vendredi 14 septembre 2012

Silence, l'éducation nationale sombre...

Le lycée professionnel Trégey de Bordeaux, où
a été agressée l'enseignante Mardi dernier/Crédits Photo :
Nicolas Tucat-AFP

Bonjour à tous !

On s'en serait bien passé, mais c'est un fait : l'Education nationale connaît une nouvelle rentrée difficile.
Pourtant, on aurait pu penser qu'une première hausse des effectifs du personnel éducatif (qui sera suivie d'augmentations plus conséquentes encore lors des prochaines rentrées) allait permettre de calmer les esprits : que nenni !
Plus déterminées que jamais, certaines têtes brûlées se sont déjà fait remarquer ; à Bordeaux, une enseignante a ainsi été rouée de coups par un élève qui n'appréciait pas sa façon d'enseigner la religion, et plus précisément l'islam. A croire que c'est une manie chez certains irréductibles musulmans, qui n'ont de musulmans que la revendication qu'ils en font : ils savent à peine lire et écrire mais connaissent mieux le Coran que n'importe qui : ben voyons !
Croyant bien faire, notre ministre de l'Education nationale a décidé de remettre au goût du jour la morale laïque : l'idée est bonne mais attention, son prédécesseur s'y est cassé les dents. Et à côté de ça, il propose de supprimer les notes et de rallonger les vacances de la Toussaint, histoire de ne pas trop bousculer nos chères têtes blondes !
Il faut le dire, depuis plusieurs années, tout part à vau-l'eau en ce qui concerne le "mammouth" du gouvernement : enseignants sous-rémunérés et démobilisés, manque d'encadrement des élèves en difficulté, baisse générale du niveau, programmes passés au scalpel (ce qui arrive au programme d'histoire notamment est proprement scandaleux !), agressions toujours plus nombreuses... Et cela ne s'arrangera pas avec le laxisme dont entend faire preuve Christiane Taubira. Les jeunes peuvent casser ou agresser, ils ne seront jamais inquiétés. Y compris les irrécupérables comme ce jeune salafiste en herbe qui a donc agressé la malheureuse enseignante bordelaise. Pas étonnant que le nombre de professeurs ayant souscrit une assurance contre les atteintes corporelles soit en hausse constante !
Si il y a bien une leçon à tirer de tout cela, c'est que la massification du système scolaire est, en réalité, un échec cuisant. Voulue par nos gouvernants après Mai 68 et la sacralisation des théories de Françoise Dolto, l'excellence de l'éducation française est complètement passée à la trappe : des enfants toujours plus mal élevés sont aujourd'hui maintenus dans un parcours scolaire qui les dépasse. Et histoire de ne pas les désintéresser totalement, on nivelle par le bas. Raison pour laquelle on se retrouve aujourd'hui avec 80 à 85% d'une classe d'âge titulaire d'un Bac qui ne vaut plus rien. 
Alors la sélection s'effectue désormais dans l'enseignement supérieur. Et elle est impitoyable. Car ne nous y trompons pas : l'erreur, c'est bel et bien de chercher à faire de tous nos enfants des ingénieurs en puissance. Comme si la France qui se désindustrialise en avait besoin ! 
Il faut réapprendre aux enfants le goût de l'effort, du mérite par le travail, et de la compétition. Car la vie sera toujours une lutte, une bagarre avec les autres pour faire sa place. L'école doit y préparer. Et à côté de cela, les filières dites "de garage" doivent être revalorisées car le travail manuel, l'artisanat, en France, ça embauche et ça paye très bien ! Cela permet ainsi de former un public intéressé à des métiers qui ont beaucoup de mal à trouver du personnel qualifié. Et à sortir du parcours scolaire classique des élèves démobilisés parce qu'ils ne suivent pas, avec les dérives que cela engendre, comme le fait des violences qui se multiplient, par exemple.
Les pistes sont nombreuses, les idées ne manquent pas. Ne reste plus que le courage d'y réfléchir et de les mettre en place. Mais les corps intermédiaires veillent, tels les rectorats, toujours prompts quant à défendre leur pré-carré : pourvu qu'on ne donne pas un coup de pied dans la fourmilière, se disent-ils. Pas facile de réformer dans un pays où le sport national des personnels éducatifs n'est pas d'encadrer la transmission du savoir, mais de plus souvent faire la grève...

mardi 11 septembre 2012

Quand Bernard Arnault crée une intéressante polémique

L'homme d'affaire Bernard Arnault/Crédits Photo :
Sébastien Soriano - Le Figaro

Bonjour à tous !

