Crédits Photo : Reuters/Jim Bourg
Bonjour à tous!
A moins que vous ne sortiez d'une longue période d'hibernation, vous avez pris connaissance de l'événement politique de cette semaine : Barack Obama a été réélu. Il est donc désormais en poste jusqu'en 2016, où il ne pourra plus se représenter. En effet, la Constitution américaine n'autorise que 2 mandats pour chaque président depuis "l'exception Franklin Roosevelt". Celui-ci avait en effet remporté 4 mandats consécutifs, de 1932 à 1945 (atteint du Syndrome de Guillain-Barré, il mourut quelques mois après sa dernière réélection, datant de 1944).
Comment Obama a-t-il été réélu alors que son bilan économique est morose, que la Chine menace l'hégémonie américaine, et que l'US Army est encore engluée dans certains conflits ou polémiques ? (Guantanomo n'est toujours pas fermé). Il faut d'abord prendre en considération qu'Obama est aimé des Américains : il a un sens de l'humour aiguisé, se montre un mari et un père de famille exemplaire, a toujours le sens de la formule et semble disposer d'une aura, d'une hauteur naturelle le rendant digne de sa fonction. En effet, il ne s'emporte pas, n'invective jamais. En outre, son adversaire, Mitt Romney, était médiocre : alors qu'il fut un bon gouverneur du Massachussetts, modéré sur les questions de société, il s'est révélé trop offensif lors de sa campagne pour plaire à la frange grandissante des extrémistes de son parti issus de la mouvance du Tea Party. La vidéo qui fit le tour de la Toile où on l'entend mépriser 47% de la population américaine lui a ainsi fait le plus grand mal. Par ailleurs, son passé d'homme d'affaires richissime n'ayant jamais hésité à délocaliser pour s'enrichir a contribué à creuser sa propre tombe. Enfin, il était intellectuellement insuffisant, en témoigne sa piteuse sortie sur les hublots dans les avions. De quoi rappeler aux Américains un certain George W. Bush dont l'ombre planait bien trop bas au-dessus de la tête du pauvre Mormon. Et puis, dernière raison et non des moindres : la modification de la démographie américaine qui a montré un pays plus divisé, plus clivé que jamais. Les hommes blancs, de toutes les classes sociales, ont davantage voté pour Romney. Mais ils sont en recul désormais par rapport aux femmes, aux Noirs ou aux Latinos qui ont tous voté Obama. Songez ainsi que 93% de la population noire américaine, au moins, a voté pour Obama.
Quels sont les défis qui attendent le 44e Président des USA ? Ils sont nombreux. Tout d'abord, il lui appartient de rassembler un pays qui, comme je viens de l'évoquer, a été très divisé tout au long d'une campagne qui a vu les coups bas l'emporter sur le débat d'idées, et ce, des deux côtés. Ensuite il lui faudra composer avec une Chambre des Représentants (équivalent de notre Assemblée Nationale) hostile, puisque les Républicains y gardent la main. Certes, il a encore la majorité au Sénat mais cela risque de s'avérer insuffisant. Surtout que se profile à l'horizon la ligne fatidique de Janvier 2013, date au-delà de laquelle le budget américain ne sera plus provisionné si un accord entre l'exécutif et le parlement n'est pas trouvé entretemps. La chance d'Obama, c'est que les Républicains vont mettre du temps à se remettre de cette défaite, et qu'il leur faudra certainement eux aussi faire des concessions si ils ne veulent pas braquer durablement l'opinion publique contre eux. Enfin, il faudra que le Président se retrousse sérieusement les manches concernant l'économie, son véritable point faible lors de sa première mandature. La croissance est encore fragile, la Chine continue à n'en faire qu'à sa tête concernant la sous-évaluation forcée du Yuan par rapport au Dollar, le chômage ne baisse que trop lentement et, surtout, une nouvelle crise d'envergure se profile à l'horizon : celle des emprunts étudiants qui représentent une somme globale de 1,000 milliards de Dollars ! Une somme faramineuse qui risque de provoquer une crise désastreuse si son remboursement n'est pas rapidement garanti.
Mister Obama, j'étais prudent lors de votre première élection en 2008, je le suis encore plus aujourd'hui. A vous de montrer que vous méritez de rester dans les livres d'Histoire !