Bonjour à tous !
Il y a quelques jours de cela, Louis Gallois, ancien PDG de la SNCF, remettait au gouvernement un rapport commandité par celui-ci et portant sur la compétitivité.
Il est vrai qu'en ces temps de crise, avec un chômage toujours aussi élevé et une croissance quasi-nulle, il convient d'explorer toutes les pistes propices à la relance de l'emploi. La croissance est, en effet, génératrice d'emplois nouveaux à partir de 2% sur l'année. On en est pour l'instant bien loin et les différentes perspectives économiques sont plutôt pessimistes. Mais qu'entend-on par compétitivité ?
Eh bien, il s'agit de l'ensemble de dispositions permettant à un pays de présenter un certain attrait pour les entreprises qui les inciterait à s'implanter dans ce pays, à y rester plutôt que de délocaliser, ou bien encore permettre aux jeunes entrepreneurs en herbe de se lancer sans crainte.
Quelle est la situation en France ? Actuellement notre pays souffre effectivement d'un manque de compétitivité : la fiscalité est lourde, trop même. L'arsenal législatif et administratif qui entoure le monde du travail est également trop contraignant, surtout pour les créateurs d'entreprises et enfin, on ne travaille pas assez. C'est un fait : avec 5 semaines de congés payés par an (sans compter les RTT), la semaine à 35h et la retraite à 60 ans, la France ne travaille pas assez, en comparaison des autres pays de l'OCDE notamment. Et ces pays constituent nos principaux concurrents.
Que faire alors ? Les plus libéraux d'entre nous diront qu'il faut alléger le coût du travail, trop élevé, et le transférer sur les salariés, à l'instar de ce qui se fait chez les Anglo-Saxons. Idée insuffisante et contre-productive : la France a en effet une tradition d'Etat fort qui subvient aux besoins de sa population. La protection sociale est une fierté de notre pays. Mais elle doit être régulée : il faut limiter les abus, lutter contre les fraudeurs, qu'ils soient particuliers ou personnes morales (les fraudes à l'URSSAF coûtent chaque année des milliards d'euros à l'Etat). Les plus à gauche d'entre nous, quant à eux, diront qu'il faut taxer les entreprises et les particuliers les plus riches pour mieux redistribuer la protection sociale et faciliter l'éclosion des PME-PMI-TPE. Soit. Mais alors les surtaxés quitteront notre pays sans délai, aidés en cela par une mondialisation finalement toujours prompte à faciliter l'exil dans les pays pratiquant le dumping fiscal et social à outrance.
Quelles solutions avons-nous alors à notre disposition ? Eh bien, elles sont nombreuses. La plus simple, si l'Europe et l'Euro perdurent, serait d'instaurer une TVA sociale : on surtaxe à la frontière les produits provenant de l'extérieur de l'UE, d'autant plus si ils ne respectent pas les normes élémentaires en matière d'environnement, de conditions de travail et de salaire de ceux qui ont fabriqué lesdits produits. Cela freinera les velléités de délocalisation des entreprises qui devront payer fort cher la réimportation de leurs bien manufacturés en Europe. De plus, on limitera la consommation et cela limitera l'endettement des ménages. On pourra alors préserver et relancer notre tissu industriel.
A plus long terme, si l'Euro et l'Europe étaient enfin appréhendés comme les menaces qu'ils représentent réellement pour notre économie, une sortie de la France de l'UE simplifierait beaucoup les choses : avec un Franc bien moins élevé que ne l'est l'Euro, il redeviendra intéressant pour les pays étrangers d'acheter nos produits, à un coût moindre et cela rétablirait de surcroît notre balance commerciale. En outre, cela permettrait d'alléger considérablement l'arsenal législatif, car beaucoup de lois contraignantes concernant le monde du travail sont aussi l'oeuvre de Bruxelles.
Rétablir les 39h et repousser l'âge de la retraite paraissent également des solutions inéluctables : les 39h permettraient d'atténuer la pression sur la productivité des salariés, qui seraient en plus mieux payés. La non-taxation des heures supplémentaires serait également la bienvenue pour favoriser le travail des plus méritants. Et le recul de l'âge de la retraite ne ferait que répondre à un impérieux démographique : nous sommes toujours plus nombreux, nous vivons toujours plus longtemps et les comptes des caisses de retraite sont mauvais : cela solutionnerait en grande partie ce problème.
J'ajoute qu'il convient également d'alléger considérablement la fiscalité et la législation sur les TPE-PME-PMI et professions libérales, qui sont les premiers employeurs en France et qui sont loin des clichés des patrons sans foi ni loi du CAC 40.
Enfin, un dernier domaine, et non des moindres, doit être exploré, et c'est ce que sous-tend le rapport Gallois, sans le mettre cependant suffisamment en avant néanmoins, à mon grand regret : la compétitivité hors-coût ! Quelle est-elle ? Il s'agit de tout ce qui donne un avantage de compétitivité à un pays qui ne soit ni du domaine législatif, ni du domaine fiscal ou financier. L'un des secteurs économiques qui se porte le mieux en France, et c'est une vieille tradition, c'est le luxe. Voilà un exemple de compétitivité hors-coût qui s'appuie sur le savoir-faire et sur la créativité des entreprises du luxe en France. Un exemple qu'il faut suivre. Comment ? En mettant en oeuvre tout ce qui sera nécessaire à la qualité et à la formation de la main d'oeuvre en France. Ce qui a convaincu Toyota de s'installer à Valenciennes par exemple. Mais ce n'est pas tout : pour permettre aux jeunes talents français de créer et développer leurs projets, la recherche et le développement doivent être au coeur des investissements d'avenir. Et, plus que jamais, reposer la question de l'enseignement dans notre pays demeure le noeud gordien, l'alpha et l'oméga de l'avenir de notre économie. Un vaste chantier en perspective. Qui osera s'y atteler ?