dimanche 30 décembre 2012

Bilan 2012 (2/2) : Monde

Bonjour à tous !

Comme promis, mais avec un peu de retard tout de même (il s'agit de digérer le chapon farci !), voici la 2e partie du bilan de l'année 2012, mais qui concerne cette fois l'international. Il y aurait beaucoup de choses à dire, comme pour la France du reste. Il faut néanmoins, à mon sens, retenir deux choses essentielles : 
- la première, sur un plan géopolitique, c'est que les révolutions arabes sont allées droit dans le mur. Comme on pouvait s'y attendre, ces mouvements de protestation venues de populations urbaines, modérées et occidentalisées ont été récupérés par ces rapaces que sont les islamistes : frères musulmans, salafistes, etc. Résultat, la situation s'enlise en Egypte et en Tunisie. On ne parle même plus de la Libye. Le Maroc échappe à la vague islamiste grâce à un monarque populaire et habile tandis que l'Algérie concentre ses rancoeurs contre la France qui a pourtant quitté le pays avec pertes et fracas il y a...50 ans ! Et Bouteflika de boire du petit lait... En Syrie, la rébellion s'enlise, Al-Assad n'est pas prêt de lâcher le morceau. De toute façon, tout le monde sait que les islamistes prendront là aussi le pouvoir, et que les minorités chiite, alaouite et chrétienne du pays connaîtront le même sort peu enviable que les Coptes de l'autre côté du Canal de Suez ;
- la seconde, sur un plan économique cette fois, c'est que la crise n'est pas derrière nous, mais peut-être bien devant nous. D'abord parce que la politique intérieure américaine n'a sans doute jamais été aussi médiocre entre un Obama qui préfère raconter des blagues lors de dîners de charité et une opposition républicaine qui s'enlise dans un puritanisme anti état fédéral dénué d'idées parfaitement ridicule. Ensuite parce que l'Union Européenne continue d'aller joyeusement dans le mur. On touche le fond mais on creuse encore. En espérant s'en sortir par une intégration fédérale toujours plus forte au mépris de la souveraineté des peuples, et donc de la démocratie la plus élémentaire. L'Euro, qui étouffe par sa valeur trop appréciée la plupart des économies désindustrialisées d'Europe, n'est jamais remis en question, pas plus que cette ridicule ouverture des frontières aux quatre vents. Et dire qu'après on traite un acteur de minable parce qu'il ose justement profiter du système voulu par ceux qui l'ont mis en place. Comme disait Bossuet (je sais je me répète, mais il faut croire que ça ne rentre pas) : "Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences dont ils chérissent les causes". 
Le bilan n'est donc guère réjouissant. Le monde panarabe est prêt à s'embraser à tout instant. La bonne nouvelle éventuelle, c'est que ça laissera Israël un peu respirer. A moins qu'on ne les tienne aussi pour responsables du chaos ambiant dans ces pays à l'avenir incertain, allez savoir. Et puis les Russes pourront tranquillement continuer d'écouler leurs invendus de la Guerre Froide en prenant soin de fermer les yeux sur l'identité des "clients" : c'est de la realpolitik où je ne m'y connais pas ! Quant à l'économie, étant donné la baisse massive de la production mondiale pour ramener l'offre au niveau - faible - de la demande, on va certainement aboutir à une déflation, autrement dit : baisse des prix, baisse des cours des matières premières, mais donc, mécaniquement, baisse des salaires voire licenciements et délocalisations toujours plus nombreux dans des pays qui se vendront comme des paradis du dumping, l'idéal pour des IDE (1) toujours plus volatiles et incontrôlables ! La dernière fois qu'un tel scénario s'est produit, avec une déflation entraînant des drames sociaux à n'en plus finir, c'était en Allemagne, sous la République de Weimar. On sait ce qu'il est advenu par la suite.
Un espoir ? Il y en a un qui, et ça me fait mal de le dire, s'appelle la Chine. Maintenant qu'ils se sont bien gargarisés de la mondialisation en s'enrichissant au-delà de toute décence, ils pourraient d'abord réévaluer leur monnaie, le Yuan, afin d'offrir une concurrence plus loyale sur le marché des exportations, et ensuite ils pourraient injecter leurs immenses réserves de liquidité (on parle de 3,000 Mds $ !) dans l'économie internationale. De toute façon, à plus ou moins long terme, ils n'auront pas le choix si ils ne veulent pas que leur clientèle s'étiole et que cela mette en péril leur jolie croissance à 8% par an...

(1) IDE = Investissements Directs à l'Etranger

lundi 24 décembre 2012

Bilan 2012 (1/2) France

Bonjour à tous !

En cette fin d'année, et juste avant la distribution des cadeaux sous le sapin, je vous propose une petite rétrospective commentée de l'année qui s'achève. Cela aura lieu en 2 parties : une partie pour la France, une autre pour l'international.
Commençons donc par notre beau pays dont la principale information est bien sûr que la sortie de crise n'est pas pour tout de suite. Avec un taux de chômage tutoyant allègrement les 10% (et encore, sans tenir compte des emplois précaires : intérimaires, CDD de moins de 6 mois et temps partiels), la croissance est nulle, la dette atteint 90% du PIB (soit 1900 Mds € en valeur) et 2 grandes agences de notation sur 3 ont décidé de nous retirer notre AAA, sésame parmi les sésames pour emprunter à taux préférentiel sur les marchés financiers.
Si la situation économique n'est pas rose, que dire de la situation politique ? A crise exceptionnelle, nous étions en droit d'attendre une campagne présidentielle à la hauteur et nous fûmes déçus. Déçus par le manque d'idées et par les programmes creux partout sur l'échiquier politique. Les Verts se sont tiré une balle dans le pied en désignant Eva Joly candidate. Le Front de Gauche, regroupant le PCF et le Parti de Gauche, a misé sur un Mélenchon gouailleur et hargneux pour mieux masquer ses incohérences et ses insuffisances. Fidèle à son habitude, l'extrême-gauche s'est prétendue la voix du peuple et des miséreux et, fidèle à son habitude, a vu son électorat prendre la poudre d'escampette pour l'extrême-droite et le FN. Un FN dont la candidate, Marine Le Pen, a fait preuve d'insuffisances sur le plan économique pour faire un score beaucoup plus important d'autant qu'une partie de son score est due, mathématiquement, à l'écroulement de François Bayrou : leurs scores étaient inversés à la Présidentielle de 2007. Enfin, Sarkozy avait bien mal commencé sa campagne en voulant se recentrer et en se présentant comme un libéral et un européiste convaincu. Se voyant dévisser dans les sondages (-10 pts par rapport à Hollande à quelques semaines des élections), il a fort heureusement redressé la barre en montrant l'image d'une droite souverainiste, sociale et indépendante de Bruxelles et des marchés. Malheureusement pour l'ancien Président, nul n'était dupe, notamment à cause de son bilan qui montrait qu'il n'avait pas tenu parole : l'immigration légale n'a jamais été aussi forte que sous son mandat (200.000 entrées par an, plus encore que sous Jospin : la presse avait bien tort de dénoncer son soi-disant populisme), il a finassé pour faire adopter sous une autre forme le projet de Constitution européenne pourtant rejetée par les Français lors du référendum de 2005 et il a clairement abandonné les classes populaires pour aller fricoter avec la Merkel. Donc il a perdu, logiquement, tout en limitant la casse. 
Et puis il y a François. Ah, François, l'homme qui croit que les Français ont voté pour lui par choix, par envie alors qu'ils ont juste voté contre le candidat sortant. Il nous a promis du changement pour finalement nous faire de l'UMP de Gauche : on signe le traité avec Merkel qui avait été négocié par Sarkozy, on augmente la TVA comme Sarkozy l'avait envisagé alors qu'on le dénonçait pendant la campagne, etc, etc. Et pour faire passer la pilule, on met la France sans dessus dessous en promettant le mariage et l'adoption pour tous. Ne manquent plus que l'euthanasie et la dépénalisation du cannabis pour vivre dans un paradis de la jouissance immédiate, sans contraintes ni responsabilités. Pourquoi pas ? Après tout, puisqu'on nous fait bien comprendre que de toute façon on ne sortira pas de la crise à moins d'un miracle c'est une façon (lâche !) de voir les choses. Oh, bien sûr, on envoie les courageux Montebourg et Valls en première ligne se faire allumer par la critique alors qu'ils se démènent comme des beaux diables. Mais rien n'y fait. On n'y croit plus. Peut-on s'en sortir ? Reste-t-il des raisons d'y croire ? Peut-être. Mais ça passera de toute façon par une autre politique, et en arrêtant de prendre les Français pour des idiots. Car viendra le temps où ça ne fonctionnera plus. Et là, Marine Le Pen, en dépit de ses carences et de son opportunisme sera au second tour en 2017. On viendra taper sur la Droite car elle aura, prétendument, attisé le feu de la haine. Sauf que cette excuse éculée ne fonctionnera plus, car il y aura de fortes chances pour que l'UMP, après son spectacle lamentable qu'elle donne depuis 6 semaines, ait littéralement implosé. On se demande comment Hollande et Ayrault se sortiront de cette ornière...

A suivre, début 2013 : les prospectives pour la France


mardi 18 décembre 2012

La Chine, colosse aux pieds d'argile

Lao Tseu par ETC Werner en 1922

Bonjour à tous !