La rentrée scolaire à peine consommée, et voici déjà les premières polémiques. On passera outre les petites phrases traditionnelles, montrant que chacun cherche à asseoir son territoire entre un gouvernement qui patine et une opposition qui peine à trouver ses marques.
Alors que l'événement de cette automne dans l'Hexagone sera le vote du budget pour l'année 2013, Bernard Arnault, patron du groupe de luxe LVMH et 4e fortune mondiale, a lâché une petite bombe : il a demandé à obtenir la double-nationalité franco-belge.
Aussitôt, et sans qu'on laissât à l'homme d'affaires le soin de justifier son acte, on a eu droit à une extraordinaire levée de boucliers. Jusqu'à cette Une de Libération que, par correction, je ne reprendrai pas ici mais qui marquait clairement une manifestation d'un poujadisme de gauche.
Et nous revoilà au centre d'un problème franco-français : avoir de l'argent, c'est mal et ne faire qu'esquisser le moindre mouvement, la moindre action, pour éviter de se faire littéralement assommer par le Fisc équivaut dans notre pays à une tentative de meurtre, rien de moins !
Admirons ici non sans délectation les habituels donneurs de leçon et objecteurs de conscience à la petite semaine faire leur petit travail de rapace toujours prêts à créer le buzz pour vendre du papier et faire parler d'eux.
Précisons néanmoins que le problème des Français avec l'argent n'est pas nouveau. La "fille aînée de l'Eglise" est en effet traditionnellement catholique (quoi qu'en disent ceux qui ont fait du lynchage de la tradition cultuelle de ce pays leur sport favori) : or l'Eglise catholique romaine a toujours condamné l'enrichissement personnel. Certes, cela n'empêchait pas une hypocrisie conséquente en la matière mais on était alors loin de la consécration de la valeur travail et de sa récompense en devises sonnantes et trébuchantes. Ce qui était exactement l'inverse dans les pays protestants. Je vous renvoie pour cela à l'excellente approche qu'a faite Max Weber sur le sujet (L'Eglise protestante et l'esprit du capitalisme). 
Toujours est-il que nos chers concitoyens oublient quelques détails :
-primo, la fortune de Bernard Arnault lui appartient, libre à lui d'en disposer comme il l'entend. Il est quand même à l'origine de plusieurs milliers d'emplois et, à travers son groupe, représente le fleuron de la tradition du luxe à la française. Un peu de respect pour son parcours serait de bon aloi. Il a déjà assez de François Pinault pour lui chercher des noises ;
-deuxio, encore une fois nous vivons dans un monde ouvert, qui consacre la libre-circulation des hommes, des marchandises et des capitaux. Les mêmes qui réclament à corps et à cris que l'on soit gentil et accueillant envers des Roms qui ne font pourtant rien pour respecter les lois de la République font soudainement preuve d'amnésie lorsqu'ils voient les milliards de Bernard Arnault risquer de s'envoler outre-Quiévrain ;
-enfin, tertio, et jusqu'à preuve du contraire (la présomption d'innocence est la loi en France, elle s'applique donc aussi dans ce cas), Bernard Arnault a affirmé vouloir conserver sa domiciliation fiscale au pays d'Astérix.
On retiendra donc que l'hypocrisie est malheureusement encore, et pour longtemps, le plus grand mal dont nous souffrons. Alors que, finalement, il serait peut-être plus simple d'avoir une saine réflexion sans tabou sur la fiscalité en France et sur l'utilisation des ressources qu'elle génère.
Mais bon, à voir le climat actuel, je doute que la réflexion soit ce qui nous vienne en premier à l'esprit quand il s'agit de qualifier nos dirigeants. Enfin, je suppose que pour ça comme pour le reste, c'est la faute à Sarko. Le pauvre, avec tout ce qu'on lui met sur le dos, j'espère qu'il a un excellent ostéopathe !