samedi 21 novembre 2015

Et maintenant on fait quoi ?

Bonjour à tous !

J'ai longtemps, très longtemps même, hésité avant d'écrire cette chronique. Mais je maintiens que le débat a toute sa place dans une démocratie, aujourd'hui plus qu'hier. Et puis chaque citoyen peut, et doit, dans la mesure de ses capacités, apporter son écot à la discussion. Beaucoup de choses ont été dites depuis une semaine. On fait le tri ?

Les professionnels en première ligne

La première chose, frappante, c'est de constater à quel point la parole des professionnels de la lutte contre le terrorisme a été entendue, soulignée et mise en avant. Devant un discours politique qui tourne en boucle quand il n'est pas discrédité, la parole de François Molins, Marc Trévidic ou celle d'Alain Bauer apparurent comme des ballons d'oxygène salutaires. Alors évidemment, ce qu'ils disent n'est pas très réjouissant sur l'état de la lutte anti-terroriste en France mais au moins, cela permet de poser les bases d'une vraie méthode de travail à partir de laquelle les politiques doivent travailler. Les citoyens ne comprendraient plus, après le carnage de Vendredi dernier, que l'on ne confie pas à ces personnes les clés du camion. Toutes nos tentatives pour contrer des attaques terroristes sur notre sol ont échoué avec deux attaques particulièrement marquantes, l'une dans sa symbolique (Charlie et l'Hyper Cacher), l'autre dans son ampleur (Stade de France, Bataclan, quartier République) et son nombre de victimes. Les politiques, qui ont scandaleusement coupé dans les dépenses de sécurité intérieure et extérieure depuis 2007 au moins, doivent avoir l'humilité de se mettre en retrait et de laisser la place aux vrais spécialistes;
En outre, je pense que les citoyens de ce pays ont pu, une fois de plus, admirer - et le mot n'est pas trop fort - le sang-froid et le courage des policiers, militaires, forces spéciales, pompiers et autres médecins dans leur comportement face à cette crise inédite : l'intervention au Bataclan fut aussi rapide que décisive, les services d'urgence des hôpitaux de Paris ont fait des merveilles avec peu de moyens (1) et la traque des terroristes est menée avec célérité. Il est temps d'envisager l'emploi et la formation de nombre de ses professionnels de haut vol et de ne plus tant rogner sur leurs salaires. Il faudra repenser alors la question budgétaire.

Une dérive sécuritaire liberticide de mauvais aloi

Ca y est, ils sont de retour : François Hollande dans le costume du Général Patton et Manuel Valls dans celui de Clémenceau. Ca gesticule dans tous les sens pour brasser du vent, comme trop souvent depuis maintenant 3 ans. Au-delà de la dignité irréprochable avec laquelle le Président a rendu hommages aux victimes et aux secouristes, il me paraît vain et illusoire de prolonger l'état d'urgence et de continuer de maintenir une surveillance serrée des communications. De toute façon, les informations ne manquent pas, c'est la façon dont on les traite qui fait défaut. Donc espérer récolter encore plus d'informations en espionnant les citoyens de ce pays ne servira à rien. Surtout si on continue à considérer le contrôle aux frontières comme une chimère réactionnaire. Entendons-nous bien : il ne s'agit pas de fermer les frontières, nous ne sommes pas en Corée du Nord, mais au moins de les contrôler en donnant aux douaniers des moyens de filtrer davantage les passages entrants et sortants de notre pays. Ce qui ferait après moins de travail pour nos services de renseignements. De toute façon, on panique, mais il est rare que ce type d'attentat se répète dans un laps de temps très rapproché, les terroristes, privilégiant l'effet de surprise, attendent en effet généralement que la tension soit retombée pour que le choc d'un nouvel attentat soit plus violent encore. Alors finissons-en avec les discours martiaux et passons aux actes : déchéance de nationalité automatique pour les doubles-nationaux coupables d'actes de terrorisme, renforcement de la prévention et de l'information auprès des mineurs sur les dangers de la propagande sur Internet, contrôle aux frontières et rationalisation des fiches S : en faire peut-être moins mais être plus efficace dans la surveillance de ceux qui sont fichés de la sorte.

Un nouvel espoir ?

Enfin le vrai sourire est là. C'est timide, mais enfin ils prennent plus de place dans les médias. Eux, ce sont les intellectuels laïcs musulmans, qui en plus se revendiquent comme tels. Ils sont trois à avoir parlé d'or ces derniers jours : Boualem Sansal, grand prix du roman de l'Académie Française, Abdennour Bidar, agrégé de philosophie et normalien, et Malek Chebel, anthropologue des religions formé à l'IEP de Paris. Eux prônent une vraie réforme de l'Islam et appellent à une vraie prise de conscience des musulmans de France qu'il est temps de faire un Islam de France comme les Juifs ont, en 1807, construit un judaïsme de France. Et ils se montrent infiniment plus fins et subtils que les moutons qui continuent de bêler "pas d'amalgame". Comme s'il y avait des gens assez idiots pour penser que l'ensemble des musulmans de ce pays portait la responsabilité de ce qui s'est passé la semaine dernière ! Le débat n'est pas là. Pour en revenir à ces intellectuels vraiment intéressants et pertinents, il serait long et fastidieux de reprendre et décrire leurs points de vue mais leurs interventions sont facilement accessibles sur la Toile. En plus du CFCM qui a appelé à consacrer la Grande Prière du Vendredi 20 aux victimes des attentats, c'est tout un large pan de la communauté musulmane qui s'exprime clairement, fièrement contre l'Etat Islamique et ses affidés. Il est temps que la République leur donne la parole, les écoute et ouvre la voie d'un débat public avec eux. Bien sûr, ce ne sera pas simple, chacun devant faire un pas vers l'autre, mais nous vivons une époque compliquée alors autant en prendre son parti. Et tant pis pour les sceptiques. Après tout, j'avais déjà parlé brièvement ici du génie français : c'est le moment ou jamais pour le sortir de sa boîte !

Conclusion 

Je rappellerai simplement ceci : "Dieu est une hypothèse, sauf pour Zidane". Voilà qui devrait clore le débat auprès des décérébrés qui préfèrent se faire sauter plutôt que de manger une 4 fromages en buvant une bière devant un match de foot. Pour une fois qu'on battait l'Allemagne en plus...

(1) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/11/15/01016-20151115ARTFIG00162-attentats-de-paris-les-chirurgiens-preoccupes-par-le-manque-de-materiel.php

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