Si la crise économique est toujours prégnante au quotidien, il est un pays où, en surface, tout va bien dans le meilleur des mondes. Ce pays, bien sûr, c'est la Chine. Nouvellement classée 2e puissance économique mondiale derrière les USA, mais devant le voisin japonais honni, le pays dispose, pour beaucoup, de nombreux atouts qui doivent faire d'elle, à terme, la puissance dominante du monde contemporain.
Comment ce pays, chantre du communisme et qui abandonna son régime impériale sous la férule féroce et charismatique de Mao, s'est-il converti avec un tel succès à l'économie de marché ? Cette réponse peut tenir en deux mots : autoritarisme étatique. Cela a commencé dans les années 90, puis s'est accéléré dans les années 2000. Ce fut une prise de conscience politique que la paix sociale devait s'acheter par une exceptionnelle réussite économique à même de doper la croissance et de développer un fort sentiment de fierté nationale à l'ensemble des Chinois. Car c'est bien connu, dans une dictature, seul un nationalisme exacerbé permet de faire diversion. 
Cela a commencé d'abord par un dumping social, économique et environnemental féroce afin d'attirer les différentes enseignes internationales. C'est, hélas, la face la plus noire de la mondialisation. Mais au-delà de cette image d'Epinal, les Chinois sont passés à l'échelon supérieur. Les grandes entreprises  internationales devaient, pour ouvrir une succursale en Chine, signer un contrat spécifique que l'on appelle dans le jargon un joint-venture, c'est-à-dire l'obligation pour le signataire occidental de s'associer à une entreprise chinoise et de lui enseigner ce qu'elle sait par le biais d'un transfert de technologie. Car c'est là le talent chinois : avoir su se rendre indispensable pour les grands groupes afin de les inciter à s'installer chez eux tout en apprenant leurs technologies, ou comment faire d'énormes économies en Recherche et Développement. Problème : ils copient, beaucoup (la contrefaçon est, avec la corruption, le sport national), mais évidemment n'arrivent pas à ressembler à l'original. C'est pour cela qu'à moins d'être passablement inconscient, acheter une voiture ou un téléphone portable chinois s'avère particulièrement hasardeux. L'autre volet de la puissance chinoise, c'est bien sûr son économie. Ayant flairé l'appétit consumériste de la cigale américaine et, dans une moindre mesure, de la cigale européenne, la plupart des Occidentaux vivant à crédit, la fourmi chinoise a acheté de la dette à l'Ouest en s'en goinfrant tant et plus. Le tout grâce à une réserve de trésorerie unique au monde (on parle de 3.000 Milliards $), si bien que l'on assiste du coup à une gigantesque partie de "je te tiens par la barbichette" : les Occidentaux peuvent faire revenir l'Empire du Milieu 30 à 50 ans en arrière en retirant leurs investissements, tandis que les Asiatiques peuvent plonger la plupart des pays occidentaux en faillite en décrétant soudain qu'ils veulent se faire rembourser leurs dettes. 
On assiste là à une vaste partie de poker menteur, qui a pris une autre dimension depuis l'adhésion récente de la Chine à l'Organisation Mondiale du Commerce. Là, les plaintes contre l'ogre extrême-oriental poignent avec timidité contre la concurrence déloyale chinoise. Mais personne n'ose vraiment mettre les pieds dans le plat, de peur de déclencher la fureur de cet allié aussi puissant qu'énigmatique. Car ce pays possède également une grande puissance militaire, détient l'arme nucléaire et est même capable d'envoyer des taïkonautes dans l'espace ! 
Le point de discorde le plus prononcé entre Chinois et Occidentaux, c'est la dévaluation compétitive du Yuan, la monnaie du pays. En maintenant sa monnaie à un niveau artificiellement bas, la Chine permet ainsi à ses exportations d'inonder le monde, et de renforcer encore son dumping. Et, en l'état, ce n'est pas près de changer. 
Toutefois, on peut se demander combien de temps cela va durer. Quelques signes tendent à démontrer que l'embellie chinoise tient plus de la parenthèse qu'à une inscription dans la durée. Tout d'abord, comme je l'ai évoqué plus haut, cette dépendance technologique qui fait que les Chinois ne sont rien sans les entreprises étrangères. Ajoutons à cela une grogne intérieure de plus en plus forte, le pays étant l'un des plus inégalitaires du monde. Les tensions sont palpables, dans un pays que l'on peut grossièrement couper en deux entre un Ouest très pauvre et rural et un Est de Cocagne et à la forte densité urbaine. Il y a aussi le problème du Tibet qui accroît chaque jour les remontrances de la communauté internationale. Et les revendications territoriales indues contre Taïwan et les Iles Senkaku. Si un conflit devait éclater avec les Japonais à propos de ces îles, inutile de dire que cela pourrait très vite dégénérer, tant les liens entre l'archipel nippon et ses alliés occidentaux sont forts. En outre, le pays commet une grosse erreur en voulant se moderniser à tout prix, quitte à massacrer son patrimoine : les images de la vieille ville de Pékin grandement rasée pour permettre la construction des infrastructures olympiques sont restées dans les mémoires. Et que dire de cet événement inattendu dont on a parlé il y a quelques jours : une maison encastrée dans une autoroute parce qu'un couple de braves personnes âgées avaient refusé de vendre leur bien avant d'y être contraint tant la situation était devenue intenable pour eux ! Enfin la Chine n'est pas épargnée par la crise économique : la croissance de son PIB annuel décroît légèrement. Oh, bien sûr, il ferait rêver n'importe quel autre pays avec un chiffre tournant autour de 8% par an, mais ce n'est plus la croissance à deux chiffres d'il y a quelques années. 
En se tournant d'ores et déjà vers l'Afrique, non pas comme partenaire, comme les Chinois voudraient le faire croire, mais comme territoire à exploiter, notamment sur le plan des matières premières, on constate tristement que le pouvoir en place est prêt à ne reculer devant aucune alternative pour asseoir son leadership. Du moins, tant que le peuple sera prêt à l'accepter. Car après tout, l'Histoire est là pour rappeler qu'une puissance qui étouffe son peuple finit souvent par le payer un jour ou l'autre au point de disparaître totalement des écrans radars...

vendredi 14 décembre 2012

La malédiction de la Place Vendôme

Bonjour à tous !

Elles sont deux. Deux pasionarias de la politique-spectacle à démontrer, ou à avoir démontré, dans leurs dires et dans leurs actes, à quel point la Justice est mal en point dans notre pays.
Commençons les présentations : à ma droite, l'actuelle Maire du VIIe Arrondissement de Paris, députée européenne à ses heures perdues (c'est-à-dire pas très souvent), ancienne protégée de Nicolas Sarkozy : Rachida Dati, qui occupa le portefeuille ministériel de 2007 à 2009. Son principal fait d'armes politique : avoir réussi à se mettre à dos l'ensemble de la magistrature pour la réforme de la carte de la Justice. Le seul problème, c'est qu'elle n'était qu'un bouc-émissaire du duo Sarkozy-Guéant. Mais ça, les médias n'en ont eu cure. Elle a pris. Cher. Au point de sauter comme le fusible idéal qu'elle était à la première occasion et d'être remplacée par la plus expérimentée et plus consensuelle Michèle Alliot-Marie. A ma gauche maintenant, l'ancienne candidate à la Présidentielle du Parti Radical en 2002, Christiane Taubira, celle que l'on accusa à l'époque d'avoir fait perdre Jospin en créant une inutile dispersion des voix au 1er tour, revient en force de sa Guyane natale pour s'installer Place Vendôme après la victoire de François Hollande, pourtant ami de longue date de l'infortuné Rétais. A se demander ce qui a pu motiver un tel pardon. Son principal fait d'armes depuis son arrivée : pèle-mêle vider les prisons en mettant notamment fin aux peines-planchers (les familles des victimes apprécieront), s'occuper du fumeux mariage pour tous (en même temps, si le PS compte sur Mme Bertinotti pour mettre en place cette réforme, elle ne verra jamais le jour, tant elle brille par son incompétence) ou encore faire en sorte que Patrick Buisson, ancienne éminence grise de Sarkozy, soit trainé devant les tribunaux. Anticor, association créée en 2002 et visant à éradiquer la corruption, reproche en effet à celui-ci d'avoir commandité illégalement certains sondages, auprès du même institut qui plus est, et ce durant la durée de la mandature du Président UMP. Le seul petit problème, c'est que Mme Taubira fait partie du comité de parrainage d'Anticor, la rendant à la fois juge et partie dans cette affaire et niant sciemment le principe pourtant élémentaire de la séparation des pouvoirs chère à Montesquieu. Et qu'elle oublie aussi de jeter l'opprobre sur Mitterrand, pourtant spécialiste de ce genre d'exercice lorsqu'il effectua ses deux septennats rue du Faubourg Saint-Honoré. 
Alors voilà, elles ne laissent pas indifférentes, ces deux personnes. Elles brillent par leur incompétence, leur capacité à attirer le buzz médiatique sur elles. Même quand elles ne sont plus en poste : ainsi Mme Dati remue-t-elle ciel et terre pour subitement trouver un père à sa fille. Et s'offusque, après avoir cherché pathologiquement à se mettre en avant, que la presse se permette de juger son attitude. Le monde à l'envers. Si on veut se faire l'avocat du diable et chercher la raison profonde de leur nomination, elle se résume sans doute en un mot : diversité. Eh oui, au nom de la sacro-sainte diversité, dorénavant, lorsque l'on compose une équipe gouvernementale, on ne regarde plus les CV, les mérites, les hauts faits, non on regarde le sexe et la couleur de peau, l'origine. Pour s'assurer de ne vexer personne, de ne pas se faire sauter à la gorge par les trop nombreuses associations anti-racistes (grassement subventionnées par le contribuable qui plus est). Et après l'on s'étonne que dans un monde où l'éphémère triomphe, de l'obsolescence programmée des machines électroniques, aux couples que l'on dissout à la première occasion, entraînant les enfants dans le chaos du divorce, on s'étonne donc que ces personnes cherchent à se placer dans la lumière plutôt qu'à faire leur travail dans l'ombre de leur ministère. Pour le bien de l'Etat et de la République. A l'ère de Facebook, Twitter, des chaînes d'infos en continu, des smartphones, des tablettes... (n'en jetez plus, la couple est pleine !) ce phénomène devient de plus en plus persistant. Le tout-numérique n'a fait que mettre en lumière le caractère très éphémère du portefeuille ministériel, qui dure cinq ans dans le meilleur des cas. Alors pour faire parler de soi, exister après avoir été effacé des résultats d'une recherche Google, on tente de capter l'attention autant que possible pour laisser une trace dans la nébuleuse médiatico-numérique. 
Et pourtant, si il est bien un domaine dans laquelle la France, pays des Droits de l'Homme, se doit de progresser, c'est celui de la Justice : on a crié au scandale après l'affaire Raddad, On s'est époumoné de plus belle après le scandale d'Outreau. Et puis...rien ! Le Juge Burgot, symbole de ce naufrage judiciaire, a été à peine sanctionné et exerce aujourd'hui ses "compétences" au sein de la cellule anti-terroriste de Paris. Le néant de notre Justice se résume en cette seule phrase. Alors que le budget de ce poste de dépense ô combien régalien et symbolique est, dans notre pays, comparable à celui de la Slovénie (!!!) rien n'est fait pour y remédier. Et ce n'est pas la constance dans la nomination d'incompétents et de médiocres au sein du Ministère de tutelle que les choses s'arrangeront. Pendant ce temps-là, honte à nous, la Prison des Baumettes à Marseille a révélé ses horreurs, donnant corps et réalité à l'enfer du Midnight Express d'Alan Parker. Mais je suppose qu'on trouvera encore une bonne âme, dans l'équipe gouvernementale actuelle, pour retourner la situation et continuer de faire la leçon. Pour faire le buzz...

dimanche 9 décembre 2012

Décès de Niemeyer, Louvre-Lens : de la manipulation politique de la culture

Oskar Niemeyer / Crédits Photo : Sputnik 57-Causeur

Bonjour à tous !

