samedi 1 décembre 2012

Comment repenser le travail ?

Crédits Photo : Reuters / Andrea Comas

Bonjour à tous !

Je ne vous apprendrai rien en vous annonçant que le travail est au coeur des débats depuis le début de la crise qui nous touche, en 2008. Différents articles, différentes études montrent, en plus du chômage qui dépasse aujourd'hui les 11% dans l'Union Européenne, une véritable souffrance au bureau, en France plus particulièrement. Encore une fois, étant un républicain idéologue, je rappelle que je fais le choix éditorial de parler de notre pays sur ce blog.
Nous concernant, le taux de chômage dépasse les 10% de la population active, et encore, en ne comptant que les personnes qui ne travaillent pas du tout. Toutes les personnes ayant travaillé partiellement, effectuant un stage souvent mal rémunéré ou en mission intérim avec toute la précarité que cela induit, ne sont pas comptabilisées. Or ne ne peut que constater l'instabilité de leur situation : sans contrat de travail à durée indéterminée, difficile de louer un bien, sans parler de devenir propriétaire. Difficile également de faire des plans à long terme : prévoir des vacances, réparer la voiture ou autre. Nonobstant ce chômage qui nous gangrène, il y a aussi un autre problème sur lequel je souhaite attirer votre attention : la souffrance professionnelle. Elle se manifeste de différentes façons : manque de moyens pour assurer sa tâche convenablement, harcèlement moral, entretien de l'esprit de compétition au-delà du raisonnable, poste mal adapté entraînant des TMS (troubles musculo-squelettiques), insultes de la part de clients, etc. 
Si l'on cherche à identifier les causes de ce mal-être, j'en retiendrai principalement trois (même si chacun est libre d'en trouver d'autres) :
-tout d'abord, et c'est un topos, la crise économique : les carnets de commande sont vides, beaucoup d'entreprises, notamment les PME, ont le couteau sous la gorge et beaucoup craignent de devoir mettre la clé sous la porte, entraînant avec elles leur funeste cortège de licenciements ;
-la mondialisation qui, avec la libre-circulation des biens et des capitaux, permet aujourd'hui aux grands patrons libéraux de faire jouer la concurrence entre les pays sans aucun scrupule, obligeant ces derniers à recourir au dumping fiscal et social, privilégiant le moins-disant comme terre d'accueil. En outre, cela a facilité aussi l'arrivée de nouvelles méthodes de management qui, présentées comme modernes aux salariés et aux cadres, sont en fait des façons plus pernicieuses de leur mettre un bon coup de pression : l'open space est ainsi fréquemment incriminé comme un vecteur de mal-être dans les entreprises ;
-enfin, les 35h n'ont rien arrangé, bien au contraire ! En diminuant le temps de travail hebdomadaire, sans perte de salaire qui plus est, cette mesure a permis aux entreprises de justifier un énorme tour de vis en matière d'exigences envers ses employés : tu bosses moins mais tu gagnes autant, alors tu vas produire plus ! Et c'est un fait qui se constate dans les chiffres : la France est l'un des pays les plus productif, sinon le plus productif, de l'OCDE. En outre, les économistes sont globalement d'accord pour dire que les 35h ont, notamment pour la raison que je viens d'expliquer, entraîné un gel des salaires.
Si ce mal-être existe et a tendance aujourd'hui à s'amplifier, il existe toutefois, à mon sens, des moyens d'y remédier, dans une relation gagnant-gagnant, tant pour l'entrepreneur que le salarié. On pourrait commencer par abroger les 35h, revenir aux 39h, avec une renégociation salariale branche par branche à la clé. Pour convaincre les patrons de se remettre à la table des négociations concernant cette éventuelle hausse des salaires, on pourrait en profiter pour repousser l'âge de la retraite, sauf pour les métiers véritablement pénibles. Car c'est un fait : avec 35h hebdomadaires, 5 semaines de congés payés par an et un âge de départ légal à la retraite à 60 ans, nous sommes le pays de l'OCDE qui travaillons le moins. Or, si nous voulons préserver notre modèle social et éviter de dépendre de fonds privés pour payer les retraites de nos séniors, il est urgent de réformer en ce sens. Ensuite, je propose d'avoir une politique familiale et paritaire sensée. La France s'enorgueillit aujourd'hui d'une natalité exceptionnelle. Cependant, avec la hausse du coût de la vie et la paupérisation des ménages, la plupart des couples voient les 2 parents obligés de travailler. Un calvaire quand on sait qu'en plus le pays manque de crèches et de nounous qualifiées. Et puis il est dommage, quand on a rêvé toute sa vie d'être parent, de voir d'autres adultes élever son enfant à sa place. Avec les conséquences que l'on sait : rupture du lien familial, perte de repères de l'enfant, manque d'autorité... Le plus regrettable dans cette histoire, c'est que ce sont souvent les femmes qui en payent le prix sur le marché de l'emploi. Les chiffres le montrent : ce sont elles qui détiennent majoritairement les emplois précaires et à temps partiel, leur salaire n'étant perçu que comme un revenu de complément. Sans compter que leur ascension professionnelle et leur fiche de paie se retrouvent plombées. Il y aurait donc ici matière à réfléchir : pourquoi pas un congé parental de 2 à 3 ans accordé à celui des deux parents qui le souhaite, avec maintien intégral du salaire. Cela concernerait indifféremment le mari ou la femme et s'effectuerait dès le 1er enfant. En compensation, et pour éviter une surnatalité qui grèverait globalement les ressources à notre disposition, on envisagerait un arrêt des allocations familiales à toute famille de plus de 2 enfants. 
Enfin, dernière mesure suggérée et non des moindres : le contrat de travail unique. Plus souple que le CDI, plus protecteur que le CDD, il donnerait plus d'assurances à l'entreprise lorsqu'elle embauche un salarié, et ce serait surtout une aubaine pour nos PME, qui sont le véritable socle de notre économie et qui ne sont pas assez protégées dans notre pays. D'un autre côté, le salarié qui n'est pas satisfait de ses conditions de travail, pourrait plus facilement quitter son poste pour espérer trouver mieux ailleurs. Evidemment, une telle loi nécessiterait des garde-fous mais elle mérite qu'on y songe sérieusement. Et puis, bien sûr, une meilleure politique de formation, avec un vrai droit à la formation tout au long de la vie, serait un excellent atout pour former des salariés qui correspondraient véritablement aux besoins de l'économie du pays.
Le travail est véritablement l'enjeu cardinal dans la crise que nous vivons aujourd'hui. Mais il nécessite des réformes courageuses et des concessions importantes, de la part du patronat et des syndicats. Tout cela ne sera possible qu'à la condition expresse d'une réelle volonté politique.

