lundi 3 décembre 2012

Florange : les masques tombent !

Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement Productif
Crédits Photo : Fred Dufour/AFP

Bonjour à tous !

C'est sans doute l'épilogue de l'un des feuilletons industriels les plus angoissants et les plus symboliques que nous avons vécu ce week-end : les hauts-fourneaux de Florange, propriété du groupe d'aciérie Arcelor-Mittal, sont sauvés du plan social. Le PDG du groupe, Lakshmi Mittal, a promis d'investir 180 millions d'euros sur cinq ans et de préserver les quelques 600 emplois qui étaient menacés.
Jusque là tout va bien, sauf que Mittal avait déjà fait, peu ou prou, la même promesse il y a quelques années, quelques temps après l'OPA hostile de son groupe sur Arcelor, et on en est arrivé à la situation que l'on connait aujourd'hui. Quant à Gandrange, l'autre site lorrain du groupe, on sait où il en est aujourd'hui, malheureusement. Et l'autre problème, et de taille, c'est que Arnaud Montebourg, qui bataille ferme depuis son arrivée au Gouvernement pour défendre le peu d'industries qui restent encore en France, a été publiquement désavoué par le Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault. En effet, son ministre avait menacé de nationaliser temporairement le site de Florange si Mittal ne revenait pas sur sa décision de plan social. Il estimait même avoir trouvé un potentiel repreneur. Las, Ayrault l'a court-circuité en négociant directement cette nouvelle stratégie avec l'entrepreneur indien. 
Ce qui est regrettable dans cette affaire c'est que Montebourg est le seul ministre à avoir cerné les enjeux de la Mondialisation et du libre-échange, le seul dans ce gouvernement à demander de nouveau des contrôles aux frontières, le fait de privilégier le Made In France. Alors, bien sûr, on s'est tous moqué de sa photo en marinière à la une du Parisien Magazine. Mais, lui, au moins, il essaye. Pendant que d'autres sont aux abonnés absents (comme Delphine Batho, Ministre de l'Ecologie, par exemple : heureusement que l'environnement est une priorité de ce gouvernement !), brassent du vent (Taubira, Bertinotti) en voulant légiférer de manière aussi urgente, et sans concertation aucune, sur le "mariage" pour tous, Montebourg se bat : il a déjà filé un sacré coup de main à l'usine Lejaby, puis on l'a vu aussi monter au créneau pour les Fralib. Seulement voilà, dans un gouvernement mené par un Président et un Premier Ministre sociaux-libéraux, qui s'évertuent à sauver l'Euro alors que cette monnaie est bien trop sur-évaluée et plombent nos exportations (en plus de nous créer de nouvelles dettes en renflouant des pays insolvables comme la Grèce), Montebourg est seul, trop seul. Et ce n'est pas Pierre Moscovici, son Ministre de tutelle et européiste convaincu, qui lui apportera un coup de main.
Pourtant, on y a cru, quand le preux chevalier est monté au créneau en menaçant Mittal de nationalisation. Un large consensus s'est créé autour de lui, depuis Mélenchon jusqu'à Borloo. Las, Parisot, présidente du MEDEF, dont on pouvait espérer naïvement qu'elle défendît les intérêts de l'entreprenariat français, a préféré qualifier cette menace de "scandaleuse". Quant à Copé, il a perdu une bonne occasion de se taire, et surtout de montrer qu'il pouvait être l'héritier de la droite sociale, nationale et gaulliste en critiquant, lui aussi, cette idée. Dommage pour lui. Et pour la Droite surtout !
Alors voilà, les masques sont tombés, Montebourg risque de se voir débarquer du gouvernement, sans doute aussi parce qu'il est un peu trop impulsif. Il est vrai qu'en déclarant que la France n'avait plus besoin de M. Mittal, il a potentiellement mis en danger les 20 000 salariés français qui travaillent sur l'ensemble des sites du groupe dans l'Hexagone.
De manière pragmatique, on peut bien sûr se réjouir que les employés de Florange aient sauvé leur emploi. Cela leur fait un cadeau de Noël en avance. Mais pour combien de temps ? Et surtout, qui viendra les défendre la prochaine fois ?...