Oskar Niemeyer est mort cette semaine. Pour ceux qui ne le connaissaient pas, il s'agissait d'un architecte brésilien créateur ex nihilo de la capitale de son pays natal, Brasilia, mais aussi architecte du bâtiment de l'ONU, à New York, et du siège du Parti Communiste, Place du Colonel-Fabien, à Paris. Entre autres choses. Spontanément, on se dit que la foi en une utopie conserve. Au-delà du raisonnable. Niemeyer était un communiste convaincu. Et il est mort à 104 ans. Son oeuvre témoigne pourtant, et surtout, du grand écart de la gauche internationaliste et alter-mondialiste telle qu'on la croise trop souvent aujourd'hui : celle qui se dit écolo mais qui saccage des territoires naturels pour créer une ville en quelques mois afin d'asseoir un pouvoir politique ; celle qui critique la mainmise des USA dans la géopolitique internationale mais qui s'empresse de se porter volontaire pour créer le siège de l'ONU à New York ; celle, enfin, qui cautionne les crimes castristes pour mieux se mettre des oeillères sur ce qu'est devenue, au cours du XXe siècle, ce communisme chéri. Que dire également de la construction de Brasilia ? Syndicats interdits, gestion de la construction par une compagnie privée, révoltes réprimées dans le sang...pour que la dictature militaire s'impose finalement, 4 ans plus tard, et oblige Niemeyer à s'exiler durablement. On pourrait dire aujourd'hui, si on faisait preuve d'un tantinet de mauvais esprit, que sa fille spirituelle, celle qui incarne le mieux ces contradictions de la gauche bobo, c'est Cécile Duflot : elle veut sauver la nature et les petits oiseaux, mais en voulant, paradoxalement, construire encore plus d'immeubles dans les banlieues. Et puis surtout, l'oeuvre de Niemeyer, c'est laid : du béton, encore du béton, toujours plus de béton ! De quoi faire pâlir de jalousie Berlin-Est ou le Moscou des années Brejnev. Il nous a donc quittés et avec lui, espérons-le, le mauvais goût architectural !
Une autre atteinte dans la culture, qui nous concerne directement cette fois, a eu lieu cette semaine à Lens : l'inauguration de l'antenne locale du Louvre. Il faut d'abord dire que ce n'est pas ce qu'il y a de plus beau ni de plus fin : cette galerie tout en long éclairée de manière blafarde fait penser à une station de métro parisienne. Mais on peut concevoir que ça peut plaire à d'autres, moins puristes que moi qui n'imagine pas plus bel écrin pour de telles oeuvres que l'ancien palais royal. Passons. Le plus discutable, à mon sens, c'est l'idée saugrenue de construire un musée dans une région qui a d'abord besoin d'usines. Malraux l'avait prédit : quand le religieux aurait disparu, le culturel deviendrait la nouvelle forme de sacré. Les enfants et petits-enfants de mineurs et d'ouvriers vont donc se retrouver serveurs dans le café du musée, ou vendeurs à la boutique-souvenir. Et, horreur, de donner raison à la vision houellebecquienne de la France du futur : un gigantesque parc d'attractions pour touristes nouveaux riches venant des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) tandis que nous aurons complètement perdu notre tissu industriel, qui fait pourtant la vraie force économique d'un pays. Jadis, on apportait le religieux aux humbles qui travaillaient trop ; aujourd'hui on amène la culture aux humbles qui ne travaillent pas assez. Qu'aurait dit Zola de tout cela ? Se serait-il fait la réflexion que Daniel Percheron, président PS de la région Nord-Pas-de-Calais, a fait une erreur monumentale en voulant suivre la voie du Pays Basque espagnol ? Une région dont l'industrie est aujourd'hui ravagée et qui a construit le Musée Guggenheim à Bilbao. Une réussite touristique...dans un pays plongé dans une faillite économique sans précédent avec ses 25% de chômeurs, ses salaires en baisse et l'éclatement de sa bulle immobilière.
Une fois encore, la Gauche a couru le mauvais cheval. Une fois encore le pouvoir en place, de Hollande à Flilippetti, se réjouit de peu de chose. Et en semble heureux. C'est ça le plus grave ! Les ouvriers veulent du pain (des usines) ? Qu'on leur donne de la brioche (un musée) ! Assistera-t-on à la même mascarade en Lorraine après la fermeture définitive des hauts-fourneaux d'Arcelor-Mittal ? On a déjà un semblant de réponse car, comme un symbole, l'antenne de Beaubourg à Metz tombe en ruines, laissée totalement à l'abandon. Dans la terre d'élection de notre actuel Ministre de la Culture dont le seul fait de gloire ne sera bientôt plus qu'être le sosie officiel d'Amélie Mauresmo. Je doute que ça lui rapporte assez pour nourrir les dizaines d'ouvriers de sa région qui s'apprêtent à aller pointer à Pôle Emploi. Mais bon, si tout le monde est content...

lundi 3 décembre 2012

Florange : les masques tombent !

Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement Productif
Crédits Photo : Fred Dufour/AFP

Bonjour à tous !

C'est sans doute l'épilogue de l'un des feuilletons industriels les plus angoissants et les plus symboliques que nous avons vécu ce week-end : les hauts-fourneaux de Florange, propriété du groupe d'aciérie Arcelor-Mittal, sont sauvés du plan social. Le PDG du groupe, Lakshmi Mittal, a promis d'investir 180 millions d'euros sur cinq ans et de préserver les quelques 600 emplois qui étaient menacés.
Jusque là tout va bien, sauf que Mittal avait déjà fait, peu ou prou, la même promesse il y a quelques années, quelques temps après l'OPA hostile de son groupe sur Arcelor, et on en est arrivé à la situation que l'on connait aujourd'hui. Quant à Gandrange, l'autre site lorrain du groupe, on sait où il en est aujourd'hui, malheureusement. Et l'autre problème, et de taille, c'est que Arnaud Montebourg, qui bataille ferme depuis son arrivée au Gouvernement pour défendre le peu d'industries qui restent encore en France, a été publiquement désavoué par le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault. En effet, son ministre avait menacé de nationaliser temporairement le site de Florange si Mittal ne revenait pas sur sa décision de plan social. Il estimait même avoir trouvé un potentiel repreneur. Las, Ayrault l'a court-circuité en négociant directement cette nouvelle stratégie avec l'entrepreneur indien. 
Ce qui est regrettable dans cette affaire c'est que Montebourg est le seul ministre à avoir cerné les enjeux de la Mondialisation et du libre-échange, le seul dans ce gouvernement à demander de nouveau des contrôles aux frontières, le fait de privilégier le Made In France. Alors, bien sûr, on s'est tous moqué de sa photo en marinière à la une du Parisien Magazine. Mais, lui, au moins, il essaye. Pendant que d'autres sont aux abonnés absents (comme Delphine Batho, Ministre de l'Ecologie, par exemple : heureusement que l'environnement est une priorité de ce gouvernement !), brassent du vent (Taubira, Bertinotti) en voulant légiférer de manière aussi urgente, et sans concertation aucune, sur le "mariage" pour tous, Montebourg se bat : il a déjà filé un sacré coup de main à l'usine Lejaby, puis on l'a vu aussi monter au créneau pour les Fralib. Seulement voilà, dans un gouvernement mené par un Président et un Premier Ministre sociaux-libéraux, qui s'évertuent à sauver l'Euro alors que cette monnaie est bien trop sur-évaluée et plombent nos exportations (en plus de nous créer de nouvelles dettes en renflouant des pays insolvables comme la Grèce), Montebourg est seul, trop seul. Et ce n'est pas Pierre Moscovici, son Ministre de tutelle et européiste convaincu, qui lui apportera un coup de main.
Pourtant, on y a cru, quand le preux chevalier est monté au créneau en menaçant Mittal de nationalisation. Un large consensus s'est créé autour de lui, depuis Mélenchon jusqu'à Borloo. Las, Parisot, présidente du MEDEF, dont on pouvait espérer naïvement qu'elle défendît les intérêts de l'entreprenariat français, a préféré qualifier cette menace de "scandaleuse". Quant à Copé, il a perdu une bonne occasion de se taire, et surtout de montrer qu'il pouvait être l'héritier de la droite sociale, nationale et gaulliste en critiquant, lui aussi, cette idée. Dommage pour lui. Et pour la Droite surtout !
Alors voilà, les masques sont tombés, Montebourg risque de se voir débarquer du gouvernement, sans doute aussi parce qu'il est un peu trop impulsif. Il est vrai qu'en déclarant que la France n'avait plus besoin de M. Mittal, il a potentiellement mis en danger les 20 000 salariés français qui travaillent sur l'ensemble des sites du groupe dans l'Hexagone.
De manière pragmatique, on peut bien sûr se réjouir que les employés de Florange aient sauvé leur emploi. Cela leur fait un cadeau de Noël en avance. Mais pour combien de temps ? Et surtout, qui viendra les défendre la prochaine fois ?...

samedi 1 décembre 2012

Comment repenser le travail ?

Crédits Photo : Reuters / Andrea Comas

Bonjour à tous !

