lundi 30 septembre 2013

Travail dominical, travail nocture : le miroir aux alouettes

Michel Sapin, Ministre du Travail - Crédits Photo : 
Nicolas Tucat/AFP/Le Figaro

Bonjour à tous !

Notre pays n'étant jamais avare d'une polémique, le débat économique de la semaine porte sur le travail nocturne et dominical. Dans le premier cas, l'enseigne de parfumerie Sephora a été rappelée à l'ordre pour avoir ouvert une enseigne en plein Paris pendant la nuit. Dans l'autre cas, la Justice a prononcé une fin de non-recevoir aux enseignes de bricolage qui souhaitent ouvrir le Dimanche. Interdiction aussitôt bravée pas plus tard qu'hier, le Dimanche 29 Septembre.
Rappelons une chose pour contextualiser : la loi sur le travail dominical remonte à 1906, un an après la loi de séparation entre l'Eglise et l'Etat afin d'instaurer une paix des braves entre laïcards et clercs. Elle rappelle par la même occasion que la France a beau être une démocratie laïque, elle n'en demeure pas moins inscrite dans une histoire profondément chrétienne, et même catholique depuis le baptême de Clovis au Ve siècle jusqu'à cette fameuse loi de 1905. N'en déplaise aux beaux esprits qui proposent de supprimer deux jours fériés catholiques pour les remplacer par Kippour et l'Aïd. Ben voyons ! Encore une façon d'oublier notre histoire, notre force, notre passé.
Passons. Pour en revenir au sujet du jour. La défense de ces entreprises est bien rôdée lorsque les médias viennent recueillir leur opinion. On n'envoie pas les dirigeants, mais les salariés, de manière plus subtile. Les pauvres, rendez-vous compte, ils subissent un manque à gagner important à ne pas pouvoir travailler la nuit ou le Dimanche. Alors forcément, on s'émeut.
Sauf qu'on oublie plusieurs choses. On oublie d'abord que les dirigeants de ces grandes entreprises, eux, ne viennent pas et ne viendront jamais travailler le Dimanche. Ca, c'est bon pour les pécores ! Ensuite, on oublie qu'en restant bloqué aux 35H hebdomadaires, en n'augmentant pas les salaires, on paupérise effectivement les salariés. Plutôt que d'ouvrir un débat sur ces questions de bon sens, on préfère à nouveau la solution la plus inique, qui fragilisera encore davantage les cercles intimes et familiaux. Parce que pendant que les parents vont travailler le Dimanche pour gagner trois sous, on oublie que les enfants, eux, n'ont pas école. Qui les garde ? Qui s'en occupe ? Qui les inscrit dans leur histoire familiale autour d'une bonne table ? Personne. Ce sont encore des enfants qui vont s'élever tout seul, ou bien par le biais d'une nounou lambda. Car aujourd'hui, c'est la réalité : on fait des enfants pour ne surtout pas s'en occuper. Qu'ils se débrouillent, après tout on paie des gens pour ça : les nounous, la crèche, les impôts pour l'école.... L'école justement : honte à l'Education Nationale et aux parents d'avoir créé des plages horaires d'études ou d'activités extra-scolaires après 16h30. Résultat, des petits bouts de 3 ans doivent rester à l'école de 8h20 à 18h. Et après les parents râlent parce que les gamins sont fatigués et que les bulletins ne suivent pas. Sans blague !
Il est temps d'en finir avec le tout-libertaire. Avoir des enfants, fonder une famille, ce sont des responsabilités qui doivent s'assumer. Et quand on assume, on éduque ses petits, on reste près d'eux, on leur inculque des valeurs, des bases de l'instruction également. L'école instruit, mais n'éduque pas. Et le travail ne doit servir qu'à gagner sa vie pour se loger et se sustenter. Par pour satisfaire des besoins consuméristes toujours plus importants. On n'a pas besoin d'une deuxième voiture, de trois télévisions par foyer. Quant aux étudiants qui doivent travailler pour financer leurs études, j'ai envie de dire qu'une fois encore, l'Etat faible doit redevenir un Etat fort dans la grande tradition jacobine et centralisatrice française. Dans cette optique, il doit permettre à l'élite intellectuelle en devenir de la France de pouvoir faire ses études dans de bonnes conditions financières. C'est affaire de volonté politique. Enfin, notons que, concernant le travail dominical et le travail nocturne, je fais évidemment une distinction entre les services publics nécessaires au fonctionnement de l'Etat qui doivent accomplir les missions régaliennes indispensables, du commerce qui ne recule devant aucune bassesse et aucune manipulation pour simplement pouvoir toujours faire plus de fric !
Dire non au travail accompli dans des heures exceptionnelles, c'est respecter une histoire, une tradition, mais aussi préserver une cohésion sociale indispensable, dont on parle tant mais pour laquelle on n'agit finalement jamais.