mercredi 21 novembre 2012

Elections à l'UMP : la revanche du pain au chocolat !

Jean-François Copé lors d'une séance de questions
au gouvernement/Crédits Photo : Jean-Christophe Marmara - Le Figaro

Bonjour à tous !

Comme moi, sans doute, vous avez beaucoup ri du psychodrame du week-end passé et qui a trouvé son épilogue hier soir : l'élection de Jean-François Copé à la présidence de l'UMP. Bel exploit : Avec Fillon, ils ont réussi à rendre le scrutin encore plus serré que lors de l'élection présidentielle américaine de 2000 entre W. Bush et Gore (aux dernières nouvelles, la Floride recompte encore les bulletins...)
Mais, dans le fond, pourquoi est-ce si amusant ? D'abord parce qu'il est assez risible de voir l'UMP singer le PS : le PS élit son premier secrétaire, on fait pareil. Le PS organise des primaires pour désigner son candidat à l'Elysée : promis on fera la même chose pour 2017. Tout ça parce que le PS a accidentellement gagné l'élection présidentielle de cette année.
Autres raisons de mon amusement : l'UMP a bien su se moquer du congrès de Reims de 2008 qui a vu Aubry l'emporter sur Royal pour trois fois rien, et inversement, le parti à la rose a beau jeu de se gausser du scrutin UMPiste de ce week-end, oubliant bien vite ce qui s'était passé il y a 4 ans dans son propre camp. D'un côté comme de l'autre, c'est donc la mémoire du poisson rouge qui prime, pourvu qu'on puisse sortir un bon mot au détriment du parti d'en face. Je rappelle toutefois, dans le même ordre d'idées, que le PS a choisi une solution plus simple cette année pour désigner son nouveau Premier Secrétaire : la cooptation. Un peu à l'instar de ce que faisait la Droite jusqu'à présent, justement. Avouez que l'histoire politique de notre pays regorge d'anecdotes croustillants. D'autant plus qu'ils ont choisi Harlem Désir, le champion du monde hors catégories de la langue de bois, homme qui a déjà été condamné par la justice dans le passé de surcroît....alors que Hollande avait promis, juré, craché par terre que "lui président, nul ne pourra être nommé si il a déjà eu à faire à la justice". Faites ce que je dis...vous connaissez la suite.
Bref, ces petites digressions mises à part, disséquons un peu le cadavre (pardon je m'avance un peu) de l'UMP, du moins ce qu'il en reste après six mois d'échanges doux-amers. D'un côté, le battu : Fillon, l'homme que l'on a poussé à faire campagne au centre, arguant que la fameuse "ligne Buisson" avait été responsable de l'échec de Sarkozy en 2012, pour échapper à la "droitisation" du parti, que c'était mal de stigmatiser, etc, etc. Le refrain habituel. Pendant ce temps-là, de l'autre côté, le "vainqueur" : Copé, l'ambitieux, le sosie de l'autre, en moins bien. Lui, il ne doit pas y penser qu'en se rasant. Ardent opposant de Sarkozy pendant le quinquennat de ce dernier, il attend que le président sortant lui file les clés du parti pour se découvrir soudainement une filiation idéologique et politique avec lui. Avouez que le hasard fait quand même bien les choses. Alors bon, même si il est chiraquien de formation, il a compris ce que les militants voulaient entendre. Alors on sort les formules chocs, on "droitise" (parce que le PS, lui, ne "gauchise" jamais voyons, bien entendu. Et en plus, la "gauchisation" c'est hype, la "droitisation" c'est out, c'est comme ça !) les mots et les ritournelles, on fait le buzz avec le pain au chocolat. Et il gagne. Donc on s'empresse de crier haro sur l'UMP, que l'on transforme aussitôt en UMPFN qui va s'allier avec le diable, Marine La Blonde. Sortez vos fusils, baïonnettes aux canons et feu ! Le malheureux n'a même pas encore eu le temps de prononcer un mot, détailler la moindre ligne de son ambition politique pour le parti qu'il se fait mettre en pièces. 