Je ne vous apprendrai rien en vous annonçant que le travail est au coeur des débats depuis le début de la crise qui nous touche, en 2008. Différents articles, différentes études montrent, en plus du chômage qui dépasse aujourd'hui les 11% dans l'Union Européenne, une véritable souffrance au bureau, en France plus particulièrement. Encore une fois, étant un républicain idéologue, je rappelle que je fais le choix éditorial de parler de notre pays sur ce blog.
Nous concernant, le taux de chômage dépasse les 10% de la population active, et encore, en ne comptant que les personnes qui ne travaillent pas du tout. Toutes les personnes ayant travaillé partiellement, effectuant un stage souvent mal rémunéré ou en mission intérim avec toute la précarité que cela induit, ne sont pas comptabilisées. Or ne ne peut que constater l'instabilité de leur situation : sans contrat de travail à durée indéterminée, difficile de louer un bien, sans parler de devenir propriétaire. Difficile également de faire des plans à long terme : prévoir des vacances, réparer la voiture ou autre. Nonobstant ce chômage qui nous gangrène, il y a aussi un autre problème sur lequel je souhaite attirer votre attention : la souffrance professionnelle. Elle se manifeste de différentes façons : manque de moyens pour assurer sa tâche convenablement, harcèlement moral, entretien de l'esprit de compétition au-delà du raisonnable, poste mal adapté entraînant des TMS (troubles musculo-squelettiques), insultes de la part de clients, etc. 
Si l'on cherche à identifier les causes de ce mal-être, j'en retiendrai principalement trois (même si chacun est libre d'en trouver d'autres) :
-tout d'abord, et c'est un topos, la crise économique : les carnets de commande sont vides, beaucoup d'entreprises, notamment les PME, ont le couteau sous la gorge et beaucoup craignent de devoir mettre la clé sous la porte, entraînant avec elles leur funeste cortège de licenciements ;
-la mondialisation qui, avec la libre-circulation des biens et des capitaux, permet aujourd'hui aux grands patrons libéraux de faire jouer la concurrence entre les pays sans aucun scrupule, obligeant ces derniers à recourir au dumping fiscal et social, privilégiant le moins-disant comme terre d'accueil. En outre, cela a facilité aussi l'arrivée de nouvelles méthodes de management qui, présentées comme modernes aux salariés et aux cadres, sont en fait des façons plus pernicieuses de leur mettre un bon coup de pression : l'open space est ainsi fréquemment incriminé comme un vecteur de mal-être dans les entreprises ;
-enfin, les 35h n'ont rien arrangé, bien au contraire ! En diminuant le temps de travail hebdomadaire, sans perte de salaire qui plus est, cette mesure a permis aux entreprises de justifier un énorme tour de vis en matière d'exigences envers ses employés : tu bosses moins mais tu gagnes autant, alors tu vas produire plus ! Et c'est un fait qui se constate dans les chiffres : la France est l'un des pays les plus productif, sinon le plus productif, de l'OCDE. En outre, les économistes sont globalement d'accord pour dire que les 35h ont, notamment pour la raison que je viens d'expliquer, entraîné un gel des salaires.
Si ce mal-être existe et a tendance aujourd'hui à s'amplifier, il existe toutefois, à mon sens, des moyens d'y remédier, dans une relation gagnant-gagnant, tant pour l'entrepreneur que le salarié. On pourrait commencer par abroger les 35h, revenir aux 39h, avec une renégociation salariale branche par branche à la clé. Pour convaincre les patrons de se remettre à la table des négociations concernant cette éventuelle hausse des salaires, on pourrait en profiter pour repousser l'âge de la retraite, sauf pour les métiers véritablement pénibles. Car c'est un fait : avec 35h hebdomadaires, 5 semaines de congés payés par an et un âge de départ légal à la retraite à 60 ans, nous sommes le pays de l'OCDE qui travaillons le moins. Or, si nous voulons préserver notre modèle social et éviter de dépendre de fonds privés pour payer les retraites de nos séniors, il est urgent de réformer en ce sens. Ensuite, je propose d'avoir une politique familiale et paritaire sensée. La France s'enorgueillit aujourd'hui d'une natalité exceptionnelle. Cependant, avec la hausse du coût de la vie et la paupérisation des ménages, la plupart des couples voient les 2 parents obligés de travailler. Un calvaire quand on sait qu'en plus le pays manque de crèches et de nounous qualifiées. Et puis il est dommage, quand on a rêvé toute sa vie d'être parent, de voir d'autres adultes élever son enfant à sa place. Avec les conséquences que l'on sait : rupture du lien familial, perte de repères de l'enfant, manque d'autorité... Le plus regrettable dans cette histoire, c'est que ce sont souvent les femmes qui en payent le prix sur le marché de l'emploi. Les chiffres le montrent : ce sont elles qui détiennent majoritairement les emplois précaires et à temps partiel, leur salaire n'étant perçu que comme un revenu de complément. Sans compter que leur ascension professionnelle et leur fiche de paie se retrouvent plombées. Il y aurait donc ici matière à réfléchir : pourquoi pas un congé parental de 2 à 3 ans accordé à celui des deux parents qui le souhaite, avec maintien intégral du salaire. Cela concernerait indifféremment le mari ou la femme et s'effectuerait dès le 1er enfant. En compensation, et pour éviter une surnatalité qui grèverait globalement les ressources à notre disposition, on envisagerait un arrêt des allocations familiales à toute famille de plus de 2 enfants. 
Enfin, dernière mesure suggérée et non des moindres : le contrat de travail unique. Plus souple que le CDI, plus protecteur que le CDD, il donnerait plus d'assurances à l'entreprise lorsqu'elle embauche un salarié, et ce serait surtout une aubaine pour nos PME, qui sont le véritable socle de notre économie et qui ne sont pas assez protégées dans notre pays. D'un autre côté, le salarié qui n'est pas satisfait de ses conditions de travail, pourrait plus facilement quitter son poste pour espérer trouver mieux ailleurs. Evidemment, une telle loi nécessiterait des garde-fous mais elle mérite qu'on y songe sérieusement. Et puis, bien sûr, une meilleure politique de formation, avec un vrai droit à la formation tout au long de la vie, serait un excellent atout pour former des salariés qui correspondraient véritablement aux besoins de l'économie du pays.
Le travail est véritablement l'enjeu cardinal dans la crise que nous vivons aujourd'hui. Mais il nécessite des réformes courageuses et des concessions importantes, de la part du patronat et des syndicats. Tout cela ne sera possible qu'à la condition expresse d'une réelle volonté politique.

mardi 27 novembre 2012

Ces sports d'un autre âge !

Sebastian Vettel / Crédits Photo : Yasuyoshi Chiba - AFP

Bonjour à tous !

C'est l'un des événements sportifs du week-end : le 3e sacre mondial consécutif de l'Allemand Sebastian Vettel en Formule 1. L'occasion pour moi de vous proposer une réflexion sur les sports que j'estime appartenir à un autre âge.
Petit retour en arrière : il y a quelques semaines de cela, c'était la corrida qui était au centre des débats. Cette activité, qui participe, j'en conviens, d'une culture régionale vivace, a été soumise à la saisine du Conseil Constitutionnel. Sans surprise, les Sages ne se sont pas prononcé en défaveur de cette activité. Car cela dépasse sans doute quelque peu leur champ de compétences. Il me semble que ce serait plutôt au pouvoir législatif de régler définitivement son compte à cette boucherie institutionnalisée où, soyons francs, le taureau n'a aucune chance de s'en sortir vivant face à un zébulon vêtu comme le héros navrant d'une médiocre opérette. Curieusement, les écologistes, qui disposent pourtant d'un groupe à l'Assemblée grâce aux petites combines peu amènes de mon meilleur ennemi, Jean-Vincent Placé, ne saisissent pas l'opportunité de soumettre une loi en ce sens aux députés. Il faudra que l'on m'explique cela... A moins que le massacre de taureaux ne soit pas considéré comme un acte contraire à leurs principes de préservation de l'environnement. Mais ils ne sont pas à une contradiction près !
Plus récemment, donc, mon questionnement porte sur les sports mécaniques. Un chiffre a aiguisé ma circonspection : 21400. C'est le nombre de pneus utilisés en pure perte par l'ensemble des écuries de F1 sur l'année 2012. Un produit manufacturé particulièrement difficile à recycler et qui est essentiellement fabriqué à partir de pétrole dont on ne nous cesse de nous rabattre les oreilles sur sa prochaine pénurie. Et je passe donc, évidemment, sur le goudron nécessaire à la fabrication de circuits et à l'essence sans laquelle ces bolides ne pourraient nous assourdir.
C'est d'autant plus inique qu'à l'époque, les sports de vitesse, et la F1 en particulier, avaient pour but de tester des avancées technologiques majeures pour l'automobile de tourisme de demain. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. En effet, alors que les voitures grand public se tournent de plus en plus vers les moteurs hybrides ou l'alimentation électrique, on constate que c'est loin d'être le cas chez les monoplaces de compétition. 
Pour corser le tout, le règlement est extrêmement technique et modifié chaque année, pour une équité supposée renforcée (sauf que cela fait 3 ans que c'est le même qui truste les titres mondiaux) : à moins d'avoir fait des études d'ingénieur, difficile de comprendre les subtilités de cette réglementation très complexe. 
La légitimation de ce sport peut, et doit, être remise en question. D'autant que l'industrie automobile, jadis fleuron de la technologie d'un pays, est en net déclin partout dans le monde : General Motors a été nationalisé, PSA va fermer une usine, Renault-Nissan s'internationalise toujours plus, délocalisant de concert, Toyota connaît des problèmes de fiabilité... A part pour voir des Ferrari un dimanche sur deux à la télé parce que le quidam n'aura jamais les moyens d'en approcher une dans la réalité, l'intérêt de ce sport, les risques qu'il pose en matière de sécurité, et les problèmes d'environnement dont il est la cause, doivent faire l'objet d'une critique sans tarder !
Et cela vaut également pour les autres sports mécaniques : combien de morts lors des différents Paris-Dakar ? Combien de dunes saccagées et de paysages détériorés pour le plaisir égoïste de quelques pédants aux relents colonialistes ? Tout ça pour laisser l'Afrique de l'Ouest se démener finalement seule avec ses problèmes quand l'épreuve aurait pu servir à désenclaver cette région de la montée de l'islamisme ! Et aller répéter les mêmes erreurs en Amérique du Sud. Quel gâchis de temps, d'argent, d'énergie humaine ! Et quelle pollution ! A l'heure où les pays se réunissent à Doha pour une conférence sur le climat (oui je sais, c'est un magnifique oxymoron !), voilà une mesure simple à mettre en oeuvre. Oh, bien sûr, il y aura toujours des voix pour s'élever contre la suppression de ces sports mais quand on voit le nombre de constructeurs qui, au fil des années, se désengagent à cause du retour sur investissement peu élevé, surtout en termes de résultats, on se dit que c'est une piste à creuser. D'autant que la performance sportive est forcément diminuée par rapport à des sports où l'homme ne bénéficie d'aucun support, motorisé de surcroît, pour faire se soulever les foules.
Voilà un progrès qui, une fois n'est pas coutume, me satisferait au-delà de toute mesure !

mercredi 21 novembre 2012

Elections à l'UMP : la revanche du pain au chocolat !

Jean-François Copé lors d'une séance de questions
au gouvernement/Crédits Photo : Jean-Christophe Marmara - Le Figaro

Bonjour à tous !