mardi 27 novembre 2012

Ces sports d'un autre âge !

Sebastian Vettel / Crédits Photo : Yasuyoshi Chiba - AFP

Bonjour à tous !

C'est l'un des événements sportifs du week-end : le 3e sacre mondial consécutif de l'Allemand Sebastian Vettel en Formule 1. L'occasion pour moi de vous proposer une réflexion sur les sports que j'estime appartenir à un autre âge.
Petit retour en arrière : il y a quelques semaines de cela, c'était la corrida qui était au centre des débats. Cette activité, qui participe, j'en conviens, d'une culture régionale vivace, a été soumise à la saisine du Conseil Constitutionnel. Sans surprise, les Sages ne se sont pas prononcé en défaveur de cette activité. Car cela dépasse sans doute quelque peu leur champ de compétences. Il me semble que ce serait plutôt au pouvoir législatif de régler définitivement son compte à cette boucherie institutionnalisée où, soyons francs, le taureau n'a aucune chance de s'en sortir vivant face à un zébulon vêtu comme le héros navrant d'une médiocre opérette. Curieusement, les écologistes, qui disposent pourtant d'un groupe à l'Assemblée grâce aux petites combines peu amènes de mon meilleur ennemi, Jean-Vincent Placé, ne saisissent pas l'opportunité de soumettre une loi en ce sens aux députés. Il faudra que l'on m'explique cela... A moins que le massacre de taureaux ne soit pas considéré comme un acte contraire à leurs principes de préservation de l'environnement. Mais ils ne sont pas à une contradiction près !
Plus récemment, donc, mon questionnement porte sur les sports mécaniques. Un chiffre a aiguisé ma circonspection : 21400. C'est le nombre de pneus utilisés en pure perte par l'ensemble des écuries de F1 sur l'année 2012. Un produit manufacturé particulièrement difficile à recycler et qui est essentiellement fabriqué à partir de pétrole dont on ne nous cesse de nous rabattre les oreilles sur sa prochaine pénurie. Et je passe donc, évidemment, sur le goudron nécessaire à la fabrication de circuits et à l'essence sans laquelle ces bolides ne pourraient nous assourdir.
C'est d'autant plus inique qu'à l'époque, les sports de vitesse, et la F1 en particulier, avaient pour but de tester des avancées technologiques majeures pour l'automobile de tourisme de demain. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. En effet, alors que les voitures grand public se tournent de plus en plus vers les moteurs hybrides ou l'alimentation électrique, on constate que c'est loin d'être le cas chez les monoplaces de compétition. 
Pour corser le tout, le règlement est extrêmement technique et modifié chaque année, pour une équité supposée renforcée (sauf que cela fait 3 ans que c'est le même qui truste les titres mondiaux) : à moins d'avoir fait des études d'ingénieur, difficile de comprendre les subtilités de cette réglementation très complexe. 
La légitimation de ce sport peut, et doit, être remise en question. D'autant que l'industrie automobile, jadis fleuron de la technologie d'un pays, est en net déclin partout dans le monde : General Motors a été nationalisé, PSA va fermer une usine, Renault-Nissan s'internationalise toujours plus, délocalisant de concert, Toyota connaît des problèmes de fiabilité... A part pour voir des Ferrari un dimanche sur deux à la télé parce que le quidam n'aura jamais les moyens d'en approcher une dans la réalité, l'intérêt de ce sport, les risques qu'il pose en matière de sécurité, et les problèmes d'environnement dont il est la cause, doivent faire l'objet d'une critique sans tarder !
Et cela vaut également pour les autres sports mécaniques : combien de morts lors des différents Paris-Dakar ? Combien de dunes saccagées et de paysages détériorés pour le plaisir égoïste de quelques pédants aux relents colonialistes ? Tout ça pour laisser l'Afrique de l'Ouest se démener finalement seule avec ses problèmes quand l'épreuve aurait pu servir à désenclaver cette région de la montée de l'islamisme ! Et aller répéter les mêmes erreurs en Amérique du Sud. Quel gâchis de temps, d'argent, d'énergie humaine ! Et quelle pollution ! A l'heure où les pays se réunissent à Doha pour une conférence sur le climat (oui je sais, c'est un magnifique oxymoron !), voilà une mesure simple à mettre en oeuvre. Oh, bien sûr, il y aura toujours des voix pour s'élever contre la suppression de ces sports mais quand on voit le nombre de constructeurs qui, au fil des années, se désengagent à cause du retour sur investissement peu élevé, surtout en termes de résultats, on se dit que c'est une piste à creuser. D'autant que la performance sportive est forcément diminuée par rapport à des sports où l'homme ne bénéficie d'aucun support, motorisé de surcroît, pour faire se soulever les foules.
Voilà un progrès qui, une fois n'est pas coutume, me satisferait au-delà de toute mesure !