dimanche 29 décembre 2013

Bilan 2013 : Obama regarde la Chine, l'Amérique du Sud dans tous ses états, Poutine homme de l'année

Crédits Photo : Wikipedia

Bonjour à tous !

2013 se termine, c'est donc l'heure du bilan. Et comme c'est à la mode, j'ai décidé moi aussi de publier un palmarès. J'ai choisi de retenir trois catégories : évènement, pays et personnalité. Pour chacune de celles-ci, j'ai retenu ce qui a marqué l'actualité sur cette année civile. A l'instar de Time Magazine, je ne porterai pas de jugement critique sur les vainqueurs de ce palmarès, j'expliquerai simplement en quoi ils ont affecté notre existence.

Evènement de l'année : Obama délaisse le Moyen-Orient pour la Chine

A mon sens, trois évènements ont marqué ces douze derniers mois : l'adoption de la loi du mariage dit pour tous, la mort de Nelson Mandela et le changement de braquet dans la politique extérieure américaine. Concernant les deux premiers, je me suis déjà exprimé longuement sur le sujet, je vous renvoie donc à mes précédents articles. Concernant le dernier cité, il convient de s'y attarder plus longuement. C'est assez simple en fait : on a vu Obama refuser de s'engager en Syrie et s'empresser de saisir la main tendue par le nouveau régime iranien pour comprendre que quelque chose avait changé à Washington. Finies les interventions intempestives dans le Golfe Persique. Les USA sont désormais quasi-autosuffisants en hydrocarbures et la grave crise automobile de la fin des années 2000 a fait diminuer drastiquement leur consommation d'essence. La péninsule arabique et le conflit israélo-palestinien ne sont donc plus des enjeux majeurs pour l'Oncle Sam. En revanche, la Chine, avec sa politique monétaire agressive, son impérialisme retrouvé en Mer de Chine (menaces régulières sur Taïwan, tensions avec le Japon concernant les Iles Senkaku notamment) et le fait que ce sous-continent détienne l'essentielle de la dette américaine justifie que le locataire de la Maison Blanche s'y consacre pleinement. Une preuve ? L'US Army a, en prenant tout son monde de court, décidé de montrer les muscles en faisant survoler les Iles Senkaku par plusieurs de ses appareils il y a à peine quelques semaines. Pour exister, la Bannière Etoilée a toujours besoin d'un adversaire identifié qui la stimule : il y eut l'URSS, puis le Mur est tombé. Al Qaida, puis Ben Laden a été tué. Désormais c'est la Chine, ses usines géantes, sa course à l'armement et son trésor de guerre engrangé en exportant à tout-va. L'Empire réussira-t-il encore à l'emporter contre les "méchants" ? La suite en 2014.

Pays de l'année : l'Uruguay légalise complètement le cannabis, de sa culture à sa vente

J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le mal que je pensais de la dépénalisation du cannabis dans un article expliquant les méfaits qui découleraient de l'ouverture d'une salle de shoot en plein Paris. Pourtant, un pays s'est offert un sacré coup de pub en étant le premier au monde à totalement institutionnaliser la production et la vente de cette plante si particulière. Besoin de doper le tourisme ? Ou bien simple nécessité de s'affirmer face aux deux mastodontes locaux que sont le Brésil et l'Argentine ? En tout cas, il y a fort à parier que les belles âmes à l'origine de ce pari farfelu ne tarderont pas, d'ici quelques années, à regretter leur largesse législative. L'Homme n'est, par nature, pas taillé pour la permissivité. Enfin, tant qu'ils ne donnent pas de mauvaises idées aux "progressistes" de chez nous, c'est tout ce que je leur demande. 
Pour compléter ce palmarès des pays de l'année, je citerai également le Brésil qui semble perdre la tête : ce pays de football, qui vit, dort et mange pour le ballon rond, a finalement été rattrapé par la réalité de son éveil économique. Les favellas demeurent surpeuplées, la criminalité est à son plus haut, les infrastructures manquent, notamment en terme de transport, et les inégalités de développement entre les mégapoles du littoral atlantique et le reste du pays sont criantes. L'attribution, coup sur coup, du Mondial 2014 et des JO 2016 apportent un éclairage cruel sur les difficultés de ce pays. Enfin, le 3e pays de ce palmarès, c'est l'Afrique du Sud. Après la mort de Mandela, il y a fort à parier que les Blancs ne subissent le même triste sort que ceux du Zimbabwe voisin. Madiba avait compris que la majorité de la richesse du pays venait des Blancs. Une des raisons qui l'avait poussé à ne pas réclamer vengeance. Il n'y a jamais de grandeur d'âme totalement innocente. La corruption du pouvoir, l'insécurité permanente et le ralentissement économique pourraient chasser l'ANC du pouvoir et y amener un clone de Robert Mugabe. Et le pire serait alors à craindre...

Personnalité de l'année : l'ours russe rugit encore !

Avant d'évoquer le vainqueur de cette catégorie, accordons un coup de projecteur aux places d'honneur. A la 3e place, Christiane Taubira qui aura autant brillé par son éloquence et son intelligence que par sa capacité à mettre le pays à feu et à sang. Les bien-pensants auront beau penser que la Manif pour Tous est morte et enterrée, je suis persuadé qu'ils vont trop vite en besogne. Il y a quelque chose de pourri dans le Royaume de France - pour paraphraser Shakespeare. Quelque chose qui s'est enraciné encore plus profondément après la mort de Clément Méric. Le flicage opéré par les gendarmes de la pensée unique tel Bruno Roger-Petit montre chaque jour davantage que la liberté de parole garantie par notre Démocratie n'est désormais plus qu'un vain mot. Au moindre dérapage, Najat Vallaud-Belkacem, Osez le Féminisme ou SOS Racisme dégainent la citation à comparaître. Quelle République peut vivre de la sorte ? Pas la nôtre en tout cas !
Deuxième du classement, le Pape François. En vrai bon jésuite, il a redonné de la modestie à l'Eglise romaine, ainsi qu'à sa fonction. Il a également adopté un discours résolu et sans doute sincère contre la finance sauvage et ses dérives. Mais il s'est également révélé habile communicant concernant l'éventualité d'une modification à la marge du Dogme. Sauf que cela n'arrivera pas. En témoigne son amitié avec son prédécesseur, Benoît XVI, certainement pas connu pour son progressisme, au sens socialiste du terme. De plus, son âge avancé et sa santé fragile démontrent qu'il n'a pas été élu pour assurer un pontificat qui pourrait s'inscrire sur la durée. Il a donc parfaitement conscience qu'il a été choisi pour garantir la bonne tenue de la maison jusqu'à son successeur. Ne doutons pas qu'il saura s'acquitter de cette tâche avec talent, en ancien veilleur de nuit qu'il fut !
Enfin, premier de mon classement, Vladimir Poutine ! Pourquoi ? Parce qu'il a su mettre au pas les velléités occidentales d'ingérence en Syrie, qu'il a poussé à la roue pour une négociation avec les Iraniens et qu'il a réussi à détourner l'Ukraine du miroir aux alouettes qu'est l'Union Européenne. Il a réglé 2013 à son tempo, sans se presser, parlant les yeux dans les yeux avec Barack Obama, comme aux plus belles heures de la Guerre Froide et garantissant ainsi, avec l'émergence de la Chine, de l'Inde et de l'Amérique du Sud, une multipolarisation du Monde, comme on en avait plus vu depuis le Traité de Westphalie. Une nécessité qui évite ainsi la concentration des pouvoirs entre les mains d'une seule puissance. Sur le plan intérieur, Poutine a su se montrer impitoyable envers les tenants du politiquement correct en condamnant la propagande homosexuelle, en punissant ces poules écervelées de Femen et de Pussy Riot et en montrant à l'Occident que l'ingérence dans les affaires d'un pays n'est pas un droit mais une violation de souveraineté. N'en déplaise aux geignards qui quémandent après un boycott de Sotchi sous le prétexte que les homos seraient maltraités outre-Caucase. Poutine incarne le vrai pouvoir, celui d'un homme élu par le peuple et qui bénéficie donc d'une légitimité démocratique pour appliquer sa politique. Une leçon pour nos dirigeants d'Occident ramollis qui se contentent d'appliquer les directives des technocrates non-élus de Bruxelles. Rappelons tout de même qu'avant sa première élection en 2000, Eltsine avait quasiment vendu la Russie aux Américains, facilitant l'émergence d'hommes d'affaires véreux qui avaient ruiné le pays comme Mikhaïl Khodorkovski, présenté à tort comme un opposant courageux au Maître du Kremlin. Non, le seul adversaire de Poutine aujourd'hui, c'est la fragilité de son économie avec une croissance faible (inférieure à 2%) qui pourrait rendre le pays moins indispensable à la table des discussions internationales. Une faiblesse à relativiser toutefois : la Russie n'a jamais eu besoin d'une économie flamboyante pour s'affirmer car elle s'appuie sur un véritable esprit patriotique. Et puis la découverte récente d'importantes mines de diamants en Sibérie lui assurent des lendemains qui chantent, sans aucun doute !

Ainsi se termine ce bilan 2013. Bonnes Fêtes de fin d'année à tous et rendez-vous en 2014.

mardi 17 décembre 2013

Rapport sur l'intégration : mieux vaut en rire !

Jean-Marc Ayrault, lors de son déplacement en Algérie
Crédits Photo : Farouk Batiche/AFP/Le Figaro

Bonjour à tous !

