mardi 7 avril 2015

Journal de Bord : Mars 2015

Bonjour à tous !

Retour aujourd'hui sur un mois de Mars qui fut malheureusement placé sous le signe du deuil. Une pensée, donc, pour les victimes de l'A320 de la GermanWings qui s'est écrasé près de Barcelonette, ainsi que pour nos trois jeunes champions partis trop tôt.

Le fait marquant : le PS enchaîne les raclées électorales

C'était écrit depuis si longtemps que c'en serait presque un non-événement. Le PS a une nouvelle fois pris le bouillon au cours d'élections départementales qui ont eu du mal à mobiliser un électeur sur deux. 

Le PS, futur perdant en 2017 du nouveau ménage à trois de la vie politique française ?

Le PS n'a su faire campagne qu'à un seul niveau : tirer à nouveau la sonnette d'alarme contre la montée du FN. Manuel Valls en est même devenu rouge, transpirant, avec la main qui tremble pour faire bonne mesure. Dire que beaucoup se réjouissent encore de la défaite de Nicolas Sarkozy en 2012... Evidemment cela n'a pas suffi. Il faut dire que quand on laisse planer un gros doute sur la pérennité des départements suite à la réforme territoriale, et qu'en plus, semaine après semaine, on continue à décevoir ses électeurs ainsi que les vrais militants de Gauche, il ne faut pas s'étonner d'une telle avoinée.
Les candidats sur le terrain ont tenté de mobiliser les électeurs, de défendre leur bilan pour ceux qui se représentaient, de localiser le scrutin, rien n'y a fait. C'était inéluctable. Et alors que le PS baisse, le FN monte, inexorablement. Alors, oui, on dira qu'il a été battu par l'alliance UMP-UDI. C'est une façon de voir. Mais quand on prend les résultats en nombre de voix et par parti unique, le FN l'a encore emporté. C'est un fait. Avec plus de 5 millions d'électeurs. Il n'a pas su remporter de cantons, ce qui est normal compte tenu de nos institutions, par ailleurs si décriées. Elles sont peut-être insatisfaisantes pour MM Plenel, Placé et autres Mélenchon, mais en attendant, si le FN se voit la bride tenue, c'est grâce à la Constitution de 1958. 
Mais attention, parce qu'en 2017, la mobilisation des électeurs sera autrement plus forte. Et comme le premier tour sert souvent de défouloir, le PS devrait sérieusement se remobiliser, proposer à nouveau un vrai programme de Gauche, colbertiste, anti-libéral pour séduire des électeurs toujours plus désabusés. Ce ne sont pas la Loi Macron, la remise en question du Code du Travail et du CDI ainsi que le manque de soutien envers le parti Syriza en Grèce qui vont leur donner de bons points en ce sens.

Le FN, bloqué par son plafond de verre

Dura Lex, Sed Lex. La Loi est dure, mais c'est la Loi. Incapable de mobiliser une majorité d'électeurs pour battre au second tour un opposant PS ou UMP, le FN ne remporte aucun département. Mais continue néanmoins à s'implanter localement. Une nouveauté pour un parti dont c'était le cadet de ses soucis du temps de Le Pen père. Quand on pense que Bruno Mégret, ancien paria du parti, avait milité en ce sens, il doit être bien amer aujourd'hui en constatant la réussite du duo Marine Le Pen - Florian Philippot. Le chevènementiste désabusé a beau ne pas être apprécié par les militants du parti, il n'en demeure pas moins un tacticien hors pair à qui le FN doit beaucoup dans sa progression dans les urnes. Dommage que d'autres, comme Marion Maréchal-Le Pen et Le Pen père ne le comprennent pas. C'est d'ailleurs la vraie limite de ce parti. Plus qu'un quota d'électeurs prétendument déjà atteint et qui ne saurait être dépassé, c'est surtout la présence gênante et honteuse du patriarche qui empêchera le FN d'accéder un jour aux responsabilités. Sa sortie chez Bourdin allait dans ce sens. Il ne veut pas voir son parti prendre le pouvoir, sans doute pour deux raisons : la première, c'est qu'il a la trouille d'assumer les responsabilités du pouvoir, et la seconde c'est qu'il continue à vouloir se positionner en parti anti-système et donc, par définition, à part de l'Elysée, Matignon ou d'une majorité à l'Assemblée. Il est dommage que les analystes médiatiques n'aient pas creusé davantage lorsque Jean-Marie Le Pen a de nouveau commis son horreur, plutôt que de pousser des cris d'orfraie avec le vulgus : cela aurait été autrement plus constructif que d'enfoncer des portes ouvertes...