Comme moi, sans doute, vous avez beaucoup ri du psychodrame du week-end passé et qui a trouvé son épilogue hier soir : l'élection de Jean-François Copé à la présidence de l'UMP. Bel exploit : Avec Fillon, ils ont réussi à rendre le scrutin encore plus serré que lors de l'élection présidentielle américaine de 2000 entre W. Bush et Gore (aux dernières nouvelles, la Floride recompte encore les bulletins...)
Mais, dans le fond, pourquoi est-ce si amusant ? D'abord parce qu'il est assez risible de voir l'UMP singer le PS : le PS élit son premier secrétaire, on fait pareil. Le PS organise des primaires pour désigner son candidat à l'Elysée : promis on fera la même chose pour 2017. Tout ça parce que le PS a accidentellement gagné l'élection présidentielle de cette année.
Autres raisons de mon amusement : l'UMP a bien su se moquer du congrès de Reims de 2008 qui a vu Aubry l'emporter sur Royal pour trois fois rien, et inversement, le parti à la rose a beau jeu de se gausser du scrutin UMPiste de ce week-end, oubliant bien vite ce qui s'était passé il y a 4 ans dans son propre camp. D'un côté comme de l'autre, c'est donc la mémoire du poisson rouge qui prime, pourvu qu'on puisse sortir un bon mot au détriment du parti d'en face. Je rappelle toutefois, dans le même ordre d'idées, que le PS a choisi une solution plus simple cette année pour désigner son nouveau Premier Secrétaire : la cooptation. Un peu à l'instar de ce que faisait la Droite jusqu'à présent, justement. Avouez que l'histoire politique de notre pays regorge d'anecdotes croustillants. D'autant plus qu'ils ont choisi Harlem Désir, le champion du monde hors catégories de la langue de bois, homme qui a déjà été condamné par la justice dans le passé de surcroît....alors que Hollande avait promis, juré, craché par terre que "lui président, nul ne pourra être nommé si il a déjà eu à faire à la justice". Faites ce que je dis...vous connaissez la suite.
Bref, ces petites digressions mises à part, disséquons un peu le cadavre (pardon je m'avance un peu) de l'UMP, du moins ce qu'il en reste après six mois d'échanges doux-amers. D'un côté, le battu : Fillon, l'homme que l'on a poussé à faire campagne au centre, arguant que la fameuse "ligne Buisson" avait été responsable de l'échec de Sarkozy en 2012, pour échapper à la "droitisation" du parti, que c'était mal de stigmatiser, etc, etc. Le refrain habituel. Pendant ce temps-là, de l'autre côté, le "vainqueur" : Copé, l'ambitieux, le sosie de l'autre, en moins bien. Lui, il ne doit pas y penser qu'en se rasant. Ardent opposant de Sarkozy pendant le quinquennat de ce dernier, il attend que le président sortant lui file les clés du parti pour se découvrir soudainement une filiation idéologique et politique avec lui. Avouez que le hasard fait quand même bien les choses. Alors bon, même si il est chiraquien de formation, il a compris ce que les militants voulaient entendre. Alors on sort les formules chocs, on "droitise" (parce que le PS, lui, ne "gauchise" jamais voyons, bien entendu. Et en plus, la "gauchisation" c'est hype, la "droitisation" c'est out, c'est comme ça !) les mots et les ritournelles, on fait le buzz avec le pain au chocolat. Et il gagne. Donc on s'empresse de crier haro sur l'UMP, que l'on transforme aussitôt en UMPFN qui va s'allier avec le diable, Marine La Blonde. Sortez vos fusils, baïonnettes aux canons et feu ! Le malheureux n'a même pas encore eu le temps de prononcer un mot, détailler la moindre ligne de son ambition politique pour le parti qu'il se fait mettre en pièces. 
Alors, à première vue, c'est sûr, Copé tient de la droite "décomplexée", celle qui place au coeur du débat la Nation (quelle garce celle-la), l'identité (et un gros mot, un !) et l'immigration (cachez ce substantif que je ne saurais voir). Et cela risque d'être d'autant plus vraie qu'après le vote des motions de l'UMP, vote permettant de donner une ligne idéologique au parti, c'est la droite forte (donc la droite de la droite si vous voulez) qui l'a emporté. Autrement dit l'apocalypse. L'antéchrist.
Sauf que....sauf que ce n'est pas exactement comme ça que cela va se passer. Et pour une raison très simple. Copé est, comme la majeure partie des cadres de l'UMP, un pro-européen, et donc un libéral convaincu .En plus, il compte parmi ses soutiens des centristes comme Daubresse et Raffarin tandis que Fillon est soutenu par Ciotti, très à droite en ce qui le concerne. Comme l'a fait Sarkozy pendant 5 ans avant lui, il va donc beaucoup parler mais il ne va rien se passer. On a reproché à l'ancien maire de Neuilly de stigmatiser les musulmans ? Il n'y a jamais eu autant d'immigrés légaux comme illégaux que sous son mandat ! Même Jospin n'affichait pas de tels chiffres ! On a dénoncé Sarkozy comme étant un hyper-président ? Sauf qu'en négociant le pacte de stabilité européenne avec Merkel, il a encore fait perdre de la souveraineté à la France, et qui dit perte de souveraineté dit affaiblissement du pouvoir présidentiel. Et ainsi de suite. Et en bon élève, en pâle copie, Copé fera la même chose. Après tout, il a été à bonne école avec Chirac. Donc n'ayez rien à craindre : de la parole aux actes il n'y a qu'un pas qu'il ne saura pas franchir. Comme sa nouvelle idole avant lui.
Enfin un mot sur ceux qui, dans le parti, envisagent de faire sécession et de rejoindre l'UDI. Je rappelle ici qu'entre l'UDI et l'UDF, il n'y a strictement aucune différence, Veil et VGE étant même les parrains de cette "nouvelle" formation politique. Et qu'il y a encore une quinzaine d'années, l'UDF disposait d'une centaine de sièges à l'Assemblée Nationale. Pour seulement une petite vingtaine aujourd'hui (d'humeur généreuse, je rajoute ceux du Modem, pour la différence que cela fait...) C'est donc un parti qui n'a aucun avenir politique puisqu'il porte tous les maux dont souffre la France aujourd'hui : le libéralisme économique échevelé, l'ouverture des frontières, l'Europe à tout crin. Mettez-les au pouvoir, et vous allez voir les salaires baisser, le coût du travail diminuer (tant pis pour la protection sociale...), et les transferts de souveraineté vers Bruxelles et sa cohorte de technocrates croître à un rythme jamais vu ! Je rappelle que l'UMP est un parti dit de la Droite traditionnelle qui a toujours eu le culte du chef, du leader unique (De Gaulle, Pompidou, Chirac) et que c'est comme ça que la Droite a remporté l'essentiel des élections présidentielles de la Ve République. Parce que c'est comme ça que fonctionne la Ve République. De plus, les militants ont montré lors de ce scrutin une volonté claire d'en revenir aux fondamentaux du parti, ce qui n'est en aucun cas une "droitisation" : le parti s'était "centrisé" depuis 2002, il revient donc à sa place initiale, celle du RPR de la fin des années 80. Et à l'époque, on n'accusait pas Chirac ou Séguin de faire la course à l'extrême-droite. Pour ceux qui n'en sont pas convaincus et qui sont curieux, allez donc jeter un oeil sur le programme du RPR pour les Législatives de 88 et vous verrez : c'est édifiant. 
Alors maintenant que les précisions sémantiques sont faites, le show va pouvoir commencer. Et dépêchez-vous un peu, parce que nos plus fidèles spectateurs (les agences de notation) s'impatientent !

jeudi 15 novembre 2012

Réac' et alors ?

Crédits Photo : Superstock/Superstock/SIPA

Bonjour à tous !

‎" Sois réac, pour l’honneur de ne pas hurler à l’unisson de la meute, la fierté de penser sans prothèse, la joie de baguenauder sans chaîne ni collier. " 

C'est par ces mots que Denis Tillinac définit la motivation de la pensée réactionnaire. Un mot que l'on entend souvent ces temps-ci sans finalement très bien le définir. Et si on l'entend si souvent, c'est parce que nombre de chroniqueurs, polémistes, intellectuels s'en réclament aujourd'hui, de manière toujours plus forte. Votre humble serviteur se revendique de cette pensée au même titre, donc, que Alain Finkielkraut, Elisabeth Lévy, Eric Zemmour, Robert Ménard, Patrick Buisson, Ivan Rioufol, et autres Pascal Bruckner. 
Qu'est-ce qu'un réac ? Je serais tenté de dire que nous sommes les parias de la société moderne, les Gargamel dans le village des Schtroumpfs, les Dark Vador de la République galactique, en un mot ceux que l'on accuse de tous les maux (justement) lorsque tout va mal. En fait, nous nous contentons simplement de nous poser en veilleurs vigilants face à nos nouveaux maîtres qui n'aiment rien temps que de voir les moutons bêler avec le troupeau. Vous savez, comme dans le conte des moutons de Panurge. Sauf qu'à la fin, et les dictateurs de la pensée unique oublient bien souvent de vous le préciser, les moutons meurent noyés ! 
Historiquement parlant, et pour mieux comprendre la pensée réactionnaire, il faut expliquer qu'elle s'inscrit dans le cadre d'un pessimisme prononcé envers la modernité. Selon les affinités de chacun, il peut ensuite s'agir d'une lutte contre telle ou telle forme de cette dernière : Châteaubriand ou Lovecraft regrettaient ainsi les progrès de la science (même si  le créateur du "Ctulhu" avait une relation ambigüe avec elle, qui le fascinait autant qu'il la craignait), les progrès dans la politique (notamment le passage de la monarchie à la république puis à la démocratie) ou bien encore les progrès sociétaux. Bref, toujours est-il, reconnaissons-le humblement, que nous sommes le plus souvent des empêcheurs de moderniser en rond. Excès de prudence sans doute, mais aussi une certaine connaissance aigüe des faits historiques que nous savons prégnants dans la construction du présent et de l'avenir. Car, contrairement à la bien-pensance majoritaire, nous ne renions pas notre histoire, celle de notre pays, pour nous affranchir et tenter de nous inscrire dans un futur artificiel qui ne saurait nous correspondre. Au contraire, nous sommes conscients que l'Histoire est un éternel recommencement, un cycle sans fin duquel l'Homme ne peut s'échapper.
Le réactionnaire aime les héros, et il les respecte, sans les juger car tel n'est pas dans les attributions de l'Homme moderne. Oui, nous aimons De Gaulle et Napoléon, et nous leurs savons gré de tous les bienfaits qu'ils ont apportés à la France (Libération de la France, unité du pays, refus de l'atlantisme, leadership européen, constitution de la Ve République pour le premier nommé - Code Civil, départements, universités, rayonnement de la France, amour du peuple pour sa patrie et son Empereur et pourfendeur de la Perfide Albion pour le second). Nous ne les jugeons pas car, même si ils ont leurs torts, ils ont agi dans un contexte et avec des idéaux qui étaient bien différents des nôtres. Ainsi, lorsque François Hollande organise la grande repentance de la France, il ignore sciemment l'Histoire de notre pays, et le contexte dans lequel elle s'inscrit, et se permet de juger des grands hommes qui, de toute façon, demeureront dans la postérité, contrairement à lui. 
Quand la pensée unique demande l'égalité des droits pour tous (légalisation des sans-papiers, immigration généreuse, droit de vote des étrangers, intégration en lieu et place de l'assimilation, mariage et adoptions pour les couples homosexuels), ils piétinent la Nation française, riche de deux millénaires d'Histoire, privilégient les particularismes et le communautarisme au détriment de l'unité républicaine, récompense les droits plutôt que les devoirs, et abandonnent la liberté et l'égalité au profit du libertarisme et de l'égalitarisme ! De fait, ils sont les idiots utiles du capitalisme ultra-libéral qui, depuis la chute du Mur de Berlin et l'accélération de la mondialisation, avec pour corollaire l'ouverture des frontières aux quatre vents, y compris culturels, se frotte les mains à l'idée de créer de nouveaux besoins artificiels, avec son lot de nouveaux consommateurs décérébrés prêts à dépenser avant de réfléchir. C'est comme cela qu'aujourd'hui la France célèbre Halloween, que les restaurants Quick ouvrent des succursales halal, que nous portons tous du "Made In China" et que...nos usines ferment, les patrons voyous délocalisent sans scrupules, que des restaurants et des chefs de chantier emploient des immigrés sans-papiers, contents qu'ils sont de bosser pour 1/3 de moins que les salariés français, que le chômage augmente, et avec lui nos dépenses sociales et donc notre dette. Et le tout avec la bénédiction de Bruxelles qui, au fil des traités européens, depuis Schengen jusqu'à Lisbonne en passant par Maastricht, prend toujours plus de décisions à la place des gouvernements élus, et supplante toujours davantage la souveraineté nationale, mettant en péril les équilibres des pays. Demandez donc aux pêcheurs et aux agriculteurs ce qu'ils pensent de l'eurocratie. Et jetez un oeil sur les manifestations anti-austérité un peu partout en Europe qui se sont déroulées hier et vous comprendrez la réalité de l'Union Européenne : le tout-libéral afin de continuer à engraisser les grandes banques et les grandes entreprises multinationales qui, de toute façon, n'ont pas de frontières, donc pas de lois.
Bossuet disait : "Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes". Voilà exactement le point que nous avons atteint, un point de rupture indépassable : on se plaint de la crise, du racisme, des riches toujours plus riches au détriment des pauvres toujours plus pauvres mais on ne remet rien en question : l'Europe, c'est formidable, les pauvres sans-papiers doivent être aidés, ne stigmatisons pas telle communauté de la société, laissons les homos se marier puisqu'ils s'aiment... Mais d'un autre côté, on passe savamment sous silence le fait que le premier mariage gay en France sera très généreusement sponsorisé par quantité d'entreprises privées, qui ont trouvé là de nouveaux pigeons tout prêts à consommer tant et plus. 
Renaud Dély, "journaliste" au Nouvel Obs, qualifie les intellectuels réactionnaires de tenant d'une droite brune : mais quand réalisera-t-on enfin que l'extrême-gauche ne vaut pas mieux que l'extrême-droite ? Oublie-t-on les dégâts causés par les régimes communistes en Europe de l'Est, les crimes de Staline, Mao, Castro ? Oublie-t-on les horreurs perpétrées par les Khmers rouges ou la surréaliste dictature en Corée du Nord ? Contrairement au fascisme et au nazisme, le communisme continue encore de faire des milliers de morts chaque année. Mais c'est sans doute plus facile de taper sur les réactionnaires, que l'on confond par commodité et paresse intellectuelle avec l'extrême-droite. Après tout, Zemmour et Rioufol n'iront jamais défiler dans la rue, eux ! 
Il est temps d'en finir avec cette arnaque géante qui cloue au pilori 20% des électeurs en âge de voter sous prétexte qu'ils ont apporté leur scrutin à Marine Le Pen en Mai dernier. Parce que ce ne sont pas ces bobos donneurs de leçon qui vivent les difficultés du peuple tous les jours : quand le mariage gay sera voté, les chômeurs du Nord de la France n'auront toujours pas d'emploi : c'est ça, l'égalité ? Et puis, contrairement aux artistes qui parlent à tort et à travers dans les médias, le peuple ne peut pas se permettre d'envoyer ses enfants dans les écoles privées loin de la violence scolaire. Les mêmes artistes qui prônent la mixité sociale mais qui refusent d'emménager dans un quartier où la "faune locale" est trop "bigarrée". 
Il est temps, comme le disent Lash et Michéa, que la Gauche, qui entendait rompre avec le sarkozysme (avant d'appliquer pas à pas son programme), se comporte comme une vraie Gauche si elle veut retrouver les faveurs du vote populaire et l'adhésion des Français. Et pour cela, ces deux auteurs ne disent qu'une chose : en finir avec les revendications communautaires et individualistes pour remettre l'intérêt général sur le devant de la scène.
Tout cela n'est que du bon sens. Si c'est cela être réactionnaire, alors soit ! Mais n'oubliez pas : on vote tous les cinq ans. Alors que ceux qui me critiquent me fassent un procès si ils le veulent mais qu'ils n'oublient pas : Marine Le Pen n'est jamais loin et si elle accède au pouvoir en 2017, il sera trop tard pour pleurer. En outre, la démocratie et la liberté d'expression garantissent le débat d'idées contradictoires. La chasse aux sorcières n'a donc, en théorie, pas lieu d'être. Doit-on craindre pour autant l'avènement d'un maccarthysme de gauche ? Ce serait alors le pompon, l'ultime ironie de l'Histoire...

