vendredi 28 février 2014

On va voir les vaches ?

Crédits Photo : Google Pictures

Bonjour à tous !

Décidément, le succès du Salon de l'Agriculture ne se dément pas, d'année en année. Il faut dire que nos agriculteurs ont plus que jamais besoin de soutien par les temps qui courent. Le secteur primaire, en France, est en pleine souffrance sans que rien semble pouvoir enrayer la machine.

La grande distribution, erreur stratégique historique de notre pays

A la fin des années 60 et au début des années 70, la Grande Distribution installe ses premiers pions sur notre territoire. Non contente de défigurer notre territoire par des centres commerciaux situés à l'écart des villes et qui font fleurir des bâtiments tous plus immondes les uns que les autres, ce secteur particulier de notre économie, premier employeur privé de France, s'est empressé d'installer une conception qui allait bouleverser notre quotidien : les commerces de proximité sont trop chers, nous on vous propose des prix défiant toute concurrence. Soit. Mais cela masque d'évidentes lacunes de raisonnement dont les premiers concernés sont parfaitement conscients. D'abord, une course aux marges hallucinante tirant vers le bas le salaire de leurs milliers d'employés, dont l'écrasante majorité ne touche pas plus que le SMIC (et encore, à condition d'être à temps complet), et puis une qualité des produits bien moindre que ce que l'on pouvait trouver chez Félix Pottin ou sur le marché du coin, puisque les produits viennent de partout dans le monde, conditionnés, stérilisés, sans goût, sans saveur et ce quelle que soit la saison.

Le ver est dans le fruit

Le problème s'est aggravé avec l'autorisation d'implanter des enseignes hard discount sur le territoire. Déjà un coup des Allemands ! Ces commerces ayant la particularité d'avoir une petite surface, ils avaient toute latitude pour s'implanter au coeur de la ville. Les Lidl, Aldi, Leader Price et compagnie ont réussi à faire encore mieux (ou pire, c'est selon) que la Grande Distribution classique en se comportant de manière inhumaine avec ses salariés et en tirant encore les prix vers le bas par la mise en place d'une décoration spartiate, de produits laissés dans les cartons et en faisant de plus grosses commandes auprès du fournisseur pour obtenir de meilleurs prix. Curieusement, c'est à cette période, c'est-à-dire dans les années 90, qu'ont commencé à poindre les premiers scandales alimentaires : vache folle, listeria, E. Coli,... pour en arriver au scandale de la viande de cheval dans les lasagnes l'an passé. Coïncidence ? Je n'y crois pas...

Malbouffe pour tous

Bénéficiant d'un secteur bien implanté en France, la Grande Distribution a alors commencé à faire du lobbying intensif, auprès des élus locaux notamment. Ils ont aussi connu une certaine réussite à l'échelle nationale avec la mise en place des fameuses marges arrières qui obligeaient les fournisseurs souhaitant se faire référencer à financer des campagnes de promotion au sein des magasins de telle ou telle chaîne. Un processus assez bien expliqué d'ailleurs dans La Vérité si je mens 2
Le problème, pour les fournisseurs alimentaires, commençait alors à ressembler à un casse-tête chinois : pris entre les exigences de la Grande Distribution, les exigences européennes, toujours plus nombreuses depuis l'instauration de la PAC, et les grandes coopératives agricoles entièrement aux mains des puissants céréaliers qui n'ont cure de leurs petits collègues éleveurs et maraîchers, les prix de vente ont été taillés à la serpe. Le métier d'agriculteur étant soumis aux aléas climatiques, les mauvaises saisons achevaient de plomber leurs comptes, en sus des scandales alimentaires sus-nommés pour lesquels on leur faisait porter le chapeau alors qu'ils n'étaient responsables en rien de ce que devenait leur matière première une fois vendue à toute une liste d'intermédiaires. Bilan des courses : un article payé au producteur quelques centimes était payé 5 à 10 fois plus par le consommateur en bout de ligne. Avec la (mal-)chance de choper une intoxication alimentaire ou de manger quelque chose qu'il n'aurait pas dû en prime. Un cynisme effrayant..

Rétablissons les circuits courts !

Soyons lucides : manger des aliments bons et sains coûte un certain prix que les gens ne sont plus prêts à mettre aujourd'hui : il faut payer les traites des deux voitures, du logement, financer les loisirs du petit dernier qui se doit d'être habillé à la mode, posséder un smartphone et/ou une tablette. Petit calcul rapide d'ailleurs : un smartphone coûte en moyenne 300 euros. Dans une famille de 4 personnes, cela fait 1200 euros. De quoi largement se payer des bons légumes qui ne sentent pas le pesticide et acheter de la viande qui ne sort pas d'usines à traumatiser les animaux. C'est un choix...
Un choix que certains consommateurs font suite à la mise en place des AMAP, ces micro-coopératives qui permettent à tout un chacun d'acheter un panier de produits de saisons auprès de son agriculteur local. Finie, la consommation de kiwis ou de tomates sans goût à longueur d'années, finie la pollution engendrée par les innombrables voyages en bateaux sans compter l'hallucinante consommation énergétique que demande le respect de la chaîne du froid pour que ces produits conservent un semblant de fraîcheur sur les étals. C'est aussi la garantie de voir le producteur rémunéré à la juste valeur de son travail sans que la toute puissante FNSEA ne se rince au passage. Enfin c'est un moyen efficace de boycotter la Grande Distribution et ses milliers d'emplois sans avenir payés au lance-pierre. Non à Auchan, oui à Félix Pottin !