations massives, laissant les pays d'origine ruinés avec des millions de chômeurs sur les bras, et les pays d'arrivée s'enrichir rapidement, avec tous les inconvénients qui vont avec : destruction des paysages, pollution massive, salariés aliénés et soumis,... La Chine en est l'exemple le plus parlant. 
D'ordinaire, lorsqu'un pays est en crise et est confronté justement à ce genre de problème, il dévalue sa monnaie : ses exportations sont alors moins chères, donnant de l'air à ses industries et rendant aussi la monnaie et donc les crédits moins chers. L'idéal pour investir. Malheureusement, avec l'Euro c'est impossible car il existe un Gargamel en Europe : l'Allemagne. Ce pays en situation de suicide démographique a dû s'enrichir à marche forcée pour digérer la réunification avec son pauvre voisin de l'Est. Ils ont donc renforcé leurs industries spécifiques de très haute qualité avec des salariés payés au lance-pierre pour continuer d'exporter. Ca marche si bien que seule la Chine concurrence l'Allemagne au 1er rang des exportations mondiales. Résultat, ses riches retraités-épargnants font du gras sur le reste de l'Europe avec une monnaie suffisamment forte pour préserver leurs vieux jours. Une telle politique ne serait pas possible avec le Deutsche Mark qui, aujourd'hui, serait plus cher que l'Euro et ne permettrait pas à l'Allemagne d'exporter autant qu'elle veut. Le revers de la médaille, c'est que pour toute l'Europe du Sud ainsi que pour la France, cette monnaie est un suicide économique qui étouffe nos industries exportatrices. Les élites médiatiques et politiques continuent pourtant de clamer haut et fort que l'Euro, c'est bon pour nous. Evidemment, en bons amis de la finance et très à l'aise avec la mondialisation et l'image so trendy qu'elle véhicule dans les milieux aisés, ce n'est pas dans leur intérêt de prétendre l'inverse. Et d'aussitôt traiter de suppôts de Satan tous ceux qui réclament son abolition. Et pourtant : la Russie, la Chine, le Japon, l'Inde, la Corée du Sud, les USA...ont tous dévalué d'au moins 10%. Des pays qui sont tous à la relance économique aujourd'hui...

Rétablir une Realpolitik basée sur une vraie diplomatie

L'exemple ukrainien est frappant : les élites européennes ne voient que des gens demandant leur rattachement à l'Union Européenne. C'est vrai. Mais c'est pour mieux fuir la Russie. Car c'est un pays coupé en deux entre Ukrainiens nationalistes à l'Ouest, et Ukrainiens russophones et Russes à l'Est. Plutôt que de laisser les deux parties s'expliquer, on a préféré tout de suite mettre à l'index Ianoukovitch et Poutine...en oubliant que les manifestants de la Place Maïdan sont pour beaucoup issus de l'extrême-droite locale. Et qu'on y a même vu des drapeaux nazis. Le comble ? Voir BHL se trémousser comme une poule qui vient de pondre à Kiev devant des miliciens. Drôle de torticolis imposé à l'Histoire n'est-il pas ?
Cet exemple parlant illustre bien d'ailleurs, étant donné les différentes approches des membres de l'UE sur le sujet, qu'il n'y a pas de diplomatie européenne puisque l'Europe en tant qu'entité supra-nationale n'existe pas. Il ne peut donc pas non plus y avoir de défense ou d'armée européenne. Quand Hollande décide d'intervenir en Afrique, il y va tout seul ! Car historiquement, l'Afrique est le pré-carré de l'Hexagone. Soyons réalistes : la France n'a pas vocation à devenir à son tour un gendarme du monde comme les USA, qui verraient d'un bon oeil un coup de main arriver pour les seconder dans leur "tâche" de Superman, occupés qu'ils sont à se concentrer sur l'Asie orientale. La France a des intérêts historiquement divergents qui nous ont permis, au temps de De Gaulle notamment, de ne dépendre ni de Washington ni de Moscou. En plus, vouloir jouer au petit soldat coûte cher, financièrement et humainement. Il est temps de rentrer chez soi et de n'envoyer nos soldats que quand les intérêts de la France sont directement menacés, comme au Mali. Cela évitera de reproduire la bourde libyenne. 

