mardi 20 mai 2014

Une Histoire de la Coupe du Monde (2) Les années 50

Bonjour à tous !

On poursuit notre remontée dans le temps à travers l'Histoire de la Coupe du Monde de football. Aujourd'hui, je vous propose de nous intéresser à la décennie des années 50, capitale puisqu'il s'agissait de participer, à hauteur de ce que pouvait faire le football, à la reconstruction de l'après-guerre.

1950 : l'Uruguay fait pleurer tout un peuple

Comme un symbole, ce sont de nouveau 13 équipes qui mettent le cap sur le Brésil, grandissime favori de la compétition. La France n'est pas représentée mais l'Angleterre daigne enfin se mesurer à ses concurrents. La Turquie et l'Ecosse sont forfaits, mais l'Europe a d'autres arguments à faire valoir : la Yougoslavie, la Suède et l'Espagne sont de la partie, ainsi qu'une grande partie des équipes d'Amérique du Sud. L'Afrique est absente, tout comme l'Asie, l'Inde étant forfait de dernière minute à l'instar des Highlanders et des Ottomans. On se retrouve ainsi avec 4 poules déséquilibrées : les poules A et B comptent 4 équipes chacune, la poule C n'en compte que 3 et la poule D, simplement 2. Le règlement est simple : le premier de chaque groupe est qualifié pour le tour final, un mini-tournoi à 4 équipes dont le vainqueur remportera le trophée. On assiste alors à deux surprises : la première, c'est l'élimination du double-champion du Monde en titre italien, la seconde, c'est l'élimination des orgueilleux Anglais, battus deux fois en trois matchs dont une cinglante défaite contre leurs cousins Américains. 
Lors du tour final, les Brésiliens se baladent contre l'Espagne et la Suède (6-1 et 7-1) et se retrouvent en position de force avec 4 points avant le dernier match contre l'Uruguay. La Celeste, quant à elle, ne compte que 3 points après une victoire et un nul. Seule une victoire contre le Brésil, au Maracana, devant 200 000 personnes, peut lui permettre de ramener le trophée à la maison. Las, le Brésil perdit 2-1 dans le dernier quart d'heure après avoir pourtant mené 1-0 depuis la 44e minute. 2 buts de Ghiggia et Schiaffino, le second nommé devenant rapidement une légende du foot, étant une des premières vedettes d'Amérique du Sud à venir exercer ses talents sur le Vieux Continent, à Milan notamment. Pour l'anecdote, les règlements étant plus souples à l'époque, il porta même le maillot de la Squaddra Azzura en fin de carrière avec 4 sélections, mais aucun but. 
On raconte beaucoup de choses sur ce qui s'est passé après la finale, notamment que des gens seraient montés sur le toit du Maracana pour se suicider, ne supportant pas de voir leur équipe de coeur perdre ainsi. Ce n'est pas avéré mais ce qui est certain, c'est que le Brésil fut un pays en deuil des jours durant, surtout dans un contexte de déprime économique et de conflits politiques internes. Sans compter que l'Uruguay était une ancienne colonie brésilienne. Enfin, Barbosa, le malheureux gardien auriverde porta toute sa vie le poids de cette défaite, l'un des deux buts uruguayens étant considéré comme pouvant lui être imputé.

1954 : la Hongrie, symbole brisé

La Coupe du Monde revient en Europe, en Suisse plus précisément. Et cette année-là, une équipe terrifie ses adversaires : il s'agit de la Hongrie, emmenée par celui qui fut sans doute le meilleur joueur européen de l'Histoire, Ferenc Puskas (surnommé le Major Galopant) et par l'élégant et efficace buteur Sandor Kocsis. Sur les 16 partants, 12 sont européens (seuls le Brésil, l'Uruguay, la Corée du Sud et le Mexique viennent s'immiscer). 
La FIFA, qui n'en était déjà pas à un règlement alambiqué près, décida encore d'innover après l'originalité du tour final de 1950. Dans chacune des 4 poules de 4 équipes, deux sélections sont désignées tête de série, en fonction de leurs résultats des dernières années. Ceci a pour effet de limiter le nombre de matchs à deux par équipe, sauf éventuel match d'appui pour déterminer une place qualificative (la différence de buts n'entrait pas encore en compte.) Vous n'avez rien compris ? Je doute que beaucoup de gens aient compris, même à l'époque. Toujours est-il que nos Bleus, désignés têtes de série, n'eurent pas à affronter le Brésil. Néanmoins, cette équipe en construction autour de Raymond Kopa ne put se qualifier en raison d'une défaite face aux Yougoslaves. Leur victoire face au Mexique ne suffit pas à les sauver et ils durent rentrer à la maison plus tôt que prévu. De son côté, la Hongrie se balade comme prévu, écrasant les Coréens 9-0 et la RFA 8-3 !!! (autre chose que les 1-0 ou les 2-1 de maintenant). A noter que l'Angleterre sort aussi des poules, mais se fera battre par l'Uruguay en quart, comme le Brésil, balayé 4-2 par...la Hongrie, évidemment. Finalement, en finale, la Hongrie retrouve la RFA et ouvre rapidement le score. Mais Puskas est blessé et ne peut jouer à 100%. Les remplacements ne sont pas encore autorisés et le Major trottine plus qu'il ne galope. La Hongrie ouvre le score, mais la RFA réplique et ne lâche pas, emportant la victoire, 3-2, à la surprise générale. A deux bémols près : primo, Puskas réussit malgré tout à marquer dans les arrêts de jeu, mais son but fut refusé pour un hors-jeu imaginaire et secundo, les Allemands étaient dopés à la pervitine pour cette finale, aussi appelée "drogue du soldat". Cela s'explique par la présence sur le banc de touche de Sepp Herberger, ancien dignitaire nazi. 
Pour l'anecdote, la Hongrie se retrouva pour la dernière fois à ce niveau de maîtrise. La sélection perdit petit à petit de son lustre. Il faut dire qu'à cette époque, elle était le symbole de la résistance de tout un peuple contre l'impérialisme soviétique. On ne peut que déplorer que les Allemands mirent fin au rêve des supporters de foot de voir triompher cette équipe sublime. On ne le savait pas encore, mais les Allemands allaient, en quelque sorte, récidiver 20 ans plus tard, dans un contexte géopolitique heureusement plus léger.