Il a été la bombe du week-end. Le rapport sur l'intégration signé et remis par 250 experts au Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, qui en était le commanditaire. Ce rapport est consultable par tous sur le site de Matignon.
Et quand on lit ce rapport, d'abord on tombe des nues. Ensuite on rit, beaucoup. Parce que c'est tellement énorme qu'on se dit que cela ne peut être vrai. Et pourtant, ils sont 250 à nous énoncer leurs idées de manière très sérieuse. Qu'y découvre-t-on ? D'abord, une remise en cause, à forte valeur symbolique, de la loi sur le voile de 2004. Ou comment remettre le feu aux poudres dans les établissements scolaires, eux qui n'ont déjà pas besoin de ça si l'on se réfère au dernier rapport PISA. On nous explique également que ces messieurs-dames souhaitent instaurer une Cour des Comptes de l'intégration et un délit de harcèlement racial. De jolies appellations creuses : la première va amener à créer une nouvelle administration qui coûtera une fortune au contribuable sans que son existence soit pertinente. La seconde permettra à toutes les belles âmes de clouer au pilori ceux qui osent s'exercer encore à la polémique civilisée, au débat d'idées et à la contestation de la pensée d'une certaine gauche. Votre serviteur fera, à n'en pas douter, partie de la charrette !
La liste des mesures prônée par cette commission imbécile est longue et je ne la retranscris pas de manière exhaustive. Mais peu importe, l'essentiel est dit : ces experts, payés eux aussi par le contribuable, entendent tout simplement déconstruire la France et son modèle républicain pour en faire un territoire où le Français ne sera plus qu'une langue dominante parmi d'autres (il est notamment recommandé d'appuyer fortement l'apprentissage de l'arabe) et où l'Histoire de notre glorieuse Nation sera élimée pour permettre des séances d'auto-flagellation collective : esclavage, colonisation et j'en passe ! Un véritable hommage à la politique d'intégration anglo-saxonne, avec tous les ravages que cela comporte.
Ce matin, dans Le Point, Charles Consigny notait, non sans amertume et colère, qu'un pays qui oublie ses morts et son passé n'est plus une nation mais un territoire sans âme. Je lui donne pleinement raison. Ces pseudo-intellectuels de pacotille méprisent notre pays, ses valeurs et ses douleurs. Et pourquoi ? Par bonté d'âme ? Même pas ! Simplement pour s'assurer des voix pour les prochaines élections. Car de la même façon que nombre de parlementaires de Gauche réclament l'ouverture du droit de vote aux élections locales pour les étrangers hors-UE, ce rapport procède de la même manoeuvre. Ils ont en effet tous un même chiffre en tête : 93%. C'est la proportion de musulmans ayant voté pour Hollande en 2012. Le think-tank Terra Nova, qui supervise et chapeaute la boîte à idées du PS, en a bien conscience. Et ils font d'autant plus pression pour faire appliquer ce programme nauséabond que leur marionnette, Harlem Désir, a les clés du camion Rue de Solférino.
Fort heureusement, nombre de députés et sénateurs socialistes ont encore un semblant de conscience professionnelle et ont rué dans les brancards à la lecture du rapport. Quant à François Hollande, il sait parfaitement ce qu'il risque à jouer avec le feu avec la population française. Alors Jean-Marc Ayrault s'est fait tancer vertement. Par Manuel Valls, qui pense à Matignon tous les jours en se rasant comme son clône de Droite, Sarkozy, le faisait en son temps à propos de l'Elysée. Et par son patron du Faubourg Saint-Honoré. La bourde de trop qui scelle certainement son sort. Et qui permet de mettre en perspective toute l'habileté de Fillon qui avait su intelligemment manoeuvrer pour conserver son poste lors du précédent quinquennat. 
Aujourd'hui, la France souffre et tremble. Il faut donc redéfinir les grands principes nationaux et républicains de notre patrie afin que chacun se sente rassuré et sache où va notre pays. Or, avec un pareil torchon, on va à rebours de la bonne attitude. Le seul gagnant, finalement, ce sera le FN, qui continuera à rogner l'électorat de l'UMP. Ce dont le PS a pleinement conscience. Une bien basse tactique électoraliste, détestable au possible. Mais on a appris depuis Mitterrand que l'honneur était bien la dernière vertu mise en avant lorsqu'il s'agissait de politique. Et c'est finalement là ce qu'il y a de plus triste dans cette morne histoire...

vendredi 6 décembre 2013

Nelson Mandela, 1918-2013 : un Géant nous a quittés

Nelson Mandela, Cape Town, 1990
Crédits Photo : Walter Dhladhla/AFP/lefigaro.fr


Bonsoir à tous 

Il y a des moments heureux dans une vie. Des visages souriants d'anonymes, que l'on croise au détour d'une vie. Il y a des destins, certains s'inscrivant dans la joie, d'autres dans la peine. D'autres encore dans l'adversité. Ce soir, ce n'est pas un moment heureux. C'est un moment difficile pour le monde entier. Car il est rare de voir une personnalité provoquer à ce point le respect, l'unanimité autour d'elle dans le monde entier. Or, avec l'humilité qui le caractérise, Nelson "Madiba" Mandela a réalisé cet exploit, justement parce qu'il triompha avec brio d'une adversité retorse.
Plus qu'un citoyen, plus qu'un politique chevronné, plus qu'un résistant militant et convaincu, c'est un symbole qui nous quitte. Celui d'un homme qui croyait en ses convictions plus qu'en toute autre chose. Au point de sacrifier sa famille pour cette cause. Madiba était en prison lorsque l'un de ses fils s'est tué dans un accident de voiture. Il a eu trois femmes différentes. Et ce n'est qu'à 80 ans qu'il décida enfin de s'accorder le repos qu'il méritait plus que quiconque pour s'occuper des siens.
Le symbole incarné par l'enfant de Mvezo, où il est né (Province du Cap), c'est celui du pardon comme clé de réunification d'une nation abîmée dans la ségrégation raciale. Car on a tous en mémoire sa résistance à l'Apartheid, ce régime de la honte, ultime avatar d'une colonisation anglo-saxonne visant à un remplacement de population plus qu'à une coopération avec les autochtones. On conserve à l'esprit ses années de captivité à Robben Island et le fait qu'il fut le premier président noir d'un pays aux plaies béantes.
Mais le tour de force de Mandela, c'est d'avoir su pardonner. Il a pardonné à ses geôliers, et il l'a montré, par exemple, en acceptant d'avoir des Blancs dans son service de sécurité. Mandela a également réussi à donner une crédibilité économique à son pays en se servant du sport comme vecteur de développement. Tout le monde se souvient de son visage éclairé lorsqu'il remit la Coupe du Monde de rugby à François Pienaar, le capitaines des Boks, en 1995. L'Afrique du Sud est également le premier pays à avoir organisé une Coupe du Monde de football.
Il laisse la présidence en 1999 après un seul et unique mandat. Qu'en reste-t-il aujourd'hui ? Un pays où un parti politique écrase les autres, l'ANC, où la corruption des élites fait rage, jusqu'à la présidence, et où les Noirs ont aujourd'hui un sentiment de revanche très fort envers les Blancs, dans un climat d'insécurité grandissant.
Vous me direz que je dresse là un tableau bien sombre, et c'est vrai. Peut-être est-ce pour ne pas voir cela que Madiba a choisi de nous quitter, de peur de voir son héritage bafoué. 
Il y aurait beaucoup à dire sur Nelson Mandela, né, comme un symbole, en 1918. Il connut ainsi la 2e Guerre Mondiale, la Guerre Froide et la Mondialisation, corollaire d'un monde redevenu multipolaire, comme au lendemain du Traité de Westphalie, en 1648. Témoin de son temps, témoin d'un monde qui aura autant évolué en si peu de temps, il serait regrettable que l'oeuvre de Mandela ne devienne qu'un mythe, une légende sans lendemain à cause de la haine, de l'esprit de revanche.
N'oublions jamais que le plus beau legs que Nelson Mandela nous laisse, c'est sa main tendue envers les tortionnaires du peuple noir de ce pays d'Afrique méridionale. Car plus qu'un geste, il témoigne d'une grandeur d'âme sans commune mesure, une véritable leçon pour tout à chacun. Reste l'espoir, ce même sentiment qui anima le coeur du prisonnier n° 46664 à Robben Island. Les Sud-Africains ont, à cet égard, une lourde tâche qui les attend. Qu'ils n'oublient pas que, désormais, un grand Homme les observe.
Repose en paix, Madiba.

mardi 3 décembre 2013

La Gauche française à la croisée des chemins : internationalisme ou patriotisme ?

Jacques Julliard, théoricien et historien de la Gauche française
Crédits Photo : Mathieu Riegler/Wikicommons

Bonjour à tous !
Ces dernières semaines est paru un ouvrage éclairant sur la Gauche française Les Gauches françaises. 1762-2012 : Histoire, politique et imaginaire chez Flammarion. L'auteur en est Jacques Julliard, homme de presse et essayiste. Un travail remarquable effectué par un homme qui ne l'est pas moins. Toutefois, il y a erreur de diagnostic dans son logiciel de décryptage, et cela m'a frappé lors de son intervention dans Le Point de cette semaine. Il fustige en effet dans son interview une Gauche française qu'il estime repliée sur elle-même, engoncée dans une sorte de nationalo-patriotisme de mauvais aloi qui ferait le jeu de ceux que l'hebdomadaire appelle abusivement "néocons" - alors qu'il s'agit de réactionnaires en réalité, mais ne nous égarons pas.
Le même Jacques Julliard, donc, nous explique que la Gauche française doit redevenir internationaliste, c'est-à-dire se tourner à nouveau vers l'Europe et avoir autant d'empathie pour le petit ouvrier bengalais que pour le fonctionnaire d'Oyonnax. 
C'est un point de vue. Après tout la misère est partout condamnable. Mais M. Julliard commet 2 erreurs dans son jugement. D'abord, la Gauche française n'a jamais été aussi internationaliste que maintenant. Après tout, s'inspirant de ce qui se fait "ailleurs", elle a légalisé le mariage homosexuel. Elle a continué obstinément à faire copain-copain avec Mme Merkel, dans l'exacte droite ligne de ce qu'avait fait le Président Sarkozy en son temps. Elle a bataillé ferme pour s'engager militairement en Syrie avant de se dégonfler comme une baudruche quand Barack Obama a froncé les sourcils. Elle est prête à valider les salles de shoot, l'abolition de la prostitution, la GPA... Autant de parti-pris sociétaux qui ont déjà été essayés dans ce fameux "ailleurs" qui est tellement mieux que cette France rance, conservatrice, aux relents racistes et, sainte horreur !, catholique (pensez donc, le catholicisme ne représente jamais que 1500 ans de notre Histoire depuis le baptême de Clovis mais passons). Et tout cela en continuant à faire des concessions aux entreprises, en ne faisant rien pour lutter contre les délocalisations ni les paradis fiscaux. Alors quand M. Julliard dit que la Gauche française ne prend pas suffisamment en compte le devenir du petit ouvrier bengalais, il se trompe lourdement : en réalité, elle lui fournit du travail. Celui des ouvriers français...
La deuxième erreur d'analyse du journaliste,  c'est de dire que la Gauche française n'a pas de destin patriotique. Et là encore, il se trompe. Rappelons qu'historiquement, ce sont ceux qui étaient pour l'exécution de Louis XVI qui se sont mis à gauche de l'Assemblée. Les mêmes qui, 200 ans plus tard, ont fait abolir la peine de mort. Détail délicieux de l'Histoire. Rappelons encore, comme je l'ai déjà évoqué sur ce blog, que la préférence nationale, honnie par les belles âmes, est une idée révolutionnaire. Tout comme le droit du sang ! La Gauche a donc toujours été patriotique, et pas qu'en France ! Il n'y a guère que Marx pour avoir cru en une idiotie de l'internationale ouvrière. Regardez l'URSS et le culte de la personnalité autour de Lénine et Staline. Regardez la Chine maoïste, aux relents plus nationalistes que jamais, en témoigne son activisme impérialiste en Mer de Chine. Contemplez Cuba et la Corée du Nord... Autant de dictatures, autant de manifestations ultra-nationalistes et en aucun cas internationalistes. 
Qui plus est, chaque fois que la Gauche française se tourne vers le monde, c'est pour tourner au fiasco. Ne sont-ce point Jaurès et Ferry, deux hommes de Gauche, qui défendirent une colonisation vilipendée par Clémenceau au nom de "l'éducation des sauvages ?".
La volonté, aujourd'hui, de cette Gauche de répandre partout la démocratie et les droits de l'Homme au nom d'un soi-disant humanisme est en fait l'application de la doctrine Kouchner-BHL, 2 belles âmes comme la France sait si bien en produire qui font la leçon. Mais qui ne font pas la guerre, eux. C'est mieux d'y envoyer les autres.
La France devrait donc arrêter avec ces sornettes internationalistes et se recentrer sur la elle-même, sur le peuple qui souffre, avec un chômage qui ne s'inverse pas, une croissance nulle et surtout, et c'est là le plus grave, aucune vision à long terme sinon celle de suivre rigoureusement la doxa bruxello-merkelienne.  Mais il est reconnu qu'il est toujours plus facile de faire la leçon aux autres plutôt que de commencer à balayer devant sa porte...

mercredi 20 novembre 2013

Equipe de France : au-delà de la récupération politique, il y a le foot !

Sakho et Benzema, ivres de joie
Crédits Photo : AFP/Le Figaro

Bonjour à tous !