Contrôler nos flux migratoires

Chaque année, et on en parle encore davantage en 2014, le Canada met à disposition des étrangers un nombre limité de visas "vacances-travail". Quand il n'y en a plus de disponible, c'est terminé, inutile d'insister. Le Canada qui, c'est bien connu, est un régime néo-fasciste où les gens sont malheureux et étouffés dans leurs libertés individuelles... Le but de mon argument ? Démontrer qu'on peut être maître de ses frontières sans pour autant refuser d'accueillir des immigrés que l'on a choisis et sans pour autant être considéré comme un pays replié sur soi, haineux et fermé à l'autre. Car non seulement l'immigration qui sévit chez nous est dramatique (200.000 immigrés légaux par an, sans compter les illégaux) mais en plus ils ne trouvent pas de travail, et pour cause, nous n'en avons plus. Ajoutez à cela les problèmes d'acculturation car nous avons totalement cédé sur notre modèle d'assimilation et le match est terminé. On assiste alors à des tensions croissantes dans une société qui ne peut que se crisper. Et je ne parle même pas du comportement criminel et égoïste qui consiste à dire que ces immigrés nous apportent quelque chose : c'est vrai, mais cela veut dire que ce quelque chose qu'ils nous apportent, c'est quelque chose que l'on retire à leur pays d'origine. Et quand il s'agit de pays en développement, ce brain drain est un drame puisqu'il prive de jeunes économies en devenir de leurs talents de demain. On nous fait également la leçon sur le fait que la France a toujours été un pays d'immigration, un pays ouvert et divers : c'est faux. Il y a eu des flux jusqu'à l'arrivée des Normands au Xe siècle, c'est vrai, mais c'était des mouvements intra-européens dans un monde en mutation entre deux périodes charnières de notre Histoire : l'Antiquité et le Moyen-Âge. Et puis cela s'est stabilisé jusqu'aux nouveaux mouvements migratoires, toujours européens, des XIXe et début XXe siècle. Pour deux raisons : à cause de la Révolution Industrielle qui demandait une main d'oeuvre toujours plus abondante (Polonais, Italiens) et à cause de l'émergence du franquisme en Espagne. En plus, c'était dans des proportions bien plus raisonnables qu'aujourd'hui. Quant à dire que la France est diverse.. Il y a les Ch'tis, les Bretons, les Auvergnats, les Alsaciens, les Catalans, les Basques, les Corses... Alors oui, la France est déjà diverse. Inutile de chercher à tout prix à en faire un spot pour Benetton.

Pour un souverainisme gaulliste social

La mondialisation est aujourd'hui le vrai problème de notre pays. Oser dire le contraire, surtout de la part de financiers et de grands patrons de multinationales et de banques qui sont à l'origine de la crise économique dramatique que l'on vit aujourd'hui, ne manque pas de souffle et, surtout, pue l'hypocrisie. Les libéraux, plutôt que de pérorer (Attali, Minc, Koenig, Laine & Co) devraient plutôt raser les murs et admettre leurs erreurs plutôt que d'en remettre une couche sur l'Euro, le libre-échange, les "réfomes", la baisse des dépenses, etc. Comment décemment faire comprendre à un peuple exsangue et à bout de souffle que son salut passe par une baisse des prestations sociales ? N'ont-ils pas regardé ce qui se passe en Grèce ? N'ont-ils pas honte de leurs mensonges et tricheries, comme les duettistes italiens Monti et Draghi qui ont falsifié les comptes hellènes pour permettre à ce petit pays d'adopter l'Euro ? Audiard disait : "Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît". On les a assez vus, assez entendus, et nous avons assez souffert de leurs remèdes. Il est temps de changer de médecin !

(1) Voir à ce sujet l'excellente analyse de Jean-Pierre Chevènement dans son dernier ouvrage qui explique que le problème de la Guerre de 14-18 n'était pas le nationalisme, mais l'émergence de l'Allemagne comme puissance continentale. Une pierre dans le jardin anglais, qui craignait l'avènement d'un concurrent puissant, à l'instar de ce que fut la France napoléonienne. L'assassinat de François-Ferdinand n'était donc qu'un prétexte, rien de plus.
Chevènement J-P, 1914-2014, l'Europe sortie de l'Histoire ? Paris, Fayard, 2013