vendredi 21 février 2014

Théorie du genre (suite) : quand la presse perd la tête

Bonjour à tous !

On aimerait parler d'autre chose, mais, malheureusement ce sujet de la théorie du genre vampirise l'actualité. Et quand ce n'est pas ça, c'est la "guerre civile" et le "bain de sang" en Ukraine. Pas sûr que les Rwandais et les Yougoslaves aient la même conception des termes de "guerre civile" et de "bain de sang", mais bon, si on n'en fait pas des caisses, impossible de monopoliser l'attention d'un consommateur de presse toujours plus volage depuis l'avènement du web 2.0.

Eric Zemmour cloué au pilori

Tous les week-ends depuis 10 ans, Eric Zemmour défie à fleuret moucheté un interlocuteur, qu'il s'agisse de Christophe Barbier, Claude Askolovitch ou, bien entendu, Nicolas Domenach dans une émission d'i-Télé bien nommée Ca se dispute. Lorsque le sujet de la théorie du genre a été mis sur la table, l'ancien pensionnaire de Sciences Po Paris a dégainé, comme il le fait souvent, des faits provenant de sources diverses et variées. Il s'avère que l'une d'elles venait du site internet d'Alain Soral "Egalité et réconciliation". Cela n'a pas échappé à certains internautes : il n'en fallait pas plus pour que la presse tombe à bras raccourcis sur l'essayiste, qui n'en est pas à sa première mise à l'index. Mais il semblerait pourtant que nos amis journalistes aient oublié le premier principe de ce métier : ne jamais dévoiler ses sources. Alors de quel droit se permettent-ils d'évoquer et, a fortiori, de juger la source ici utilisée par l'un de leurs collègues ? En plus, Zemmour a spécifié lui-même, et avec raison, que lorsqu'il utilise une source d'"Osez le féminisme", personne ne s'en indigne. C'est plutôt tout à son honneur d'avoir la curiosité intellectuelle d'aller fouiller dans différents endroits pour trouver des sources qui peuvent être utilisées pour nourrir le débat. Car enfin il ne s'agit pas nécessairement de considérer ce document comme une Bible, mais bien de l'appréhender pour ce qu'il est : un outil nécessaire à la discussion civilisée. Qui plus est, nombre d'éditorialistes ayant pris Zemmour dans leur ligne de mire ont reconnu que ce document ne venait pas seulement du site de Soral, mais qu'il se retrouvait sur bien d'autres sites Internet. Une polémique pour rien donc.

Jean-François Kahn flingue à tout-va

Jean-François Kahn est un homme de convictions, que l'on soit d'accord ou non avec celles-ci. Mais il y en a une qui mérite tout particulièrement d'être saluée : celle d'avoir toujours cherché à créer des périodiques indépendants où toutes les sensibilités pourraient s'exprimer. Ce fut le cas de L'événement du Jeudi puis, plus récemment, de Marianne, même si celui-ci, depuis le départ de Kahn, a tendance, sous l'impulsion de Nicolas Domenach, à rentrer dans le rang du politiquement correct. Le journaliste vient de sortir un ouvrage qui s'intitule L'horreur médiatique : tout un programme ! Il y détaille comment, petit à petit, les médias se sont retrouvés déconnectés des réalités du peuple, qu'ils méprisent, ou qu'ils ignorent dans le meilleur des cas. Et de s'alarmer sur l'état de la presse écrite en France avec des titres qui disparaissent faute de lecteurs. Il faut dire qu'entre ceux qui dépendent de grandes fortunes (Dassault, Pigasse, Bergé) et ceux qui doivent sortir un scoop tous les six mois pour pouvoir justifier le prix de leur abonnement (Médiapart), il n'y a pas de quoi se réjouir. Il semble donc avéré que le divorce entre les élites et le peuple soit toujours plus prononcé. Et la disparition de Libération qui menace avec la crise que connaît le quotidien devrait permettre de poser les bonnes questions. Hélas, trois fois hélas, on en semble loin !

Rendons à l'école son vrai rôle

L'excellent blogueur Jean-Claude Brighelli s'est laissé cette semaine, sur le Point.fr, embarquer dans la vague dominante concernant l'enseignement de la sexualité à l'école, arguant que les parents n'étaient pas capables d'assumer ce rôle : qu'en sait-il ? De quel droit se permet-il de tirer de telles conclusions ? Qui plus est, ils sont nombreux ces derniers jours à saluer l'enseignement des ABCD de l'égalité tant décriés et à saluer la diffusion du film Tomboy dans les établissements scolaires. Un film aussi complexe n'a sûrement pas sa place dans une salle de classe, où les élèves n'ont vraisemblablement pas toutes les armes intellectuelles ni l'expérience nécessaire pour avoir suffisamment de recul sur cette oeuvre, dont la qualité n'est par ailleurs nullement remise en cause.
La vérité se fait jour : petit à petit, on rajoute des missions à l'école : faire de la prévention pour ceci, faire intervenir un spécialiste pour cela, discuter de la drogue, du sexe, de la sécurité routière... Bref, l'école devient une agora où l'apprentissage des fondamentaux est progressivement relégué aux oubliettes. Et le classement PISA, malgré les réserves qu'il appelle, n'a pas manqué de pointer cette régression dans son classement. Le niveau baisse dangereusement car l'école, en plus d'être devenu un pôle d'instruction des savoirs, est devenue une garderie où les parents se déchargent de toutes les responsabilités sur le dos d'un corps enseignant toujours aussi dévalorisé, surchargé de travail et trop peu payé, et pourtant toujours aussi dévoué. Avoir des enfants ne doit pas être un caprice. On doit pouvoir être capable d'élever son enfant afin de séparer le rôle des enseignants et celui des parents : les premiers instruisent, transmettent un savoir ; les seconds éduquent, donnant à leur progéniture les armes pour affronter la vie, dans sa beauté comme dans sa cruauté. Encore une fois, en prenant position de cette façon, la presse française s'est mise hors-jeu : dommage !