D. Cameron & A. Merkel à Davos
Crédits Photo : BPA/Reuters
Bonjour à tous !
Vous n'êtes pas sans ignorer, pour avoir tous vécu cela à un moment ou à un autre de votre vie, que, lorsque vous êtes malade, le médecin vous recommande de rester bien au chaud chez vous. Le but est d'éviter de contaminer les autres mais aussi d'éviter de prendre un coup de froid qui viendrait aggraver le mal dont vous souffrez déjà.
Quand on traduit cette pratique de bon sens en langage économique, il faut comprendre : la crise vous a plus touché qu'un autre, instaurez une dose de protectionnisme histoire de protéger la force vive de votre économie : votre industrie ! Celle-la même qui, lorsqu'elle est compétitive par ses innovations et la qualité de sa main d'oeuvre, assure à tous les coups des rentrées de devises fraîches et une croissance solide. Et c'est encore plus vrai dans un monde ouvert aux quatre vents comme aujourd'hui. Tellement ouvert que notre cher pays est devenu le refuge privilégié de malades atteints de la forme la plus grave de la tuberculose en provenance du grand Caucase russe, soit dit en passant.
Alors que la crise a largement démontré que le monde de la finance était largement responsable de cette catastrophe économique, sociale et humaine, alors, justement, que le monde de la finance n'est que la forme la plus perfide, parce que la plus dématérialisée du capitalisme, de la mondialisation et du libéralisme échevelé, Angela Merkel vient de décréter qu'il s'agissait là du remède miracle ! Eh oui, vous avez bien lu.
Désireuse de connaître les raisons exactes du questionnement existentiel britannique quant à son futur au sein de l'Union Européenne, notre chère Angie, jamais avare d'un sale coup, s'est entretenue avec son homologue insulaire, David Cameron. Celui-ci a plaidé, ô surprise quand on connaît le bonhomme, l'orientation de son parti et même l'inclination de son pays, à plus de libéralisme. Sans ciller outre mesure, la Terminator de l'Europe du Sud a aussitôt déclaré qu'il conviendrait en effet de faire baisser les dépenses sociales de l'ensemble de l'Union et de conclure des accords de libre-échange privilégiés avec le Japon, l'ensemble des pays de l'ASEAN (sorte de marché commun de l'Asie-Pacifique), le Canada et, rêve suprême, l'Oncle Sam.
Autant injecter le virus H1N1 à un malade de la grippe. Ces inconscients semblent pourtant oublier que l'Histoire n'est qu'un éternel recommencement et qu'il y a environ 30 ans, lorsque les premières failles apparurent dans l'Empire soviétique, le Politburo s'était empressé de réclamer encore et toujours plus de communisme. On sait ce qu'il en est advenu finalement.
L'Allemagne se croit autorisée à parler au nom de toute l'Union, suscitant la joie des très libéraux pays du Nord, y compris ceux qui sont encore un genou à terre comme l'Irlande. Le Danemark s'est empressé de rejoindre cette troupe de joyeux drilles. Pourtant Mme Merkel devrait lire Spiderman plus souvent. On y apprend que : "Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités." Elle devrait donc, plutôt qu'opérer cette sorte de fuite en avant égoïste et irresponsable, chercher à comprendre d'où vient le mal profond dont souffre l'Europe. Et commencer par instaurer un véritable protectionnisme européen, en attendant que les pays qui n'en peuvent plus finissent par l'appliquer à l'échelon national.
Il est plus que temps que ces messieurs-dames qui gouvernent avec des oeillères se penchent sur le bas-peuple. Sinon un vent populiste soufflera sur les prochaines élections. Et il sera trop tard pour venir se plaindre. D'autant que les électeurs ne seront plus dupes du : "C'est pas notre faute, ce sont ces démagos de populistes qui jouent aux incendiaires !"
Lui qui rêvait des Etats-Unis d'Europe, je n'ose penser à la réaction de Victor Hugo si il voyait son rêve devenu réalité dans la peine, la souffrance et la paupérisation des masses.