mercredi 7 mai 2014

Tweet de Thierry Mariani : réponse à Bruno Roger-Petit, Yann Galut & Co

Thierry Mariani, député des Français de l'Etranger
Crédits Photo : LeFigaro.fr

Bonjour à tous !

Alors que les élections européennes arrivent à grands pas, et que l'on ne voit pas la queue d'un débat de qualité sur ce scrutin à la télévision ou à la radio (un grand débat opposant notamment souverainistes aux pro-européens, par exemple), la tension est à nouveau palpable sur les questions de société. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que nos politiques de tous les bords sont très doués pour occuper le terrain comme il se doit : la Gauche annonce l'ouverture du débat sur la Loi Famille, EELV en profite pour ajouter son grain de sel en déposant un "amendement PMA" et la Droite "la plus bête du monde" continue son festival. Dernier atavisme en date : le tweet de Thierry Mariani, qu'il va s'agir ici de critiquer et de décortiquer.

Twitter, Facebook...les réseaux sociaux, degré zéro de la politique !

Je vais être très clair : je demande l'interdiction pure et simple pour les politiques de se servir des réseaux sociaux. Cela devient insupportable ! D'abord parce qu'ils s'en servent pour communiquer sur des débats privés au sein de diverses commissions parlementaires (et que tout le monde trouve ça normal, au passage), manquant ainsi de respect de manière flagrante envers leurs collègues, députés et sénateurs. Ensuite, parce qu'ils ne savent clairement pas s'en servir. A force de singer les USA, la France finit par leur ressembler, en pire évidemment, car la copie ne vaudra jamais l'original. Outre-Atlantique, on ne fait pas de politique : on se contente de communiquer, les lobbies ultra-puissants se chargeant de broyer les élus en coulisses. Cela fait bien longtemps que ce pays est devenu un simulacre de démocratie. Et voir Obama faire du stand-up lors de réceptions officielles devrait nous mettre la puce à l'oreille. Quand on est président, a priori, on n'a pas le temps de se prendre pour Ben Stiller. 
Concernant nos politiques, qui sont rarement de première jeunesse et qui ont dû toucher leur premier clavier à un âge avancé, ils devraient comprendre qu'on ne peut émettre une opinion profonde, ciselée, complexe en 140 caractères. C'est un exercice impossible. D'autant plus difficile à réaliser que ces réseaux sont continuellement surveillés par des petits malins qui savent forcément mieux s'en servir qu'eux.
Ainsi, en tweetant de la sorte sur la responsabilité très relative des Occidentaux en matière d'esclavage au vu de ce qui se passe en ce moment au Nigéria, Thierry Mariani ne devait pas s'attendre à autre chose qu'à une volée de bois vert. Qui n'a pas mis une heure à se déclencher.

Des associations qui noyautent la République

Et ce qui devait arriver arriva : des députés PS, des internautes indépendants, et des médias très doués pour tourner les réseaux sociaux à leur avantage ont aussitôt commis une levée de boucliers unanime. Evidemment, la Gauche n'en demandait pas tant. Après 2 ans au pouvoir, elle affiche un bilan misérable, et la prestation plus que délicate de Hollande sur BFM/RMC hier n'a rien arrangé. Il ne lui reste plus que ça, à la Gauche, pour espérer mobiliser son électorat : attendre un "dérapage" comme elle les qualifie pour aussitôt dresser un échafaud Place de Grève à destination de l'impudent. Dormez tranquille, braves gens, le Comité de Salut Public veille. 
Malheureusement, la perdante, c'est encore la Démocratie. D'abord parce que le débat est verrouillé totalement par ces Big Brothers que sont Bruno Roger-Petit, très actif sur son blog, et Aymeric Caron, très à l'aise dans son rôle de procureur Head & Shoulders, tous les samedis soir sur le plateau de l'estimable Laurent Ruquier. Comprenons-nous bien : j'encourage le débat d'idées, mais ces personnes, malheureusement, font tout pour le réduire à néant en accusant sans cesse leurs opposants idéologiques, qui finissent par tomber dans le panneau en les vilipendant de la même façon. Si bien que l'on n'a plus envie d'écouter. Et que le spectateur lambda n'est pas plus avancé. En attendant, ceux qui se frottent les mains sont les associations vivant aux crochets des citoyens que sont le CRAN, SOS Racisme et compagnie.