On n'osait l'espérer mais les Bleus l'ont fait. En faisant preuve d'abnégation et de courage, ils ont su renverser la situation, très compromise dans ce barrage après la défaite 2-0 du match aller. Bravo aux héros du soir, Pogba, Sakho, Benzema, Ribéry ou Cabaye.
Toutefois, cela ne calmera pas les passions suscitées par cette équipe. On sent qu'elle est capable du meilleur comme du pire et rien ne laisse présager de son parcours à la prochaine Coupe du Monde, au Brésil, l'été prochain. Personne ne serait surpris de la voir éliminée au premier tour comme de la voir arriver en 1/2 finale en ayant signé un exploit ou deux au passage.
Ce groupe aurait sans doute fait, aux temps mythologiques, la fierté du Dieu Janus, cette entité aux deux visages. Mais pour en revenir au temps présent, il faut espérer que cette qualification homérique arrive à chasser 15 années de récupération politique de l'Equipe de France, et ce même si il y aurait encore beaucoup à accomplir pour faire franchir un cap décisif à notre football, notamment au sein de la FFF. Cependant, les réformes à appliquer à la gouvernance du ballon rond ne sont pas ma question du jour. Je préfère plutôt revenir sur ce qui, pour moi, est un scandale : avoir fait du XI tricolore un catharsis de la vie politique et sociale depuis 1998.
Souvenons-nous, le 12 Juillet de cette année-là, Zidane envoie la France au Paradis du sport et libère presque instantanément les belles âmes qui y voient là le triomphe de la France "Black Blanc Beur". C'était LA stupidité à ne pas commettre. Et ils l'ont fait en sautant à pieds joints dedans. D'abord sémantiquement, car il n'y avait pas que des Blacks, des Blancs et des Beurs dans cette équipe, mais il y avait aussi des Arméniens (Djorkaeff, Boghossian), un Italien (Candela), sans parler du fait que rassembler sous une même bannière "black" un Kanak (Karembeu), un Sénégalais (Vieira) ou un Guyanais (Lama), c'est au mieux de la bêtise, au pire de la malhonnêteté intellectuelle. 
Le comble fut d'ailleurs atteint dès le 13 Juillet avec une intervention d'un journaliste de Libération qui venait à regretter qu'il n'y eut pas d'Asiatique champion du Monde pour compléter ce brassage multiculturel.
Voilà donc à quoi était réduite cette confrérie de sportifs magnifiques qui venait d'offrir à la France son plus fort moment footballistique depuis le but de Boli à Munich en 1993 : un simple objet de propagande pour bobos branchouilles qui avaient toujours considéré jusque là le foot comme un sport de beaufs et de piliers de bar, bref, une passion de prolos sans intérêt.  Car il faut le dire, notre pays n'a pas la culture du "soccer" comme en Italie ou en Angleterre où celui-ci occupe une place de choix dans les conversations à tous les niveaux de la société. Non, en France, qui ne fait décidément rien comme tout le monde, ce loisir est destiné exclusivement aux couches populaires et s'impose d'ailleurs avec succès pour cette raison dans les villes laborieuses : Reims et sa Champagne rurale, St Etienne l'industrieuse ou Marseille et ses forçats dockers. Paris l'arrogante met plusieurs décennies avant d'avoir une équipe digne de ce nom, le PSG, implantée comme par hasard entre Boulogne et le XVIe, le coin ultra-chic de la Capitale, et reléguant par la même occasion l'historique Red Star 93 aux oubliettes. Tout un symbole pour ce club traditionnellement appuyé par le PCF.
Dans les années 80, l'équipe de France gagnait en proposant, qui plus est, le plus beau football de la planète avec le Brésil de Zico : 4e au Mondial 82, championne d'Europe et Olympique en 84 et 3e de la Coupe du Monde 86, cette équipe avait alors fière allure. Il y avait déjà, en son sein, des représentants de l'immigration assimilée : Amoros était d'origine espagnole, Platini d'origine italienne et Trésor un Antillais. Pourtant, personne ne se souciait à cette époque de cela : on ne voyait qu'un groupe uni dans le seul but de porter haut le maillot tricolore.
Alors pourquoi ce revirement en 98 ? Pourquoi cette récupération pour réduire ces 22 joueurs à un simple assemblage de communautés ? Et ce ne fut que le début : combien de sorties malvenues de Jean-Marie Le Pen sur le nombre de Noirs portant la tunique frappée du coq, de débats sur la Marseillaise et j'en passe ?
Sans doute, en partie, est-ce dû à deux phénomènes : l'incroyable inflation des salaires dans le foot, créant une véritable bulle qui pèse telle une épée de Damoclès au-dessus de la FIFA, et qui permet à des joueurs même médiocres de gagner une fortune. Le tout renforcé par une éducation souvent sujette à questionnement tant l'arrogance et l'immodestie gangrènent, malheureusement, ces messieurs. Et puis l'autre raison c'est qu'à l'époque de Platini, ou de Kopa pour les plus nostalgiques, il était exceptionnel d'avoir des joueurs évoluant à l'étranger : Platini jouait à la Juve, Kopa au Real mais cela restait des épiphénomènes. Tandis qu'en 98, il fallait s'y reprendre à deux fois pour trouver des acteurs de la L1 sur le terrain. Un phénomène qui perdure depuis. Ce qui tend à fragiliser l'esprit de groupe et renforcer les corporatismes au sein d'un collectif parfois fragile et qui nous amena au paroxysme du ridicule à Knysna, en 2010.
Je crois qu'il est grand temps aujourd'hui, après ce très beau succès, de remettre l'équipe de France de foot à la place qui lui revient, celle du sport, et rien que du sport. Faire des commentaires politiques, sociologiques ou autres pour tenter d'expliquer, tantôt les succès, tantôt l'infortune de cette équipe afin de servir des intérêts partisans ne lui rend pas service, bien au contraire. 
Souvenons-nous que les Jeux Olympiques furent créés dans l'esprit de créer une trêve militaire entre les nations participantes. Par extension, appliquons cette sage volonté au football pour éviter à l'avenir des amalgames malheureux qui détournent les Français de véritables préoccupations autrement plus importantes. Car ce n'est pas Benzema qui décide de la politique fiscale, Lloris de la Justice ou Valbuena de l'industrialisation du pays. Ne l'oublions plus à l'avenir lorsque nous pestons contre un centre raté de Patrice Evra (il ne pouvait y couper, c'est mon petit côté mesquin...)

lundi 11 novembre 2013

La France est-elle vraiment raciste ?

Bonjour à tous !

C'est un nouveau débat "existentiel" qui agite la France depuis quelques jours : est-elle raciste ? On s'interroge sur ce qui motive un pays comme le nôtre à se torturer l'esprit sans cesse sur des problèmes qui n'en sont pas. Encore une fois, quand on s'écharpe sur un sujet comme celui-ci, on en oublie de se consacrer à l'essentiel : trouver un emploi et un logement décent pour chaque citoyen.
Re-situons le contexte. Tout prend corps lorsque Mme Taubira, Garde des Sceaux, est honteusement et scandaleusement injuriée par une enfant à Angers. La situation dégénère encore lorsque l'on s'aperçoit qu'aucun adulte ne remet la morveuse à sa place. Pas par une fessée (c'est interdit maintenant, un comble dans ce cas !), mais à tout le moins par une sévère réprimande. 
Evidemment, il y a de quoi s'énerver d'un tel comportement, proprement inadmissible. Ce qui l'est moins, c'est le concert de récupérations par la suite. Passons sur le cas de Harry Roselmack : cela fait longtemps qu'on ne parle plus de lui, alors il avait bien le droit de faire le buzz avec sa tribune. Tribune que l'on pourrait considérer comme totalement exagérée dans sa situation : il est noir et pourtant il est un présentateur vedette de TF1. Mais je fais du mauvais esprit. 
Puis nous avons la longue plainte des journaux habituels : Libé, Le Monde, Le Parisien, sans compter les débats enflammés dans Le Nouvel Obs, L'Express, Les Inrocks & co. Au moins ce qui est bien, c'est que cette presse ne nous déçoit jamais : chaque fois qu'il faut désigner le Français coupable d'un comportement en "-isme" (racisme, machisme,...) ou d'un "-phobe" (xénophobe, islamophobe,...), ceux-la répondent immédiatement présent ! De bons élèves au service de la même propagande depuis 30 ans et la création de SOS Racisme sous l'oeil bienveillant de Mitterrand. Car c'est là, la faille de cette levée de boucliers : comme il y a 30 ans, la France va mal sur un plan économique, et comme il y a 30 ans, cela se produit quand la Gauche est au pouvoir. Que faire alors ? Créer un écran de fumée. Rien de tel pour resserrer les rangs, pointer du doigt de méchants garnements et jeter la clé de la boîte à idées pour redresser le pays économiquement. Un vrai tour à la David Copperfield. 
De surcroît, parler de racisme pour l'associer à la France, c'est faire preuve d'une méconnaissance grave de notre Histoire et du vocabulaire courant : le racisme définit l'idée selon laquelle des individus estiment qu'il y ait une race supérieure à une autre, ou à plusieurs autres. Ce qui n'est pas le cas de la France. Mais plus sûrement des pays anglo-saxons. Rappelons que le nazisme est une invention allemande. Et que l'Angleterre a soigneusement éliminé les autochtones en Nouvelle-Zélande, en Australie et aux Etats-Unis pour procéder à un véritable remplacement de population. Et je ne parle même pas de l'apartheid en Afrique du Sud... Les mêmes pays qui nous sortent aujourd'hui des leçons de tolérance : comme c'est amusant.
La France aurait plutôt tendance, lorsqu'elle se sent menacée - et c'est le cas actuellement, à être xénophobe, c'est-à-dire à craindre l'étranger. Non que cela soit excusable, mais cela peut se comprendre : avec les transferts de souveraineté qui sont les nôtres vers Bruxelles, sans frontières, sans gouvernance économique, c'est la Nation qui se désagrège, et à travers elle la République. Et ce alors que les chiffres de l'immigration ne cessent de croître. Et dans quel but ? Notre pays n'a plus les moyens de loger et de nourrir ces pauvres gens. La seule finalité, que personne n'ose avouer, mais qui est le but réel, c'est de faire venir des populations de pays pauvres pour faire pression sur les salaires des Français, dans leur propre pays ! La preuve ? C'est exactement ce qui s'est passé en Bretagne dans l'agro-alimentaire, grâce à la fameuse directive Bolkenstein (le plombier polonais !) : des ouvriers sont venus de Roumanie et ont pris la place des ouvriers français dans les usines françaises, pour des salaires bien inférieurs. Cas de figure également fréquent dans la restauration ou le bâtiment. Avec les fraudes gigantesques à l'URSSAF que cela engendre. Et pendant ce temps-là, la Sécu vous soupçonne d'abuser sur la durée de votre arrêt de travail et de faire perdre 100 ou 200€ à l'Etat ? Pourtant, dans le cas sus-mentionné, les sommes sont autrement plus importantes.
Si nous voulons continuer à cohabiter ensemble dans notre pays, il faut que la République retrouve son âme, que la Nation puisse à nouveau s'exprimer pour accueillir celles et ceux qui désirent s'assimiler. Charles Aznavour, fils d'immigrés, donnait une belle réponse à ce débat inique cette semaine dans une interview : "La France ne nous doit rien, c'est nous qui devons tout à la France." A méditer...

dimanche 3 novembre 2013

Décryptage du manifeste des 343 salauds

Bonjour à tous !

