jeudi 9 mai 2013

Thank You, Sir Alex !

Crédits Photo : Panoramic


Bonjour à tous !

Il y a des grands hommes dans bien des domaines. Sir Alex en était un dans le domaine du sport, le foot en particulier. Plus qu'un manager à succès (quelques 800 succès en un peu plus de 1400 matchs sur le banc mancunien), il a incarné l'amour et le respect d'une certaine vision du football.
Fils d'ouvriers né à Glasgow en 1941, il a commencé à travailler sur les chantiers navals. Il devient footballeur professionnel à 24 ans mais arrive très vite sur le banc de touche. Après avoir amené le petit club d'Aberdeen au sommet, il débarque à Manchester en 1986. Le club est exsangue, à la dérive financière et sportive, sans titre depuis plus de 15 ans et encore orphelin de son précédent coach de légende, Sir Matt Busby.
Patiemment, Ferguson se lance dans ce qui sera le plus grand défi de sa carrière. Mais il ne gagne pas le moindre titre avant une coupe d'Angleterre en 1990. Le début d'une longue série de 40 titres (!) obtenus en 27 années. Une réussite unique en son genre. Avec une méthode très simple : la star, c'est l'équipe, les joueurs sont priés de se plier au style de jeu et non l'inverse.
Au-delà de cette formidable réussite, ce qui frappe, c'est la façon dont l'Ecossais a façonné ce club. Il a toujours eu les cartes en mains, les différents présidents restant totalement dans l'ombre, une chose inimaginable en France. C'est ainsi qu'il a instauré un salary cap inédit en Europe : la masse salariale du club ne dépasse jamais 50% de son budget. Il a fait entrer le club en bourse et même si il a été imité depuis, MU est le seul club rentable coté à New York. 
Ferguson fut également le premier à comprendre l'importance de la diversification des revenus pour assurer la pérennité économique d'un club de football : il a fait agrandir le stade, et en a fait un centre d'entertainment qui place aujourd'hui le club du Nord de l'Angleterre sur la 3e marche du podium des équipes de football les plus riches au monde (sa cotation atteint aujourd'hui 3 milliards US$). Un modèle qui est aujourd'hui reproduit à l'envi puisque Arsenal, l'un de ses principaux rivaux, a décidé de suivre la voie. L'Allemagne, quant à elle, a décidé de l'appliquer à grande échelle en se servant du tremplin de la coupe du Monde 2006.
Et puis, il y a la véritable marque de fabrique de Ferguson : dénicher des talents. Autour d'Eric Cantona, il lança ainsi la génération dorée des Neville, Butt, Keane, Scholes, Beckham et Giggs ! Une invraisemblable conjugaison de talents, un phénomène qui ne fut plus revu jusqu'à l'éclosion de Messi et consorts au Barça. La plus belle équipe de Manchester depuis les Busby babes : Dennis Law, George Best et Bobby Charlton. Il a aussi, entre autres, donné sa chance à Wayne Rooney et Cristiano Ronaldo. Pour ces joueurs, et pour les autres (Cantona, Schmeichel, Van Nistelrooy,...), il fut un second père, un modèle indépassable d'un manager de qualité doublé d'un homme de grande classe. 
A l'heure où le football perd les pédales et continue à courir après un endettement chaque jour plus difficile à supporter, Ferguson a su redonner un visage humain au sport le plus populaire au monde. Plus que le départ d'un homme, c'est une institution qui tire sa révérence. On regrettera sa bonhommie, ses bons mots, sa mine rougeaude d'amateur de whisky et de bon vin, ses colères après l'arbitre et ses accolades poignantes avec les joueurs.
Pour moi, et pour tous ceux qui aiment passionnément le football, le manager écossais représente la quintessence de ce sport : humanité, spectacle, suspense et divertissement. 
Thank you, Sir Alex !