Analyser le problème posément

Il s'agit tout d'abord de déplorer vivement le sort réservé à ces malheureuses jeunes filles au Nigéria. On précisera par ailleurs que ce n'est pas faute de pointer du doigt l'islamisation grandissante de l'Afrique de l'Ouest, menaçant grandement les vastes communautés chrétienne et animiste s'y trouvant. On ajoutera également qu'ouvrir grand les bras aux pays du Golfe et à leurs pétrodollars, c'est se moquer du monde parce qu'il est clairement établi que Boko Haram, les rebelles maliens, les islamistes sévissant dans le Sud de l'Algérie, en Mauritanie, au Niger et jusque dans le Soudan du Sud bénéficient de leur manne financière. Enfin, on se permettra de remercier, ironiquement, l'ancien Président Sarkozy et BHL pour avoir mis un terme au régime de Kadhafi, qui était ce qu'il était, mais qui avait l'immense mérite de maintenir d'une main de fer les dissidences dans la partie Nord de l'Afrique, de même que Ben Ali en Tunisie ou Moubarak en Egypte. 
Ensuite, il faut être clair : pour comprendre en grande partie le problème de l'esclavage et accorder un peu de crédit à l'intervention de M. Mariani, il faut se tourner vers l'un des plus éminents spécialistes de la question, l'historien français Olivier Pétré-Grenouilleau, qui déclare notamment ceci :
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 « Il faut d'abord dire que le caractère abominable de la traite n'est pas corrélé aux chiffres. Le fait que la traite orientale - en direction de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient - ait affecté plus de gens ne doit nullement conduire à minimiser celle de l'Europe et des Amériques. En revanche, je suis surpris que certains soient scandalisés que l'on ose parler des traites non occidentales. Toutes les victimes sont honorables et je ne vois pas pourquoi il faudrait en oublier certaines. La traite transatlantique est quantitativement la moins importante : 11 millions d'esclaves sont partis d'Afrique vers les Amériques ou les îles de l'Atlantique entre 1450 et 1869 et 9,6 millions y sont arrivés. Les traites que je préfère appeler « orientales » plutôt que musulmanes - parce que le Coran n'exprime aucun préjugé de race ou de couleur - ont concerné environ 17 millions d'Africains noirs entre 650 et 1920. Quant à la traite intrafricaine, un historien américain, Patrick Manning, estime qu'elle représente l'équivalent de 50 % de tous les déportés hors d'Afrique noire, donc la moitié de 28 millions. C'est probablement plus. Ainsi un des meilleurs spécialistes de l'histoire de l'Afrique précoloniale, Martin Klein, explique-t-il que, vers 1900, rien que dans l'Afrique-Occidentale française, on comptait plus de 7 millions d'esclaves. Aussi n'est-il sans doute pas exagéré de dire qu'il y en eut peut-être plus de 14 millions, pour le continent, sur une durée de treize siècles. » (source : wikipedia).
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Soyons clairs : les Européens et les Nord-Américains ont évidemment honteusement et vilement profité d'un système scandaleux visant à exploiter d'autres êtres humains. Mais, contrairement à ce que veut nous faire croire notamment Dieudonné quand il fait oeuvre de négationnisme envers la Shoah, l'esclavage n'avait pas de visée génocidaire. Il avait un objectif purement mercantile : il importait de faire transiter le maximum d'esclaves, pour les revendre à un bon prix dans les colonies.
D'autre part, l'esclavage a toujours existé, dans toutes les civilisations. Il me semble ainsi que les descendants des esclaves de Rome ou de la Grèce Antique ne vont pas au Quirinal ou sur l'Acropole revendiquer un appel à la repentance et à la réparation des torts causés. Il me semble également incongru que des descendants de victimes attaquent des descendants de supposés bourreaux. Ou alors cela va poser un sérieux problème moral et logistique si l'on en vient un jour à cette extrémité. Enfin, cette procédure dangereuse de réclamations incessantes dans le but d'obtenir des dommages et intérêts de l'Histoire n'est pas sans poser quelques problèmes à long terme, notamment celui de la gestion des anciennes colonies africaines par ceux qui les dirigent aujourd'hui. L'exemple le plus frappant se trouve en Algérie où un Bouteflika moribond met le pays en coupe réglé. Mais, en France, on préfère encore et toujours fustiger la colonisation. Les accords d'Evian ont été signés en 1962 : doit-on s'auto-flageller encore longtemps ? Enfin, il est évident que la problématique du communautarisme est latent : puisque les méchants blancs ont réduit en esclavage les malheureux noirs, qu'on leur octroie d'office plus de places dans les médias, dans les institutions de la République... Oubliant sciemment le ferment même de cette nation : la méritocratie. La discrimination positive à l'américaine n'a pas vocation à exister dans notre pays, car ce n'est ni son histoire, ni sa culture, en un mot : pas son ADN. Mais évidemment, MM Roger-Petit et consorts préfèrent fermer les yeux sur ce problème. Le jour où nous en viendrons à la violence symbolique que représentent la co-existence de communautés qui ne communiquent pas entre elles à l'instar des pays anglo-saxons, et les flambées de violences physiques que cela génère, alors peut-être ouvriront-ils enfin les yeux. Mais il sera trop tard. Je n'ai pourtant pas envie qu'un jour mon pays ressemble à Johannesbourg ou Detroit.