lundi 27 janvier 2014

"Jour de colère" : des raisons de s'inquiéter ?

Bonjour à tous !

Il ne vous a pas échappé qu'hier se rassemblaient plusieurs milliers de personnes dans Paris pour manifester contre François Hollande. Comme d'habitude, ils étaient 2000 selon les policiers, 2,5 millions selon les organisateurs. Le chiffre importe peu toutefois, le décorticage sociologique du cortège importe davantage.
Pêle-mêle défilaient des Bonnets rouges bretons, des "dieudonnistes" oscillant entre altermondialistes anti-système (en l'absence de Nicolas Anelka, quel dommage...) et apôtres de la liberté d'expression (tant qu'on tape sur les Juifs et la Shoah), des patrons étranglés de charges, des égarés de la Manif pour Tous, etc, etc. En premier lieu, il convient de constater qu'il est assez rare qu'un homme politique au pouvoir concentre à ce point des ressentiments aussi variés et aussi forts. Chirac, Sarkozy ou Mitterrand avaient, en leur temps, connu le plancher des sondages. Mais François Hollande semble désespérer les gens plus que de coutume. Il y aurait plusieurs explications à cela, mais ce n'est pas (fondamentalement) le sujet, car il est vrai que depuis 40 ans et l'émergence du chômage de masse, la défiance des Français envers leur classe politique n'a cessé de croître.
Le problème de la Gauche au pouvoir, à sa décharge, est d'avoir été la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Les électeurs attendaient une énième rupture avec un énième plan de redémarrage économique : il n'a pas eu lieu et n'aura sans doute pas lieu dans les mois qui viennent. Ajoutons que les différents ministres n'assument pas leur échec face à la promesse d'inverser la courbe du chômage avant fin 2013 et avouons qu'il y a de quoi être consterné. 
Ce qui a sans doute agi comme un détonateur chez ses protestataires aussi divers, c'est de constater à quel point la politique économique du Corrézien ressemblait à s'y méprendre à celle de son prédécesseur, pourtant si décrié par l'opposition socialiste de l'époque. A ce titre, la conférence de presse d'il y a 15 jours s'est avéré un révélateur pour des millions de Français qui ont pris cette consternante réalité en pleine figure : Droite ou Gauche, le libéralisme prévaut, l'Etat sacrifiera ce qu'il faudra pour rentrer dans les clous fixés par Bruxelles et Berlin : baisse des charges pour les entreprises, réduction des dépenses de l'Etat (en attendant qu'on touche à la Sécu et aux prestations sociales). Pour les personnes au chômage ou en situation de précarité ? Rien, nada. Juste la satisfaction de pouvoir se marier entre soi si l'on est gay et d'envoyer ses enfants apprendre à l'école qu'une fille peut aussi uriner debout et qu'un garçon pourra enfin assumer au grand jour qu'il préfère jouer avec Barbie plutôt qu'avec Batman : joie !
A une époque où les réseaux sociaux tournent à plein régime, il est alors aisé pour une bande d'hurluberlus sans lien véritable les uns avec les autres de s'organiser une petite virée dans Paris pour aller crier sa colère. En oubliant quelque chose de fondamental : François Hollande ne démissionnera pas ! Il n'est pas le Général de Gaulle et est déterminé à s'accrocher à l'Elysée. Après tout, c'est son droit le plus strict, les institutions le prévoient et elles existent pour être respectées. Le président en exercice a été élu de plein droit à la majorité absolue des suffrages universels. La Démocratie a parlé. 
Alors, plutôt que de s'époumoner pour demander quelque chose de complètement irréalisable et d'en faire un prétexte pour aller manifester toute sa rage débilitante dans Paris, il serait plus constructif de faire des états-généraux de l'opposition afin de se mettre en ordre de bataille pour 2017. Parce que la Droite française court actuellement n'importe comment, à l'image d'un canard sans tête. Et les petits mouvements communautaires en profitent pour la déborder de toute part, rendant son message inaudible. D'autant plus inaudible qu'elle n'a rien trouvé à redire sur le virage libéral enfin assumé de François Hollande. Difficile en effet de contredire une idée que l'on partage.
La Droite doit donc retrouver sa crédibilité en remettant au centre du tapis ce qui lui a permis d'incarner un véritable idéal sous le Général de Gaulle et Georges Pompidou : cela commence par la fierté de la Nation et la défense de ses valeurs à travers la consécration de la République. Pour cela il faut avoir le courage de tourner le dos à cette Europe-là, qui est destructrice, anti-démocratique et ultra-libérale. Bref, une révolution culturelle pour ceux qui, contrairement à ce qu'ils revendiquent, sont d'abord des héritiers de Giscard avant d'être ceux de De Gaulle. A bons entendeurs....