dimanche 18 mai 2014

Reprendre en main notre économie et notre industrie

Bonjour à tous !

Le feuilleton Alstom continue. Et cette fois, Arnaud Montebourg a décidé de taper du poing sur la table : il a publié un décret dans lequel il a établi qu'une entreprise française dans le domaine de l'énergie, et visée par un rachat en provenance d'une entreprise étrangère, ne pouvait être vendue sans l'accord du gouvernement. 

Eviter un démantèlement complet de notre industrie

Il faut garder en mémoire qu'Alstom est à la base de la construction de nos centrales nucléaires. Vendre Alstom reviendrait donc peu ou prou à revendre Areva. Outre le fait, comme je l'ai déjà expliqué, que cette société fabrique des tramways et des TGV vendus à travers le monde. Monsieur Kron, le PDG de cette entreprise, a beau déployer des trésors d'imagination pour prendre le ministre de l'économie pour un idiot, celui-ci a néanmoins tenu à défendre ses positions. Il faut dire qu'au vu des enjeux, on ne peut tolérer un démembrement et une vente de cette entreprise stratégique. Ce serait une catastrophe, car nous perdrions alors notre indépendance énergétique. Un nouveau coup dur alors que nous avons déjà perdu notre indépendance militaire au profit de l'OTAN, et donc des Américains.

La décision de Montebourg, une fausse polémique

Ils ont été nombreux à fustiger le décret du Ministre, oubliant qu'il n'était qu'une prolongation d'un décret déjà existant depuis une dizaine d'années mais qui concernait moins de domaines. Il a également été dit que cela empêcherait les investisseurs étrangers de placer leur argent en France et que cela ne faciliterait pas la reprise de la croissance. Un faux problème, puisque les Américains sont les champions du monde du protectionnisme, ou que les Chinois contournent le problème avec les fameux joint-venture. Or comme chacun sait les investissements étrangers sont très nombreux dans ces pays. Non, le problème des investissements étrangers en France est plutôt le fait de l'instabilité fiscale de notre pays. Non qu'elle soit forcément trop élevée, mais qu'elle change trop souvent, au gré du vent et des élections. 

L'irresponsabilité des actionnaires

Le vrai problème en France, finalement, c'est la gourmandise, la goinfrerie pourrait-on même dire, des actionnaires, qui ne lâchent pas leurs 15% de rentabilité. Raison pour laquelle l'investissement en France est mort, et raison pour laquelle plus personne dans notre pays ne se dévoue pour racheter les parts d'Alstom détenues par Bouygues. Et c'est fort regrettable. La présidence du MEDEF détenue par M Gattaz donne d'ailleurs le ton : plus de sous pour les entreprises et moins pour les salariés. Privilégier à ce point la politique de l'offre et le libéralisme quand on sait que c'est à cela que l'on doit la crise économique actuelle est d'un cynisme nauséeux. Si la France était maîtresse de son destin, qu'elle était souveraine, on pourrait établir une fiscalité plus intelligente ou les gros actionnaires seraient taxés fortement au-dessus d'un certain pourcentage de rentabilité. Et l'on pourrait également alléger la pression fiscale intolérable sur les PME, seules aujourd'hui à faire de la recherche et développement, qui constitue le coeur d'une industrie ambitieuse. L'argent est très mal employé et personne ne dit rien. De même que personne n'a rien dit non plus sur le scandale des banques dans la crise financière, que ce soit dans leur gestion des produits toxiques ou leur rôle dans la prolongation de la crise, puisqu'en plus elles refusent désormais de prêter à moins d'avoir des garanties tellement exigeantes qu'on se demande bien qui peut emprunter aujourd'hui. A ce titre, je recommande vivement l'article paru sur Marianne.fr où le périodique explique avec quelle complicité et quelle mansuétude la presse a traitées les banques depuis 2008 : un véritable scandale ! Ah pour dénoncer tous les "-phobes", il y a du monde. Mais pour dénoncer les affameurs de peuple, ceux qui ont piqué les économies des Chypriotes ou mis la Grèce en coupe réglée et qui maintiennent une pression d'austérité sur la France, là, tout le monde baisse son froc. Et ça se dit journaliste... Curieusement, on n'entend pas M Plenel nous dire qu'il a un scoop sur ce sujet. C'est bien dommage pour un journaliste d'investigation comme il prétend l'être.

Puisque le privé n'investit plus, relançons l'investissement public

Au sortir de la Guerre, le Général de Gaulle avait décidé de nationaliser nombre de secteurs-clés de l'économie. Avec Pompidou, ces deux grands visionnaires avaient su donner une vision à la France pour gérer à merveille les défis de la reconstruction d'un pays ruiné par 3 guerres en 75 ans. La France lança nombre de grands chantiers qui firent du pays la 5e puissance mondiale, un membre permanent du Conseil de Sécurité de l'ONU et le leader d'une Europe affaiblie. Si il accepta la construction européenne, c'était d'abord et avant tout pour gérer les matières premières dont la France avait besoin pour son énergie avant qu'elle ne se lance dans le nucléaire, mais également pour garder un contrôle étroit sur l'Allemagne. 
Las, la Gauche mit un terme à tout ça en privatisant en masse dans les années 80. Un comble pour un gouvernement de Gauche. Et aujourd'hui, au nom de l'orthodoxie budgétaire appelant au contrôle de la dette, plus personne n'ose exprimer la nécessité de renationaliser certains secteurs de notre industrie. Or on ment aux Français quand on dit que la dette devrait être notre seule préoccupation. Rappelons que l'Allemagne est plus endettée que nous en valeur absolue, et que, contrairement à nombre de pays anglo-saxons, seul notre pays est endetté, pas les citoyens. Donc notre situation économique est bien meilleure que prévue. Bien plus saine que l'économie américaine, endettée à hauteur de 10 000 milliards de dollars, plus de 5 fois supérieure à notre dette à nous, et dont ses citoyens sont également profondément endettés. Le scandale des subprimes en fut la triste illustration. Quant au Japon, il est endetté à plus de 200% et n'est pas spécialement mis en difficulté par les marchés, pour une raison simple : l'écrasante majorité de la dette est détenue par les Japonais. On sait donc ce qu'il reste à faire : solliciter l'épargne conséquente des Français pour reconstituer des capitaux et investir dans les secteurs-clés de notre industrie. Mais cela demande du courage, et cela demande de dire au revoir à une Europe toujours aussi inutile et toujours moins démocratique. Qui relèvera le gant ?

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