vendredi 24 mai 2013

Economie : un trio de tête en difficulté

Bonjour à tous !

"La crise est derrière nous" martèle François Hollande à l'envi. Pas si sûr. Le monde va mal, et sans doute plus mal qu'il ne veut bien l'admettre. Oh, bien sûr, tout n'est pas noir. En revanche, il convient tout autant de ne pas se laisser bercer par des chiffres aux apparences trompeuses.
Prenons ainsi le cas du podium de tête de l'économie mondiale, le trio USA-Chine-Japon. A tout seigneur, tout honneur, commençons par décortiquer les résultats de l'Oncle Sam. Celle-ci va très mal. Pourquoi ? Parce que Ben Bernanke, le président de la Fed (la Banque Centrale Américaine), est contraint d'injecter 4 milliards US$ par jour dans l'économie de son pays. Pour cela, il a recours à la planche à billets donc, mécaniquement, le dollar baisse (tandis que l'Euro est toujours plus fort), et les prix grimpent. Très bon point pour les exportations étatsuniennes me direz-vous, à raison. Sauf que, à côté de ça, les industries du pays ne se portent pas très bien. Ce qui est supposé être la force des anciennes colonies anglaises se retrouve dans la tourmente. Ainsi, General Motors et Ford, pour se sauver, ont eu recours aux subsides de l'Etat. Et ont dû mettre à la porte des milliers de salariés. Si les chiffres de l'emploi sont bons, c'est parce que les chômeurs longue durée sont rayés des cadres une fois leurs droits expirés. Les gens ne retrouvent pas du travail, c'est juste la société qui renonce à leur en fournir un. Et on sait que les Américains ne sont pas tendres avec les laissés pour compte dans un pays où les inégalités ont traditionnellement toujours été plus élevées que dans notre "vieille Europe" (copyright Dick Cheney). En outre, l'Europe est l'un des premiers clients à l'exportation des USA : vu la situation actuelle du Vieux Continent, difficile d'écouler sa marchandise. Apple et Google se portent bien ? Ce sont les arbres qui cachent la forêt. Quand la planche à billets arrêtera de tourner et que les taux d'intérêts qui y sont rattachés cesseront de dégringoler (on ne peut fixer des taux d'intérêts négatifs...), alors les Américains se prendront les dommages collatéraux de la Crise de 2008 en plein visage. Bon courage !
Nouveau rival des Américains sur la planète économique, la Chine connait, elle aussi, des ratés. La croissance de ce pays n'est plus à 2 chiffres. Elle est, certes, à plus de 7-8% par an. Un chiffre à faire pâlir d'envie nos dirigeants. Mais pour un pays de 1.3 milliards d'habitants aux inégalités abyssales, ce n'est pas assez pour que le pays continue de se sortir de l'âge de pierre où il se trouvait encore il y a trente ans. Il faut aussi reconnaître que Li Xinping a eu le courage d'annoncer que la croissance économique n'était plus le seul leitmotiv du pays. Et ça se sent. Car les relents impérialistes de l'Empire du Milieu n'avaient plus été aussi forts depuis bien des années. Les Hong-Kongais se plaignent chaque jour davantage du peu de cas qui est fait de leur sort à Pékin. Les Tibétains continuent de s'immoler par le feu. Taïwan craint de se voir rapatrier dans le giron national tandis que les Japonais font face à la revendication des Îles Senkaku. Ce dernier point est d'ailleurs symptomatique du changement de ton au sommet de l'état chinois, car les Japonais ont de nombreuses usines en Chine. C'est un partenaire économique essentiel qui a permis aux Continentaux de prendre leur essor. La crispation autour de cet archipel montre que le régime privilégie dorénavant le nationalisme à l'économie. Sans doute pour ressouder le peuple, qui est souvent prompt à sortir le drapeau rouge serti de l'étoile jaune. Et ainsi faire oublier tout ce qui ne va pas dans le pays : un clivage croissant entre l'Ouest rural et l'Est en plein boom, une absence totale de démocratie, une pollution toujours plus suffocante dans les grandes métropoles, etc.
