jeudi 13 novembre 2014

Alain Juppé, le pire d'entre tous ?

Crédits Photo : Régis Duvignau/Reuters/LeMonde.fr

Bonjour à tous !

Ah, il a la cote le Alain. Tout le monde l'aime, le reçoit, lui demande son avis de vieux sage, en grognard de la politique qu'il est tout en étant un élu local respecté, voire adulé.

Un élu local de haut vol ?

Maire de Bordeaux depuis des lustres, Juppé est loué pour sa politique où il a remis les transports en commun, l'écologie, l'humain au centre de la problématique girondine. Ca vous rappelle quelque chose ? Delanoë à Paris, Collomb à Lyon ? Bien vu, c'est exactement la même chose ! Et pourtant ce sont (ou furent) des maires socialistes ! Alors on va les voir pour leur demander leur avis sur un pays qui ne va pas aussi bien que leur ville-vitrine ouverte sur le monde et la mondialisation. Et tout le monde semble oublier sciemment qu'il y a une petite différence entre diriger une ville, a fortiori quand elle est située du bon côté de la mondialisation, et diriger un pays. Et pendant qu'on médiatise ses notables provinciaux, on en oublie tous les petits élus locaux qui se battent avec des moyens ridiculement faibles pour faire survivre leur commune rurale. Sauf que la "France périphérique", tout le monde s'en moque ! Ou plutôt, non : on fait semblant de s'y intéresser parce qu'on sent bien que Christophe Guilluy, le dépositaire de cette thèse, a vu juste. Alors on lui sert la soupe en public. Avant de jeter son livre aux orties sitôt les lumières des caméras éteintes. Il faut dire les choses telles qu'elles sont : aujourd'hui, on donne de l'importance à des édiles qui ne sortent plus de leur forteresse urbaine où tout brille et les médias se contrefichent des 61% de Français qui vivent en dehors des zones bénies de la mondialisation heureuse à la française. Vous connaissez beaucoup de sociologues, d'universitaires, d'historiens qui passent dans les médias de grande écoute parler de la ruralité française ? Guilluy n'a fait qu'un passage télé probant, sur Paris Première (chaîne payante), un Vendredi soir en 2e partie de soirée. Par contre, Eric Fassin, Pascal Blanchard, Jacques Attali ont table ouverte chez leurs amis de la presse écrite ou télévisée, Les Inrocks, Libé, France TV, iTélé et Canal + en tête. Bref, tout ce petit monde s'auto-entretient et garde ses oeillères soigneusement fixées.

Face à Juppé, un désert électoral

N'oublions pas une chose : en 1995, Juppé fut Premier Ministre. Avec ses réformes libérales catastrophiques, il mit à peine plus de 6 mois pour lancer les Français dans la rue pour un mouvement social qu'on n'avait plus vu depuis belle lurette. Cette catastrophe s'acheva par la dissolution de 1997 et la déroute électorale de l'union RPR-UDF face à la désormais célèbre "Gauche Plurielle" emmenée par Lionel Jospin.
Cette alliance RPR-UDF consacrée par la création de l'UMP quelques années plus tard est d'ailleurs bien là le talon d'Achille de la Droite aujourd'hui : déchirée entre une base gaulliste qui tente, vaille que vaille, de s'appuyer sur la Convention du RPR de 1990 stipulant explicitement qu'il faut freiner l'immigration et que l'Islam n'est pas compatible avec la République (signée à l'époque par Sarkozy et Juppé du reste), et un centre europhile à outrance, libéral et pro-business (comme dirait l'autre...), le néo-parti n'a jamais eu de base idéologique solide. Cela se retrouve d'ailleurs dans cette maxime désormais célèbre de Charles Pasqua selon laquelle "L'UDF amène les élus, et le RPR amène les électeurs." On se situe alors typiquement dans le cas de figure où les élites sont alors déconnectées de leur base militante. 
En se déclarant aujourd'hui, dans Les Inrocks, favorable à l'adoption par les couples homosexuels, en affirmant que s'il était élu en 2017 il ne reviendrait pas sur la Loi Taubira et en laissant entendre qu'Emmanuel Macron est sur la bonne voie économique puisqu'il applique les idées de la Droite libérale, Juppé scelle dans le marbre la pensée désormais justifiée que "Droite et Gauche sont les deux détaillants d'un même grossiste, l'Europe." (Philippe Séguin) Autrement dit, l'UMPS critiquée par Marine Le Pen est bel et bien là, à diriger le pays et en le mettant en coupe réglée pour faire plaisir à Berlin et Bruxelles sur un plan économique, et à Washington sur un plan diplomatique.
Le problème, c'est que plus le temps passe, plus le positionnement centriste d'Alain Juppé va l'amener vers une impasse électorale. Certes, cela va finir par forcer Bayrou, Lagarde, Morin, Valls et Cie à sortir du bois en assumant leur caractère résolument libéral pour créer un mouvement politique résolument centriste. Mais alors, pour le candidat qui émergera de ce mouvement, il faudra se rendre à l'évidence : il se prendra un mur électoral ! Plus personne ne vote pour le Centre, hormis l'exception de 2007 qui peut s'expliquer pour 2 raisons : Sarkozy, par son programme résolument bonapartiste, siphonnait les voix du FN qui était électoralement mort : il y avait donc plus de place pour un Centre libéré de l'envahissant UMP, qui s'était sincèrement positionnée à droite ; et puis c'était surtout la première élection débarrassée des mythes politiques. Pas de Jospin, Chirac, Delors, et autre Giscard. Que des primo-candidats pour les grands partis, qui favorisaient alors une recomposition des voix. Mais en 2012, la messe était dite : le Centre s'est vidé de ses électeurs, et cela s'est vu à la Présidentielle, aux Législatives, avant de se confirmer en 2014 aux Municipales et aux Européennes. Les Français, pour une majorité d'entre eux, demandent qu'on replace l'identité de notre pays au centre du débat. Qu'on ose critiquer l'Europe, la mondialisation, l'immigration de masse. Qu'on les laisse s'exprimer en faveur d'une famille traditionnelle qui a permis la survie de notre société depuis des siècles, quoi qu'on en dise ! Qu'on ne bride plus la liberté d'expression comme les singes savants essaient désespérément de le faire en invitant Eric Zemmour sur tous les plateaux pour lui déverser des tombereaux d'insultes, quand ce n'est pas pour le dépeindre en malade mental, carrément. Mazarine Pingeot et Bruno Roger-Petit savent de quoi je parle. La même Mazarine Pingeot qui ne vend pas un bouquin et qui a vécu aux frais de la République pendant des années, fruit des frasques de son Collabo de père... 
Bien entendu, je peux me tromper. Il peut ne pas y avoir d'alliance des libéraux, par fierté, souci du parti, ou d'autres obscures raisons. Auquel cas, cela ferait autant de candidats au Centre. Sauf que pas grand chose divisé par X candidats, ça ne fait vraiment plus beaucoup de voix lors du décompte final. 
Mais est-ce là vraiment ce que cherchent ces profiteurs du système ? Ou bien ne sont-ils pas plutôt en quête d'un brevet de respectabilité de la part de l'apparatchik de la presse bobo, qui occupe l'immense majorité du temps d'antenne et des kiosques ? Là est la question. Et ce sont les électeurs qui, au final, donneront la réponse.