Difficile d'échapper à la polémique de la semaine, qui a clairement clivé le PMF (paysage médiacratique français). Cette polémique concerne la publication prochaine d'un manifeste dit "des 343 salauds" dans le mensuel Causeur (numéro du mois de Novembre). En substance, les signataires (19 sont pour l'instant identifiés en attendant, éventuellement, les autres) réclament que l'on jette aux orties la loi à venir visant à pénaliser les clients de prostituées.
Jusque là, rien de scandaleux, même si la démarche peut susciter le débat. Ce qui a posé problème, c'est le ton volontairement provocateur, teinté d'humour grinçant, employé par ces messieurs. De surcroît, ils ont osé détourner deux symboles du progressisme de Gauche (eh oui, le toujours fameux progrès qui ne sait plus à quel saint - sein ? - se vouer) : le manifeste des 343 salopes paru en 1971 dans l'Obs, listant des femmes reconnaissant avoir eu recours à l'avortement alors que c'était interdit ; et le slogan de SOS Racisme "Touche pas à mon pote" qui est devenu "Touche pas à ma pute."
Alors, je reconnais bien volontiers que ce n'est pas très fin, ni très malin de leur part. D'autant que certaines de ces personnes sont déjà black-listées par toutes les personnalités médiatiques de la Gauche bien pensante. Je pense ici à Eric Zemmour ou Ivan Rioufol par exemple. Ceci étant, ruer dans les brancards comme l'ont fait Libé, Les Inrocks, Marianne, Le Nouvel Obs (vous avez remarqué ? toujours les mêmes) était, me semble-t-il, totalement exagéré. Il y a, de surcroît, d'autres actualités qui méritent plus violente réaction. Parmi les effarouchés de la première heure, je prends notamment l'exemple du toujours mesuré et respectueux (je plaisante, là) Laurent Joffrin qui va jusqu'à disqualifier la compétence intellectuelle des deux essayistes sus-nommés. Je doute que M. Joffrin ait matière à se placer intellectuellement au-dessus de ces messieurs. Au nom de quoi se le permet-il ?
Toutefois, là n'est pas le coeur du sujet. Le coeur du sujet, c'est cette loi à venir. Et je me propose de la décortiquer et d'en démontrer les vices cachés. Premièrement, pénaliser les clients des prostituées sans interdire la prostitution, c'est un non-sens. Comme si demain on autorisait la vente de cannabis mais qu'on mettait à l'amende les consommateurs. Deuxièmement, tout le monde sait pertinemment que le problème dans la prostitution, ce ne sont pas les clients, ni les marcheuses nocturnes, mais les trafiquants qui exploitent de pauvres filles venues d'Afrique noire ou d'Europe de l'Est. Faire preuve de courage (un manque récurrent dans ce gouvernement, décidément) aurait été d'oeuvrer, a minima, pour une coopération internationale avec les polices des pays concernés pour arrêter ces criminels. Ce qui serait encore mieux dans ce cas, ce serait de rétablir les frontières d'avant Schengen. Mais bon, là il faut se rendre à l'adage selon lequel l'espoir fait vivre : alors votre serviteur vivra vieux... Troisièmement, on fait comme si cela n'existait pas, mais il y a des femmes (et des hommes !) qui se prostituent volontairement. Soit par nécessité (mais cela n'engage qu'eux-mêmes, sans organisation criminelle derrière), soit par goût (le cas des escorts notamment, qui choisissent leurs clients, le contexte, sont rémunérés généreusement et font ainsi le choix de vivre des relations sexuelles sans avoir à s'investir sentimentalement). Précisons toutefois que cela ne concerne qu'une minorité de personnes. Quatrièmement, cette loi va fragiliser l'ensemble des prostituées, qui vont devoir travailler dans la clandestinité encore davantage. Certaines travailleront sur Internet, et tant mieux pour elles, si elles le peuvent et si elles le veulent. D'autres devront se cacher dans des endroits glauques, avec un risque accru de se faire agresser ou de se voir imposer des rapports non-protégés. Cinquièmement, la prostitution, quoi qu'on en pense, ne disparaîtra jamais. La Suède a une position abolitionniste depuis plusieurs années et nombre de Suédois reconnaissent que l'opération est, au moins, un demi-échec. Sixièmement, on fustige là encore le désir masculin. Malheureusement, l'Homme étant ce qu'il est, il a ses défauts "naturels". La femme a les siens (ne comptez pas sur moi pour les lister ou les juger), l'homme aussi. Et force est de reconnaître que le désir masculin est un sujet d'inquiétude depuis des temps immémoriaux. Combien de guerres ou d'incidents diplomatiques déclenchés parce qu'un homme désirait une femme qu'il ne devait pas convoiter ? (Je vous renvoie tant aux ouvrages historiques qu'au mythe de la Guerre de Troie ou de Tristan et Yseut, pour ne citer qu'eux). Les prostituées ont toujours été un catharsis du désir masculin. Bien sûr, l'éducation et la force de caractère restent les meilleurs moyens de l'endiguer. Mais parfois cela ne suffit pas. Il y a toujours de malheureuses femmes qui se font violer, le porno fait florès sur Internet, etc. C'est sans doute déplorable. Mais là encore, je ne fais pas de jugement de valeur : j'explique. Et je pense que supprimer la prostitution c'est risquer de réfréner certains instincts qui risqueront de se manifester de manière bien plus violente par la suite. Non que la violence épargne les prostituées, cela va sans dire. Mais dans la mesure où je défends la prostitution libre échappant aux contraintes de réseaux mafieux étrangers brutaux, je me place dans l'optique résolument optimiste qu'une prostitution réglementée permettra d'endiguer cette coercition abjecte.
Drôle de bilan sur la prostitution que je fais là, me direz-vous. Et vous aurez raison. Après avoir patiemment mûri ma réflexion sur le sujet, je me permets de la partager avec vous : je propose de ré-ouvrir les maisons-closes. Pour rappel, Marthe Richard les a faites supprimer en 1946 pour faire payer aux filles de joie françaises d'avoir couché avec des Allemands pendant la Guerre. Ironie de l'Histoire, aujourd'hui on se propose de faire payer des clients français pour avoir couché avec des femmes venues de l'étranger. 
La ré-ouverture des maisons-closes, à condition que cela se fasse dans de bonnes conditions (et pas comme en Allemagne ou la privatisation des lieux entraîne une série de dérives), peut avoir des atouts pour encadrer cette pratique : les travailleuses du sexe (et travailleurs, rappelons qu'il existe des hommes se prostituant) seraient protégé(e)s dans un lieu fermé facilement sécurisable. Il pourrait y avoir de fréquentes visites médicales. Il serait simple d'y imposer le port de la capote. On pourrait en profiter pour faire de la prévention envers les clients, en tâchant de leur faire comprendre que la prostitution a beau être tolérée, elle n'en reste pas moins une pratique discutable. Enfin cela ferait une source potentielle de revenus fiscaux non négligeables pour l'Etat. Mais à la condition stricte qu'il garde le contrôle de la situation.
Enfin j'aimerais conclure en disant qu'à partir du moment où un rapport sexuel, qu'il soit tarifé ou non, se pratique entre deux adultes consentants, l'Etat n'a pas son mot à dire. S'il veut lutter contre la prostitution clandestine venue de l'étranger (Europe de l'Est, Afrique noire), il sait ce qu'il lui reste à faire, je l'ai dit plus haut. Pour le reste, les filles qui exercent librement doivent pouvoir continuer de le faire. On attend désormais que le Gouvernement intervienne de manière aussi résolue dans des affaires autrement plus importantes.

jeudi 31 octobre 2013

L'éveil de la France des oubliés

Bonjour à tous !

C'est avec un air un peu hébété que la France a redécouvert la Bretagne. La crise sans précédent que traverse l'agro-alimentaire local a jeté les gens dans un profond désarroi. Le psychodrame de l'écotaxe n'a fait qu'empirer la situation. Cette région un peu particulière, traditionnellement opposée à Paris depuis le Génocide chouan post-révolutionnaire, avait décidé de se tourner vers l'Europe pour se gaver de subventions. En échange, les agriculteurs locaux devaient clairement empoisonner leurs sols et leurs eaux, accepter que des travailleurs venus d'Europe de l'Est (cf la tristement célèbre Directive Bolkenstein) labourent leurs champs pour 3 francs 6 sous et obéir sans coup férir aux quotas imposés par Bruxelles. Et puis la machine de la mondialisation s'est emballée, les entreprises locales vivant de l'agriculture ont vu leurs commandes plonger ou bien ont délocalisé. Les usines ferment, les gens se retrouvent dans la rue à manifester contre le gouvernement, non sans une certaine hypocrisie. Car les Bretons savent bien qu'ils ont une lourde responsabilité dans ce qui leur arrive. Mais leur colère a le mérite de pointer du doigt le fait que l'Elysée et Matignon sont les esclaves des Institutions Européennes, devenues ultra-libérales au détriment du modèle rhénan de solidarité voulu par le Général de Gaulle. 
Et ce n'est pas le seul exemple où les oubliés de la République se font entendre. Dans un article publié il y a quelques mois, le mensuel Causeur évoquait la France péri-urbaine, totalement méprisée par les politiques. Celle qui doit se lever tous les jours à 5h pour aller travailler loin de son domicile, tout en déposant ses enfants dans l'école de la commune voisine, celle de la leur ayant fermé il y a des années. La France péri-urbaine, c'est aussi celle qui voit disparaître les services publics, les petits commerces, les artisans qui n'ont personne pour leur succéder, celle qui voit ses gares SNCF disparaître au nom de la rentabilité exigée par les actionnaires privés de cette entreprise publique. Et puis c'est aussi la France de l'insécurité. Car les gens qui ont déserté les banlieues mal famées, où les communautarismes sont prégnants et où se faire traiter de "sale blanc" ou de "gaulois" est devenu monnaie courante voyaient dans les campagnes une certaine tranquillité, l'assurance de pouvoir dormir en oubliant de fermer sa porte à clé de temps à autre. Peine perdue. Du coup la colère gronde. Le géographe Christophe Guilluy et la démographe Michèle Tribalat alertent sur ce point depuis de nombreuses années : quand seront-ils entendus ? Quand entendra-t-on la France profonde, celle qui n'a aucune visibilité médiatique, celle qui est parfois raillée, moquée, mais qui travaille dur, qui est laborieuse ? 
Le jour approche où ces mal-aimés, qui n'ont pas de syndicat ou de lobby pour les défendre, décidera de renverser la table. Car les deux exemples parlants que je viens de donner ne sont pas des cas isolés. A force de favoriser les pratiques communautaires, de s'émouvoir pour des gens qui habitent loin des latitudes françaises plutôt que pour ceux qui vivent dans nos frontières, le Gouvernement met en danger le Pacte Républicain. Le réveil pourrait être douloureux. Car comme on dit toujours, "méfions-nous de l'eau qui dort."

mardi 15 octobre 2013

Le FN est-il devenu le premier parti de gauche ?