lundi 12 novembre 2012

Commission Jospin, VIe République, réforme des institutions... le point

F. Hollande et L. Jospin à l'Elysée pour la remise du rapport sur
la réforme des institutions. Crédits Photo : AFP/Bertrand Langlois

Bonjour à tous !

Cela est sans doute parvenu à vos petites oreilles en fin de semaine dernière : l'événement politique du moment c'est, outre le Rapport Gallois sur la compétitivité de la France, la réforme des institutions de notre pays. Réforme sur laquelle a planché Lionel Jospin. Eh oui, on a ressorti la momie de son formol où elle prenait le frais du côté de l'Ile de Ré.
Pourquoi un rapport ? Parce que cela fait plusieurs années que la Gauche, notamment, et surtout la gauche de la Gauche (comprenez Mélenchon et Montebourg) réclament une réforme des institutions. Réforme également réclamée dans les médias par le Dieu omnipotent des bons sentiments et de la bonne conscience, Edwy Plenel, rédacteur en chef du discuté et discutable site Mediapart (car il est assez incompréhensible, quand on revendique faire de la "vraie presse d'information", que l'on rende le site entièrement payant. Il faut croire qu'il n'est pas utile pour le bon peuple d'y avoir accès puisque Plenel et ses copains font la transcription pour nous). 
Que réclament ces messieurs ? Ils réclament l'abolition de la Ve République et la mise en place d'une assemblée constituante choisie par le peuple pour l'instauration d'une VIe République qui marquerait le retour du régime parlementaire, mettant fin à l'hégémonie supposée toute-puissante du Président de la République. Rappelons que la Ve République, adoptée en 1958, et rédigée par le Général de Gaulle et Michel Debré, avait pour but de mettre en place un régime bicéphale où le Président aurait des pouvoirs importants et serait la figure représentative de l'Etat, notamment à l'étranger. Le Parlement, dans le cadre de la séparation des pouvoirs, aurait lui le contrôle du législatif et pourrait, en cas de cohabitation, entraver presque totalement le Président dans ses prérogatives (cf les cohabitations de 1986-88, 1993-95 et 1997-2002). En outre, la Ve République consacrait le cumul des mandats pour permettre aux élus locaux de venir défendre leur circonscription, leur région, leur département ou leur ville à Paris face aux énarques de la Capitale. Enfin le Parlement devait être élu, dans le cas de l'Assemblée Nationale, par un suffrage universel direct sous la forme d'un scrutin majoritaire.
Ce que reproche les détracteurs de ce régime, c'est la main-mise selon eux trop prégnante du Président de la République. Il faut dire qu'avec Mitterrand et Chirac, on avait eu l'habitude, sur une période de presque 30, d'avoir des "rois fainéants" à la tête de l'Etat. Avec Sarkozy, et le délai raccourci de mise en action depuis l'adoption du quinquennat, on s'était retrouvé avec un Président plus interventionniste, plus décideur et médiatique. Chose insupportable pour la Gauche, qui reprochait au Premier Homme de l'Etat de se montrer trop pendant que le peuple souffrait. Seulement, si ces messieurs avaient été plus honnêtes, ils auraient admis deux choses. La première, c'est que le mandat de Sarkozy s'est inscrit dans la lignée d'une nouvelle forme d'hypermédiatisation relayée par les réseaux sociaux que sont Facebook et Twitter. Et la seconde, c'est qu'en fait, comme tout se décide désormais à Bruxelles, Sarkozy s'est évertué à occuper la scène médiatique pour masquer la réalité de son mandat : une hypoprésidence et non une hyperprésidence comme ses détracteurs se plaisaient à le souligner. Mais pour ces adorateurs de l'Europe ultra-libérale de Bruxelles qu'ils ont contribué à mettre sur pied, le reconnaître serait revenu à se dédire. Et de cela, il ne peut en être question.
Alors on prône un changement de régime soi-disant plus démocratique qui rendrait le pouvoir au peuple, où ce serait le Premier Ministre (ou le Président du Conseil comme on l'appelait autrefois) qui serait en fait le leader du pays. Sauf que la France a déjà expérimenté les régimes parlementaires. Pendant la IIIe République d'abord (1870-1940) puis la IVe République (1946-1958). Mais qu'avons-nous constaté ? Une instabilité chronique, des gouvernements qui tenaient à peine six mois et un pays qui était devenu ingouvernable ! La France demeure un pays jacobin et monarchique. C'est un pays qui a besoin d'un chef qui soit au-dessus de la mêlée et pas d'un laborieux qui passe sa journée les mains dans le cambouis et qui ne puisse pas jouer le rôle rassurant du bon père de famille réconfortant ses ouailles quand les affaires tournent mal. De surcroît, la IIIe République s'est terminée dans les tourments innommables du régime de Vichy, tandis que la IVe s'est achevée dans les larmes et le sang de Dien-Bien-Phû puis de l'Algérie. Passer d'un régime semi-présidentiel à un régime parlementaire serait donc une grave erreur.
Mais le rapport Jospin préconise d'autres mesures : la fin du cumul des mandats pour obliger les élus à ne se consacrer qu'à une seule tâche et pour rajeunir la classe politique. Sauf que, comme je l'ai dit plus haut, si un élu local siège à l'Assemblée, il peut défendre mieux que personne les aspirations de la population qu'il représente dans son fief. En outre, si l'on supprime le cumul des mandats, les députés ne seront plus que des toutous parisiens au service de leur parti. Et puis si un élu fait du bon travail en cumulant deux mandats, il n'est nul besoin qu'il renonce à l'une de ses fonctions. En revanche, limiter le cumul des rémunérations de fonction serait une bien meilleure idée qui ferait gagner de l'argent à l'Etat. Enfin, est soulevé également le vieux serpent de mer de la proportionnelle. Il est proposé que sur 577 députés, 58 soient élus à la proportionnelle. Encore une fois, c'est une noble idée puisque les partis qui font entre 10 et 20% pourront prétendre à une représentation dans l'hémicycle. Sauf que les partis majoritaires traditionnels que sont l'UMP et le PS auront moins de sièges, ce qui risque d'entraîner, là aussi, une instabilité du pouvoir. Et si, à terme, on se retrouve avec une situation identique à la Belgique ou à la Grèce qui, faute d'accord, sont restées de plusieurs semaines à plusieurs mois sans gouvernement, on aura bien l'air fin. 
Alors je propose à François Hollande de se mettre au travail et de faire lui-même le boulot, plutôt que désigner des commissions et des sous-commissions à n'en plus finir. Ca limitera le nombre de mauvaises idées à la minute et puis ça le forcera à devoir pleinement assumer ses responsabilités (et ses échecs) en 2017.

vendredi 9 novembre 2012

Obama réélu : analyse et prospectives

Crédits Photo : Reuters/Jim Bourg

Bonjour à tous!