1958 : La France pour une première ; et le foot découvrit son Dieu

On se retrouve cette fois en Suède, dont l'équipe nationale est l'une des favorites du tournoi, avec des joueurs du calibre de Gunnar Nordhal ou de Niels Liedholm, qui font les beaux jours du Milan AC. La RFA est la tenante du titre, et la France a un coup à jouer avec ses Rémois, Jean Vincent, Raymond Kopa (futur Madrilène) et bien sûr Just Fontaine. Enfin le Brésil fournit une belle équipe également dont Didi, Zagalo, ou encore Garrincha, petit ailier formidable dribbleur. 
16 équipes sont sur la ligne de départ, 4 américaines et 12 européennes. Cette fois-ci, pas de tête de série : les 4 équipes se rencontrent dans chacun des 4 groupes et les deux premières jouent les quarts de finale. Le Brésil est la seule équipe non-européenne à s'être extirpée du 1er tour. C'est alors qu'un génie de 17 ans va faire son apparition sur le terrain, dans un match difficile contre le Pays de Galles. Pelé, c'est son nom, va inscrire le seul but du match. Conservé en réserve de la patrie par son coach, il va être l'élément-clé de son équipe. En demie, contre une vaillante équipe de France, il va ridiculiser nos malheureux Bleus : il marque un triplé et la Seleçao s'impose 5-2, avant de l'emporter sur le même score en finale contre la Suède, Pelé se contentant cette fois d'un doublé. 
Le monde découvre alors, émerveillé, les facéties d'un gamin qui ne doutera jamais de rien, habité d'une pleine confiance en ses capacités footballistiques. Si beaucoup d'observateurs du ballon rond lui préféreront Maradona, notamment pour son côté rebelle, n'oublions pas que Pelé a joué à une époque où les matchs de foot étaient fort rares sur le petit écran, et qu'ils étaient diffusées en noir et blanc. Coincé dans son pays, il ne pourra jamais jouer en Europe du fait de la dictature militaire. Tout juste finira-t-il sa carrière au Cosmos de New York. 
Concernant nos Bleus, ils jouèrent crânement leur chance : Jonquet, victime d'un attentat en demie contre le Brésil, ne pourra être remplacé, à cause du règlement empêchant les remplacements en cours de match. La France joua donc à dix tout le match avant de se défouler en match pour la 3e place, 6-3 contre le tenant allemand. Just Fontaine marqua 13 buts en 6 matchs, en faisant le meilleur buteur de la Coupe du Monde en une seule édition, un record qui ne sera sans doute jamais battu.

A suivre...

dimanche 18 mai 2014

Reprendre en main notre économie et notre industrie

Bonjour à tous !

Le feuilleton Alstom continue. Et cette fois, Arnaud Montebourg a décidé de taper du poing sur la table : il a publié un décret dans lequel il a établi qu'une entreprise française dans le domaine de l'énergie, et visée par un rachat en provenance d'une entreprise étrangère, ne pouvait être vendue sans l'accord du gouvernement. 

Eviter un démantèlement complet de notre industrie

Il faut garder en mémoire qu'Alstom est à la base de la construction de nos centrales nucléaires. Vendre Alstom reviendrait donc peu ou prou à revendre Areva. Outre le fait, comme je l'ai déjà expliqué, que cette société fabrique des tramways et des TGV vendus à travers le monde. Monsieur Kron, le PDG de cette entreprise, a beau déployer des trésors d'imagination pour prendre le ministre de l'économie pour un idiot, celui-ci a néanmoins tenu à défendre ses positions. Il faut dire qu'au vu des enjeux, on ne peut tolérer un démembrement et une vente de cette entreprise stratégique. Ce serait une catastrophe, car nous perdrions alors notre indépendance énergétique. Un nouveau coup dur alors que nous avons déjà perdu notre indépendance militaire au profit de l'OTAN, et donc des Américains.

