dimanche 11 mai 2014

Une Histoire de la Coupe du Monde (1) les années 30

Jules Rimet, ancien Président de la FIFA et créateur de la coupe du Monde
Crédits photo : Mondial Photo-Presse-BNF-Wikipedia

Bonjour à tous !

J'ai décidé, à quelques semaines de l'ouverture de la coupe du Monde de football, de me lancer dans une petite rétrospective des 19 éditions précédentes. Parce que c'est un événement unique, le rendez-vous sportif le plus suivi au monde avec les JO d'été, que le football revêt une importance sociale capitale et qu'à l'instar des Olympiades, les coupes du Monde ont souvent été en prise directe avec l'Histoire.

1930 : une première édition sous domination sud-américaine

Un siècle à peine après son indépendance du Brésil, l'Uruguay est désigné pour organiser cette grand-messe du ballon rond. Et ce, en toute légitimité puisque la Céleste est double-championne olympique en titre (1924-1928). Quatre courageuses équipes européennes ont fait le déplacement (parmi les 13 participants, tous sur invitation) : la France, la Yougoslavie, la Roumanie et la Belgique. L'Angleterre, patrie du football, déclinera la proposition pour d'obscures raisons. A l'époque, on fait le voyage en bateau, bien sûr. Les Européens partagent donc le même navire. Les règles étaient très laxistes : les sélections comptaient entre 15 et 25 joueurs et l'âge de beaucoup d'entre eux était sujet à débat.
Sur le terrain, le Français Lucien Laurent est le premier buteur de l'Histoire de la compétition avec une victoire 4-1 contre le Mexique, mais deux défaites contre l'Argentine et le Chili enterrent les espoirs français. L'Argentine et l'Uruguay se retrouvent finalement dans une finale attendue, gagnée 4-2 par la Céleste. Pour l'anecdote, le dernier buteur uruguayen, Castro, avait perdu sa main droite plusieurs années auparavant. La victoire est célébrée comme il se doit à Montevideo et le 31 Juillet, lendemain de la finale, est déclaré Fête Nationale.

1934 : La Squaddra aux mains du fascisme

Cela fait déjà douze ans que l'Italie est aux mains de Mussolini lorsque la Coupe du Monde débarque dans la Botte. Pour l'occasion, huit stades sont rénovés ou construits. Cela n'empêche pas de nombreux journalistes de faire le déplacement, ni les radios de payer des sommes considérables pour l'époque afin de retransmettre les matchs. Sur le terrain, les matchs sont rugueux, certains atteignant des sommets de violence, symptôme d'une époque meurtrie qui ne demandait qu'à basculer dans un chaos sans limites. On compte 16 participants, essentiellement européens, toujours pour des raisons logistiques. L'Uruguay ne vient pas défendre son titre, seuls le Brésil, l'Argentine et les USA traversent l'Atlantique. La France est présente et l'Egypte est le premier pays africain de l'Histoire à jouer la compétition. Il n'y a pas de poule, tous les matchs sont à élimination directe. La France est éliminée par l'Autriche après prolongation et il ne reste que des équipes européennes en 1/4 finale. L'Allemagne nazie perdra en 1/2 finale contre la Tchécoslovaquie qui, elle-même, chutera en finale face à l'Italie. Pour l'anecdote, quatre ans avant l'Anschluss, l'Allemagne battra l'Autriche pour la petite finale d'une petite coupe du Monde. On retiendra quand même, côté italien, l'émergence d'un grand Monsieur du football : Giuseppe Meazza.

1938 : dernière lueur avant la Nuit

Pour la première fois, on joue des éliminatoires afin d'accéder au tour final, organisé en France. Pour pas grand chose finalement puisque beaucoup de pays déclareront forfait, notamment l'Argentine et l'Uruguay. Les Brésiliens organisent une tombola pour financer leur voyage. Et grand bien leur en a pris puisque ils assureront le spectacle tout au long du tournoi. 16 équipes auraient dû prendre part aux 1/8 finale, mais l'Autriche est contrainte de déclarer forfait par l'Allemagne...qui récupérera des joueurs autrichiens dans son équipe ! La Suède est donc qualifiée d'office pour les 1/4. Stade auquel les Bleus sont éliminés par les Italiens. Ces derniers éliminent en 1/2 finale, à Strasbourg, la plus belle équipe de la compétition : le Brésil du prodige Leonidas, meilleur buteur avec 7 buts en 4 matchs (blessé au pied alors qu'il jouait pieds nus, il ne peut jouer la demi-finale contre l'Italie). Le Brésil remportera la 3e place et l'Italie doublera la mise face à la Hongrie, en finale, à Colombes, sur le score de 4-2. Pour l'anecdote, la Suisse éliminera l'Allemagne dès le 1e tour, et en 2 matchs, les tirs au but étant encore inconnus à cette époque (1-1 ; 4-2). Un exploit qui prendra finalement tout son sens quelques années plus tard. Il faudra attendre douze ans avant que le football ne reprenne ses droits, et que ce sport puisse panser ses plaies après deux éditions particulièrement amères...

A suivre...