A moins que vous ne sortiez d'une longue période d'hibernation, vous avez pris connaissance de l'événement politique de cette semaine : Barack Obama a été réélu. Il est donc désormais en poste jusqu'en 2016, où il ne pourra plus se représenter. En effet, la Constitution américaine n'autorise que 2 mandats pour chaque président depuis "l'exception Franklin Roosevelt". Celui-ci avait en effet remporté 4 mandats consécutifs, de 1932 à 1945 (atteint du Syndrome de Guillain-Barré, il mourut quelques mois après sa dernière réélection, datant de 1944).
Comment Obama a-t-il été réélu alors que son bilan économique est morose, que la Chine menace l'hégémonie américaine, et que l'US Army est encore engluée dans certains conflits ou polémiques ? (Guantanomo n'est toujours pas fermé). Il faut d'abord prendre en considération qu'Obama est aimé des Américains : il a un sens de l'humour aiguisé, se montre un mari et un père de famille exemplaire, a toujours le sens de la formule et semble disposer d'une aura, d'une hauteur naturelle le rendant digne de sa fonction. En effet, il ne s'emporte pas, n'invective jamais. En outre, son adversaire, Mitt Romney, était médiocre : alors qu'il fut un bon gouverneur du Massachussetts, modéré sur les questions de société, il s'est révélé trop offensif lors de sa campagne pour plaire à la frange grandissante des extrémistes de son parti issus de la mouvance du Tea Party. La vidéo qui fit le tour de la Toile où on l'entend mépriser 47% de la population américaine lui a ainsi fait le plus grand mal. Par ailleurs, son passé d'homme d'affaires richissime n'ayant jamais hésité à délocaliser pour s'enrichir a contribué à creuser sa propre tombe. Enfin, il était intellectuellement insuffisant, en témoigne sa piteuse sortie sur les hublots dans les avions. De quoi rappeler aux Américains un certain George W. Bush dont l'ombre planait bien trop bas au-dessus de la tête du pauvre Mormon. Et puis, dernière raison et non des moindres : la modification de la démographie américaine qui a montré un pays plus divisé, plus clivé que jamais. Les hommes blancs, de toutes les classes sociales, ont davantage voté pour Romney. Mais ils sont en recul désormais par rapport aux femmes, aux Noirs ou aux Latinos qui ont tous voté Obama. Songez ainsi que 93% de la population noire américaine, au moins, a voté pour Obama.
Quels sont les défis qui attendent le 44e Président des USA ? Ils sont nombreux. Tout d'abord, il lui appartient de rassembler un pays qui, comme je viens de l'évoquer, a été très divisé tout au long d'une campagne qui a vu les coups bas l'emporter sur le débat d'idées, et ce, des deux côtés. Ensuite il lui faudra composer avec une Chambre des Représentants (équivalent de notre Assemblée Nationale) hostile, puisque les Républicains y gardent la main. Certes, il a encore la majorité au Sénat mais cela risque de s'avérer insuffisant. Surtout que se profile à l'horizon la ligne fatidique de Janvier 2013, date au-delà de laquelle le budget américain ne sera plus provisionné si un accord entre l'exécutif et le parlement n'est pas trouvé entretemps. La chance d'Obama, c'est que les Républicains vont mettre du temps à se remettre de cette défaite, et qu'il leur faudra certainement eux aussi faire des concessions si ils ne veulent pas braquer durablement l'opinion publique contre eux. Enfin, il faudra que le Président se retrousse sérieusement les manches concernant l'économie, son véritable point faible lors de sa première mandature. La croissance est encore fragile, la Chine continue à n'en faire qu'à sa tête concernant la sous-évaluation forcée du Yuan par rapport au Dollar, le chômage ne baisse que trop lentement et, surtout, une nouvelle crise d'envergure se profile à l'horizon : celle des emprunts étudiants qui représentent une somme globale de 1,000 milliards de Dollars ! Une somme faramineuse qui risque de provoquer une crise désastreuse si son remboursement n'est pas rapidement garanti.
Mister Obama, j'étais prudent lors de votre première élection en 2008, je le suis encore plus aujourd'hui. A vous de montrer que vous méritez de rester dans les livres d'Histoire !

mardi 6 novembre 2012

Les Etats-Nations mis à mal par l'Europe des régions

Saint-Louis vu par Le Gréco (Source Wikipédia)

Bonjour à tous !

Tandis que la crise économique qui nous frappe est loin d'être terminée, on assiste en Europe à un phénomène qui tend à prendre de l'ampleur depuis quelques mois : le régionalisme. Celui-ci consiste en la manifestation d'un ras-le-bol de la part de certaines régions en Europe par rapport à l'Etat-Nation qui les chapeaute. L'exemple le plus frappant est sans doute celui de la Flandre belge, qui réclame son indépendance à corps et à cris au point d'avoir empêché la formation d'un gouvernement Outre-Quiévrain pendant près de 2 ans. Le problème est simple : la Flandre est industrieuse et riche tandis que la Wallonie se paupérise en même temps que son taux de chômage augmente.
En Grande-Bretagne, c'est l'Ecosse qui, au vu de la récession qui frappe le Royaume, a décidé d'organiser un référendum dans les mois qui viennent pour s'octroyer son indépendance. Il faut dire que les terres se trouvant au nord du mur d'Hadrien bénéficient aujourd'hui d'une très belle rente financée par l'extraordinaire richesse pétrolière de leurs eaux territoriales en Mer du Nord. Au point que la ville d'Aberdeen existe uniquement grâce à cela. En Italie, la querelle est ancienne entre les indépendantistes de la Ligue du Nord qui veulent constituer la Padanie (en référence au Pô, le grand fleuve du nord du pays) et l'Etat Central qui ne veut évidemment pas que toutes les régions au sud du Latium soient laissées pour compte (comprenez : aux mains de la mafia). En Espagne, c'est la Catalogne qui manifeste de manière toujours plus virulente sa volonté de s'émanciper. Et en France, le problème le plus frappant est le problème corse.
Comment expliquer ses relents régionalistes ? Tout simplement parce que l'Europe se veut une Europe des Régions. Elle le revendique comme tel, en n'hésitant d'ailleurs pas à transférer des fonds directement à certaines d'entre elles sans passer par la case "Etat central". Cela s'inscrit dans le projet fédéral de cette Union Européenne qui se fantasme en Etats-Unis d'Europe, chose qui n'arrivera jamais ! Pensez donc : 20 siècles à se faire la guerre pour enfin en arriver à un équilibre fragile, et une multitude de peuples tous plus différents les uns que les autres, sur un territoire assez petit finalement, dont beaucoup ne peuvent pas se saquer (il n'y a qu'à regarder les histoires de chacun pour comprendre pourquoi). Bref, ce n'est certainement pas pour fonder un énorme machin (Mon Général, si vous nous regardez...) où chacun cohabiterait avec l'autre comme si il ne s'était rien passé. Ce qui est très différent de l'Histoire des USA. Mais ça, nos chers technocrates bruxellois l'ignorent sciemment. Et ils s'en contrefichent, puisqu'ils n'ont jamais à se confronter aux électeurs !
En outre, l'Allemagne, qui est le moteur économique de l'Europe, est un état fédéral où les décisions sont décentralisées très souvent vers les Länder. Et en géopolitique comme dans le reste, c'est souvent le plus riche qui impose sa loi. Pas de quoi s'étonner, donc, que les feux régionalistes s'attisent toujours plus aujourd'hui.
Et c'est précisément la raison pour laquelle cette Europe-là sera toujours en contradiction frontale avec la France. La France est le pays par excellence de la centralisation, de l'Etat fort, digne héritier de la doctrine jacobine qui voulait un Etat centralisateur et souverainiste pour passer outre les particularismes et les revendications communautaires afin d'établir, dans la transposition contemporaine du jacobinisme, une solidarité nationale redistribuée équitablement depuis la Capitale vers les régions. La France est sans doute le plus vieil état du monde. Songez plutôt : si l'on prend comme point de départ le couronnement d'Hugues Capet (987, pour ceux qui dorment à côté du radiateur, au fond, près de la fenêtre), le pays s'est très vite constitué autour de sa capitale, Paris. Louis IX (Saint-Louis, pour les intimes et les grenouilles de bénitier), par l'ordonnance de 1254, modernisa complètement l'administration avec un système de contrôle sur ses agents royaux délégués en province, les baillis et les prévôts. En outre, les sujets pouvaient en référer directement au Roi lorsqu'ils le jugeaient nécessaire, reconnaissant, de facto, la supériorité du souverain, et donc de l'Etat, sur les petits grouillots de l'époque, ancêtres de nos estimés fonctionnaires. Il donna aussi ses lettres de noblesse à la Sorbonne (établie à Paris), créa l'ancêtre de la cour des comptes et fit réévaluer la monnaie. Cela se poursuivit au fil des siècles, selon que la France perdait ou gagnait des territoires (notez qu'elle ne perdit jamais de territoires dans des proportions alarmantes). Tout ceci fut préservé jusqu'à Napoléon Ier qui introduisit une seconde réforme majeure avec le Code Civil (le fameux texte bien chiant pour les défenseurs du "mariage pour tous"), les départements et les Universités. 
Il y a donc dans ce régionalisme nouvellement exacerbé une forme de cynisme malvenu en ces temps de crise où les territoires les plus riches veulent leur indépendance afin d'abandonner le navire en pleine tempête, remettant complètement en cause la solidarité nationale induite par l'Etat-Nation. Emile Durkheim serait étonné de voir aujourd'hui à quel point il avait raison lorsqu'il évoquait l'isolement néfaste qu'avait provoqué le passage de la solidarité mécanique à la solidarité organique. Mais bon, il paraît que ça s'appelle la modernisation de la société et des moeurs et que c'est très bien comme cela. M'est avis que l'inflation des actes de violence provoqués par cette course aux communautarismes et au repli sur soi n'en est qu'à ses débuts. Qui prendra alors la suite de Durkheim pour rédiger Le Suicide, tome 2 : 115 ans après ?

vendredi 2 novembre 2012

Jean-Marc Ayrault passera-t-il l'hiver ?

Crédits Photo : Charles Platiau/Reuters

Bonjour à tous !