La décision de Montebourg, une fausse polémique

Ils ont été nombreux à fustiger le décret du Ministre, oubliant qu'il n'était qu'une prolongation d'un décret déjà existant depuis une dizaine d'années mais qui concernait moins de domaines. Il a également été dit que cela empêcherait les investisseurs étrangers de placer leur argent en France et que cela ne faciliterait pas la reprise de la croissance. Un faux problème, puisque les Américains sont les champions du monde du protectionnisme, ou que les Chinois contournent le problème avec les fameux joint-venture. Or comme chacun sait les investissements étrangers sont très nombreux dans ces pays. Non, le problème des investissements étrangers en France est plutôt le fait de l'instabilité fiscale de notre pays. Non qu'elle soit forcément trop élevée, mais qu'elle change trop souvent, au gré du vent et des élections. 

L'irresponsabilité des actionnaires

Le vrai problème en France, finalement, c'est la gourmandise, la goinfrerie pourrait-on même dire, des actionnaires, qui ne lâchent pas leurs 15% de rentabilité. Raison pour laquelle l'investissement en France est mort, et raison pour laquelle plus personne dans notre pays ne se dévoue pour racheter les parts d'Alstom détenues par Bouygues. Et c'est fort regrettable. La présidence du MEDEF détenue par M Gattaz donne d'ailleurs le ton : plus de sous pour les entreprises et moins pour les salariés. Privilégier à ce point la politique de l'offre et le libéralisme quand on sait que c'est à cela que l'on doit la crise économique actuelle est d'un cynisme nauséeux. Si la France était maîtresse de son destin, qu'elle était souveraine, on pourrait établir une fiscalité plus intelligente ou les gros actionnaires seraient taxés fortement au-dessus d'un certain pourcentage de rentabilité. Et l'on pourrait également alléger la pression fiscale intolérable sur les PME, seules aujourd'hui à faire de la recherche et développement, qui constitue le coeur d'une industrie ambitieuse. L'argent est très mal employé et personne ne dit rien. De même que personne n'a rien dit non plus sur le scandale des banques dans la crise financière, que ce soit dans leur gestion des produits toxiques ou leur rôle dans la prolongation de la crise, puisqu'en plus elles refusent désormais de prêter à moins d'avoir des garanties tellement exigeantes qu'on se demande bien qui peut emprunter aujourd'hui. A ce titre, je recommande vivement l'article paru sur Marianne.fr où le périodique explique avec quelle complicité et quelle mansuétude la presse a traitées les banques depuis 2008 : un véritable scandale ! Ah pour dénoncer tous les "-phobes", il y a du monde. Mais pour dénoncer les affameurs de peuple, ceux qui ont piqué les économies des Chypriotes ou mis la Grèce en coupe réglée et qui maintiennent une pression d'austérité sur la France, là, tout le monde baisse son froc. Et ça se dit journaliste... Curieusement, on n'entend pas M Plenel nous dire qu'il a un scoop sur ce sujet. C'est bien dommage pour un journaliste d'investigation comme il prétend l'être.

Puisque le privé n'investit plus, relançons l'investissement public

Au sortir de la Guerre, le Général de Gaulle avait décidé de nationaliser nombre de secteurs-clés de l'économie. Avec Pompidou, ces deux grands visionnaires avaient su donner une vision à la France pour gérer à merveille les défis de la reconstruction d'un pays ruiné par 3 guerres en 75 ans. La France lança nombre de grands chantiers qui firent du pays la 5e puissance mondiale, un membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU et le leader d'une Europe affaiblie. Si il accepta la construction européenne, c'était d'abord et avant tout pour gérer les matières premières dont la France avait besoin pour son énergie avant qu'elle ne se lance dans le nucléaire, mais également pour garder un contrôle étroit sur l'Allemagne. 
Las, la Gauche mit un terme à tout ça en privatisant en masse dans les années 80. Un comble pour un gouvernement de Gauche. Et aujourd'hui, au nom de l'orthodoxie budgétaire appelant au contrôle de la dette, plus personne n'ose exprimer la nécessité de renationaliser certains secteurs de notre industrie. Or on ment aux Français quand on dit que la dette devrait être notre seule préoccupation. Rappelons que l'Allemagne est plus endettée que nous en valeur absolue, et que, contrairement à nombre de pays anglo-saxons, seul notre pays est endetté, pas les citoyens. Donc notre situation économique est bien meilleure que prévue. Bien plus saine que l'économie américaine, endettée à hauteur de 10 000 milliards de dollars, plus de 5 fois supérieure à notre dette à nous, et dont ses citoyens sont également profondément endettés. Le scandale des subprimes en fut la triste illustration. Quant au Japon, il est endetté à plus de 200% et n'est pas spécialement mis en difficulté par les marchés, pour une raison simple : l'écrasante majorité de la dette est détenue par les Japonais. On sait donc ce qu'il reste à faire : solliciter l'épargne conséquente des Français pour reconstituer des capitaux et investir dans les secteurs-clés de notre industrie. Mais cela demande du courage, et cela demande de dire au revoir à une Europe toujours aussi inutile et toujours moins démocratique. Qui relèvera le gant ?