mercredi 16 avril 2014

Finkielkraut sous la Coupole, l'Honneur de la France

Bonjour à tous !

Il l'a longtemps, secrètement, espéré, c'est désormais fait. Par 16 voix sur 28, 4 abstentions et 8 croix noires, signes de refus net, Alain Finkielkraut, agrégé de Lettres, et ancien professeur de philosophie à l'Ecole Polytechnique, a été élu au premier tour à l'Académie Française, au siège 21.

Dépasser Félicien Marceau

Félicien Marceau est l'ancien occupant de ce siège. Né belge, il a fui son pays et pris cette identité qui l'a fait connaître. Pour une bonne raison : il a été condamné pour fait de collaboration et actes pro-nazis durant la 2e Guerre Mondiale. Un homme charmant... Revenu en grâce en France on ne sait trop comment, il n'est, à n'en pas douter, pas la plus grande fierté de l'Histoire de l'auguste institution. En se portant candidat pour l'élection à ce siège, on a critiqué Finkielkraut, donnant du grain à moudre à ceux qui pensent qu'il constitue un cheval de Troie du FN Quai Conti. Je pense au contraire, bien qu'il devra prononcer son éloge, qu'il saura se montrer tranchant lors de son discours inaugural et que son apport contribuera à faire oublier son controversé prédécesseur.

La chasse aux sorcières toujours active

Virginie Martin, Bruno Roger-Petit, Ruwen Ogien,.... Nombreux sont les contempteurs du philosophe à lui chercher noise depuis son élection. On lui reproche ses positions réactionnaires, notamment depuis la publication (et le succès !) de L'identité malheureuse, on lui reproche également de ne pas être vraiment un philosophe car il est agrégé de Lettres, ce qui rendrait donc l'ensemble de son oeuvre caduque, délégitimant son élection ou bien encore de ne pas avoir tant apporté à la langue française et que son rôle sera inutile. Tous les coups, bas le plus souvent, sont permis. Mais curieusement, et en toute objectivité, je ne vois aucun argument de fond opposé à Finkielkraut. Personne n'a vraiment pris la peine de débattre avec lui. Sauf Manuel Valls lors d'un numéro de Des paroles et des actes qui fera date tant le débat fut intense, mais courtois. J'ai de nombreux différends avec le Premier Ministre, mais je lui rends hommage pour ce fait d'armes. Etrange fait du hasard, il s'agissait d'un débat entre deux enfants nés étrangers et naturalisés français par la suite. Deux fruits d'une assimilation qui fonctionnait encore et qui montre de manière encore plus criante l'échec de l'intégration d'aujourd'hui. Deux personnes qui, même avec 13 ans de différence, ont accepté le rôle intégrateur de l'école et des parcours d'excellence académique de notre pays. Une chose impossible aujourd'hui tant l'école est désormais vidée de sa substance. A ce titre, je recommande vivement la lecture de la dernière interview de Jean-Claude Brighelli dans Marianne pour se faire une idée de l'état de mort cérébrale du "Mammouth". 

L'amour de la France, un éloge permanent de la transmission

La vérité, c'est qu'aucun de ces détracteurs n'a le niveau, ou l'honnêteté, intellectuel pour débattre et prendre le temps, ne serait-ce que cinq minutes, d'analyser la théorie de Finkielkraut. Expliquer, à longueurs de lignes de blog, que son approche est erronée parce qu'il ne va pas - ou plus - sur le terrain, c'est nous prendre pour des imbéciles. Comme si ces critiques s'y rendaient, eux, sur le terrain. C'est le lot de nombre de chercheurs, penseurs, intellectuels, de trier des informations qui ne viennent pas forcément du terrain. C'est un argument d'autant plus discutable que le néo-académicien a été enseignant durant des décennies et qu'il n'avait donc aucun mal à se rendre compte de la baisse constante du niveau scolaire. 
D'autre part, il est temps d'écouter ce qu'il dit, et qui est aujourd'hui partagé par une immense partie de la population : oui, le niveau baisse, partout. Oui, nos enfants sont sacrifiés sur l'autel des pédagogistes et de Terra Nova. Oui le vivre-ensemble n'est aujourd'hui plus possible dans un pays où l'immigration est totalement dérégulée, où les services publics ferment et où les campagnes se vident pour satisfaire les exigences d'économie ordonnées par Berlin. Pardon, par Bruxelles. Oui, petit à petit, des barres de tour où les Français de souche (j'assume et revendique cette expression, en débattra qui voudra) ne sont plus les bienvenus car leur mode de vie, pourtant en adéquation avec notre Histoire et notre culture, est devenu minoritaire. 
Le grand mérite de Finkielkraut tient en trois choses : la première, c'est d'être un immigré qui a embrassé amoureusement la France ; la deuxième, c'est de dénoncer sans relâche le fait que le FN soit le seul parti à se préoccuper de ce problème d'acculturation croissante de notre pays et qu'il le regrette profondément ; le troisième, enfin, c'est d'argumenter constamment en se référant à des auteurs, connus ou non, qui font appel à notre mémoire collective et qui sollicitent la curiosité intellectuelle de chacun. 
Alain Finkielkraut est un passionné dans un pays dépassionné parce que centré sur le Dieu Argent. D'une manière ou d'une autre, la majorité des Habits Verts l'a compris. Elire Alain Finkielkraut à l'Académie Française, c'est se souvenir de son rôle qui est celui de transmettre le savoir de nos Aînés. Alain Finkielkraut à l'Académie Française, c'est l'Honneur de la France !