Laurent Lopez, le candidat FN pour la cantonale partielle de Brignoles, a remporté l'élection. © ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP/Le Point.fr

Bonjour à tous,

Comme on le pressentait, Laurent Lopez, candidat frontiste, a remporté l'élection cantonale partielle de Brignoles... Et quand on voit de quel scrutin on parle, on se dit que ça valait bien la peine d'en parler toute la semaine dans les quotidiens, les magazines d'information, les sites internet, à la radio, sur les chaînes d'infos en continu.... Il faudra un jour se demander si, finalement, ce n'est pas la médiacratie environnante plutôt que les autres partis politiques qui ne font pas le lit du FN. Après tout, les choses n'ont jamais que l'importance qu'on veut bien leur donner. Mais de là à imaginer notre bienheureuse presse, pourtant unanimement en perte de vitesse auprès de son public, faire son autocritique, il y a un pas que l'ignorant citoyen n'oserait sûrement pas franchir...
Au-delà de cette victoire à la pyrrhus (Lopez n'est élu qu'avec à peine 1/4 des voix des électeurs en âge de voter dans cette circonscription), il est intéressant de s'intéresser à l'évolution de ce parti. A sa fondation, en 1972, il s'agit déjà d'une auberge espagnole (anciens collabos, anciens résistants, nostalgiques de l'Algérie française, communistes ou gaullistes déçus,...). Leur seule ambition finalement : la défense de la France telle qu'elle est. Rappelons qu'en 1972, Pompidou est malade, son autorité s'affaiblit et on voit déjà poindre les têtes d'oeuf tout droit sortis de l'ENA qui ne vont pas tarder à nous vendre bon an mal an l'Europe et ses vertus, avec sa ramification la plus terrible : la mondialisation. En ce sens d'ailleurs, le premier choc pétrolier suivant la Guerre du Kippour en 1973 est un premier avertissement. Non entendu par les électeurs puisque VGE sera élu en 1974. Pour le résultat que l'on sait. Et la casserole Bokassa en prime. 
Au fil d'élections, de hauts et de bas, Jean-Marie Le Pen, fondateur du FN et xénophobe notoire, nous inondera de ses saillies. Fier comme un coq en 1986 et en 2002, le vieux bougre se voit contraint de tirer sa révérence en 2007, taclé par derrière par l'habile stratège qu'était encore Sarkozy. Sa fille prend le relais. Et alors qu'on s'attend à la voir suivre la lignée de son père, inscrivant sa mouvance politique dans la même ligne du néant et de l'opposition énervée, on eut la surprise qu'il n'en fût rien. Ce qui déstabilisa plus d'un commentateur, peu habitué à voir une femme politique s'affirmer avec autant de vigueur au sein de ses troupes. On constata que si elle gardait sienne la fermeté sur l'immigration, elle avait surtout identifié le véritable ennemi de la France dans un contexte de crise économique mortifère : l'Europe, et par extension la mondialisation. L'Europe a permis Schengen, l'Euro qui pénalise nos exportations ; la  mondialisation a permis les règles de la concurrence faussées par l'OMC, les délocalisations sauvages et les dés pipés par Pékin, notamment concernant sa monnaie ou encore ses barrières douanières et le vol de nos innovations via les joint-ventures et autres transferts de technologie.
Marine Le Pen a également eu le mérite de renouveler ses cadres, allant chercher sa garde rapprochée chez les chevènementistes notamment, conscients que le vieux Lion de Belfort ne pouvait plus lutter. Ses cadres rajeunis, elle est repartie à l'assaut, réalisant une belle présidentielle 2012, des législatives réussies avec 3 élus (et encore près de 20% des voix) et en se présentant comme le poil à gratter dans de nombreuses élections partielles où la Gauche est systématiquement giclée au premier tour.
La question est de savoir pourquoi le FN renaît de ses cendres aujourd'hui : parce que le parti a clairement pris un virage à gauche. Là où Le Pen père se posait comme le défenseur de l'ultra-libéralisme, en proposant notamment l'abolition de l'impôt sur le revenu, Le Pen fille joue la carte du petit peuple. Beaucoup de mesures sociales figurent dans son programme. Certains tiqueront en disant qu'elle ne peut qu'être d'extrême droite puisque elle défend encore la préférence nationale. En omettant, par fourberie ou par ignorance, qu'à l'origine la préférence nationale est une mesure révolutionnaire mise en place par les Jacobins aux environs de 1792. Et que cette même préférence nationale fut le fil rouge des accords de Matignon en Juin 1936. Donc en portant ce paradigme en étendard, Marine Le Pen se révèle réellement plus à gauche que les partis qui s'en réclament. Le PS, en imposant les ménages les plus fragiles, en se montrant coulant avec le patronat et en ratifiant l'accord Sarkozy-Merkel se montre clairement plus comme un parti centriste libéral. Les écolos ne survivent que par la mansuétude de Solférino. LO, la LCR et le PCF sont morts. Reste le Front de Gauche qui n'arrive cependant pas à dépasser le plafond de verre des 10% de l'extrême gauche aux différentes élections, présidentielles notamment. Pourquoi ? Parce que si il dénonce l'Europe et la mondialisation, ce parti souhaite conserver l'Euro et se prononce en faveur de mesures sociétales qui sont des chevaux de Troie du capitalisme sauvage : immigration incontrôlée et Loi Taubira en faveur des homosexuels notamment. A la grande époque du PCF, de la Libération jusqu'à Marchais, jamais ces mesures anti-républicaines ne seraient venues sur le tapis. On se contentait de défendre le prolo français. Point. Et le parti faisait facilement 22% dans les urnes. Cherchez l'erreur.
Alors certes, Marine Le Pen n'est pas une solution. Son programme économique n'est pas clairement chiffré, il n'y  a pratiquement pas un mot sur l'éducation ou l'innovation dans son programme, pourtant les deux points forts d'une croissance durable, et puis elle ne cherche pas vraiment à se débarrasser des frontistes xénophobes de l'époque de son père, tel Bruno Gollnisch. Mais elle a le mérite de poser une nouvelle échelle de valeurs, de véritables et pertinentes problématiques pour les échéances électorales à venir. Les autres partis continueront-ils à la diaboliser pour mieux cacher leur misère ? Ou bien accepteront-ils enfin de mettre les mains dans le cambouis ? Eléments de réponse en 2014 avec les Municipales et les Européennes. Mais tel qu'on est là, autant le dire, c'est pas demain la veille. Qui a dit qu'il n'y avait pas meilleur aveugle que celui qui ne voulait pas voir ?

mardi 8 octobre 2013

Retour sur le drame de Lampedusa

Bonjour à tous !

Aujourd'hui, l'Europe se réveille avec la gueule de bois. Il y a de quoi ! 300 morts, sans compter les disparus sur les côtes italiennes de la sinistre bourgade de Lampedusa. Les victimes sont des migrants en provenance d'Afrique, vraisemblablement de la Corne de l'Afrique où des factions aux ordres d'Al-Qaïda s'installent chaque jour toujours plus confortablement.
Aussitôt, la médiacratie qui gouverne aujourd'hui nos pensées quotidiennes s'est émue de ce drame. On a, dans le même élan, intenté un procès en racisme et en repli sur soi à l'Europe, quand on ne nous a pas resservi le fameux couplet de "Europe colonisatrice, Europe coupable" (On se demande combien de temps on va encore l'entendre celui-là, d'ailleurs...)
Mais personne ne s'est posé la bonne question : à qui est-ce vraiment la faute ? Ou plutôt : pourquoi en est-on de nouveau arrivé là, alors que Lampedusa a connu d'autres tragédies de ce genre ?
Les réponses sont multiples, et les coupables, nombreux. En premier lieu, on peut accuser les passeurs : 1000 euros, voilà ce qu'a dû dépenser un migrant pour prendre place sur ce véritable radeau de la méduse. Multipliez par le nombre de personnes, vous allez voir que c'est un business florissant. On peut aussi s'en prendre aux dirigeants des pays africains, dont la plupart sont corrompus et qui empêchent toute tentative de co-développement. On peut blâmer les pays occidentaux, qui font amis-amis avec Saoudiens et Qataris, premiers financiers d'Al-Qaïda qui est en train de mettre l'Afrique en coupe réglée. Et on peut surtout maudire notre générosité à l'égard de ces gens qui, une fois arrivés clandestinement - et donc illégalement - sur notre sol bénéficient de toutes les aides possibles et imaginables. Surtout en France. 
Le moyen le plus sûr pour éviter que ce genre de drame ne se reproduise est d'arrêter de faire de l'Europe un aspirateur à misère. N'importe quel quidam sachant faire un peu d'arithmétique se rend bien compte que la situation du Vieux Continent est devenue intenable. Tous les pays d'Europe du Sud sont en déficit, avec un chômage record. Nourrir, loger et soigner des personnes entrées illégalement sur notre territoire ne fait qu'alourdir une facture chaque jour plus salée. Si au moins ils allaient jusqu'en Europe du Nord, où l'économie est davantage capable de supporter cette immigration subie. Mais non. Ce n'est pas le cas. Les Français en ont assez et on s'étonne que le FN grimpe et grimpe encore. Rien d'étonnant à cela. La lassitude est un sentiment humain très compréhensible. On pourrait aussi rétablir un tant soit peu les frontières, refaire de Schengen ce qu'il aurait dû être si la promesse de départ avait été tenue (une passoire à l'intérieur, une défense impénétrable à l'extérieur). 
Et puis, surtout, les citoyens de notre pays pourraient arrêter de vouloir jouer les grandes âmes. Ca devient insupportable d'entendre de partout que ce sont des pauvres gens, qu'il faut les aider, que nous, Occidentaux et Français de surcroît, sommes des gens dénués de coeur... Mais que font ces gens pour les aider, les malheureux en question à part lire Libé, Les Inrocks, ou je ne sais quel autre journal "degôche" ? Rien. Parce qu'ils ne sont déjà pas capables de prendre en compte la misère de leur voisin de palier, des ouvriers de Florange, ou plus récemment d'Alcatel, qui viennent de perdre leur emploi. Parce qu'il est toujours plus facile de se mobiliser pour le vulgus pecum à l'autre bout du Globe. Après tout, ça se passe loin de chez nous, ça ne mange pas de pain et ça n'engage à rien. Mais regarder la misère que l'on côtoie au quotidien dans les yeux, ça demande plus de courage. Mais de courage, le Français n'en a plus guère ! La fin du service militaire, une époque trop longtemps plongée dans la paix et dans la plaie de la sur-consommation sont sans doute des explications plausibles à cette couardise. Le Français n'est plus qu'un vociférant qui donne des leçons à ceux qui proposent de vraies solutions. Et qui sont facilement relayés par des médias qui, depuis trop longtemps, jouent sur cette corde en ne faisant plus de la presse, tout comme les politiques ne font plus de politique. La seule chose qui prime, hélas ! désormais, c'est l'émotion. 

lundi 30 septembre 2013

Travail dominical, travail nocture : le miroir aux alouettes

Michel Sapin, Ministre du Travail - Crédits Photo : 
Nicolas Tucat/AFP/Le Figaro

Bonjour à tous !