Alors que l'hiver approche, et avec lui l'aune de grandes difficultés pour certains de nos concitoyens (énergie, logement notamment), on se demande vraiment ce qui se passe dans le gouvernement. Car à en juger par la cacophonie ambiante, c'est à se demander qui commande et, au-delà de ça, si l'on a à faire à une équipe réellement soudée.
Le malheureux Jean-Marc Ayrault se fait tirer dessus à boulets rouges. Jamais avare de ses efforts lorsqu'il présidait, avant les Législatives de cette année, le groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, il semble avoir perdu toute sa verve depuis qu'il est arrivé à Matignon.
Non qu'il soit un mauvais bougre, loin s'en faut. Mais son manque de charisme et son caractère effacé, en plus de ses bourdes (notamment celle sur les 35h, cette semaine, qui a fait bondir son camp) ne lui rendent pas service. Et pour ne rien arranger, le Président lui a collé dans les pattes des opportunistes qui n'attendent qu'une chose : qu'il s'en aille. On pense ici à Manuel Valls, bien sûr, mais aussi à Stéphane Le Foll, ami de longue date du Président, à Pascal Lamy, qui n'a jamais vu un électeur de sa vie mais qui représente l'idéal de la Gauche mondialisée et libérale chère à Hollande, Michel Sapin, le copain de promo à l'ENA (la fameuse promotion Voltaire) ou encore Pierre Moscovici, étonnamment silencieux pour un ministre des finances. Mais c'est sans doute un bon point tactique le concernant.
Si Ayrault manque effectivement d'envergure pour le poste, comment expliquer que Fillon, son prédécesseur, et guère plus loquace que lui, ait tenu plus longtemps ? D'abord parce qu'il formait un binôme vraiment complémentaire avec Sarkozy, qui ne l'aurait lâché pour rien au monde : Sarkozy lâchait les chevaux, Fillon prenait les coups. Ensuite parce que Fillon avait déjà été ministre sous le gouvernement Raffarin et avait conduit une courageuse réforme des retraites en 2003. Il avait donc eu le temps de se faire le cuir, à la grande différence de son successeur.
Et puis, il n'est pas aidé non plus par la tradition parlementaire et donc très bavarde (à l'excès) du PS : c'est un parti où on discute, on "dialogue", on "débat", comprenez : chacun ramène sa fraise pour tirer la couverture (médiatique) à lui. C'est un parti qui n'a toujours pas compris le mode de fonctionnement de la Ve République : c'est une "république monarchique" où "l'homme providentiel" est sacré et respecté, à savoir le Président de la République. Celui-ci est supposé avoir une hauteur de vue sur tous les sujets, tandis que le Premier Ministre l'assiste au jour le jour. Et les ministres exécutent sans broncher. Ou du moins est-on en droit de l'espérer. Chirac avait ainsi dit à propos de Sarkozy en 2004 : "J'ordonne...et il exécute !" Bref, un régime sur mesure créé pour lui par le Général de Gaulle, et ceux qui étaient appelés à lui succéder. La Droite, elle, possède cette culture de l'homme providentiel. C'est la raison pour laquelle elle n'avait pas fait de primaire, ni en 2007, ni en 2012. Et c'est aussi la raison pour laquelle sa raison d'en organiser une en 2017, "pour faire bien", l'éloigne de son ADN et, potentiellement, de ses électeurs. 
De surcroît, Jean-Marc Ayrault n'a pas le charisme ni l'éloquence d'un Michel Debré ou d'un Georges Pompidou pour tenir tout ce petit monde en laisse. C'est un laborieux, à la culture moins étendue que les deux précédemment cités, ce qui rend ses interventions soporifiques au possible. Pas facile de se faire entendre dans ses conditions. Si François Mitterrand avait dit en son temps : "Après moi, il n'y aura plus de grand Président" (Dieu que c'est vrai !), il faut remonter encore plus loin pour trouver un grand Premier Ministre. Un homme à poigne, incontestable, qui puisse mettre en pratique la doctrine prônée par Chevènement : "Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne" (Chevènement avait ainsi démissionné trois fois !)
Mettons aussi en avant les sondages toujours plus bas du couple exécutif, et vous comprendrez encore mieux pourquoi les ministres s'octroient tant de libertés. Et l'on voit alors le manque d'expérience d'hommes qui n'ont jamais été ministres, à de rares exceptions près et qui, pour certains, n'avaient plus vu un électeur depuis longtemps. Car ce n'est pas en étant Premier Secrétaire du PS pendant quelques années qu'on acquiert la dimension nécessaire à devenir un bon Président. Pas plus qu'en étant Maire de Nantes non plus, visiblement.
Enfin, quand le PS aura enfin assimilé pleinement la Constitution de 1958 et que ces messieurs auront fini de se chamailler, ils pourront peut-être enfin se mettre vraiment au boulot, et autrement que pour nous taxer toujours plus ou pour donner le droit de se marier à une sous-minorité de minorité. Mais j'ai bien peur que le temps qu'ils reprennent leurs esprits, on soit en 2017 et que Marine Le Pen ne crée une (mauvaise) surprise. Ce n'aura pourtant pas été faute de les avoir prévenus...

mardi 30 octobre 2012

Le droit de vote des étrangers mort-né ?

Bonjour à tous !

Ce week-end le PS était réuni en congrès à Toulouse. L'occasion de réaffirmer le programme du Président Hollande ainsi que les fondamentaux du Parti, enfin, dans le peu de temps qui leur était imparti pour cela. En effet, ils ont passé la quasi-intégralité du congrès à taper encore et encore sur la Droite. Comme si ils n'avaient pas compris que c'était désormais inutile puisqu'ils ne sont plus dans l'opposition.
Parmi ces fondamentaux figurait l'un des engagements majeurs de François Hollande (c'est dire la pauvreté, pour ne pas dire le néant, de son programme...) : le droit de vote des étrangers aux élections locales.
Serpent de mer de la politique de gauche depuis que François Mitterrand l'avait inclus dans ses 101 propositions lorsqu'il fut élu en 1981, ce débat revient sur la table chaque fois que la Gauche est aux affaires : 1981, 1988, 1997 et 2012. Problème : ils ont toujours renoncé.
Quel est l'argumentaire employé ? Des étrangers en situation régulière travaillant et payant des impôts devraient avoir le droit, par principe de justice et d'égalité (les pauvres, à force d'être invoquées à tort et à travers, elles doivent avoir une sacrée migraine !) pouvoir voter aux élections locales. Quand certains ne réclament pas carrément qu'ils puissent être élus conseillers municipaux ou maires.
Ah, décidément la Gauche ne manque jamais d'idées foireuses. Ils ont pourtant oublié un point majeur : le droit de vote est fondamentalement corrélé à la nationalité. Après tout, si ces étrangers en situation régulière et remplissant les conditions nécessaires ne demandent pas à être naturalisés pour obtenir la citoyenneté française et bénéficier des droits qui vont avec, ça les regarde ! Ils n'ont qu'à participer, par voie consulaire, aux élections de leur pays d'origine ! Les Tunisiens de France ne se sont d'ailleurs pas gênés pour le faire quand il a fallu porter les islamistes d'Ennahda au pouvoir. Il semble absolument cohérent et logique d'avoir le droit de voter pour un pays et un seul !
L'argument massue employé est le fait que les étrangers payant des impôts devraient également bénéficier de tous les droits de la nationalité française. Problème : le suffrage censitaire n'existe plus depuis belle lurette ! La Gauche l'aurait-elle oublié ?
Jaurès disait : "La Nation, c'est le seul bien des pauvres", Jaurès homme de Gauche par excellence. Autrement dit, donner aux étrangers le droit de voter et d'être élu, c'est comme déchoir de leur nationalité les Français les plus modestes et les plus humbles qui, eux, n'ont pas forcément les moyens de payer des impôts mais à qui il reste encore cependant ce droit fondamental : celui de glisser un bulletin dans l'urne. Va-t-on leur retirer ce rare privilège au nom d'une supposée égalité qui ne répond en réalité qu'à un impératif de lobby, un impératif communautaire ? L'historien et sociologue  américain Christopher Lasch (1932-1994), scientifique historiquement de Gauche, avait en son temps fustigé, déjà à l'époque, la course de cette Gauche libertaire-libérale vers cette démagogie, qu'il appelait la "religion du progrès" (1). De même, en France, Jean-Claude Michéa, ancien militant du PCF, philosophe et essayiste, procède-t-il à la même critique. Il "considère que les idéaux bourgeois libéraux ont triomphé du socialisme en le phagocytant" et "déplore que le socialisme ait accepté les thèses du libéralisme politique". (2)
Car il en va finalement du droit de vote des étrangers comme du "mariage pour tous" : satisfaire des lobbies minoritaires qui, par l'ouverture de nouveaux droits, vont créer de nouvelles niches de consommation qui profitent encore et toujours au cynique capitalisme mondialisé. Demandez donc aux professionnels du mariage et vous verrez qu'ils se frottent déjà les mains à l'idée de voir de nouveaux clients affluer, qui pour réserver un traiteur, qui pour se faire tailler un costume sur mesure.
Sauf que dans le cas qui nous occupe aujourd'hui, c'est bien plus grave de la part de la Gauche : ils ont compris que les jeunes des banlieues ne votaient pas et que leurs aînés, pour ceux qui possédaient la nationalité française, avaient massivement voté pour François Hollande (à 93%, si ça c'est pas un score de dictateur africain). Or, en vue des élections locales, notamment les Municipales de 2014, et sachant très bien que le PS risque de prendre une mémorable rouste car il n'aura résolu en rien les vrais problèmes des Français, la rue de Solférino cherche à prendre des voix là où elles sont : à savoir chez les étrangers.
Cependant, tout n'est pas perdu. Accorder le droit de vote aux étrangers nécessite, selon la loi française, de modifier la Constitution. On ne peut la modifier que de deux façons : soit par référendum, soit par majorité des 3/5e du Parlement réuni en Congrès (Assemblée Nationale + Sénat). Il s'avère que le Président, pas fou, ne veut pas du référendum qu'il sait risqué sinon perdu d'avance, ce qui aurait de graves conséquences pour la suite de carrière à l'Elysée ; quant à la majorité des 3/5e, la Gauche est loin du compte, l'UMP, farouchement opposée au projet, disposant de suffisamment de sièges pour faire barrage. 
Le Gouvernement, sauf extraordinaire et improbable retournement de situation, va donc devoir faire machine arrière. Et ce ne sera qu'un début, car la résistance s'organise. Sur le "mariage pour tous", par exemple, dont le débat en Conseil des Ministres a été ajourné. Il faudra donc expliquer aux Français qu'on n'a pas pu tenir sa parole. Ce qui risque, même pour un sujet comme celui-ci, de susciter au mieux l'ironie, sinon un rejet toujours plus profond de l'équipe dirigeante actuelle. 
Que Hollande se renseigne, mais je crois qu'il y a encore de belles maisons à vendre sur l'Ile de Ré : Lionel Jospin commence à s'y sentir bien seul...

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1 - LASCH Christopher (2000) La Culture du narcissisme - La vie américaine à un âge de déclin des espérances, Paris, Climats & "Mass Culture reconsidered" in Democracy (01/10/81) p 7-22
2 - MICHEA Jean-Claude (2010) L'Empire du moindre mal, essai sur la civilisation libérale, Paris, Champs-Flammarion