Enfin, le Japon est sans doute le cas le plus préoccupant. D'abord parce qu'il est cerné par des tensions internationales indépendantes de sa volonté : la Chine qui revendique, donc, cet archipel des Senkaku, et la Corée du Nord qui, avec son nouveau dirigeant, prouve qu'elle n'a rien perdu de sa folie (auto)-destructrice. Cela fait beaucoup pour cette base avancée américaine dans le Pacifique. Et puis, le Yen continue sa dégringolade. A l'instar de ce qui se fait aux USA. Le seul problème, c'est que ce petit pays est une île, très (trop ?) peuplée de surcroît. Une île qui, pour ne rien arranger, est la proie régulière des aléas de la Terre (volcans, tremblements de terre et tutti quanti). Elle doit donc importer en quantité des matières premières et des produits de première nécessité tant l'agriculture se révèle un art périlleux sur son sol. Difficile de trouver ces denrées à des prix abordables avec une monnaie faible. Surtout quand, ailleurs dans le monde, les récoltes sont mauvaises (l'Australie et l'Argentine, notamment, ont rencontré de nombreuses difficultés dans ce domaine ces dernières années), contribuant à enchérir davantage encore leur coût à l'exportation. Ajoutez à cela une industrie qui piétine et un ministre de l'Economie qui déclare, lui-même, que le pays patauge, et vous avez tous les ingrédients pour une gigantesque récession. Le seul point positif des Nippons, c'est que leur dette domestique, estimée à 220% du PIB (!!!) est essentiellement détenu par les autochtones. Une bonne façon de se prémunir des éventuelles attaques extérieures.
Que penser de tout ceci ? Le tableau est sombre, c'est vrai. D'autant que les chacals continuent de pulluler comme le montrent les marchés boursiers qui continuent de flamber en dépit du bon sens. Comme si ils sentaient que la bulle allait exploser et qu'il fallait se goinfrer d'actions et d'obligations bien grasses et bien juteuses avant que l'usine à gaz qu'ils ont contribué à bâtir n'explose ! Autant d'argent qui n'est pas investi dans la recherche et le développement, pour une vision industrielle à long terme. On préfère engraisser les actionnaires à court terme. Pitoyable.
L'ennui, c'est qu'on connaît les remèdes mais qu'on refuse de les appliquer. On préfère achever le malade à coup de mesures d'austérités toutes plus asphyxiantes les unes que les autres. Ce serait pourtant tellement plus simple - et plus sain - que de réglementer à nouveau l'économie en rétablissant des frontières depuis trop longtemps laissées à l'abandon, de liquider l'OMC, le FMI et la Banque Mondiale, de couper court aux paradis fiscaux et de prendre la seule mesure internationale réellement bénéfique : l'instauration de la taxe Tobin. Mais pour ça, il faudrait réellement être capable de courage. Avoir le cran de dire que seuls les états-nations, rétablis dans leurs droits et prérogatives, auront la capacité de lutter efficacement contre la finance crapuleuse. Mais vous savez ce que disaient les Soviétiques avant l'effondrement du Mur ? Qu'il fallait instaurer toujours plus de communisme... On connaît la suite !