Notre pays n'étant jamais avare d'une polémique, le débat économique de la semaine porte sur le travail nocturne et dominical. Dans le premier cas, l'enseigne de parfumerie Sephora a été rappelée à l'ordre pour avoir ouvert une enseigne en plein Paris pendant la nuit. Dans l'autre cas, la Justice a prononcé une fin de non-recevoir aux enseignes de bricolage qui souhaitent ouvrir le Dimanche. Interdiction aussitôt bravée pas plus tard qu'hier, le Dimanche 29 Septembre.
Rappelons une chose pour contextualiser : la loi sur le travail dominical remonte à 1906, un an après la loi de séparation entre l'Eglise et l'Etat afin d'instaurer une paix des braves entre laïcards et clercs. Elle rappelle par la même occasion que la France a beau être une démocratie laïque, elle n'en demeure pas moins inscrite dans une histoire profondément chrétienne, et même catholique depuis le baptême de Clovis au Ve siècle jusqu'à cette fameuse loi de 1905. N'en déplaise aux beaux esprits qui proposent de supprimer deux jours fériés catholiques pour les remplacer par Kippour et l'Aïd. Ben voyons ! Encore une façon d'oublier notre histoire, notre force, notre passé.
Passons. Pour en revenir au sujet du jour. La défense de ces entreprises est bien rôdée lorsque les médias viennent recueillir leur opinion. On n'envoie pas les dirigeants, mais les salariés, de manière plus subtile. Les pauvres, rendez-vous compte, ils subissent un manque à gagner important à ne pas pouvoir travailler la nuit ou le Dimanche. Alors forcément, on s'émeut.
Sauf qu'on oublie plusieurs choses. On oublie d'abord que les dirigeants de ces grandes entreprises, eux, ne viennent pas et ne viendront jamais travailler le Dimanche. Ca, c'est bon pour les pécores ! Ensuite, on oublie qu'en restant bloqué aux 35H hebdomadaires, en n'augmentant pas les salaires, on paupérise effectivement les salariés. Plutôt que d'ouvrir un débat sur ces questions de bon sens, on préfère à nouveau la solution la plus inique, qui fragilisera encore davantage les cercles intimes et familiaux. Parce que pendant que les parents vont travailler le Dimanche pour gagner trois sous, on oublie que les enfants, eux, n'ont pas école. Qui les garde ? Qui s'en occupe ? Qui les inscrit dans leur histoire familiale autour d'une bonne table ? Personne. Ce sont encore des enfants qui vont s'élever tout seul, ou bien par le biais d'une nounou lambda. Car aujourd'hui, c'est la réalité : on fait des enfants pour ne surtout pas s'en occuper. Qu'ils se débrouillent, après tout on paie des gens pour ça : les nounous, la crèche, les impôts pour l'école.... L'école justement : honte à l'Education Nationale et aux parents d'avoir créé des plages horaires d'études ou d'activités extra-scolaires après 16h30. Résultat, des petits bouts de 3 ans doivent rester à l'école de 8h20 à 18h. Et après les parents râlent parce que les gamins sont fatigués et que les bulletins ne suivent pas. Sans blague !
Il est temps d'en finir avec le tout-libertaire. Avoir des enfants, fonder une famille, ce sont des responsabilités qui doivent s'assumer. Et quand on assume, on éduque ses petits, on reste près d'eux, on leur inculque des valeurs, des bases de l'instruction également. L'école instruit, mais n'éduque pas. Et le travail ne doit servir qu'à gagner sa vie pour se loger et se sustenter. Par pour satisfaire des besoins consuméristes toujours plus importants. On n'a pas besoin d'une deuxième voiture, de trois télévisions par foyer. Quant aux étudiants qui doivent travailler pour financer leurs études, j'ai envie de dire qu'une fois encore, l'Etat faible doit redevenir un Etat fort dans la grande tradition jacobine et centralisatrice française. Dans cette optique, il doit permettre à l'élite intellectuelle en devenir de la France de pouvoir faire ses études dans de bonnes conditions financières. C'est affaire de volonté politique. Enfin, notons que, concernant le travail dominical et le travail nocturne, je fais évidemment une distinction entre les services publics nécessaires au fonctionnement de l'Etat qui doivent accomplir les missions régaliennes indispensables, du commerce qui ne recule devant aucune bassesse et aucune manipulation pour simplement pouvoir toujours faire plus de fric !
Dire non au travail accompli dans des heures exceptionnelles, c'est respecter une histoire, une tradition, mais aussi préserver une cohésion sociale indispensable, dont on parle tant mais pour laquelle on n'agit finalement jamais.

lundi 23 septembre 2013

Pourquoi l'Europe ne sera jamais unie

Angela Merkel lors de sa victoire électorale du 22/09/13
Crédits Photo : M. Schrader/AP/Le Figaro

Bonjour à tous !

Alors que ce week-end nous a fait traverser énormément d'émotions, de la plus dramatique avec les événements au Kenya et au Pakistan, à la plus joyeuse et futile avec le titre européen de nos Bleus en basket, Angela Merkel a été réélue en Allemagne. Une fois de plus. Une fois de trop ?
Pour comprendre tout le sens de mon propos du jour, opérons un flash-back : 1798. Les troupes de Bonaparte, qui n'est pas encore Napoléon, débarquent en Egypte dans l'espoir d'en chasser les Ottomans autant que les Anglais. On ne le sait pas encore, mais l'issue de cette campagne conditionnera une bonne partie de l'Histoire à venir de l'Europe. 
En effet, les troupes françaises échouent. Ce n'est pas le triomphe annoncé, loin s'en faut : à Londres, William Pitt "le jeune" (il fut élu Premier Ministre à 24 ans seulement) jubile. Car c'en est fini des espoirs de la France de devenir la grande puissance maritime qu'elle aurait pu être en cas de triomphe dans la Vallée du Nil. La voici désormais cantonnée au pré-carré continental, sur lequel elle n'a alors pas de rival. D'autant qu'à cette époque, la France ne cherche pas tant à dominer ses adversaires qu'à asseoir les acquis de la Révolution.
Las, deux événements concomitants vont avoir raison de la détermination française à s'auto-déterminer dans ses propres frontières : d'abord, les monarchies européennes voient d'un très mauvais oeil une république s'instaurer au sein du pays le plus puissant du Monde d'alors ; ils n'aimeraient pas que cela donne de mauvaises idées à leurs propres populations. Ensuite, Pitt n'en a pas fini avec les Français. Redoutant pour le bien de son florissant commerce maritime de voir une puissance s'installer hégémoniquement sur le continent européen, l'Angleterre va voir dans les différentes victoires de l'Empereur autant de menaces au business d'Outre-Manche. Dès lors, c'est la guerre, Napoléon n'arrivant jamais à se sortir de la nasse. Chaque fois qu'il pense pouvoir en terminer avec l'un ou l'autre de ses adversaires, celui-ci revient à la charge jusqu'au drame de Waterloo, en 1815. 
A la fin du XIXe siècle, c'est la montée des nationalismes. Napoléon III concourt à la réunification italienne, créant ainsi un Etat neuf. Cela ne se passe pas aussi facilement avec l'Allemagne. La Prusse, qui cherche à réussir ce que Cavour et Victor-Emmanuel III ont réussi dans la Botte, cherche noise à la France. S'ensuit la Guerre de 1870, le triomphe prussien, le Ier Reich, la Commune et l'instauration de la IIIe République en France. Et l'inversement du rapport de force. 
Alors que l'Angleterre semble ne plus se mêler des affaires continentales, occupée à devenir la première puissance coloniale et économique au monde (aidée en cela par la réussite de la Révolution Industrielle sur son sol), l'Allemagne devient la puissance dominante en lieu et place de la France. Les Ie et IIe Guerres Mondiales ne font que renforcer le désir allemand de constituer un immense empire qui court de l'Alsace à la Pologne de l'Ouest à l'Est, et du Danemark en Bohème-Moravie du Nord au Sud. Dès lors l'opposition est frontale, et on sait comment cela se termine. 
Aujourd'hui, on loue notamment le sang-froid et le courage des Anglais de Churchill au cours de la Guerre de 39-45, mais n'oublions pas la vraie raison qui a poussé ces derniers à intervenir : à l'instar de Napoléon un siècle plus tôt, ils ont craint que l'Allemagne ne s'arroge la domination sur l'ensemble du Continent, mettant ses affaires florissantes en péril. 
Il ne peut donc y avoir, comme le montrent les événements des derniers siècles, de véritable moteur européen. Les trois grandes puissances historiques que sont la France, l'Angleterre et l'Allemagne se surveillent comme le lait sur le feu, chacune craignant que l'une ne prenne le pas sur les autres. Alors quand aujourd'hui on nous dit que l'Europe reste le seul espoir de la France, je ris sous cape. Lorsque j'entends que l'on critique Mme Merkel pour sa politique, j'ai la même réaction : d'abord parce que cette politique a été initiée par la gauche via le SPD sous le mandat de Schröder ; ensuite parce que cette politique économique se situe dans la droite ligne du comportement allemand envers le reste de l'Europe depuis des décennies : marche ou crève. L'Allemagne, que les économistes décrivaient comme l'homme malade de l'UE, est aujourd'hui sa première puissance économique. Le vieillissement de sa population lui permet de recruter sans vergogne les jeunes talents d'Europe du Sud qui ne participent donc pas à la reconstruction économique de leurs pays d'origine. C'est l'Allemagne triomphante, le Deutschland über alles, car nos amis d'Outre-Rhin sont sincèrement convaincus d'être dans leur bon droit. Bon droit économique, avec une absence de salaire minimum et une paupérisation des employés au bénéfice des entreprises, bon droit politique puisque le plus puissant doit imposer sa loi et même bon droit diplomatique. Hollande l'a éprouvé pour le Mali et la Syrie. 
Alors, que faire ? Ou plutôt, qu'aurait-il fallu faire ? Eh bien il n'aurait jamais fallu permettre la réunification allemande, lui ouvrant par la même occasion une fenêtre sur l'Europe de l'Est, lui permettant de délocaliser en douce ses usines de berlines de luxe et justifiant ainsi une paupérisation des habitants de l'ex-RFA pour s'aligner sur ceux de l'ex-RDA par le biais, déjà, d'un dumping économique et social. Et il n'aurait jamais fallu pousser l'Union Européenne aussi loin, surtout en faisant des Allemands nos alliés. Car tôt ou tard, cela allait se retourner contre nous. D'autant que les frontières françaises sont rabotées depuis des décennies : la rive allemande du Rhin, la Wallonie et la Padanie sont hors de nos limites territoriales, nous retirant du même coup bons nombre de cartouches économiques. 
Alors, on peut épiloguer sur le triomphe de Mme Merkel hier, mais il serait bon de se recentrer sur la France et ses problèmes : parce que d'Europe, plus encore aujourd'hui qu'hier, il n'est plus question...

lundi 16 septembre 2013

Politique : la couleur des sentiments ?

Bonjour à tous !

