mardi 30 décembre 2014

Bilan de l'année 2014 (2) : le retour du génie français

Bonjour à tous !

Deuxième et dernier volet de notre bilan consacré à l'année 2014. Aujourd'hui, il ne s'agit plus simplement de s'intéresser aux personnalités qui ont fait l'année mais à ce qui a marqué la société dans un ensemble plus global. Voici pourquoi je considère que le retour du génie français est l'événement de 2014.

Sport : le beau soleil bleu-blanc-rouge

Le sport français a brillé de mille feux cette année. Cela a commencé fort dès le mois de Janvier avec nos handballeurs qui ont récupéré le titre de champion d'Europe sur les terres de leur nouveau Nemesis, le Danemark. 60 minutes et une raclée plus tard, ceux que l'on présentait comme moribonds ont fait taire les plus sceptiques. Et puis que dire du record du monde du saut à la perche battu par Renaud Lavillenie, sous les yeux du Tsar en personne ? Grandiose. On saluera aussi la razzia de médailles de Florent Manaudou en natation, le retour d'une équipe de France de foot solide et sérieuse à défaut d'être à nouveau géniale, et puis le beau parcours de l'équipe de France de tennis en Coupe Davis, échouant en finale face à une équipe de Suisse simplement mieux armée.

Sciences : et Philae entra dans l'Histoire

On a beau dire, on a beau faire, l'Europe ne fonctionne que quand elle snobe Bruxelles et qu'elle unit ses forces intellectuelles autour de grands projets pilotés par la France. Avant Philae, Ariane et Airbus avaient été le parfait exemple de cette réussite scientifique où l'Europe des Nations, celle qui fait que chacun met à la disposition du collectif des ressources à hauteur de ses moyens avec un succès qui bénéficie à tous. Philae n'échappe pas à la règle, damant le pion à une NASA aujourd'hui moribonde. Sans compter le projet de développer le nouveau lanceur Ariane. De beaux projets et de belles perspectives d'avenir sur lesquels les technocrates de Bruxelles n'ont aucune prise tant cette manifestation d'intelligence pure leur inflige une claque monumentale et une magnifique leçon d'humilité.

Société : le réveil des consciences citoyennes et l'affirmation de nouveaux intellectuels

Les manifestations furent très nombreuses, pour des raisons très variées en cette année 2014. Une curiosité sous un gouvernement de Gauche qui démontra, à tout le moins, la grande fébrilité d'une classe politique et d'un exécutif qui ne savent plus trop où ils habitent. Cela a révélé de nouvelles fractures politiques qui semblent révéler les véritables affrontements idéologiques en France : à gauche, les "Frondeurs" coupent l'herbe sous le pied de leur propre gouvernement emmenant dans leur sillage un Mélenchon qu'on n'avait plus vu à pareille fête depuis 2012 et un parti écolo qui sait mieux que personne profiter des institutions de la Ve République pour parasiter son monde (rappel : ils bénéficient d'un groupe parlementaire en ayant à peine atteint les 3% aux dernières Législatives quand le FN avait flirté avec les 20% pour ne récupérer que 3 sièges de députés dans son escarcelle). 
Revenons sur ces manifestations : la Manif pour Tous fut celle qui mobilisa le plus de monde et qui jeta au visage de la France des Villes mondialisées et libérales sur tous les plans (économique et sociétal) la réalité de la "France profonde", appelée périphérique par Guilluy. Une France catholique qui ne va plus forcément à l'Eglise mais qui, néanmoins, n'en a oublié ni les valeurs ni l'héritage. Une France de la classe moyenne chassée des villes qui ne veulent plus d'elles, massacrée par les nouveaux impôts, dont on critique sans cesse la ringardise, les familles nombreuses et la culture trop franco-française, préférant sans doute Mais qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ? à La Vie d'Adèle. Une France qui regroupe, toujours selon Christophe Guilluy, 60% de la population et que, d'habitude, on n'entend jamais tant elle sait faire preuve, au contraire des communautés à la capacité de mobilisation et de lobbying inversement proportionnelle au nombre de leurs affiliés, de vergogne, de retenue et de pudeur.
Mais il faut une classe intellectuelle pour donner la parole à ces oubliés du système et de la globalisation soi-disant heureuse. Trois se sont particulièrement distingués cette année, dans des domaines et des champs de réflexion très distincts cependant. Thomas Piketty fit comme les Anglais à la bataille de Fontenoy en tirant le premier. Son ouvrage, Le Capital au XXIe siècle, tente un grand coup de pied dans la fourmilière des spéculateurs et des nouveaux riches qui amassent des richesses au détriment d'une part malheureusement toujours plus grande de déshérités et de laissés pour compte. Son ouvrage a connu un succès d'envergure à travers le Monde, y compris aux USA. Cependant, précisons que l'ouvrage en question revêt un fort caractère utopiste et un peu trop empirique pour bénéficier du qualificatif d'incontestable. Mais il a au moins eu le mérite de poser le débat, en espérant qu'il fera date durablement. Autre intellectuel de gauche à avoir fait parler de lui, Christophe Guilluy dont je parlais justement. Auteur du très remarqué La France périphérique, il approfondit sa thèse développée 4 ans plus tôt dans Fractures françaises. Il y explique comment la France "des petits blancs", des "Français de souche" vit de plus en plus à l'écart des villes-mondes, qui concentrent l'essentiel des richesses et qui ne bénéficient qu'aux bobos, aux classes dirigeantes et aux classes immigrées. Concernant ces dernières, il explique que, bien que vivant dans des banlieues, elles ont bien plus de chance de bénéficier de la mondialisation car elles récupèrent, d'une part, la manne colossale des "plans-banlieue", au nombre d'au moins un par mandature gouvernementale et, d'autre part, de la proximité géographique de centres économiques stratégiques qui n'hésitent pas à recourir aux banlieusards pour des métiers à faible qualification (ménages, sécurité). De la sorte, les "Français de souche" se retrouvent chassés de toute une série d'emplois et les salaires subissent une pression à la baisse, les immigrés acceptant souvent de faire n'importe quel travail pour un salaire défiant toute concurrence. Ou comment ce soi-disant magnifique geste d'humanité appelé immigration vire en fait au néo-colonialisme et au cycle perdant-perdant.
Enfin, le dernier intellectuel à avoir fait entendre sa voix fut Eric Zemmour, véritable porte-parole métapolitique d'une frange considérable d'oubliés du système. Dans son ouvrage, il propose une synthèse d'événements qui, ces 40 dernières années, ont amené la France dans le marasme dans lequel elle se trouve plongée aujourd'hui. D'une critique au vitriol de Louis Schweitzer à un éloge appuyé de Georges Marchais, en passant par la madeleine de Proust de l'auteur (un chapitre consacré aux Rolling Stones) et le drame feutré qui se joua en coulisses du débat Séguin-Mitterrand en 92 quant au traité de Maastricht, l'auteur donne tout ce qu'il a pour pousser les Français à une prise de conscience. Bien sûr, l'ouvrage n'est pas parfait, loin de là, mérite des critiques aussi, mais certainement pas les torrents de boue qu'il reçut de la part de gens à l'esprit formaté qui démontrèrent, à la façon dont ils firent le procès de Zemmour, qu'ils n'avaient pas lu le livre. Ou pas complètement. Ce qui prouve la malhonnêteté intellectuelle chronique de la part d'une vaste part de la classe médiacratique. Mais ceci est un autre débat.