mardi 21 mai 2013

Edwy Plenel, idéologue ou journaliste ?

Crédits Photo : L'Express

Bonjour à tous !

Il a gagné. Tel César défilant triomphalement dans Rome. Il écume les plateaux de télévision, dispensant sa morale à la manière d'un évangéliste du Haut-Moyen-Âge. Le discours est rôdé, la mécanique bien huilée.
Lui, c'est Edwy Plenel. Journaliste de presse écrite depuis près de 40 ans, il a décidé, depuis qu'il a fondé Mediapart, de taper dur sur ceux qui, à ses yeux, ne correspondent pas à ses canons de la démocratie. 
Sa dernière victime, Jérôme Cahuzac, peut témoigner de l'acharnement du personnage. 600.000€ en Suisse dénoncés par un enregistrement foireux ? Tel un vautour, Saint Plenel accourt et accuse. Et gare à qui ne le suit pas dans sa croisade, il est aussitôt pointé du doigt. Jean-Michel Apathie a pris cher, et je ne parle pas de François Hollande, pourtant Président de la République (il est bon de le rappeler, de temps à autre). Ledit Président s'est fait tancer pour ne pas avoir viré le malotru sitôt le pot aux roses dévoilé par Mediapart.
Cela en dit long sur ce qu'il reste de la puissance qui incombe au Chef de l'Etat et sur l'équilibre des pouvoirs. A l'instar de ce qui se passe chez nos amis anglo-saxons, américains notamment, ce ne sont plus le législatif ni l'exécutif qui prévalent. Mais le 4e pouvoir : les médias. 
Et cela a une première conséquence d'importance : celle d'inverser la charge de la preuve. Car en France toute personne inquiétée par la Justice est innocente jusqu'à preuve du contraire. Pas selon M. Plenel. D'après lui, si son canard sort une casserole, l'incriminé est aussitôt décrété coupable. Ceux-là même qui, autrefois, se réjouirent de l'abolition de la peine de mort, se gargarisent aujourd'hui d'avoir établi la peine de mort de médiatique. Qui peut avoir de graves conséquences. L'entourage de Pierre Bérégovoy s'en souvient encore...
Qui est Edwy Plenel pour faire la leçon ? N'a-t-il pas appris de ses précédentes erreurs ? N'a-t-il rien retenu de l'affaire Noriega où il accusait faussement le PS d'avoir touché des commissions occultes de la part du dictateur nicaraguayen dans les années 80 ? A-t-il volontairement oublié l'affaire Baudis, où il accusa à tort l'ancien maire de Toulouse d'organiser des soirées sordides à son domicile ? Etrangement, après ces deux fautes professionnelles et déontologiques, il fut finalement amené à quitter Le Monde. Différences de points de vue argue-t-il ? C'est cela, oui...
Il a donc repris, avec force acharnement, son travail de fouineur dans un média en ligne qu'il veut indépendant afin que chaque citoyen puisse se faire sa propre opinion. A condition que le citoyen en ait les moyens, car accéder à Mediapart réclame abonnement et donc écus sonnants et trébuchants. Cet ancien trotskyste a donc décidé que tout le monde ne peut avoir accès à sa vision orthodoxe de l'information. A l'instar des révolutionnaires d'autrefois qui choisirent d'établir...le suffrage censitaire. 
En tout cas, on saura gré à Edwy Plenel de rester constant dans ses vieilles lunes : la presse d'information prévaut sur la presse d'analyse, et tant pis si ce n'est pas la culture française et si cela induit des effets pervers, exposés ci-dessus. Et puis de persister et signer dans sa perception de la démocratie, c'est-à-dire un régime parlementaire avec un Président dont les attributions seraient réduites à la portion congrue. Tout cela en faisant fi du fait que la France a connu ça sous les IIIe et IVe Républiques et que cela rendit le pays ingérable, d'une part. Et que notre pays n'a jamais mieux fonctionné qu'avec un chef facilement identifiable et au charisme indiscutable, d'autre part.
Enfin, si l'on veut s'opposer à notre Super Mario du journalisme, il faut avoir le coeur bien accroché. Elisabeth Lévy, directrice de publication chez Causeur, Zemmour & Naulleau, présentateurs de l'émission éponyme, s'y sont cassés les dents. Réponse immuable d'Edwy Plenel : "Vous avez des a priori sur moi, lisez-moi, lisez mon livre, lisez Mediapart.
On ne sait pas trop si le travail du directeur de Mediapart est à ce point indispensable à notre démocratie mais on ne doute plus d'une chose : il a pris un tel melon qu'il en est sorti encore plus convaincu que lui seul a raison. Et c'est peut-être ça, le danger, finalement...