L'actualité politique de la semaine a été chargée, je vous propose d'en faire un bref résumé, que j'analyserai par la suite.
Vert (de rage), EELV, qui voit l'écologie gentiment remisée au fond du placard du Gouvernement. Une "découverte" qui ne date pas d'hier puisque il en a toujours été ainsi depuis le début de la Ve République. Il faut dire que les Verts paient surtout pour la médiocrité et l'arrivisme de leurs dirigeants. Passons sur Duflot qui n'a même pas la décence du bon goût en prenant le Conseil des Ministres pour un défilé de mode, sur Dany le Rouge qui se sauve comme il peut en devenant chroniqueur radio ou sur les manipulations peu ragoûtantes de Jean-Vincent Placé au Sénat pour nous attarder sur les gentils aboyeurs du groupe écolo à l'Assemblée : François de Rugy et Barbara Pompili. Notez qu'ils sont co-chefs de groupe...alors que le règlement de l'Assemblée est claire : un seul chef par groupe parlementaire. Bref, les Bonnie & Clyde du tofu et du vélib' viennent pleurer misère sur les ondes parce que le parlement ne fait pas un geste pour l'écologie. Par geste, ils attendaient une taxe sur le Diesel. Encore un truc dont on a découvert qu'il était mauvais pour la santé (comme si les entendre geindre faisait baisser notre tension artérielle) : du coup EELV s'est dit qu'on pourrait pondre une taxe dessus et qui allait la payer ? Les ménages modestes qui ont de vieux Diesel parce qu'ils n'ont pas les moyens de changer de voiture, pardi ! Taxer les pauvres pour donner aux... Ben à personne, en fait, c'est juste pour se donner bonne conscience finalement.
Rose (aux joues), François Hollande, qui essaye de cacher ses angoisses et ses terreurs nocturnes en tâchant de garder sa légendaire bonhommie. Hier soir (Dimanche) sur TF1, le Président a eu toutes les peines du monde à convaincre un électorat qui le honnit tant et plus face à une Claire Chazal qui a pourtant l'habitude d'être une G.I. (gentille intervieweuse). Entre le raté syrien, le raté fiscal, le raté de l'emploi et les ratés qui constituent son Gouvernement, je parie que notre Président a dû se résigner aux anxiolytiques en priant pour que 2017 arrive vite. "Moi Président,...j'en ai ma claque et je veux rejoindre mon copain Lionel sur l'Ile de Ré pour pêcher la crevette grise."
Rouges (de colère), Mélenchon et Pierre Laurent ce week-end à la Fête de l'Huma (le méchouis géant qui laisse une odeur de viande grillée à travers la Courneuve pendant une semaine devant des journalistes plus nombreux pour couvrir l'évènement que de réels participants) s'en sont pris au Gouvernement de manière plutôt virulente en l'accusant de faire monter le FN dans les sondages. Comment ? En oubliant complètement les classes populaires, qui se tournent alors vers Marine Le Pen. Pour une fois que le Front de Gauche fait oeuvre de lucidité dans le débat politique, on ne peut rien leur reprocher... à part le fait de continuer à jeter l'anathème sur autrui sans proposer d'idées en cohésion avec leur discours (l'Euro reste leur totem, mais ne leur accorde pas l'immunité).
Brun : François Fillon a ouvert la boîte de Pandore, a appelé trois fois Beetlejuice, convoqué la Bête de l'Apocalypse, mis du sucre dans son café, bref : il a osé dire que le PS pouvait s'avérer plus sectaire que le FN. Quelle honte... Oser dire qu'un parti politique peut être plus sectaire qu'un autre, franchement, ça ne se fait pas. C'est comme dire que Sarkozy, finalement, il n'a pas fait que des bêtises. Ou préférer les Stones aux Beatles. Sérieusement, Fillon a enfin dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : à partir du moment où le FN est un parti juridiquement et constitutionnellement valable, qui se prête au jeu des urnes, comme les autres, alors le vouer aux gémonies n'est rien d'autre qu'un tour de passe-passe politicien de la Gauche qui ne sert qu'à faire monter le parti mariniste aux élections au détriment de la Droite classique. Sport dans lequel le PS excelle depuis, au moins, 1986, mais qui semble marcher de moins en moins. Les électeurs ne sont plus des toutous qui obéissent docilement aux consignes de vote : la mondialisation et le libéralisme à outrance, ils en souffrent et ils le font savoir. Avis à ceux à qui il reste encore une once de bon sens.
Qu'on se le dise : le sentimentalisme, la morale, sont des notions étrangères à la politique. Cette dernière ne connaît pas les sentiments. Elle les méprise. Faire de la politique, c'est réfléchir à l'intérêt de la Nation et de ses citoyens, point. Fadaises que de vouloir bouter le dictateur hors de son palais présidentiel, les Croisades ont vécu après tout. Billevesées que de marier des gens du même sexe : qu'ils assument le fait de céder à leurs passions plutôt qu'à leur raison. Calembredaines que de vouloir sans cesse monter les impôts en en faisant finalement payer le prix le plus fort aux classes moyennes laborieuses plutôt que de s'en prendre aux paradis fiscaux, comme le G20 en fait le voeu pieux depuis cinq ans déjà. Retenons une chose : le tour de force de Poutine a montré que nous en étions revenus à un rapport de force entre états-nations, un peu à la manière du Traité de Westphalie. Et c'est très bien ainsi : il est temps pour nos politiques de comprendre que la solution ne viendra pas de "la communauté internationale" ou de "l'union européenne", car ce ne sont rien d'autres que des chimères pour bobos rêveurs et autres hipsters adeptes de la gentrification et de l'entre-soi. 
Peuple de France, réveille-toi et prends ton destin en mains car, comme disait le grand Napoléon : "Soit on commande, soit on obéit". Personnellement, j'ai déjà fait mon choix...

lundi 9 septembre 2013

Christiane Taubira, portrait d'une dure à cuire

Crédits Photo : F. Dufour/AFP/LCI


Bonjour à tous !

On l'avait quittée auréolée de son succès au Printemps dernier suite au vote de la Loi du mariage dit pour tous. Et la revoilà déjà, en cette rentrée pluvieuse, sur le devant de la scène. La raison ? Le débat à venir sur son projet de loi concernant la réforme de la Justice.
Pourtant cette ambition était vouée à l'échec, voire à l'oubli, et ce pour deux raisons. Premièrement, François Hollande, parfaitement conscient de son incroyable impopularité, voulait reporter le débat après les échéances électorales de 2014, notamment municipales. Deuxièmement, Taubira compte un adversaire de taille au sein du gouvernement qui se nomme Manuel Valls. Celui-ci a adressé une lettre au Président lui enjoignant de ne pas donner suite au projet de la Garde des Sceaux et d'opter pour une ligne plus dure. Cette lettre supposée confidentielle a évidemment fuité dans la presse. Un bon coup de pub pour l'Hidalgo d'Evry. Toutefois, ce feuilleton de l'été a pris une tournure inattendue puisque le Président a arbitré en faveur de l'ex-candidate à l'Elysée (c'était en 2002).
Il faut dire que tout oppose Valls à Taubira : lui qui fut naturalisé français en 1982 a la posture de Sarkozy, les mots-chocs de Sarkozy, mais sans le talent de bateleur du dernier locataire du 55 Rue du Faubourg Saint-Honoré. Il parle beaucoup en faveur de la sécurité, questionne la place de l'Islam au sein de la République, opte pour un ton franchement sécuritaire.... Mais rien. Car dans le même temps, ses actes viennent contredire ses paroles. En effet, il vient d'assouplir les conditions de naturalisation des immigrés et n'a pas cherché à contre-attaquer quand la proposition sur la suppression des signes ostentatoires religieux a été balayée d'un revers de main par l'Exécutif. En voilà un qui n'a pas retenu la leçon douloureusement administrée à Sarkozy : les idées sont bonnes, mais si les actes les contredisent, personne n'en veut !
Dans son habileté légendaire à finasser et à ménager la chèvre et le chou, talent qu'il a développé lors de son passage à la Rue de Solférino, Hollande a au moins eu la présence d'esprit de ne pas donner raison à Valls. Au moins, avec Taubira, on sait à quoi s'attendre. Alors que si les gens venaient à être trahis par de belles promesses sans lendemain, les conséquences auraient pu être dramatiques. Cela suffit déjà du redressement économique qui ne vient pas.
Alors Hollande a relancé l'électron libre guyanais dans la course. Et pourtant, elle fut longtemps détestée par le PS, qui l'a tenue pour personnellement responsable de l'échec de Lionel Jospin au 1er tour de l'élection à la magistrature suprême en 2002. Il faut dire qu'alors l'électorat de Gauche s'était tellement morcelé que toutes les voix perdues dans des petites candidatures étaient autant de coups de poignard dans le dos de "l'austère qui se marre". 
Finalement, après une traversée du désert politique, Christiane Taubira est revenue, plus forte que jamais. Revenue avec des convictions intactes transformées en un dogme : la République doit venir au secours des marginaux. Autrement dit, la rupture, le tabou absolu, celui qui met un terme violent au Pacte Républicain tel qu'il existe depuis 1789, et tel qu'il a été renforcé par Napoléon et le Général de Gaulle. Car le principe même d'une République, c'est justement que chacun se fonde dans le moule, accomplisse ses devoirs avant de faire prévaloir ses droits, non pas dans un esprit de frustration mais dans le souci de l'intérêt général : si chacun fait les mêmes efforts, a les mêmes droits et les mêmes devoirs, alors il est plus facile pour le pays d'avancer. Toutefois, Mme Taubira pense exactement l'inverse : l'Etat doit mettre sa puissance régalienne au service des communautés, des lobbys et de tous ceux qui se sont volontairement mis en marge de la société. Car elle aurait pu, et c'eut été plus noble, chercher à rassembler sous la bannière républicaine les miséreux, les sans-abris, les gens fraîchement licenciés, bref tous ceux pour qui la vie n'a pas laissé le choix d'être laissé sur le bas-côté. Mais pas pour Mme Taubira. Non, elle préfère courir après les lobbys gays et les humanistes pour qui la prison ne serait qu'un créateur de délinquance. Il est vrai que ce sont toujours des innocents qui y entrent... Et que ces groupes de pression sont puissants et savent faire entendre leur voix, au détriment des sans-grades.
Mais trêve de persiflage, venons en à un fait intéressant. La Garde des Sceaux, toujours économe de sa communication télévisée, a accepté, Jeudi dernier, soit le 5 Septembre, l'invitation de David Pujadas à son émission Des Paroles et des Actes. France 2, qui navigue entre la boboïsation tapageuse de Ruquier, et le libéralisme bon teint du duo Pujadas-Lenglet, avait décidé d'offrir une tribune à la Ministre de la Justice afin qu'elle s'explique sur son projet de loi. 
Comme souvent dans ce genre d'émission, tout se déroule sur un rythme lancinant et soporifique, la communication étant verrouillée, jusqu'à ce que France 2 se la joue TF1 avec un témoignage en ombre chinoise de la mère d'une victime. L'espace d'un instant, Jean-Luc Delarue était ressuscité ! L'anonyme raconte son histoire puis le présentateur se tourne vers son invitée afin d'avoir sa réaction, tout fier de lui, sentant le buzz venir. Sauf que ! Sauf que... Là, l'interlocutrice réussit à surprendre tout son monde. Car au lieu de subir la dictature de l'émotion dictée par ce genre d'événement-piège, elle a eu cette phrase : "J'ai une règle : face aux victimes, je fais silence."
Bien sûr, les grands oubliés de cette réforme sont les victimes et leurs familles, qui vont encore passer pour les dindons de la farce. Toutefois, rien ne justifie leur instrumentalisation. Et ça, Taubira l'a compris et l'a refusé. Pujadas pouvait prendre son air le plus déconfit, de buzz, il n'aurait point ! La Ministre a décidé de se placer au-dessus de la mêlée, suscitant instantanément respect et admiration. Car que l'on apprécie ou non Christiane Taubira, que l'on cautionne ou non ses partis-pris, force est de reconnaître qu'elle a l'immense mérite d'être fidèle à ses idées. Qualité toujours plus rare dans le monde politique actuel. Cependant, la conséquence d'une telle loyauté est d'autant plus lourde, car si les citoyens s'avèrent déçus de ses engagements, et ils le seront, le retour de manivelle sera fatal. Quel dommage de voir une si belle intégrité gâchée pour une posture dogmatique...

mardi 3 septembre 2013

Football : la folie des chiffres continue

Gareth Bale, l'homme qui valait 100 millions !
Crédits Photo : Panoramic/Sport24.com

Bonjour à tous !