Politique : le retour triomphant des idées au détriment des communicants et des technos ?

On l'a évoqué précédemment, intellectuels de Gauche et de Droite ont fait feu de tout bois cette année pour proposer une réelle alternative à des dirigeants politiques usés, fatigués à force de courber le dos face à l'intransigeance de Bruxelles, de Berlin et des lobbys associatifs. Alors que le PS est depuis longtemps noyauté par des associations type SOS Racisme, le CRAN etc, l'UMP s'est vu lui aussi infiltré par Sens Commun, le courant politique issu de la Manif pour Tous. La forte médiatisation de Henri Guaino, à droite, notamment lors de l'affaire du Mariage pour Tous, a démontré qu'il restait encore en France des politiques qui voulaient se battre pour que notre pays retrouve sa souveraineté, seule condition afin qu'il puisse à nouveau exprimer toutes ses capacités, tout son génie. A Gauche, Arnaud Montebourg mit en avant un certain panache, notamment lors de son discours de départ de Bercy. Dans un cas comme dans l'autre, on est encore loin des grandes heures de Séguin et Chevènement, mais on a envie de croire au retour de politiques qui souhaitent faire de la politique autrement, en prenant le temps de la réflexion plutôt que d'être dans la sur-réaction et l'émotion permanente de gens qui manipulent les faits pour masquer leurs propres échecs, notamment Cambadélis, Le Foll ou Le Roux récemment. 
L'occasion est belle car le PS a clairement démontré son allégeance au libéralisme sans aucune modération avec Valls à Matignon et Macron à Bercy. Et le fait de voir Apparu, Juppé et quelques autres lorgner avec appétit et envie sur la Loi Macron ne fait que mettre en lumière l'UMPS dénoncée et moquée par nombre de citoyens. Si l'on ne veut pas voir le FN à 40% en 2017, il convient que d'autres personnes aux responsabilités prennent conscience de cette réalité pour mieux la dénoncer et proposer une véritable alternative programmatique.
La France a certainement connu un bouleversement en 2014, comme s'il s'agissait d'un ultime soubresaut d'un pays pluri-séculaire qui refusait de mourir. Il appartient à chaque Français de démontrer qu'il est un citoyen de ce pays en prenant les bonnes décisions, à la fois aux urnes, aux tribunes et dans la vie quotidienne.

Et aussi... les quelques ratés de l'année

Même s'il faut se réjouir du fort sursaut souverainiste français aux dernières Européennes, voir le FN en recueillir tous les lauriers est très inquiétant ; la loi Taubira sur le mariage pour tous, adoptée sans consultation référendaire et au mépris du bon sens et des conséquences inéluctables qui s'annoncent ; la manifestation "Jour de colère" et les manifestations antisémites de l'Eté, qui démontrent qu'une partie de la population n'hésite jamais à venir importer un conflit étranger sur notre territoire pour mieux mettre à l'index une partie de la population pourtant durement éprouvée par l'Histoire et parfaitement intégrée en France depuis le Grand Sanhédrin de 1807 ; les hausses d'impôts sans relance de l'Etat, qui paralysent la croissance ; la mainmise toujours trop pesante de la finance spéculative sur l'économie du pays.


Pour aller plus loin :

-GUILLUY Christophe, La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, 2014
-PIKETTY Thomas, Le Capital au XXIe siècle, Paris, Le Seuil, 2013
-ZEMMOUR Eric, Le Suicide français. Les 40 années qui ont défait la France, Paris, Albin Michel, 2014