Alors, à première vue, c'est sûr, Copé tient de la droite "décomplexée", celle qui place au coeur du débat la Nation (quelle garce celle-la), l'identité (et un gros mot, un !) et l'immigration (cachez ce substantif que je ne saurais voir). Et cela risque d'être d'autant plus vraie qu'après le vote des motions de l'UMP, vote permettant de donner une ligne idéologique au parti, c'est la droite forte (donc la droite de la droite si vous voulez) qui l'a emporté. Autrement dit l'apocalypse. L'antéchrist.
Sauf que....sauf que ce n'est pas exactement comme ça que cela va se passer. Et pour une raison très simple. Copé est, comme la majeure partie des cadres de l'UMP, un pro-européen, et donc un libéral convaincu .En plus, il compte parmi ses soutiens des centristes comme Daubresse et Raffarin tandis que Fillon est soutenu par Ciotti, très à droite en ce qui le concerne. Comme l'a fait Sarkozy pendant 5 ans avant lui, il va donc beaucoup parler mais il ne va rien se passer. On a reproché à l'ancien maire de Neuilly de stigmatiser les musulmans ? Il n'y a jamais eu autant d'immigrés légaux comme illégaux que sous son mandat ! Même Jospin n'affichait pas de tels chiffres ! On a dénoncé Sarkozy comme étant un hyper-président ? Sauf qu'en négociant le pacte de stabilité européenne avec Merkel, il a encore fait perdre de la souveraineté à la France, et qui dit perte de souveraineté dit affaiblissement du pouvoir présidentiel. Et ainsi de suite. Et en bon élève, en pâle copie, Copé fera la même chose. Après tout, il a été à bonne école avec Chirac. Donc n'ayez rien à craindre : de la parole aux actes il n'y a qu'un pas qu'il ne saura pas franchir. Comme sa nouvelle idole avant lui.
Enfin un mot sur ceux qui, dans le parti, envisagent de faire sécession et de rejoindre l'UDI. Je rappelle ici qu'entre l'UDI et l'UDF, il n'y a strictement aucune différence, Veil et VGE étant même les parrains de cette "nouvelle" formation politique. Et qu'il y a encore une quinzaine d'années, l'UDF disposait d'une centaine de sièges à l'Assemblée Nationale. Pour seulement une petite vingtaine aujourd'hui (d'humeur généreuse, je rajoute ceux du Modem, pour la différence que cela fait...) C'est donc un parti qui n'a aucun avenir politique puisqu'il porte tous les maux dont souffre la France aujourd'hui : le libéralisme économique échevelé, l'ouverture des frontières, l'Europe à tout crin. Mettez-les au pouvoir, et vous allez voir les salaires baisser, le coût du travail diminuer (tant pis pour la protection sociale...), et les transferts de souveraineté vers Bruxelles et sa cohorte de technocrates croître à un rythme jamais vu ! Je rappelle que l'UMP est un parti dit de la Droite traditionnelle qui a toujours eu le culte du chef, du leader unique (De Gaulle, Pompidou, Chirac) et que c'est comme ça que la Droite a remporté l'essentiel des élections présidentielles de la Ve République. Parce que c'est comme ça que fonctionne la Ve République. De plus, les militants ont montré lors de ce scrutin une volonté claire d'en revenir aux fondamentaux du parti, ce qui n'est en aucun cas une "droitisation" : le parti s'était "centrisé" depuis 2002, il revient donc à sa place initiale, celle du RPR de la fin des années 80. Et à l'époque, on n'accusait pas Chirac ou Séguin de faire la course à l'extrême-droite. Pour ceux qui n'en sont pas convaincus et qui sont curieux, allez donc jeter un oeil sur le programme du RPR pour les Législatives de 88 et vous verrez : c'est édifiant. 
Alors maintenant que les précisions sémantiques sont faites, le show va pouvoir commencer. Et dépêchez-vous un peu, parce que nos plus fidèles spectateurs (les agences de notation) s'impatientent !