Hallucinant ! C'est le mot qui vient à l'esprit pour qui suit les affaires du football. A la vérité, même en ne s'y intéressant pas, il aura été difficile de ne pas ouïr les actualités du ballon rond, tant celles-ci furent invraisemblables lors de cette période s'étalant de Juin à Août et que les aficionados nomment mercato ("marché", en italien).
Dans un monde où la crise économique est toujours d'actualité, où les entreprises se serrent la ceinture ou bien disparaissent avec pertes et fracas (Nokia a été racheté par Microsoft aujourd'hui même, par exemple), le football continue de gonfler sa bulle spéculative à travers des extravagances qui vont jusqu'à choquer les plus chevronnés de ses supporters (dont votre humble serviteur fait partie).
Jugez plutôt : l'ailier gallois Gareth Bale, dont le palmarès collectif est vierge, a quitté son club de Tottenham pour le Real Madrid (pourtant endetté jusqu'au cou) pour 100 millions d'euros. Vous avez bien lu. Plus de 650 millions de Francs. De quoi construire une école ou un hôpital. Ou bien éponger la dette de quelques infortunés Espagnols dont la détresse économique fait peine à voir dans un pays qui ne se remet pas de l'éclatement de sa bulle immobilière. Indécent. 
Mais ce n'est pas le seul chiffre marquant : la Premier League (championnat de 1e division britannique) a dépensé, pour l'ensemble de ses 20 clubs, la somme de 745 millions d'euros. Une somme en hausse substantielle par rapport à l'année précédente, surtout quand on sait que 580 millions d'euros, soit 77,8% de la somme évoquée plus haut, a servi à payer des joueurs venant de l'étranger, au détriment de plus petits clubs anglais de D1 ou des clubs de divisions inférieures. La solidarité avec les structures les plus fragiles de son pays, celles qui forment au quotidien les futurs champions qui porteront un jour fièrement la tunique de la sélection nationale, ne représente rien pour des clubs dont les propriétaires sont des nouveaux riches venant des quatre coins du Globe.
Manchester City est propriété qatarie, Chelsea appartient à un Russe, Manchester Utd à des Américains, Arsenal aussi. Ces hommes-là ne se soucient pas de morale, d'éthique, de développement durable du football, sport le plus populaire au monde. Non, pour ces carnets de chèque ambulants, seule compte la rentabilité à courte vue. Cela vous étonne ? Allez donc faire un tour aux conseils d'administration des entreprises du CAC 40 ou de quelques géants mondiaux type Coca, McDo ou Apple. Vous verrez que ce sont les mêmes qui décident de fermer des usines pour en ouvrir d'autres en Asie du Sud-Est, au nom de la plus-value à 2 chiffres. Et tant pis si, pour cela, les ouvriers sont violentés, travaillent dans des conditions de sécurité dantesques et sont très mal payés. Les oligarques qui contrôlent ces pays sont ravis de pouvoir compter sur des rentrées de devises fraîches leur assurant d'acheter leur pérennité au pouvoir.
Le football n'échappe pas à cette triste règle. Dans un monde toujours plus triste qui a un besoin vital du triptyque panem, vinum et circenses, on a multiplié les événements, les matchs, pour que le (télé-)spectateur-consommateur soit heureux d'avoir de quoi se bourrer le crâne pendant que son patron le harcèle, que sa femme menace de le quitter et que ses enfants le boudent parce qu'il n'a pas acheté le dernier écran tactile à la mode qui sera cassé au bout de 2 semaines et oublié au bout de 3. Alors on l'enjoint à s'abonner à toujours plus de chaînes, on vend les maillots (que l'on prend bien soin de changer tous les ans, au mépris de l'esthétique la plus élémentaire) de ses stars préférées à des prix exorbitants et on augmente le prix des places en tribune. 
Dans ce vaste jeu de dupes, le joueur de foot est un esclave. Oh, un esclave bien traité, bien payé pour pouvoir s'afficher avec la dernière pouf à la mode tout droit sortie d'une quelconque télé-réalité et dont la photo a été retweetée X fois (sans jeu de mots...). Mais un esclave quand même qui "vaut" une certaine somme, qui est prié de produire un certain nombre de prestations publicitaires et, parfois, caritatives (histoire de prendre les gens pour des cons jusqu'au bout). Sans compter le nombre de matchs qu'il doit jouer dans une saison. En étant prié de ne pas se blesser, d'être toujours performant, souriant et sans se faire prendre par la patrouille anti-dopage. Comme si un être humain pouvait cavaler sur un terrain de 105m sur 90 pendant 90 minutes 60 fois par saison sans prendre de substances illicites... C'est beau de rêver.
En attendant, rien ne garantit que les nouveaux-riches qataris ou russes ne se lassent pas un jour de leur jouet. Car souvent, comme tous les nouveaux-riches, ils n'ont pas l'éducation en relation avec leur fortune. Ils se comportent en enfants gâtés capricieux. Un exemple ? Quand Dmitry Rybolovlev n'aura plus à craindre de devoir verser une somme conséquente à son ex-femme suite à son divorce, il pourra très bien décider de lâcher l'AS Monaco. Qui bouchera les trous énormes dans la comptabilité ? Vous ne me croyez pas ? Regardez ce qui s'est passé pour les clubs de Makachkala et Malaga, lâchés sans vergogne par leurs mécènes. Et vous comprendrez ce qui peut arriver. Si cela arrive à Paris, ce sera le contribuable parisien qui devra régler la facture. Et à ce prix-là, le maillot floqué "Cavani" paraîtra une satisfaction particulièrement dérisoire quand la fiche d'impôts locaux tombera dans la boîte aux lettres. Enfin, ce ne sera pas pire que les Espagnols qui payent déjà les cadeaux du Fisc local accordés généreusement au Barça ou au Real. Mais bon, il paraît qu'il faut se réjouir que la France puisse enfin attirer des stars (comprenez mercenaires) dans son championnat. Sans doute pour contenter les quelques décérébrés se prétendant journalistes sportifs et officiant à la télévision et sur Internet. 
Comme on fait son lit on se couche paraît-il : attendons patiemment l'heure de l'extinction des feux.

mardi 27 août 2013

Syrie : quand le fantôme de Saddam ressurgit

Bonjour à tous !

Alors que la rentrée pointe le bout de son nez, les dossiers ne manquent pas pour le Gouvernement : l'Education, bien sûr, puisque elle sera au coeur de l'actualité ces deux prochaines semaines ; la Justice, avec la réforme Taubira ; l'Economie, alors que l'INSEE annonce une énième hausse consécutive du chômage ; le Social, avec la réforme attendue et crainte des retraites ; et enfin, l'International, avec la situation en Syrie qui semble tous les jours prendre un tournant plus dramatique.
Avant d'aller plus loin dans mon raisonnement, soyons clairs : je condamne fermement la riposte d'El-Assad envers ses opposants. Néanmoins, personne n'a le droit de l'empêcher de diriger son pays comme il l'entend, renvoyant ainsi à toute son inutilité la pitoyable communauté internationale et son joujou dispendieux : l'ONU.
A l'heure actuelle, deux clans s'opposent à l'échelle du Monde sur la réponse à apporter la crise syrienne : le clan de l'attente, de la realpolitik, et du respect inconditionnel du principe de souveraineté incarné par la Russie (qui prend chaque jour plus de poids dans cette problématique) et la Chine. D'un autre côté, les partisans d'un interventionnisme ingérant et envahissant venant de pays qui n'ont jamais peur d'être ridicules en croyant dispenser la bonne parole : la Grande-Bretagne et les USA. Au milieu de tout cela, le cinquième membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU qu'est la France. La France qui hésite, qui renâcle, la France qui sort tout juste d'une intervention armée ultra-rapide et pleine de succès au Mali, la France qui est coincée parce qu'elle fait partie à part entière de l'OTAN, la France qui a réduit son budget militaire à peau de chagrin tout en déléguant ses décisions en la matière à l'Oncle Sam... Bref, vous cernez la complexité de ce noeud gordien.
La France adorerait y aller. Car ce qu'aime par-dessus tout notre classe dirigeante, à commencer par les "humanistes" qui nous gouvernent, c'est de donner des leçons d'égalité et de liberté à travers le Monde. Ils ont fini leur mission en France en faisant adopter le "Mariage pour Tous", alors ils ont décidé d'aller prêcher la bonne parole à l'international. Comme leurs aînés Jaurès ou Ferry l'avaient fait avant eux en colonisant l'Afrique Subsaharienne au mépris de l'incrédulité de leurs opposants de Droite, au premier rang desquels se trouvait le Tigre, Clémenceau. 
Le problème, c'est que Sarkozy est déjà tombé dans ce piège droitdelhommiste en Libye. Et quand on constate aujourd'hui le résultat - un chaos indéfinissable - on se dit qu'il aurait mieux fait de s'abstenir. Mais voilà, non content de parader en dépit de son échec, le clan des bien-pensants, emmenés par le Croisé BHL, repart de plus belle sur la Syrie. L'éditorial du Monde daté d'aujourd'hui ne dit pas autre chose, et même Hollande semble cette fois convaincu : il faut punir le méchant Bachar. Et tant pis pour les conséquences ! Tant pis si, en le faisant partir, on facilite l'accession au pouvoir des islamistes radicaux qui sèment aujourd'hui la terreur en Tunisie ou en Egypte, avec la menace d'une guerre civile à la clé, semblable à celle qu'a connue l'Algérie dans les années 90. Tant pis si, pris de folie, le dictateur de Damas décide de s'en prendre au bouc-émissaire idéal de la région qu'est Israël. Tant pis si le traditionnel allié chiite iranien prend fait et cause pour le parti Baas et décide de se lancer lui aussi dans le conflit alors que plus personne ne doute aujourd'hui qu'il dispose de l'arme nucléaire, ou, du moins, qu'il est proche de l'obtenir. Tant pis, enfin, si se lancer dans pareille aventure ravivera le douloureux fantôme de la 2e Guerre du Golfe. 
Car c'est bien là, la vraie question. Rappelez-vous, c'était il y a 10 ans. Fous de douleur après les attentats du 11-Septembre, les Américains avaient à tout prix recherché un coupable. Alors ils s'en étaient pris à leur "dictateur préféré", Saddam Hussein, qu'ils n'avaient eu aucun mal à faire partir ou à faire condamner....mais toutes les peines du monde à remplacer par un gouvernement stable, chose aujourd'hui encore inexistante dans un pays ravagé par les attentats. A l'époque, la voix forte de la France s'était fait entendre pour ne pas tomber dans le panneau d'une guerre évitable. Tout le monde garde en mémoire la rare éloquence de Dominique de Villepin au siège de l'ONU. Tout le monde avait traité les Américains de va-t-en-guerre, les accusant de mépriser le droit international. Et pourtant, Saddam n'avait rien de différent d'avec Bachar : lui aussi avait gazé des milliers d'innocents, lui aussi opprimait les minorités (iraniennes et kurdes dans son cas, sunnites et chrétiennes dans le cas d'aujourd'hui) et lui aussi était un redoutable dictateur.
Alors, voici la question que nous devrions tous nous poser : tandis que les Américains avaient l'excuse de la douleur et de l'esprit de revanche, quelle excuse trouverons-nous demain lorsque nous déciderons d'aller régler son compte à ce méprisable personnage ? Au nom de quoi ce qui n'était pas bien il y a 10 ans le serait soudainement devenu en 2013 ? Et quels éléments nous permettent de croire en la folle utopie que le bourbier irakien ne deviendra pas le bourbier syrien ?
Vous voulez une réponse à ces questions ? Elle est simple : regardez donc la crise économique qui continue de nous frapper, plus fortement et plus durement que jamais. Elle n'est pas prête de s'éteindre, loin s'en faut malheureusement. Alors, comme toujours dans ces cas-là, de manière immuable, l'Homo Occidentalis s'en va prendre son épée pour châtier, au choix, le sous-homme, l'infidèle ou le barbare. Comme à chaque fois ses premiers succès lui donneront l'illusion d'une victoire facile avant de rapidement déchanter. Et quand il s'en apercevra, il sera trop tard. Mais il s'en moquera, car il aura alors assouvi sa rage, qu'il couvait depuis si longtemps...