Le fait international : les USA instaurent la monarchie à mots couverts

On avait eu George Bush, père et fils. On a eu Bill Clinton puis sa femme, Hillary, comme Secrétaire d'Etat, candidate déclarée à l'investiture démocrate pour 2016. Voilà que Jeb Bush, ancien gouverneur de Floride, respectivement fils et frère cadet des deux autres, entend se lancer dans l'investiture républicaine pour la course au 1600 Pensylvannia Avenue, Washington DC. Ah, les USA et leurs paradoxes. On instaure une démocratie, mais on peut être élu Président en ayant moins de voix que son adversaire. On défend le libre-échange à tout crin mais on pose de forte barrières économiques de protectionnisme. Et on proclame fièrement la République dès l'indépendance pour finalement instaurer des dynasties politiques. Le pire, c'est qu'Hillary Clinton est donnée largement favorite pour 2016, dans tous les cas de figure. Les Etats-Unis doivent-ils s'attendre à voir Chelsea, la fille unique du couple Clinton, pas connue pour être la jeune personne la plus brillante de sa génération, se présenter dans dix ou vingt ans également ? Les Bush présenteront-ils à leur tour une troisième génération côté républicain ? Doit-on s'attendre à voir un hypothétique Kennedy ou un improbable rejeton Nixon dans les prochaines années ? Voilà un détail qui a plus d'importance qu'il n'y paraît car il souligne finalement à quel point les élites sont verrouillées désormais dans un pays qui s'est toujours présenté comme étant celui qui donnait la chance à chacun d'y arriver, quel que fût son parcours. On peut même dresser un parallèle avec Hollywood, qui n'est pas tant hors de propos, où l'on voit de plus en plus de "fils/filles de" faire tranquillement leur trou sur les plateaux de tournage, le plus naturellement du monde. Où est l'égalité des chances dans tout cela ? Qu'en est-il de l'ascenseur social ? 
Ou bien faut-il voir, pour en revenir à la politique, une telle dévaluation de la fonction présidentielle, qu'aujourd'hui, la course pour la Maison Blanche n'est plus qu'un passage obligé quelconque pour être invité chez Oprah Winfrey et Ellen DeGeneres. La "plus vieille démocratie du monde", comme elle se plaît à le rappeler, est bel et bien malade. House Of Cards est finalement la fiction qui risque d'être le plus en phase avec son époque.

Le fait économique : la Grèce à la croisée des chemins

J'avais évoqué, il y a deux mois de cela, mon espoir en la victoire de Syriza, aux Législatives grecques. Aujourd'hui, le jeune parti de ce petit pays de l'UE est en difficulté : l'augmentation du SMIC n'a pas eu lieu, le port du Pirée sera finalement démantelé pour se voir en partie confié à des capitaux chinois et le FMI ainsi que Bruxelles et Berlin ne lâchent pas la bride. Tsipras joue la montre mais il sent malgré tout le noeud coulant se resserrer. Il lui reste une carte à jouer : convaincre la Russie de sortir la Grèce de ce bourbier en rachetant sa dette ou en prenant le pays sous sa protection. Ce serait assez malin compte tenu de la crainte qu'inspire toujours l'Ours de l'Oural aux Occidentaux. On pourrait aussi imaginer que, de guerre lasse, les Européens laissent filer la Grèce hors de la Zone Euro. Mais pourraient-ils alors empêcher la fuite programmée des autres pays en difficulté en dehors de cette zone ? Rien n'est moins sûr. Il est juste triste de constater que la France, l'Italie, l'Espagne et tous les autres pays en difficulté économique ne soutiennent pas davantage le courage des Grecs. Au contraire, la presse française, L'Opinion notamment, tire à boulets rouges sur Athènes. Et dire qu'on voulait bâtir une Europe solidaire. Or, c'est bien connu, pour avoir des partenaires solidaires, il faut être dans le camp des vainqueurs.